Bagnères du Brigadoon; J’ai changé le nom du village de “Bagnères de Bigorre” en “Bagnères du Brigadoon” car tout ce que j’ai vécu dans ce village appartient à un conte de fées. Le titre fait référence à la célèbre comédie musicale de Broadway “Brigadoon” avec Gene Kelly, Van Johnson et Cyd Charisse.
J’y suis allé pour un programme d’immersion en français mais j’ai trouvé beaucoup plus. Prisca Reeman est la conceptrice et l’âme du programme. Pleine d’énergie et de passion pour l’enseignement de cette belle langue, elle a transformé mon séjour en une extravagance inoubliable de huit jours. Son premier tour de magie a transformé mon laconisme habituel en un don du bavardage pour tous les sujets. Mais attention, Prisca détectera chaque erreur que vous ferez et la corrigera en un instant.
Par exemple, elle m’a pointé tous les « pas » qui me manquaient car il faut ajouter ce mot à la plupart des phrases négatives en français. Sa compagnie quotidienne et ses enseignements individuels ont eu un impact sur ma compréhension claire et ma maîtrise du vocabulaire et des constructions grammaticales. Les conversations plutôt que les cours sont devenues le principal outil pour réaliser des progrès significatifs en français. Les discussions sur la grammaire et la prononciation concernaient mes erreurs, et Prisca les a clarifiées dans nos interactions.
Bagnères de Bigorre compte 7500 habitants et se situe à 20 km de Lourdes, ville des apparitions de la Vierge Marie. Submergé dans la lumière rose de l’aube comme Brigadoon, le village se réveille chaque matin dans une vallée au milieu de montagnes glorieuses. Les cloches de la svelte église Saint-Vincent du XIVe siècle sonnent à 7h00 au cœur de la ville pour annoncer l’arrivée d’un nouveau jour. Une demi-heure plus tard, l’Ave Maria résonne dans son clocher pour remercier Notre-Dame de protéger la petite ville. Au sommet d’une montagne, une statue géante de la Vierge de Bedat préside aux rues bordées de bâtiments anciens et récents de deux ou trois étages de couleurs différentes – rouge, jaune, bleu et blanc. Leur architecture leur confère une beauté à couper le souffle. La rivière de l’Adour traverse le paysage urbain et l’arrose de la réverbération paisible de l’eau bleue. Il faut grimper par un long sentier étroit et escarpé avec des paysages fantastiques pour atteindre le sommet où se dresse la statue.
Depuis l’Empire Romain, Bagnères de Bigorre jouit de ses eaux thermales qui ont attiré l’aristocratie française et de nombreux artistes et écrivains. De nos jours, la ville accueille le tourisme des personnes en quête de santé, ce qui a conduit à plusieurs beaux bâtiments, d’excellents restaurants et même un casino. De nombreux magasins, librairies, boulangeries, boutiques et un marché central témoignent du dynamisme de ses paysans. Le samedi matin, les rues grésillent d’acheteurs au marché fermier qui offre une variété énorme de produits frais et écologiques. Par la suite, leurs parcs se transforment en aires de pique-nique où familles et amis se retrouvent pour consommer la nourriture qu’ils viennent d’acheter.
Prisca Reeman a bénéficié d’une équipe d’assistants formidables qui m’ont guidé à travers des sites différents de Bagnères du Bigorre et ses environs. Octavia a affiché une connaissance approfondie de l’histoire du village. Sabine m’a escorté à travers les Grottes de Médous, un endroit magnifique avec de formations merveilleuses de pierres aux couleurs multiples et une lagune souterraine que l’on pouvait naviguer sur une nacelle. Marie-Pascale m’a emmené à Lourdes et sa basilique splendide avec la grotte des apparitions de la Vierge Marie. Il manquait à cette ville la spiritualité que j’avais trouvée à Bagnères du Bigorre. Toutes ces visites ont servi de toile de fond à des discussions en français qui se sont révélées assez efficaces pour acquérir la confiance dans l’utilisation de la langue.
Prisca et moi avons visité le Pic du Midi à 2887 mètres d’altitude. Dans le téléphérique, j’ai appris une expression nouvelle : les passagers criaient à chaque fois que le chariot secouait en route vers le sommet. À ce moment-là, j’ai réalisé que les Français avaient changé leur exclamation de “mon Dieu !” pour celui d’une idole, “la vache !” Mon esprit visualisait Moïse fixant la vache dorée lorsqu’il revenait du Mont Sinaï. La vue était magnifique dans la station : une chaîne de montagnes massives sur les versants français et espagnol des Pyrénées, le Lac Bleu, et au fond d’une vallée, un tout petit Bagnères du Bigorre illuminé par un soleil gracieux. De retour au sol, nous nous sommes rassasiés avec le plat typique de la région, la raclette, avec son gros fromage délicieux. De nombreux lamas paissaient comme s’ils s’étaient éloignés d’une montagne andine voisine au Pérou. Comme les lamas, j’avais dérivé vers un pays imaginaire inattendu qui a fait de mon séjour à Bagnères du Bigorre un rêve.
José Medina