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Base de données à usage des professeurs Cette base de données appartient à Learn French at Home et est à usage exclusif Enfants 1 (sites généraux, jeux, vidéos, vocabulaire, Enfants 2 (chansons, contes, comptines et histoires courtes) ****** Sommaire des petites histoires et des poèmes I - PETITES HISTOIRES II - POEMES ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Ces petites histoires ont été publiées dans French Accent magazine. Beaucoup d'entre elles ont été ensuite reprises dans les livres de Short Suspense Stories (voir liste ci-dessous). Pour les histoires déjà publiées dans un livre, des points de grammaire, de vocabulaire, etc., sont attachés à chacune. HISTOIRES LES PLUS RECENTES, PAS ENCORE PUBLIEES DANS UN LIVRE : Livre de Short Stories Nr 6. LE ROYAUME DES PIERRES Livre de Short Stories Nr 5. PAPARAZZI Livre de Short Stories Nr 4. LE CHAT QUI PARLE Livre de Short Stories No 3. LE TRESOR Livre de Short Stories Nr 2. LE PAYS DE L'AMOUR : Livre de Short Stories Nr 1. LE BRUIT DES VAGUES : HISTOIRES PLUS ANCIENNES NON PUBLIEES DANS UN LIVRE : |
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I - POEMES
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Antoine n'aime pas le froid, il déteste la neige, la pluie, il ne supporte pas les sports d'hiver. Et il ne comprend pas pourquoi tant de gens se précipitent dans les stations de ski dès les premières neiges ; il ne voit pas le plaisir qu'on peut y prendre. “Sports d'hiver”, se dit-il, quelle expression stupide ! Pourquoi faut-il pratiquer un sport l'hiver, quand on devrait rester au chaud ? L'hiver, pour lui, le sport c'est la gym en salle, le volley, le basket à la rigueur. Le sport est synonyme d'été, de chaleur, et le meilleur moment de l'année pour Antoine, le seul où il ait envie de bouger, c'est, bien sûr, les vacances au bord de la mer. Courir sur la plage, jouer à cache-cache dans les rochers des criques, ramasser les coquillages, ça, c'est le vrai bonheur. Mais maintenant c'est le mois de février. Comme chaque année, ses parents l'ont menacé avant Noël de retourner passer les vacances scolaires dans une station des Alpes. Peu importe laquelle : Les Gets, les Menuires, les Deux Alpes... Même si elles sont très différentes, pour lui elles se ressemblent toutes. La seule idée de devoir enfiler l'anorak, les moufles, le bonnet rouge si ridicule, et cette écharpe que lui a tricoté sa maman et qui lui donne l'air d'un bébé, le déprime. Un vrai cauchemar. La date des vacances approche. Il ne pose aucune question, fait comme s'il n'était pas au courant. Il est un peu étonné que ses parents n'en parlent pas, qu'ils ne semblent faire aucun préparatif alors que d'habitude, quelques jours avant le départ, Jacques, son père, va toujours chercher les skis au grenier, et passe beaucoup de temps à les examiner, les farter, dire, comme chaque année, qu'il faudra bien les changer un jour. Pendant ce temps, Marie-Anne, sa mère, étale toujours les valises dans le séjour et commence, de peur d'oublier, dit-elle, à les remplir de petites choses très importantes, comme des grosses paires de chaussettes ou des sous-pulls, et cette affreuse trousse de pharmacie qui fait déjà mal à Antoine car il sait que c'est toujours lui qui en aura le plus besoin. Aujourd'hui c'est le 6 février. Demain, le 7, c'est samedi, le premier jour des vacances. Antoine va à l'école en traînant les pieds. Le soir venu, il prend beaucoup de temps à jouer avec ses camarades avant de rentrer à la maison. Il est sûr qu'il va trouver les valises prêtes, les skis emballés dans l'entrée, et qu'il va entendre sa mère lui dire : “ On part demain matin très tôt ! Qu'est-ce que tu veux prendre comme jeux? ” Mais en rentrant il s'étonne : ni skis, ni bottes, ni valise dans l'entrée. Personne ne lui dit rien de particulier. La soirée se déroule comme d'habitude, durant le repas ses parents parlent de choses ordinaires qui ne l'intéressent pas. Il ne dit rien, fait le mort. Est-ce qu'ils auraient oublié d'organiser le séjour aux sports d'hiver? Vient la nuit, Antoine va se coucher tôt, lit un peu avant de dormir. Quelque chose lui dit qu'il vaut mieux être très sage ce soir. Soudain la lumière dans la chambre. Si tôt ? Il fait encore nuit ! Jacques et Marie-Anne sont tous les deux près de son lit. “Surprise, surprise !”, s'écrie Jacques dans un grand sourire. Antoine se lève, hébété. Il voit d'abord une valise dans l'entrée, plus petite que d'habitude. Puis il apprend de son père que cette année, les vacances d'hiver, ce sera les Caraïbes, et le soleil, la chaleur, la plage, les coquillages, et jouer à cache-cache dans les rochers des criques... C'est le plus beau jour de sa vie. Questions sur le texte : 1. Pourquoi Antoine n'aime-t-il pas les sports d'hiver ? 2. Quels sont les vêtements qu'il doit porter quand il part en station de ski ? 3. Quels préparatifs faut-il faire avant de partir ? 4. Quelle est la grande surprise que lui réservent ses parents ? 5. A votre avis, pourquoi ses parents ont-ils changé d'avis sur leurs projets de vacances ?
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Cela fait déjà presque dix ans que Marinette a perdu son mari. Dans la cité drômoise, où tout le monde connaît tout le monde, on a pris l'habitude de l'appeler “ la veuve ” . Il y a pourtant beaucoup d'autres veuves à Nyons, dont le mari est mort à la guerre, ou à la tâche, tant est rude à cultiver la terre écrasée de soleil. Mais à la différence des autres, Marinette est très jeune. Elle avait à peine seize ans lorsqu'elle avait épousé Julien, le fils du menuisier. La rumeur courait alors qu'elle était enceinte. Et pourtant aucun enfant n'est né de cette union. Marinette avait donc à peine vingt-six ans lorsqu'elle se retrouva seule, après une mauvaise chute de Julien lors d'un chantier. Son chagrin était si grand qu'il lui a fait perdre goût à la vie. Elle ne porte plus les jolies robes de couleurs vives qu'elle cousait elle-même pour ne se vêtir que de gris ou de noir, et elle attache ses cheveux en chignon ou en queue de cheval. Après avoir quitté son travail de vendeuse dans une boutique, elle s'est achetée une machine à coudre, et s'est installée chez elle comme couturière. Elle ne sort plus que pour aller à la supérette (évitant le marché pour ne pas avoir à parler avec les maraîchers) ou chez le boulanger, ou encore pour prendre le bus et rendre visite à sa mère, qui vit dans une ferme de la région. Elle ne va même plus jamais voir les parents de Julien, qui lui ont reproché de ne pas leur avoir donné d'enfant de leur fils. Les seules personnes avec lesquelles elle fait encore un peu de conversation sont ses clientes, qui viennent la voir pour une retouche ou un ourlet. Mais les couturières ne font plus recette à notre époque de prêt-à-porter jetable Made in China, et la clientèle se fait rare. De sorte que Marinette a commencé à avoir de graves difficultés à gagner sa vie, au point de ne plus pouvoir s'alimenter suffisamment. Ce qui devait arriver arriva : elle est tombée malade. C'est sa vieille voisine, veuve elle aussi, qui l'a découverte étendue par terre un matin, et a appelé l'ambulance. C'est dans son lit d'hôpital, où elle a failli mourir, que Marinette a alors pris conscience du bonheur d'être en vie, de la joie d'appartenir à ce monde, et de la vaste étendue d'opportunités qui s'offrait à une femme jeune et belle comme elle. Très vite, elle est devenue la patiente la plus gaie et la plus souriante de l'établissement hospitalier. Un soir, enfin remise, elle part, à pied, d'une démarche vive et déterminée. Elle s'enferme chez elle. Si les voisins ne fermaient pas leurs volets, ils pourraient voir que la lumière reste allumée toute la nuit. Il fait à peine jour quand elle ressort, les cheveux bouclés tombant sur les épaules, vêtue d'une jolie robe fleurie, avec pour seul bagage un grand sac en tissu. Dehors, l'attend une voiture. Elle s'y engouffre si vite que personne ne saura jamais qui était le conducteur. Tout ce qu'on a pu constater, c'est qu'un jeune interne de l'hôpital ne s'est pas présenté au travail ce matin-là. Questions sur le texte : 1. Comment Marinette a-t-elle réagi après la mort de son mari ? 2. Pourquoi s'enferme-t-elle chez elle ? 3. Que pensez-vous de l'ambiance dans cette petite ville de la Drôme ? 4. Pourquoi Marinette se retrouve-t-elle à l'hôpital ? 5. Pouvez-vous imaginer la suite de l'histoire, en quelques mots ?
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Voilà bien une drôle de lettre que Jean-Luc vient de recevoir. Une lettre d'un genre vraiment très particulier. Il ne s'en est pas aperçu immédiatement. Il l'a juste posée sur la table avec les autres, après avoir pris le courrier. Comme d'habitude, en rentrant, il s'est d'abord rendu dans sa chambre pour se changer, remplacer costume, chemise et cravate par un jean et t-shirt, et quitter les chaussures habillées pour enfiler les vieilles pantoufles si confortables. Puis se servir une bière fraîche, deuxième priorité immédiate, à boire au goulot. C'est seulement après avoir versé les spaghettis dans l'eau bouillante qu'il a pensé à jeter un œil au courrier. Une facture de gaz, quelques pubs, une invitation à l'ouverture d'un nouveau magasin. Et la lettre. La fameuse lettre mystérieuse. Une enveloppe en papier très fin, un peu abîmée dans les coins, dont il regarde d'abord le timbre. Jamais vu. Un timbre étranger, mais de quel pays ? Il n'arrive pas à lire cette langue faite de signes bizarres. On dirait du chinois, ou une autre langue asiatique, mais il n'en est pas sûr. La date ? Illisible. Le tampon de la poste est presque effacé. Il la retourne pour essayer de savoir qui l'a envoyée. Mais rien, aucun nom d'expéditeur. Devant non plus. C'est seulement au moment de l'ouvrir qu'il découvre le nom du destinataire. Un nom qu'il n'avait pas lu depuis de longues années : celui de son père. Monsieur Marcel Dupuy, écrit d'une écriture appliquée, penchée, presque enfantine. Stupéfait, il s'assied, et se met à réfléchir. Qui donc peut bien écrire au vieux papé, mort d'un cancer depuis plus de dix ans déjà ? Il sait qu'il devrait l'ouvrir, mais il hésite, presque gêné d'entreprendre un geste qu'il n'aurait jamais osé faire pour un membre de sa famille. Mais il se décide finalement à décacheter l'enveloppe d'un geste délicat, pour ne pas la déchirer, elle paraît si fragile. A l'intérieur, une simple page arrachée à un cahier d'écolier, écrite recto verso de la même écriture, et pliée en quatre. Il la retourne pour lire la signature : Ang Ngoc, suivie d'une adresse, à Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam. Très intrigué, il commence sa lecture. Lorsqu'il a terminé, ses mains tremblent, et il a des larmes aux yeux. Il vient de découvrir le secret de son père : un amour caché avec une Vietnamienne pendant la guerre d'Indochine. Une Vietnamienne qui lui a fait un enfant après qu'il soit parti, sans qu'il l'ait jamais su. C'est la fille de cette femme qui, ignorant que Marcel est mort, a eu envie de tenter de renouer le contact avec sa famille de France, et a appris le français pour être capable d'écrire cette lettre. Moins d'un an plus tard, Jean-Luc accueillait à l'aéroport une jeune femme, sa demi-sœur, parlant un français hésitant, à qui il allait faire découvrir ce pays qu'elle avait toujours eu envie de connaître, puisque sa mère avait vécu une histoire d'amour avec un Français, charmeur mais peu respectueux de ses promesses, car il n'était jamais venu la rechercher. Questions sur le texte : 1. D'où vient cette lettre qui intrigue tant Jean-Luc ? 2. Qui était Marcel Dupuy? 3. Pourquoi Ang Ngoc a-t-elle voulu le retrouver ? 4. Qu'est-ce qu'on peut reprocher à l'attitude de Marcel Dupuy ? 5. Que pensez-vous de la réaction de Jean-Luc ?
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Depuis plusieurs jours, il y quelque chose de changé dans l'atmosphère du Beaupré, cette jolie maison située au cœur du plateau, bordant le ruisseau qui arrose cette vallée du Jura. Dans la salle de séjour sont étalées de larges valises ouvertes, des vêtements épars gisent sur les dos des chaises et fauteuils, la chambre principale est sens-dessus-dessous, les plantes ont été écartées de la fenêtre. Et, surtout, Ariane a du soleil plein les yeux, un sourire quasi permanent sur son joli visage tout rond et lisse, et elle se sent si légère quand elle se déplace d'une pièce à l'autre. Et lorsque son regard reflète la moindre inquiétude, c'est lorsqu'elle hésite entre tel ou tel objet à emporter. Les jeux surtout. Il est très important de bien choisir les jeux les plus attractifs lorsqu'on part longtemps. Mais il faut à tout prix éviter ceux qui sont les plus encombrants et les plus lourds. Ceux qu'elle préfère, pourtant. Un choix bien difficile. Scrabble ou Monopoly ? Jeu de loto ou Saboteur ? Jeu de dames ou tarot ? Jeu de cartes, bien sûr... Surtout ne pas oublier le jeu de cartes ! De peur de ne pas y penser, elle l'a déjà placé au fond de la valise. Si Ariane est ainsi excitée comme une puce, c'est en effet parce qu'elle se prépare à partir en vacances. Un mois tout entier ! Elle était folle de joie lorsque Paul et Marie-Léa lui ont annoncé qu'ils l'emmèneraient, si elle voulait, dans la maison qu'ils avaient loué en Bretagne jusqu'en septembre. Née dans une famille aux revenus modestes, Ariane n'est encore jamais partie en vacances, en “ vraies vacances ”, comme elle dit, et elle se rend compte, soudain, que c'était la chose au monde qui lui faisait le plus envie. Dès qu'elle a appris la bonne nouvelle, elle s'est de suite penchée, avec Paul, sur les cartes de la côte bretonne, sur les guides de tourisme qu'il a apportés, et a commencé, avec Marie-Léa, à penser à ce qu'il faudrait mettre dans la valise. Des vêtements, certes, même si Ariane, à son âge, ne se préoccupe guère de son apparence, et si on a besoin de si peu de choses l'été : jupes et t-shirts, sandales et chaussures de marche si on décide de faire des balades dans la campagne environnante, livres, pour les jours de pluie. Et, surtout, une bonne sélection de jeux à faire en famille quand, pour une fois, on a le droit de vivre sans regarder l'heure. Quand le temps arrête son cours. Il faudra bien, un jour, plus tard, que le temps arrête définitivement son cours. Mais, pour l'instant, elle ne veut pas y penser. Pas du tout. Le sujet n'est pas d'actualité. Ce qui compte, c'est de bien préparer ces vacances. Les toutes premières vacances. Les dernières sans doute. Ariane va célébrer le 26 août prochain son quatre-vingt-dixième anniversaire. Une date importante dans la vie d'une femme redevenue une petite fille dans sa tête, ont réalisé ses enfants. Questions sur le texte : 1) Qui est Ariane ? 2) Qui sont Paul et Marie-Léa ? 3) Pourquoi Ariane est-elle aussi enthousiaste ? 4) Pourquoi n'est-elle encore jamais allée en vacances ? 5) Dans quelle région va-t-elle partir ? 6) Pourquoi attache-t-elle tant d'importance aux jeux ?
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Pourquoi les employés de la SNCF ont-ils choisi justement ce mercredi pour se mettre en grève ? C'est vrai que lorsqu'on voyage en train en France, il ne faut jamais exclure cette possibilité. Mais en général, les grèves sont annoncées à l'avance. Ce jour-là, Corinne avait promis à sa fille de 10 ans, Aline, de l'emmener au zoo du parc de Vincennes. Deux heures en train depuis leur ville... Mais cela faisait tellement envie à Aline que sa mère n'avait pas hésité. Tout s'est bien passé, Aline a adoré le zoo, est restée des heures à admirer les animaux et à leur parler, et elles ont pique-niqué ensemble, assises sur un banc dans un petit coin de forêt . Mais en arrivant à la gare du nord, surprise : plus aucun train ne circule ! Grève-surprise, c'est tout ce qui est affiché. Comme souvent en pareil cas, aucune information n'est donnée, et le personnel chargé d'informer les voyageurs est invisible. Il n'y a pas d'autre choix que de faire comme tout le monde : attendre dans le hall de la gare pour être prêt à partir si la grève prend fin. Par chance, elles trouvent deux sièges. Pour s'occuper, elles passent au moins une heure à faire des jeux : le petit bac, ni oui ni non, qui suis-je... - “ Qui suis-je, au fait ? ”, demande brusquement Aline à sa mère. “ Qui es-tu, qui sont mes vrais parents, car tu n'es pas ma mère n'est-ce pas ? ” Corinne est devenue toute blanche. Elle n'entend plus les bruits de la gare, ne voit plus autour d'elle, dans le grand flou de son esprit bouleversé, que les yeux noirs de l'enfant braqués sur les siens. Elle savait qu'un jour viendrait où la vérité devrait se faire jour. Mais elle n'aurait jamais pensé que sa fille en prenne l'initiative, ni qu'elle comprenne qu'il y avait un secret familial. Elle avait préparé les phrases pour lui expliquer le drame qui avait conduit à son adoption discrète. Mais non, pas maintenant. Et pas là ! Dans ce hall de gare sordide et sinistre ! Elle se ressaisit et lui dit : “Viens, partons d'ici.” Elle l'emmène à l'extérieur, et hèle un taxi : “Hôtel Saint-Paul, dans le Marais, s'il vous plaît. ” - “ On va à l'hôtel, c'est vrai ? Mais c'est super ! Et pourquoi ? - Parce que tu es une grande fille maintenant et que tu as raison, il y a quelque chose que tu ne sais pas et que tu dois savoir. On va donc passer une soirée à Paris toutes les deux, et parler. ” Il y aura des larmes, des mots vifs, des remords exprimés, des excuses, des embrassades, quand Aline apprendra que Corinne est en réalité sa tante, qui l'a élevée après le suicide, peu après sa naissance, de sa mère dépressive. Mais jamais la femme et la fillette n'auront été aussi complices. Une autre relation est née entre elles. Plus forte et plus riche que celle de mère-fille. Car Aline comprend qu'elle a été vraiment “choisie”. Comme on choisit ses meilleurs amis. Questions sur le texte : 1. Qu'est-ce que la SNCF ? 2. Pourquoi n'y a-t-il aucun train ce soir-là ? 3. Est-ce que vous connaissez ces jeux : "le petit bac", "ni oui ni non", "qui suis-je" ? 4. Pourquoi pensez-vous qu'Aline ait posé cette question délicate à Corinne ? 5. Quel est le secret familial que Corinne avait essayé de cacher ? |
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C'est seulement en arrivant à Paris que Lillufar a compris que sa vie aurait pu être totalement différente. Elle est née dans un pays où il est normal que les filles ne suivent pas d'études très approfondies, qu'elles portent un voile, et se retrouvent mariées à l'âge de 13 ans. L'homme que Lillufar a épousé contre son gré n'est pas trop vieux, pas trop laid, plutôt aimable, elle a encore eu de la chance. Elle apprend à s'occuper de la maison, à servir son mari et à le satisfaire, et fait des enfants. Un garçon, une fille. La vie se déroule sans encombres, à Kaboul, puis à Islamabad lorsque le mari décide que c'est plus sûr. Les enfants grandissent. Peu à peu, ses petits amours deviennent autonomes, volontaires, presque agressifs parfois. Lillufar a moins de 35 ans quand, déjà, ils quittent la maison pour suivre des études à l'étranger. Elle se retrouve seule, et nostalgique, à la maison. Lorsque son mari lui annonce qu'il faut aller à Paris, cette ville de rêve, où on lui offre un poste important, elle est folle de joie. Pour la première fois, elle peut se promener dehors sans son voile. Les cheveux libres, un discret maquillage sur le visage, Lillufar se sent belle, détendue, et ressent une liberté qu'elle n'aurait jamais imaginée. Pendant que son mari travaille, elle va tous les jours suivre des cours de français à la fac . Et c'est là, qu'un jour, sa vie bascule. Il s'appelle Alban. C'est son prof de français. Blond, mince, il a l'air si tendre quand il la regarde de ses beaux yeux bleus. Il l'amène d'abord boire un verre deux ou trois fois, comme ça, en toute simplicité. Puis ils vont au restaurant à midi. Lorsqu'il lui prend la main la première fois, elle ressent quelque chose de si fort, une émotion si intense, qu'elle tremble de tout son corps. Et quand il dépose un baiser furtif dans le cou, elle sent son cœur chavirer. Comment résister encore alors qu'il lui chuchote tant de mots doux à l'oreille : “ T'as de beaux yeux, tu sais ” , “ tu es le soleil de ma vie ”, “ tu es plus belle que le ciel et la mer ”... Et tant d'autres. Ils vivent alors des moments passionnés, inoubliables, de 5 à 7, dans une chambre de bonne en face de la fac, et elle découvre avec bonheur l'infini plaisir des sens. Le matin, ils s'envoient des sms et, la nuit, des e-mails enflammés. Jusqu'au jour où le mari découvre le pot aux roses en tombant sur un e-mail alors qu'il surfe sur internet. Stupéfait, il fouille dans le disque dur et comprend tout. Fou de rage, il lui fait une scène démente et lui annonce que, parce qu'ils vivent en France, il lui laissera la vie sauve, mais qu'elle est répudiée, chassée, pour toujours. Elle se retrouve dans la rue, vers 21 heures, avec une petite valise de quelques vêtements, et presque pas d'argent. Il a même gardé son portable. Perdue, affolée, elle décide de se rendre chez Alban. Elle sait où il habite, au fond d'une cour. Elle sonne à la porte. Une petite fille lui ouvre, lui fait un grand sourire et, en se retournant, s'écrie: “Maman, tu viens ? il y a quelqu'un !”... Questions sur le texte : 1) De quel pays est originaire Lillufar ? 2) Pourquoi doit-elle porter le voile ? 3) Pour quelle raison se retrouve-t-elle à Paris ? 4) Comment rencontre-t-elle Alban, et que se passe-t-il entre eux ? 5) Que signifie l'expression: "de 5 à 7" ? 6) Pourquoi son mari la chasse-t-elle ? 7) A votre avis, comment se terminera cette histoire ?
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Un beau matin… Les belles histoires, contes, aventures fantastiques, romantiques ou mystérieuses, commencent souvent par ces mots : Un beau matin… Tandis que les contes de fée débutent plutôt par : Il était une fois… Mais ce matin-là n'est pas beau du tout. Il pleut depuis presque une semaine, il tombe des cordes , même, au point qu'on peut se demander où les nuages vont chercher toute cette eau. Et on ne peut pas dire “ il était une fois ” , puisque cette histoire se déroule au présent, au moment-même où je l'écris. Alors, comment la commencer ? Comment donner envie de la lire, alors qu'elle concerne une personne bien ordinaire : une femme seule, entre deux âges (elle refuse de dire son âge depuis qu'elle a pris sa retraite), qui attend. Qui attend quoi ? Elle ne sait pas. Le retour du soleil peut-être, ou une visite, un coup de fil, un email. Ou une idée. L'histoire commence donc ainsi : Ce matin-là (inutile de préciser que ce matin n'est pas beau), Lisa a bâclé les tâches quotidiennes sans intérêt qui, d'habitude, l'occupent assez longtemps pour aider la journée à passer plus vite. D'un geste vif, elle s'est préparée, et a pris son petit déj sur le pouce. Car elle a pris une décision. Elle a compris pendant la nuit (mais l'idée mûrissait déjà depuis plusieurs semaines dans sa tête) qu'il était temps de cesser d'attendre. Chassant ciel sombre et idées noires de son esprit, elle a décidé que ce serait ce matin-là. Pas un autre. Elle glisse dans un sac de voyage quelques vêtements de rechange, une trousse de toilette, s'habille de manière élégante mais pratique, enfile ses chaussures les plus confortables, se maquille légèrement, et pose une veste légère sur ses épaules. Puis elle va frapper à la porte de la concierge, lui confie une pile de papiers, et lui dit quelques mots tout en lui glissant quelques billets dans la main. Puis elle se retrouve dans la rue. Déjà un brin de ciel bleu apparaît à l'horizon, et la pluie semble moins forte. Un signal ? Elle sourit. Elle s'arrête devant une banque, retire du distributeur le maximum autorisé par sa carte, et hèle un taxi. “ S'il vous plaît, l'aéroport ! ” Reste le plus difficile : faire son choix sur le grand panneau d'affichage. Madrid, Varsovie, Los Angeles, Istanbul, Rome, Bangkok… Autrefois, elle aurait choisi le vol le moins cher. Aujourd'hui, elle pense qu'il est temps de dépenser ses petites économies qui ne feront que renforcer le Trésor de l'Etat dans quelques années si elle n'en fait pas meilleur usage. “ Il vous reste une place sur le vol de Bangkok ?... Non, je n'ai pas pu réserver… Oui, c'est ça, c'est une urgence… En quelque sorte ”. Vient le moment indicible de bonheur qu'est le décollage . Celui qui vous soulève au-delà du monde de grisaille et de solitude pour vous transporter jusqu'au plus près du soleil. “ C'est là que la vie commence ”, murmure Lisa après avoir trempé ses lèvres dans une coupe de champagne. C'est là que commence vraiment cette petite histoire. Questions sur le texte : 1) De quoi s'agit-il dans cette histoire ? Quel est le personnage principal ? 2) Qui est Lisa ? Tentez de dresser son portrait, et d'imaginer son âge, son statut familial, ses activités préférées... 3) Qu'attend-elle ? Et depuis combien de temps, selon vous ? 4) Pourquoi pensez-vous qu'elle a décidé de prendre une décision aussi étonnante ? 5) A votre avis, comment se termine cette histoire ? Essayez d'imaginer ce que Lisa va faire, ensuite. |
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Ma grand-mère, partie en voyage, le grand-père, le père de mon père, idem, suivi de peu par l'autre grand-père. Restait une seule grand-mère, qui semblait s'ennuyer à mourir dans son grand fauteuil articulé . Peut-être était-ce ce qui l'empêchait de voyager. Quant à mon père, il a passé sa vie à voyager. Dans sa tête. Sur la table de la salle à manger, un côté était toujours rempli de cartes, de plans, de livres de voyage, qu'il fallait repousser pour pouvoir poser les assiettes. Il n'est jamais allé beaucoup plus loin, mais ce n'était pas la peine, il avait le sentiment d'être dans un autre univers, même s'il était toujours là. Nous sommes une famille de voyageurs. Et j'étais très fière d'annoncer à mes copains de classe que mes grands-parents, à leur âge, étaient partis à l'autre bout du monde. C'est ce qui m'a donné le goût du voyage. Et même quand j'ai compris que mes grands-parents ne reviendraient jamais de ces voyages-là, je n'ai pas pu pleurer, car dans ma tête ils étaient toujours partis, joyeux, avec leurs bagages. Voyager aide à tout supporter : le travail (on en changera le jour où on changera de continent), les impôts à payer (qui ne sont plus à payer quand on est loin), le mauvais temps (ailleurs, il fait toujours beau, forcément)... C'est ce que se dit Marjorie en attendant des clients qui ne viennent pas, dans le rayon valises de luxe du magasin où elle travaille. Depuis la crise financière, les clients ont tendance à privilégier des achats plus essentiels, ou alors ils voyagent moins. On peut reconnaître Marjorie parmi les autres vendeuses, car elle a à la fois un air penseur et un petit sourire sur les lèvres, alors que ses collègues arborent un air morose. - Eh, vous êtes là ? Elle est tellement concentrée qu'elle n'a pas remarqué tout de suite cet homme qui l'interpelle. Il lui sourit. - Vous êtes où ? Vous m'avez l'air bien loin ! Oubliant qu'une employée sérieuse ne doit pas bavarder avec les clients, elle répond spontanément : - Très loin, oui ! Mais j'hésite encore entre Hawaï, la Malaisie, l'Australie… - Vraiment ? Vous pensez à vos prochaines vacances ? - Oh non ! Je passe mes vacances à économiser, et à étudier l'anglais. Je prépare juste mon déménagement. - Ah bon ? Vous allez partir bientôt ? - Oh, je ne sais pas, il faut d'abord… Mais, oui, bientôt, peut-être, ça dépend… - De quoi ? - Oh, vous savez… - Oui, je sais. Ça vous dirait, la Californie ? - La Californie ? Oh... ? - Si vous voulez, je vous emmène ! Je pars la semaine prochaine, c'est pour ça que je suis venu acheter une grande valise. Mais j'ai besoin d'une assistante bilingue… et qui ait envie de voyager, car depuis Los Angeles, je vais beaucoup bouger pour lancer mon business. - Los Angeles ? Business ? - Oui, ça rime ! dit-il en riant. Tenez, prenez ma carte, et réfléchissez. Et appelez-moi ce soir si ça vous intéresse ! Bon, vous m'aidez à choisir une valise ? Questions sur le texte : 1) Qui est Marjorie ? 2) Pourquoi dit-elle qu'elle vient d'une famille de voyageurs ? 3) Où travaille-t-elle, et pourquoi veut-elle partir ? 4) D'après vous, qu'est-ce qui l'empêche de réaliser ce rêve ? 5) Essayez d'imaginer ce qui va se passer après...
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Marc, mon chéri, tu crois vraiment qu'on doit y aller demain ? Qu'on doit y aller tous les dimanches ? Tu ne crois pas, que de temps en temps, on pourrait juste rester chez nous, tous les quatre, se relaxer un peu, éviter de prendre la bagnole , de faire des kilomètres, de se farcir les bouchons en rentrant ? Tu ne crois pas que ce serait chouette d'avoir le temps de parler avec les enfants, de les laisser exprimer ce qu'ils ont envie de dire sans que personne s'en mêle ? Pense à eux, ils en ont marre , et tu le sais bien ! Tu ne penses pas que ce serait génial de rester en training et pantoufles, de faire un repas léger. Oui, un repas léger, pour une fois ! Se faire un brunch par exemple, un petit déjeuner de paresseux, avec des croissants réchauffés au four, des œufs à la coque, des tartines beurrées, du café. C'est tout. Pas de vin rouge, pas de chapon rôti dans son jus, pas d'assiette de fromages. Pas de gâteau géant à la crème. Oui, surtout pas de gâteau… Ce serait le rêve, tu ne crois pas ? Bon, une fois, juste une fois, je n'ai pas dit tous les dimanches ! On ne pourrait pas inventer quelque chose ? Que Théo a mal dormi, que Mimi a un exam à préparer, que tu es fatigué du travail, que j'ai chopé un rhume … Je ne sais pas, moi, ce ne devrait pas être trop difficile, tout de même ! On n'est pas obligés de dire la vérité, qu'on n'en peut plus de ce cérémonial dominical , qu' on en a ras-le-bol d'aller les voir tous les dimanches, de manger toujours la même chose, d'écouter les mêmes histoires, de ne pas avoir un mot à dire, ou de se faire critiquer si on ne pense pas pareil. Non, juste un petit mensonge. On serait complices, ce serait notre petit secret à nous Alors, qu'en dis-tu ? Je sais bien que ça te fait envie, toi aussi, que tu aimerais bien parfois casser la routine , retrouver un peu de liberté, t'émanciper, enfin. C'est normal, c'est humain, regarde tes copains : tu en connais beaucoup qui vont se coltiner la famille tous les dimanches ? Tu crois que leurs femmes accepteraient ça ? Tu sais bien que non. Tiens, Julien et Lucette par exemple, eh bien, ils ne vont jamais s'empoisonner la vie comme ça ! Ils se retrouvent de temps en temps en ville, au resto, s'invitent pour les anniversaires, les fêtes, et basta ! C'est largement suffisant, et ça permet de se supporter... Chaque samedi, ou presque, Isa répète mentalement les phrases
qu'elle va dire, qu'elle va enfin avoir le courage de dire à son mari,
avant l'implacable corvée du lendemain. Chaque samedi, elle y renonce au
dernier moment. Mais ce samedi-là, elle a osé. Alors, ce samedi-là, elle a décidé que c'était fini, qu'elle ne voulait plus mener cette vie-là. Le déjeuner du dimanche a été le dernier. Pour le mari aussi. Après le départ de sa femme et de ses enfants, il n'a plus jamais osé remettre les pieds chez ses parents. Questions : 1) A qui parle Isa dans la plus grande partie de cette histoire ? Est-ce qu'elle dit vraiment tout cela ? 2) De qui parle-t-elle, et de quelle obligation du dimanche ? 3) Combien Marc et Isa ont d'enfants ? Comment s'appellent-ils ? 4) Pourquoi Marc ne veut-il pas entendre parler de changer cette habitude ? 5) Imaginez la réaction des parents de Marc après la fin de l'histoire.
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Lora avait toujours eu la conviction que deux êtres, ou deux choses, qui se ressemblent trop ne sont pas faits pour s'entendre. La démonstration la plus évidente était l'impossibilité qu'elle avait de conserver deux boucles d'oreilles identiques, censées être portées simultanément. Sitôt avait-elle porté pendant une courte période deux pendants tout à fait assortis que, sans crier gare, l'un d'entre eux s'amusait à disparaître. Parfois elle parvenait à le retrouver, mais le plus souvent la disparition était définitive, et la boucle qui restait se retrouvait dans la boîte aux bijoux dépareillés. Jamais plus elle ne la porterait sauf si, par le plus grand des hasards, elle retrouvait un jour sa sœur jumelle. Ce qui n'arrivait jamais. Elle se faisait cette réflexion alors qu'elle venait de passer près d'une heure à chercher la jolie perle, rapportée de Ténériffe, offerte par son tendre mari, qu'elle était désespérée ne pas avoir retrouvée à son oreille avant de se coucher, le soir. Elle n'avait rien dit au mari, évidemment, pour ne pas le décevoir, ni le décourager de lui acheter encore de nouvelles boucles, sachant qu'elle finirait toujours par en perdre une. Quand soudain, sous un meuble, elle sentit quelque chose qui ressemblait à un tout petit objet. Une boucle ! C'était bien une boucle d'oreille esseulée qu'elle prit dans ses mains pour l'examiner. Une boucle qui ne lui appartenait pas, qu'elle n'avait même jamais vue, tellement jolie qu'elle se glissa de nouveau à quatre pattes pour voir si sa semblable ne se trouvait pas à ses côtés, sous le meuble. À qui donc peut bien appartenir cette jolie boucle ? se demanda-t-elle. Une boucle d'un style original, bien plus audacieux que celles qu'elle avait coutume de porter, en argent serti de deux pierres noires de forme asymétrique. Aurait-elle été perdue par une amie ? Mais aucune disparition de boucle d'oreille n'avait été déclarée chez elle, et elle aurait remarqué celle-là, si belle qu'elle n'aurait manqué d'en faire le commentaire à son amie. Après l'avoir rangée avec les autres boucles orphelines, elle passa à autre chose. Elle n'en parla pas davantage à son mari, et n'y pensa plus. Jusqu'au soir du dîner. Celui que son mari avait organisé pour son chef de service et son épouse. Un dîner important pour sa carrière, lui avait-il déclaré. En serrant la main de Madame, d'allure très coquette, qu'elle n'avait jamais rencontrée, elle remarqua à son bras un bracelet de style identique à la boucle aux pierres noires… Elle ne dit mot, ce dîner devait être une réussite et elle ne pouvait risquer de mettre à péril la carrière de son cher époux. Mais elle guetta la réaction de la belle épouse au moment du dessert. Celle-ci, en mordant dans sa part de tarte Tatin, recracha quelque chose, qu'elle fit immédiatement disparaître dans sa poche après l'avoir furtivement examinée, et, toute rouge, garda les yeux rivés sur son assiette. Les hommes n'avaient rien remarqué, mais Lora eut le sentiment d'avoir remporté une victoire, et marqué la journée d'une pierre blanche. Questions : 1) A qui appartenait la boucle d'oreille retrouvée ? 2) Pourquoi Lora n'a-t-elle rien dit à son mari à propos de sa boucle perdue, et de celle trouvée chez elle ? 3) Qu'a compris Lora le soir du dîner ? Que ressent-elle au moment du dessert ? 4) Comment a réagi l'épouse du chef de service invitée, et pourquoi ? 5) Essayez d'imaginer la suite de l'histoire.
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“ Souvenez-vous d'un bruit particulier qui vous fut plus agréable que les autres. ” Jeanne trouva cette suggestion de l'animateur de l'atelier d'écriture plus difficile que d'habitude. Un thème sur lequel la vingtaine de participants devaient rédiger un texte de leur choix, en un peu moins d'une heure. Il y a beaucoup de bruits qu'elle aimait. Le ronronnement du chat lorsqu'il se blottissait contre elle, le bruit des pas sur les feuilles séchées, celui des clefs dans la porte quand les enfants rentraient de l'école, les accords de piano des Nocturnes de Chopin, le chant des oiseaux au lever du jour… Et le bruit des vagues. Le plus beau, le plus romantique des bruits, évocateur de sable fin, de soleil, de chaleur, de vacances, se dit Jeanne. Mais comment distinguer un bruit particulier ayant gravé à jamais la mémoire ? Elle hésitait encore quand, soudain, elle se souvint d'un moment unique, marqué par le son du ricochet des vagues sur les rochers. C'était il y a si longtemps… presque une autre vie. Tout comme les autres participants, penchés sur leurs cahiers, elle commença sa page d'écriture, choisissant la forme du conte, la plus appropriée, lui semblait-il, à décrire l'aventure qui lui était arrivée cet été-là. “Il était une fois une jeune fille blonde et romantique, qui n'avait qu'un amour : la lecture. Chaque été, quand venait le moment de partir au bord de la mer ou de l'océan avec ses parents, elle emportait toujours une valise remplie de livres, qu'elle dévorait , durant de longues heures, dans la maison de location, ou sur la plage. La plage, surtout, car le bruit des vagues emporte si bien le lecteur au-delà des possibles, même lorsqu'il pose son livre, et ferme les yeux… Ce jour-là, la mer était particulièrement mauvaise, et les vagues se jetaient, furieuses, sur les rochers auprès desquels elle s'était allongée. C'est au moment précis où, les paupières fermés, elle suspendit sa lecture pour se laisser bercer par ce tumulte grisant qu'elle sentit une présence à ses côtés. Une présence paisible, douce, presque envoûtante. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle aperçut un homme entre deux âges , au physique de baroudeur , mais au regard tendre, presque moqueur, qui lui dit : 'Est-ce que vous avez vu que la marée est montée, et que vous êtes prisonnière des vagues ?' Elle jeta un coup d'œil affolé. Le banc de rochers était entouré d'eau. 'Venez avec moi, n'ayez pas peur...'" “Mais... comment est-ce possible… c'est incroyable... Vous vous
connaissiez avant ?” La question presque brutale de l'animateur,
outrageusement penché sur son texte, alors qu'elle attaquait le vif du
sujet, fit sursauter Jeanne. Questions : 1) Qui est Jeanne et où se trouve-t-elle ? 2) Que lui demande-t-on de faire ? 4) Pourquoi l'animateur l'interrompt dans son écriture ? 6) Imaginez la fin du conte qu'elle écrivait. 7) Et imaginez la suite de cette petite histoire...
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Elle sursaute. Il vient d'entrer. Pour éviter toute discussion, elle attrape son k-way , glisse un “ je reviens ” qui n'attend pas de réponse, et s'en va, claquant la porte malgré elle sous la pression du vent. Ce vent si dérangeant. Il fait lourd, sombre, menaçant. Les nuages opaques ont empli l'espace. A l'horizon le ciel est noir. Comme son humeur. Les premières gouttes tombent, puis la pluie se fait violente et froide. La capuche la protège à peine, l'eau lui fouette le visage. Elle se réfugie dans le premier café venu. Un café du coin, typique, au détour de la rue. C'est ce qu'elle aime en France, se dit-elle en entrant dans le bar chaud et enfumé, il y a toujours un café là où il faut. Deux ans après son arrivée à Paris, elle apprécie encore ce confort. Deux ans déjà ! Deux ans qu'elle a quitté son pays dévasté. Ce café-là, c'est le rendez-vous des joueurs de loto et de tiercé . Il est particulièrement animé. Elle aime ce brouhaha qui l'aide à réfléchir. Elle ne peut bien penser qu'anonyme, entourée d'une foule qui ne la remarque pas. Elle ne peut bien penser que les jours de pluie. Mais ce soir c'est le chagrin qui l'emporte sur la réflexion. Elle contient à peine ses larmes sous l'arc protecteur des lunettes. Il va falloir rompre les ponts, reprendre la route, elle le sait. Et elle a peur. Elle entend quelqu'un entonner une strophe d'une chanson de Barbara (1) : Elle ne se retourne pas pour regarder celui qui chantonne, mais la rengaine entre dans sa tête et revient sans cesse, tout comme le refrain de Verlaine (2) dont il est inspiré, et qu'elle avait étudié en cours de français : Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville… Il est temps de partir, d'aller lui dire adieu, à celui qui n'est rien pour elle, qui ne lui a rien apporté d'autre qu'un réconfort très provisoire, et lui a surtout appris qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle patauge sur le sol délavé et brillant. Le vent s'est adouci mais est toujours bien présent. Il l'accompagne le long des sombres ruelles. Il n'est pas le seul à l'accompagner. Elle a, depuis un moment déjà, le sentiment d'une autre présence. Elle est suivie. Elle retient son souffle quand elle entend murmurer : Il pleure dans ton cœur comme il pleut sur la ville… Puis le ton se fait plus précis, plus direct. - Pourquoi pleures-tu, petite fille du soleil levant ? Pourquoi ces nuages noirs dans ton cœur ? Interloquée , elle hésite, ralentit le pas, s'arrête. Et se retourne, lentement. Il s'est arrêté aussi, à quelques pas d'elle. Tête nue, mains dans les poches, il a un air un peu gauche , un sourire timide, un regard gentil, chargé d'interrogation. Et il parle d'une voix si douce. - Tu m'as compris ? Tu parles français ? Tu as l'air si triste ! Tu veux me raconter ? Je peux faire un bout de chemin avec toi ? ___ Questions : 1) Où se déroule l'action de cette petite histoire ? 2) Qui est cette femme, et d'où vient-elle ? 3) Pourquoi est-elle si triste ? Quelle décision est-elle en train prendre ? Qui est cet homme auquel elle pense ? 4) Qui rencontre-t-elle ? Que se passe-t-il entre eux ? 5) Imaginez la fin de l'histoire. |
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Comme chaque matin, désormais, il lui faut un petit moment pour reprendre contact avec la réalité. Enfin bien réveillée, Carine s'assoit au bord du lit et prend son visage entre ses mains. Carine regarde l'heure, déjà 8 heures ! Il ne faut pas traîner, elle risque d'être en retard à ce rendez-vous important avec un nouvel éditeur qu'il va falloir convaincre de son talent - ce qu'elle déteste le plus au monde. Une journée qui a passé si vite, comme toutes les autres… Il fait déjà nuit quand Carine se souvient de sa décision. Avant de se mettre au lit, elle prépare tout un attirail : lampe de poche, carnet, crayon, gomme. Il faut être prête à sauter sur le rêve dès le réveil, l'immobiliser, le figer , le mettre sur papier, n'en rater aucune miette. Evidemment, ce soir-là, elle a un mal fou à trouver le sommeil, trop concentrée à essayer de se souvenir des épisodes précédents. Plusieurs fois, elle prend la petite lampe et commence à écrire en vrac quelques bribes du rêve des dernières nuits. Mais rien n'est plus vague que le souvenir d'un rêve, même si celui-là revient si souvent. Plus elle écrit, plus il s'efface. Ce qui énerve Carine et l'empêche encore plus de trouver le sommeil. Il est presque 2h du matin quand, enfin, elle ferme l'œil. Lorsque le réveil sonne à 7h 30, elle dort encore d'un sommeil profond. Sans rêve. Un peu déçue, elle se lève et se prépare pour la journée, sans écouter les remarques de son mari qui ironise sur le fait que, pour une fois que ce rêve n'est pas revenu la tourmenter, elle n'est pas contente. La nuit suivante, elle décide de se coucher beaucoup plus tôt, et de s'endormir paisiblement après avoir lu quelques pages de son livre de chevet , pour ne pas rater son rêve le matin. Elle est fraîche et dispose lorsqu'il est temps de se lever. Mais de rêve, aucun souvenir. Dès qu'elle trouve un moment tranquille, elle décide alors de se mettre sur l'ordinateur, et commence à écrire son nouveau roman, à partir du rêve envolé. Le rêve ne reviendra plus jamais, mais ce roman-là sera son premier best-seller. Celui dont elle avait toujours rêvé, mais auquel elle n'avait jamais cru. Qui, d'abord, irait croire à un rêve ? Questions : 1) Qu'arrive-t-il à Carine au début de l'histoire ? 2) Pourquoi, à votre avis, fait-elle toujours ce même rêve ? Que suggère-t-il ? 3) Que pensez-vous de l'idée de son mari ? 4) Pourquoi s'énerve-t-elle ? 5) Essayez d'imaginer le thème de son roman et de le résumer en quelques mots. |
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Deux tickets pour la même place Le Paris-Lyon de 17h 24. C'est dans ce train que tout a commencé. Pourquoi avoir changé d'heure, presque au dernier moment ? D'habitude, Nathalie prend toujours celui de 19h 54 quand elle décide de rentrer le week-end chez ses parents, qui habitent un pavillon de banlieue à Rilleux-la-Pape, aux portes de Lyon. Si ce quartier est moins animé que la capitale, elle aime y retourner, pour se reposer, se ressourcer, après l'animation vibrante de la capitale. A Paris, elle vit dans un tout petit studio, ne pouvant se permettre un plus grand appartement, mais c'est là, seulement, qu'elle a pu trouver un travail qui l'intéresse dans une boîte de pub . Ce vendredi soir, le train est bondé , elle a eu de la chance d'obtenir un billet. À croire que tous les Parisiens ont décidé de fuir vers le sud les rigueurs de l'automne. Et comme cela arrive de temps en temps avec la SNCF, quand Nathalie arrive à sa place, quelqu'un y est déjà assis. Une rapide comparaison des billets confirme ce qu'elle redoute : ils portent tous les deux le même numéro de place, dans le même wagon. Devant la moue ennuyée du jeune homme qui, à juste titre , s'est confortablement installé, elle dit : Deux heures de train, tout de même, avant d'arriver. Elle avait prévu de commencer à se détendre , d'attaquer un nouveau bouquin acheté la veille. Mais elle voit bien qu'il est impossible de déloger ce type , qui n'a pas l'air du tout de vouloir lui céder la place, et ne daigne même pas lui jeter un regard. De plus en plus de gens montent dans le wagon, elle commence à gêner vraiment au milieu du couloir avec sa petite valise, et sent qu'elle est obligée de s'en aller de là. Aucun espoir de trouver une place libre ailleurs dans ce train bondé. Elle dit, d'une toute petite voix : Quand le jeune homme se décide enfin à lever la tête vers elle, elle a disparu. Pour éviter de faire tout le trajet debout, elle s'installe sur un des mini tabourets très inconfortables du bar TGV. Elle achète une boisson, et commence à lire. Quinze minutes environ s'écoulent. Elle lève les yeux, et aperçoit l'homme qui la regarde en souriant. Éberluée, elle le laisse prendre sa valise, et le suit. Et se retrouve en 1 ère classe, devant un très confortable siège “solo”. Elle était libre ce soir-là. Le dernier soir de liberté, car plus jamais ils ne se sont quittés. Questions : 1) Où se trouve Nathalie, et où veut-elle aller ? 2) Pourquoi le train est-il bondé ? 3) Que se passe-t-il quand Nathalie essaie de s'asseoir à sa place ? 4) Avez-vous déjà voyagé avec la SNCF ? Avez-vous une anecdote à raconter ?
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Alors que Lue, Mae et Coe* sont sur le point d' enfourcher leur tridem pour retourner dans leur tri-studio, Mae s'arrête brutalement. Le R24 est l'un des exercices importants imposés depuis le début des années 2080 dans les entreprises : l'obligation pour l'ensemble du personnel de se retrouver dans la salle d'entraînement pour participer à un fou-rire collectif de 10 minutes. En effet, depuis les années 2060, les banquiers (qui avaient pris le gouvernement de tous les pays) avaient trouvé que les fou-rires ou les moments de rigolade qui intervenaient à tout moment dans les bureaux ralentissaient le rythme de travail, et réduisaient donc la productivité. Mais puisque l'Agence de psycho-ergonomie du travail avait démontré que le rire était indispensable à l'équilibre mental des travailleurs, les banquiers avaient interdit le rire pendant les heures de travail, et créé le R24, un exercice qui consistait à se livrer, dans un local approprié, à un éclat de rire général minuté. Il y avait beaucoup d'autres exercices, ou règlements, imposés. Par exemple le D60 : exercice de défoulement toutes les 60 heures, consistant à se livrer à des batailles d' oreillers dans la même salle d'entraînement. Ou encore le MD8 : massage du dos de 5 minutes pratiqué toutes les 8 heures sur chaque travailleur par son collègue le plus proche, lequel faisait de même pour lui. Ce règlement avait été obtenu par les syndicats quand ils existaient encore. Les syndicats et toute forme de rébellion avaient totalement été éradiqués des entreprises en 2070, mais certaines règles datant de leur époque avaient subsisté. Tout comme la PP5 ( pause pipi toutes les 5 heures) que les syndicats avaient considéré comme un droit fondamental des travailleurs. Pour que le rythme de travail ne soit pas ralenti, un tour de rôle était imposé, de sorte que des mouvements de PP5 se manifestaient environ toutes les heures vers les TH (toilettes horaires), où le temps de séjour était limité à deux minutes. Tous ces exercices étant obligatoires, en rater un était une faute grave dont la conséquence pouvait aller jusqu'à un contrôle total du compte bancaire du contrevenant par son employeur. Et évidemment, ils étaient tous surveillés par des SE (surveillants d'exercice). Et alors, les trois filles, d'un seul geste, sont parties se cacher dans le fossé au bord de la route, pour se livrer au plus beau fou-rire qu'il ne leur était jamais arrivé de prendre en dehors des R24. *Par souci de simplification, en 2050, les prénoms avaient été réduits à trois lettres, se terminant par “e” pour les filles, et “x” pour les garçons. Questions : 1) A quelle époque se déroule cette histoire, et dans quel endroit ? 2) Qui dirige les gouvernements ? Pensez-vous que ce scénario soit réaliste, et pourquoi ? 3) Qu'est-ce que le R24 ? Et le D60, le MP8 et le PP5 ? 4) Comment imaginez-vous l'avenir ?
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Une fois encore, elle n'a rien compris. Questions : 1) A qui s'adresse la narratrice ? Que veut-elle lui faire comprendre ? 2) Quels sont les arguments que présente la petite “ inspiratrice ” pour se défendre ? 3) Pourquoi une baignoire représente-t-elle un piège pour elle ? 3) Si vous la rencontriez dans votre maison, auriez-vous peur ? Cette peur est-elle rationnelle ? |
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Un dimanche tranquille à la campagne… Le traditionnel repas familial terminé, la table débarrassée, la vaisselle faite, on peut enfin se relaxer. Sa femme, Hélène, n' avouera jamais qu'elle en a autant envie que lui. Leur belle-fille, Martine, fait semblant d'hésiter, mais Edouard, son mari, est déjà parti chercher le jeu de cartes. Les enfants jouent dehors, et de toute façon on ne peut pas être plus de quatre pour la belote. Charles commence à battre les cartes. Le jeu est déjà bien entamé quand, soudain, un hurlement strident déchire le silence. Hélène reconnaît la voix de Lucile, la plus jeune de ses petites-filles, et se précipite dehors. Quelques secondes plus tard, Martine la suit en rechignant. Une fois lancée dans le jeu, elle déteste être dérangée. En plus, elle était sur le point d'avoir un carré d'as. Peu après, elles rentrent toutes les trois. La petite est en larmes. La petite recommence à pleurer pendant la délicate opération puis, une fois le dard retiré, elle se met à raconter son aventure. Il faut dire qu'en ville elle n'a pas souvent l'occasion de se faire piquer par une guêpe... La petite retourne dehors en reniflant. C'est alors qu'elle remarque quelque chose de très différent dès qu'elle arrive en plein soleil : son ombre a disparu ! Discrètement, pour que ses frères et sœurs ne l'entendent pas, elle appelle : Elle croit alors entendre une toute petite voix, venue de quelque part dans l'atmosphère : - Au secours ! Mon ombre a disparu, se met à hurler Lucile en retournant dans la maison, provoquant cette fois la protestation de tous les adultes. Désespérée, il ne lui reste qu'à retrouver la solitude de la chambre d'enfants. Incomprise de tous, abandonnée, même provisoirement, de son ombre, elle trouvera refuge dans son univers imaginaire. Celui où tous les animaux sont des amis, et où les ombres n'ont pas peur d'elles-mêmes. Questions : 1) Où se situe cette petite histoire ? 2) Qui sont Charles, Hélène, Edouard, Martine ? Que font-ils ? 3) Qu'est-ce qui arrive à Lucile ? De quoi a-t-elle peur ? 4) Que se passe-t-il après que Martine ait critiqué sa fille ? 5) Quand vous étiez enfant, aviez-vous, vous aussi, un monde imaginaire ?
1. Martine a suggéré qu'on joue à la belote. 2. Hélène a très envie d'y jouer. 3. La guêpe qui a piqué Lucile a laissé son dard. 4. Une fois dehors, Lucile voit son ombre. 5. Son ombre lui a répondu quand elle lui a parlé. 6. Lucile a retrouvé son ombre dans sa chambre.
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Cela faisait longtemps que Marc n'avait pas vu son copain Fabrice. Il commençait à s'inquiéter un peu car il n'avait pas eu de réponse au dernier e-mail qu'il lui avait envoyé. Ce n'était pas un message très important, et il ne se souvenait même plus de ce qu'il lui avait dit. Mais ce silence était un peu bizarre. En plus sa page Facebook était complètement inactive. Il appelle alors un ami commun, Antoine. Stupéfait, Marc bafouille deux mots de remerciement, et raccroche. Une cure de détox ?! Eh bien, en voilà une histoire ! Il ne savait pas du tout que Fabrice était addict. A quoi, d'ailleurs ? Tabac ? Alcool ? Drogues ? Un peu vexé de ne pas avoir été au courant, il n'avait pas posé la question à Antoine. Le tabac, non, sûrement pas, il ne l'avait jamais vu fumer. Et de là à être accro . Et la drogue n'avait jamais été son truc. L'alcool, donc ? C'est vrai que ces derniers temps il l'avait trouvé un peu différent, comment dire, presque moins sociable, comme s'il avait tout le temps quelque chose qui le préoccupait. Il faut dire que la séparation avec sa copine avait été un choc. Alors est-ce qu' il se serait mis à trop forcer sur l'alcool ? Avec les copains il avait la descente facile et ne refusait jamais un verre quand l'occasion se présentait. Mais pour aller en cure de détox il faut que ce soit vraiment grave. N'y tenant plus, il rappelle Antoine. - Sawatdee kha ! C'est une douce voix de femme qui répond. Heureusement elle parle un peu anglais, et appelle Fabrice. Questions : 1) Pourquoi Marc veut-il avoir des nouvelles de Fabrice ? 2) Qui est Antoine ? Pourquoi Marc l'appelle-t-il ? 3) Fabrice est-il accro à une drogue ? Ou à l'alcool ? 4) Pourquoi Fabrice était-il moins sociable dernièrement ? 5) Où est allé Fabrice, et pourquoi ? 6) Imaginez la fin de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) Fabrice répond toujours aux e-mails de ses amis. 2) Marc s'inquiète car il n'a pas de nouvelles de Fabrice. 3) Marc va bientôt partit en cure de détox. 4) Fabrice ne buvait pas beaucoup. 5) Marc pense qu'il est en cure de détox pour l'alcoolisme. 6) Grâce à sa cure, Fabrice ne boit plus du tout. |
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Ai-je rêvé ? J'entends une voix inconnue qui me parle. Les bras chargés d'objets hétéroclites, je m'arrête, et écoute. Et voilà que des larmes apparaissent à mes paupières. Non ! Je ne vais pas m'attendrir pour de vieux trucs complètement usés et sans aucune valeur dont je ne sais pas quoi faire ! Il faut pourtant bien finir ce foutu déménagement, vider la maison et les placards de l'incroyable bazar accumulé depuis des années, éviter de remplir le garde-meubles de choses inutiles… Mais comment rester sans réponse ? Heureusement, je suis seule. Je prends ma plus gentille voix : Maintenant c'est toute la maison qui résonne des cris des objets abandonnés, enfin c'est ce que je crois entendre, je ne sais plus. J'ai l'impression que je vais devenir folle. Après avoir emballé minutieusement la petite coupelle indienne et le bracelet égyptien dans un dernier carton, et entendu leurs soupirs de satisfaction, j'essaie de terminer la dernière lessive. Et là, même chose, c'est la révolution. La machine à laver, toujours si rapide, a pris plus de deux heures à faire la lessive, et le séchoir à linge m'a rendu du linge tout mouillé. Et dans la cuisine, la gazinière refuse de s'allumer. Je vais craquer . Il est temps de passer à autre chose. J'appelle mon mari en lui disant que je suis prête, et nous repartons ensemble à la déchetterie, pour la énième fois. Il pleut sur les objets entassés dans le pick-up. Il pleut dans mon cœur. Et je me souviens de cette phrase d'un poème d'Alphonse de Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme?... Questions : 1) Où se situe cette petite histoire ? 2) Que fait la narratrice ? 3) Qui lui parle ? 4) Qu'est-ce qu'elle ressent ? 5) Essayez de raconter votre dernier déménagement. Vrai ou faux ? 1) La narratrice entend son mari qui lui parle. 2) Elle avait acheté un bracelet en Egypte. 3) Elle vide sa maison avant un déménagement. 4) Ç a ne lui fait rien de se débarrasser de tous ces objets. 5) Elle va à la déchetterie toute seule. |
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Je marche à tâtons, dans le noir. Comment ai-je pu oublier de poser mon iPhone sur ma table de chevet, hier soir ? Heureusement, les lumières de l'ordinateur et de l'imprimante m'éclairent suffisamment pour que j'y voie un peu. Je vais sûrement le trouver à côté de l'ordi. J'ai longuement chatté hier soir avec ma copine Valérie, et quand je skype sans webcam, j'aime bien m'amuser à faire un petit solitaire sur l'iPhone pour m'occuper les doigts. Il est 5h 30 du matin, le moment où j'ai l'habitude de vérifier les emails arrivés pendant la nuit. Je pourrais aussi le faire sur mon iPad mini, mais il est un peu plus lumineux et je crains de réveiller Jacques. Lui, il dort profondément, ses écouteurs blancs dans les oreilles - il se branche toujours sur Tunein vers 5h, et ça le rendort très vite. Quand j'aurai trouvé mon iPhone, sans faire de bruit, je me recoucherai et je cliquerai sur “Mail”. Amazon, des pubs de compagnies aériennes, il n'y aura sans doute pas grand-chose d'intéressant, comme toujours. Mais je n'aurai plus sommeil. Je renoncerai à me brancher sur une radio (trop nulles, les émissions de la nuit), et ouvrirai mon Kindle White pour reprendre la lecture de mon roman, en attendant le petit matin. Au petit déj, on partagera comme toujours notre vie de vrai couple : lui sur son iPad, moi sur mon mini, on lira tous les deux les derniers numéros du Monde. Puis on s'installera chacun sur son ordi et on commencera la journée de travail. La seule interruption sera celle du lunch, où, là encore, nous reprendrons nos tablettes. Puis le soir venu, celui qui fera la cuisine écoutera la radio dans ses oreillettes tandis que l'autre écrira quelques emails, ou chattera un moment. Ce sera seulement après dîner qu'on pourra vraiment se relaxer, brancher l'ordi sur l'écran plat géant avec le cable HD MI, et nous visionner un film, un documentaire, ce qui nous chantera , pendant qu'on rechargera les iPhone - qu'il ne faudra pas oublier ensuite de remettre à leur place près du lit pour la nuit. La vie est belle, me disais-je hier encore, lorsque j'évoquais avec effroi le temps où nous n'avions ni téléphone ni télévision. “Tu as vécu au Moyen-âge, mamy”, m'avait dit Louis, mon petit-fils, tandis qu'il m'initiait au Windows 8. Mais hier c'était hier, et aujourd'hui est un autre jour. Ce matin, je suis privée de mon iPhone, absent de tous les lieux où je le cherche. Et soudain, comment dire, il se passe quelque chose en moi. Une idée folle me traverse la tête... Et si je me déconnectais ? Si j'arrêtais de surfer, de chatter, de tripoter ces machins électroniques qui m'apportent quoi, finalement ? Si je reprenais la vie d'avant, celle où j'étais libre de me balader où je voulais sans être dérangée par un sms ou un appel ? Si je lisais un livre, ou un vrai journal, en papier, sur un banc public, comme autrefois ? Si je me mettais à coudre , peindre, ou dessiner ? Ma décision est prise : je vais m'émanciper de toutes ces nouvelles technologies, retourner aux jours heureux du Moyen-âge… Un jour par mois, peut-être, pour commencer. Histoire de voir. Questions : 1) Qui est la narratrice ? Que cherche-t-elle ? 2) Quelles sont les habitudes du couple ? 3) Qu'est-ce que la narratrice a l'intention de faire ? 4) Vous est-il arrivé d'avoir les mêmes envies ? 5) Essayez d'imaginer une suite à cette histoire. Vrai ou faux ? 1) La nuit, la narratrice pose son iPhone sur son bureau. 2) Elle fait un jeu de solitaire pendant qu'elle skype. 3) Elle lit ses emails au petit déj. 4) Elle n'arrive pas à trouver son iPhone. 5) Elle va arrêter définitivement d'utiliser ces gadgets. |
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La tête entre les mains, l'air abattu , Elios se demande ce qu'il est venu faire là. “ Comme j'aurais dû écouter mon père ! Il m'avait bien dit que c'était un projet insensé d'aller si loin, tout seul, sans espoir de retour. ” Et maintenant, il est là, assis sur un banc, à un arrêt de bus où personne ne passe, puisque les transports en commun parisiens sont en grève. Le voyage de plusieurs années-lumière avait déjà été épuisant, même pour un solide extragalactique comme lui en pleine jeunesse. Et puis il était allé de déception en déception. Avant de partir, il avait d'abord adapté son aspect physique aux Terriens , ce qui avait fait bien rire son entourage. Puis il avait voulu apprendre les six langues des Nations Unies - l'adjectif “ unies ” lui avait plu , avant de comprendre que quand un Terrien parle d'union cela veut dire tout l'inverse . Et il avait donc visité six régions du monde où il pourrait s'exprimer en ces langues. Il avait choisi de commencer par l'Egypte, tant les beautés architecturales de ce pays sont réputées admirables. Mais à peine arrivé il avait failli se faire tuer, se retrouvant pris dans une manif gigantesque, où il avait été le témoin d'incroyables violences policières. Il était vite parti pour la Chine, mais il était arrivé en pleine inondation et n'était resté que le temps de déguster un savoureux plat chinois et de bavarder avec quelques personnes qui lui avaient paru bien désabusées . Même ambiance peu joyeuse à Moscou, où il avait surtout entendu parler d'espionnage, et à Madrid, où, entre deux manifs, les gens se plaignaient du chômage et de la crise économique. Espérant que la situation serait meilleure aux Etats-Unis, il avait fait un saut à New York. Mais les habitants rencontrés ne semblaient s'intéresser qu'à la valeur de petits billets verts qui lui avaient paru bien insignifiants. Il avait gardé la France pour la fin, mettant tous ses espoirs dans “ le pays de l'amour ” comme on l'appelle chez lui. Mais après plusieurs jours de grèves, de manifs, et de rencontres peu plaisantes avec des Parisiens, il commençait à penser qu'il avait fait le mauvais choix. Et surtout qu' il aurait vraiment mieux fait de rester sur sa planète. “ Quel imbécile je suis ! ” ... Soudain une petite voix le sort de sa torpeur. Un peu agacé qu'on le dérange dans ses pensées d' autodénigrement , Elios prend son temps pour lever les yeux. Mais ce qu'il voit fait fondre immédiatement en lui tout sentiment de colère. Celle qui lui a parlé est une toute jeune fille au visage innocent, au doux sourire et aux grands yeux étonnés. Il décide de feindre l'ignorance. Sans hésiter, il se lève et la suit. Il la suivrait jusqu'au bout de cette ville à laquelle il trouve soudainement un charme fou. Il la suivrait jusqu'au bout de cette étrange planète. Questions : 1) Où se situe cette petite histoire ? 2) Qui est Elios, et d'où vient-il ? 3) Quels pays a-t-il visité ? 4) Que cherche-t-il à Paris ? 5) Imaginez la suite de cette histoire. Vrai ou faux ? 1) Elios parle bien français. 2) Il aime bien l'adjectif “ unies ” . 3) Il a visité l'Espagne avant de visiter la Russie. 4) Arrivé à Paris, il se dit qu'il aurait dû rester chez lui. 5) Il hésite longtemps avant de suivre la fille. |
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Laure et Michel n'auraient jamais pensé que leur fils unique se découvre une passion pour le piano. Lorsqu'il leur avait exprimé l'envie de s'inscrire à des cours privés hebdomadaires, ils pensaient que c'était un caprice. Pourquoi s'intéresserait-il à jouer d'un instrument de musique alors qu'il refusait auparavant toute autre activité ? Julien était un ado plutôt flemmard, qui se débrouillait à l'école, juste assez pour avoir la moyenne, mais qui ne s'intéressait pas à grand-chose. Ce qui inquiétait un peu ses parents. Ils avaient donc été très surpris qu'il leur demande, comme cadeau d'anniversaire pour ses 17 ans, de lui offrir des cours de piano. Trop contents de le voir dans cet état d'esprit, ils l'avaient inscrit pour un an. Il n'en espérait pas tant et était visiblement heureux quand, le soir de son anniversaire, il avait ouvert l'enveloppe-surprise qui contenait sa carte d'abonnement. Et, depuis, toute sa vie semblait tourner autour de cette unique passion. Il suffisait qu'il entende un morceau de piano à la télé ou à la radio pour qu'on voie ses yeux briller. Au point que Laure avait commencé à se poser des questions. Laure a admis que c'était vraiment impossible. La prof, âgée d'une bonne quarantaine d'année, n'avait rien pour séduire, et Julien ne risquait vraiment pas d'en pincer pour elle. Et pourtant... Quelque chose disait à Laure que cette adoration soudaine pour le piano n'était pas innocente. Elle a alors essayé d'en parler indirectement à son fils. Plusieurs mois ont passé avant que Laure se décide à se rendre sur place pour essayer de comprendre. Plutôt que d'entrer directement dans la salle de cours, elle s'en est approchée discrètement, sans se faire remarquer. Et là, par l'entrebâillement de la porte, elle a d'abord aperçu la prof, debout, puis Julien, assis devant le piano, avec, à sa droite, une jeune fille qui jouait à quatre mains avec lui. Laure ne pouvait voir son visage mais avait l'impression qu'elle était jeune, et très belle. C'est seulement le lendemain qu'elle a eu la confirmation que la fille de la prof de piano tenait souvent compagnie à sa mère pendant les cours avec Julien. Lequel, entre dièses et bémols, était au septième ciel. Questions : 1) Qui est Julien ? Quel âge a-t-il ? 2) Pourquoi veut-il suivre des cours de piano ? 3) À quel sujet sa mère se pose-t-elle des questions ? 4) Julien est-il amoureux de son prof de piano ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) Laure est professeur de piano. 2) Julien ne s'intéresse pas à grand-chose. 3) Marc a refusé de lui offrir des cours de piano. 4) Julien n'aime pas ses cours. 5) Il a fait une rencontre agréable. |
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La cruauté est la “tendance à faire souffrir” , le “caractère de ce qui est inexorablement nuisible”. Après avoir lu à voix haute ces lignes du dictionnaire français Le Petit Robert, la cruauté s'effondre. Les participants à la réunion mensuelle des mots et de la ponctuation approuvent en hochant de la tête. En général, les mots sont habitués à ce qu'ils signifient et sont assez bien identifiés à leur personnalité. Mais le cas de la cruauté qui ne peut pas accepter l'idée de faire du mal soulève de nombreuses questions. C'est ainsi que les Académiciens se sont retrouvés confrontés à l'événement le plus extraordinaire depuis la création de l'honorable institution : une manifestation géante des mots du dictionnaire, réclamant une totale remise en question de leur signification, avec, à leur tête, la fantaisie et l'extravagance, suivies par la cruauté, donnant la main à l'espoir. Questions : 1) Qui sont les personnages de cette petite histoire ? 2) Que font-ils ? 3) À quel problème la cruauté est-elle confrontée ? 4) Qui vous paraît le personnage le plus intéressant ? 5) Imaginez une suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) La cruauté a une crise d'identité. 2) Le problème fait une proposition constructive. 3) L'imagination préfère ne pas intervenir. 4) La ponctuation ne participe pas à la discussion. 5) La psychologie apporte une solution.
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Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Cette vieille chanson française qui passait en boucle sur le lecteur CD de la dame très âgée qui habitait juste à côté de l'arbre le subjuguait. C'était le milieu de l'été, et cette dame restait des heures assise près de la fenêtre à écouter des airs d'autrefois. Mais celui-là l'avait frappé plus que les autres. Au point qu'il n'avait pas hésité à se l'approprier et à le reprendre à tue-tête. Décidément, la compagne de sa vie ne le comprendrait jamais. Pourtant, elle savait qu'il était un grand romantique, et elle avait bien aimé ça quand ils étaient jeunes tous les deux et qu'il lui avait déclaré sa flamme. Elle ne s'était jamais plaint de tous les chants qu'il lui gazouillait pour la séduire. C'était le plus charmeur de tous les galants, et elle avait très vite succombé à ses belles ritournelles. Mais les années avaient passé, et le souffle de la passion s'était éteint. Elle était désormais trop occupée avec sa couvée très agitée, et passait tout son temps à rendre paisible et confortable le petit nid familial. Quant à lui, il avait pris autant d'âge que de bedaine, et elle préférait qu'il parte en quête de nouvelles victuailles, et qu'il l'aide à réparer les dégâts causés à leur gîte par les fréquentes intempéries, plutôt que de lui chantonner des sérénades. D'amour, il n'était donc plus question, et il brillait plus par son silence que par ses talents de vocaliste. Jusqu'à ce qu'il commence à chanter cet étrange refrain, très éloigné de son répertoire habituel. Très vite, il avait renoncé à poursuivre la conversation. Elle avait toujours le dernier mot. Mais il avait commencé à concentrer sa pensée sur le début de la chanson : Plaisir d'amour. Que restait-il du plaisir dans la routine qui s'était installée entre eux ? Rien. C'est alors qu'il a entendu une jolie petite voix venue d'un coin du jardin : - Vous ne chantez plus ? J'aimais tant votre nouvelle mélodie ! Il n'en fallait pas plus pour qu'il ait envie de se remettre à batifoler. Plaisir d'amour ne dure guère, mais il est si bon à prendre, pensait le fringant rossignol, tout à son bonheur. Et tant pis pour les lendemains qui déchantent ... Questions : 1) Où se situe l'action de cette petite histoire ? 2) Qui est le personnage principal ? 3) Connaissez-vous cette chanson française ? 4) En quoi influence-t-elle le personnage principal ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) Une vieille dame chante une chanson française. 2) Le personnage principal est un jeune homme. 3) Sa femme est très occupée avec ses enfants. 4) Elle n'aime pas du tout la nouvelle chanson. 5) Son mari essaie de la séduire de nouveau en chantant. |
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Une journée pas comme les autres Je me lève tous les matins à 8 heures. Me tirer de ce lit douillet, c'est toujours le moment le plus difficile. Mais Sympa est là, il me soulève, et me soutient le dos. Il m'accompagne à la salle de bains, et après m'avoir aidée à faire ma toilette et à m'habiller, il m'amène dans la cuisine où il a préparé mes tartines de pain et mon café, ainsi que mes médicaments. Toujours le nombre exact, il ne se trompe jamais. Si j'oublie de les prendre, il me le rappelle. Puis il met la radio pour me distraire, et parfois il s'assoit en face de moi et me regarde en souriant. Ma vie a tellement changé depuis que mes enfants m'ont offert Sympa ! C'est le plus adorable des robots. Ils l'ont très bien programmé à faire tout ce qui est important pour moi, et tout ce que j'aime, et ils l'ont adapté à mes problèmes de santé. Grâce à lui, j'ai pu éviter la maison de retraite, et rester chez moi. Pendant la journée, il joue avec moi aux dames ou à la belote , m'amène faire un tour dans le petit parc à côté, et réceptionne les colis d'alimentation que nous avons commandés ensemble sur internet. Il me prépare tous mes repas, ou bien il m'aide si j'ai envie de cuisiner un peu moi-même. Il me sert aussi mon petit verre de vin rouge le soir... Tous les jours, c'est la même routine. J'évite d'y penser pour ne pas devenir mélancolique. Et je réponds à ses sourires sans me dire que ce serait peut-être mieux si c'était mes enfants qui étaient là, avec moi. D'ailleurs, il n'est pas du tout garanti qu'ils seraient aussi gentils et attentionnés. Mais ce matin, il y a quelque chose de différent. Sympa a un petit air coquin que je ne lui connais pas, comme s'il allait se mettre à faire une farce , (ce qui est impossible, il n'a pas été programmé pour ça). Quand il m'apporte mes vêtements, je vois qu'il a choisi des jeans, un t-shirt, et des baskets au lieu d'une petite robe. Je lui demande pourquoi, il ne répond pas. Puis à la place de mes tartines, il me prépare un müesli. Je l'interroge, mais de nouveau, il fait comme s'il ne m'entendait pas. Et c'est alors que tout bascule. Me tenant par la main avec fermeté, il m'entraîne dehors, et là... un drôle de véhicule nous attend. On dirait une sorte de voiture allongée, d'un blanc éclatant. Il me fait asseoir à la place du passager, m'attache à la ceinture de sécurité, et se met au volant. Le véhicule démarre sans bruit, roule sur quelques mètres, et soudain, il s'envole ! Oui ! Il vole comme un petit avion ou un hélicoptère. D'abord j'ai très peur, je crie, puis, peu à peu, en voyant son regard encourageant, je me tranquillise. Et je me mets à rire. Qu'est-ce que je suis bien ! Ç a me rappelle les carrousels de mon enfance (j'adorais monter dans les petits avions). Nous survolons toute la ville, puis la campagne, la rivière, les prairies. Je suis scotchée à la fenêtre, ça fait si longtemps que je n'avais pas vu des vaches ou des moutons ! Parfois, des oiseaux nous rejoignent et, pendant un moment, volent à nos côtés. C'était la plus belle journée de ma vie, ai-je dit à Sympa le soir, après cette merveilleuse escapade. Mais, se contentant, comme toujours, de sourire, il n'a pas répondu. Il n'a pas dit non plus que je suis une vieille folle qui se laisse emporter par ses rêves... Questions 1) Qui est Sympa ? 2) Qui est la narratrice de la petite histoire ? Où est-elle ? 3) A quelle époque se situe cette petite histoire ? 4) Pensez-vous qu'elle pourrait être réaliste ? 5) Imaginez la fin de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) La narratrice habite seule 2) Sympa n'est pas du tout sympa 3) La narratrice est âgée 4) Un jour Sympa l'emmène promener en voiture 5) Elle fait souvent des rêves très drôles |
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Personne ne me connaît mieux que lui. Au point que nous sommes devenus inséparables. Il est ma mémoire, ma connaissance, presque ma conscience, mon second moi. Il m'encourage à garder un contact permanent avec mes amis, m'aide à n'oublier aucun rendez-vous, me rappelle l'heure des réunions et les thèmes de discussion, et dans ma vie privée aussi il m'aide à organiser mon emploi du temps. Grâce à lui, je n'oublie plus jamais un anniversaire, et il me suggère même des cadeaux adaptés à mon budget et à mes habitudes d'achat. Il sait exactement quand je devrais acheter un bouquet de fleurs à ma femme, et se charge de faire la commande automatiquement. Il connaît mieux que moi tous mes numéros de cartes de crédit et le solde de mes comptes bancaires, et il a aussi mémorisé les numéros de téléphone et adresse e-mails de tous mes contacts. Je n'ai plus jamais besoin de me fatiguer à faire des recherches. Il répond presque à ma place à tous mes messages, devinant ce que je pense écrire simplement selon la consonne ou voyelle par laquelle je commence à écrire un mot, corrigeant mes fautes. Il fait même à ma place de jolis petits dessins pour exprimer les sentiments que je suis supposé ressentir. Si je n'ai pas envie d'écrire, il suffit que je lui parle et, là encore, il comprend à demi-mot mes bafouillages , il anticipe, contrôle mon langage et me retient d'employer des expressions insultantes ou vulgaires. Grâce à lui, je suis dans la norme. Aucune déviance, aucune fantaisie, rien qui ne me distingue des autres. Et c'est très bien comme ça. Grâce à lui, je suis devenu quelqu'un de respectable, de raisonnable, de politiquement correct. Et quand j'ai envie de me distraire, il a toujours des suggestions amusantes, et s'assure que je me divertisse sans jamais atteindre le seuil de l'excentricité. Peu à peu, nous en sommes venus à faire chambre commune, et depuis quelque temps c'est mon lit qu'il a investi. Quand il est là, tranquillement posé à côté de moi sur l'oreiller, sa présence me rassure, je sais que grâce à lui rien ne troublera mon esprit, et je dors, confiant. Lui ne dort jamais. S'il remarque que je m'endors difficilement, il me joue une sérénade. S'il constate que mon esprit s'égare sur des préoccupations qui n'ont pas lieu d'être, il me branche sur une chaîne d e radio qui me distrait et me fait oublier mes soucis. Et je n'ai plus jamais peur de dormir trop tard le matin, je sais qu'il me réveillera. Telle est ma vie, faite de confort et d'habitudes réconfortantes. Telle était ma vie, plutôt, jusqu'à ce matin. Car ce matin, il s'est passé quelque chose qu'il n'a pas su prévoir, ni contrôler, et qui, en un instant, a bouleversé toute ma vie. Quand je me suis réveillé, j'ai d'abord vérifié s'il était bien là. Comme aujourd'hui c'est dimanche, je pensais somnoler encore un moment avant de me lever. Mais alors j'ai senti comme un vide de l'autre côté du lit. Ma femme avait disparu ! J'ai pensé qu'elle s'était déjà levée. C'est seulement quand je l'ai cherchée partout dans la maison que j'ai compris. Elle était partie pour de bon. Comme seule explication, elle a laissé un petit mot sur la table de la cuisine : "Je t'avais prévenu, ce serait lui ou moi". M'avait-elle vraiment dit ça ?... En tout cas, lui, mon très smart iPhone, n'a rien vu venir. Je l'ai jeté par la fenêtre et suis parti, comme un fou, à la recherche de ma femme, mon trésor le plus précieux, ce que j'ai compris en un instant. Questions 1) Qui est le narrateur de cette histoire ? 2) Qui est son "second moi" ? 3) Quels services lui rend-il ? 4) Pourquoi dort-il avec lui ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) La secrétaire du narrateur lui rappelle ses rendez-vous. 2) Le narrateur est marié. 3) Sa femme ne fait pas chambre commune avec lui. 4) Il branche son réveille-matin chaque soir. 5) Le dimanche, il aime traîner au lit. |
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Chaque année, c'est la même routine. Le moment le plus attendu de la fête de Noël du bureau, qui se tient une semaine avant que tout le monde parte en congé pour les fêtes, est la distribution des cadeaux. Martine, la secrétaire du patron, a tout organisé. Le principe est que chaque collègue doit faire un cadeau à un autre, mais de manière anonyme. Seul le nom de la personne à qui il est destiné (désignée par tirage au sort) doit apparaître. Pour cela, Martine a d'abord mis dans une boîte des petits bouts de papier sur lesquels étaient écrits les noms de chaque employé de la société. Une semaine avant la fête, elle a convoqué tout le personnel, et chacun a extrait de la boîte un de ces bouts de papier, et découvert (sans le montrer aux autres, bien sûr) le nom du ou de la collègue à qui il devrait offrir un cadeau. Julie saute de joie quand, en dépliant son petit papier, elle lit le nom de Matthieu ! Depuis le temps qu'elle essaie de lui faire comprendre ce qu'elle éprouve pour lui et qu'il l'ignore complètement, peut-être est-ce enfin une chance qu'il s'intéresse un peu à elle. Le choix du cadeau est alors primordial, pense Julie, qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir lui offrir. Tout le week-end avant la fête, elle a passé son temps à traîner d'un magasin à l'autre, cherchant l'inspiration. Un stylo, une écharpe, une cravate, un objet de décoration ? Non, trop banal. Il faut quelque chose qui distingue son cadeau des autres, et qui corresponde parfaitement aux goûts et intérêts de Matthieu. C'est en passant devant une boutique d'articles de chasse qu'elle a enfin la bonne idée ! Elle sait qu'il adore faire des randonnées en forêt (elle aussi, mais elle n'a jamais osé lui en parler directement). Il doit donc être sensibilisé aux sons des animaux. Elle va lui offrir un appeau. Un tout petit objet d'apparence insignifiant mais qui, pense-t-elle, va lui parler au fond du cœur. Elle hésite sur le choix du chant d'oiseau et opte pour le rossignol, le plus beau de tous, le plus romantique peut-être aussi. Le soir de la fête, après quelques coupes de champagne et le long discours du patron, qui se veut très drôle mais est surtout ennuyeux, vient enfin le moment tant attendu de la distribution des cadeaux. Cette année c'est Louis, le plus jeune employé de la société, qui est chargé de prendre les cadeaux étalés autour du sapin et, après avoir lu à haute voix le nom du destinataire, de lui remettre. Celui-ci ouvre alors le paquet, s'exclame d'admiration (même s'il n'aime pas trop son cadeau) et essaie de deviner qui lui a offert. Quand vient le tour de Matthieu, il regarde d'un air très intrigué le petit objet qu'il sort de son emballage. Tout le monde autour de lui s'exclame : "C'est quoi ce truc ?" Personne ne semble savoir ce que c'est. Matthieu donne plusieurs noms de collègues masculins (il n'imaginerait pas qu'une femme ait pu lui offrir un tel cadeau), puis s'arrête là. La fête se termine sans qu'il ait prononcé le nom de Julie, qui, désespérée, pense avoir fait le mauvais choix. Très triste et déprimée, elle rentre chez elle, après une dernière coupe de champagne. Les célébrations ont pris fin, ses espoirs aussi. Soudain, elle entend le chant d'un oiseau. En plein milieu de la nuit ? Elle écoute plus attentivement. Un rossignol, sans aucun doute. Toute tremblante, elle ouvre en grand la fenêtre et se penche vers la rue. Avant de dévaler les escaliers vers un avenir dont elle n'osait plus rêver. Questions 1) Où se situe cette petite histoire, et quand ? 2) Qui doit faire un cadeau, et à qui ? 3) Qui est Julie et qu'espère-t-elle ? 4) Quel est le cadeau qu'elle a choisi, et pourquoi ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) Martine est la directrice de la société. 2) Matthieu ne sait pas quel cadeau il peut faire. 3) Julie est amoureuse de Matthieu. 4) Elle adore les randonnées en forêt. 5) Le patron fait un discours passionnant. |
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Qui dit famille dit secrets de famille, c'est bien connu. Tout aussi connu est le sort qui est réservé à ces secrets de famille, dont on dit que ceux qui les ont vécus, et cachés, les emportent avec eux dans la tombe. De sorte qu'ils ne seront jamais révélés. Les romans et les films en sont remplis, quel beau sujet d'inspiration pour les écrivains et cinéastes que ces zones d'ombre, ces silences, ces non-dits, répandus dans tant de familles ! Sauf dans la mienne. C'est du moins ce que je croyais, jusqu'à ce jour-là. Bizarrement, c'est quand ma mère a commencé à perdre la mémoire qu'elle s'est mise à lever le voile sur des faits qui m'étaient totalement inconnus et ont attisé ma curiosité. Comme toutes les personnes âgées frappées du même mal, la plupart de ce qu'elle disait n'avait plus aucun sens. Alors, quand j'allais la voir le dimanche après-midi, je la laissais parler sans, je l'avoue, trop l'écouter, me contentant de hocher de temps en temps la tête en signe d'approbation. Jusqu'à ce jour-là. Ce jour-là elle avait de la visite. Auprès d'elle était assise une dame que je ne connaissais pas, à peu près du même âge qu'elle, avec qui elle était en pleine conversation. En me voyant arriver, elle s'était interrompue quelques instants, juste pour me demander si j'allais bien, si mon mari allait bien aussi, et pourquoi il n'était pas venu avec moi. Je n'ai rien dit, seulement souri. J'avais renoncé depuis longtemps à lui rappeler que j'avais divorcé il y a dix ans déjà. Puis elle avait repris sa conversation avec son amie. Elle lui dit en riant : "Tu ne me pardonneras jamais, hein, que je t'aie pris Louis ? Eh oui, c'est comme ça pourtant, c'est moi qu'il aimait !" Louis ? Je n'avais jamais entendu parler d'un Louis dans la famille. Je n'y aurais pas prêté attention si la visiteuse ne s'était pas soudainement mise à rougir et à me jeter un regard affolé avant de dire à ma mère : "Mais tais-toi, tu dis n'importe quoi ! Bon, je m'en vais, on arrête là, je te laisse avec ta fille..." Après son départ, j'observai ma mère, encore visiblement réjouie, qui avait dans les yeux une expression que je lui avais rarement vue. Quelque chose comme une lueur séductrice... Destinée à qui ? Nous n'étions que toutes les deux, et depuis le décès de mon père, il y plus de quinze ans, elle n'avait jamais exprimé, du moins devant moi, le moindre attrait pour les autres hommes, conservant fièrement son attitude de veuve fidèle et inconsolable. Mais ce jour-là, c'était comme s'il y avait quelqu'un entre elle et moi, une sorte de fantôme qu'elle regardait avec une passion amoureuse non dissimulée. Et alors je lui demandai : "À qui tu penses ? Qui est ce Louis qui t'aimait ?" Et à ma grande surprise, au lieu d'ignorer mes questions, elle se mit à parler. Et cette fois, je l'ai écoutée. "J'ai connu l'amour, le grand amour..." Quand elle a terminé, j'avais les larmes aux yeux. De ma vie, elle ne m'avait jamais parlé si longuement d'elle-même et de ses sentiments. Jamais, quand elle avait encore sa mémoire, elle ne m'aurait non plus révélé le plus grand des secrets: mon père n'était pas mon père. C'était Louis, le grand amour de sa vie - et l'époux de sa meilleure amie - avec qui elle avait conçu son seul enfant : moi. Je ne pourrai en savoir plus, sa mémoire de nouveau envolée elle ne me dira plus que des choses insensées. Mais je me suis demandée comment elle avait pu garder si longtemps ce lourd secret de famille. Et si celui que je croyais être mon père avait été au courant... Questions 1) Où se situe l'action de la petite histoire ? 2) Quel est le problème médical dont parle la narratrice ? 3) Qui est la visiteuse ? 4) Qu'apprend la narratrice ? 5) Pouvez-vous imaginer la suite de l'histoire ? Vrai ou faux ? 1) La mère de la narratrice a perdu la mémoire. 2) L'action se situe pendant les vacances. 3) La visiteuse est une infirmière. 4) La narratrice apprend un grand secret qui la concerne. 5) Elle décide d'en parler à son père. |
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Le soir où la musique s'est arrêtée Mélodie était une vraie mélomane. Ses parents l'avaient-ils anticipé quand ils lui ont donné ce prénom tellement approprié ? Probablement pas. Personne dans la famille n'avait jamais eu un intérêt particulier pour la musique. Quand elle était plus jeune, sa mère aimait seulement écouter quelques airs d'opéra. Toujours les mêmes, et pas les meilleurs. Tandis que son père avait un goût étonnant pour la musique militaire qui lui rappelait des souvenirs d'une quelconque guerre. Mélodie ne savait pas trop laquelle, son père ne parlait pas de ces choses-là. Ces musiques ne l'intéressaient pas. Ce qu'elle aimait, c'était à peu près tout le reste : musique classique (avec un petit faible pour Mozart), jazz, chansons à texte et beaucoup d'autres aussi, de France ou d'autres pays. Elle aurait bien aimé apprendre à chanter ou à jouer d'un instrument, mais ses parents n'auraient pas pu lui offrir des cours. Elle espérait pouvoir apprendre à jouer plus tard, quand elle gagnerait sa vie. Mais par malchance elle s'est retrouvée enceinte du premier guitariste rencontré, un peu paumé , qui jouait bien et avait un beau visage, mais qui s'était enfui dès qu'elle lui avait annoncé la nouvelle. Alors, elle avait dû travailler dur pour élever son fils, et tous ses espoirs de devenir musicienne s'étaient volatilisés. Ne pouvant s'offrir une place de concert, son seul plaisir était d'écouter de la musique chez elle sur son magnétophone . Mais la qualité du son ne la satisfaisait jamais, et elle mettait de l'argent de côté pour pouvoir, un jour, s'acheter une bonne chaîne hifi, avec un tourne-disques et deux bons haut-parleurs. Un soir d'été, alors que la fenêtre était ouverte, elle entendit de magnifiques accords de piano. Très émue, elle chercha, sans succès, à trouver de quel appartement venait cette musique. Elle reconnut un morceau des Nocturnes de Chopin qu'elle adorait, et resta à l'écouter jusqu'à ce que le musicien, ou la musicienne, s'arrête. Elle se prit à rêver que ce musicien (elle avait décidé que c'était un homme) ne jouait que pour elle, car par coïncidence il ne choisissait que des airs qu'elle aimait particulièrement de divers genres de musique. Il avait, en plus, la bonne idée de commencer à jouer juste quand son fils s'endormait, donc quand elle pouvait vraiment se délasser. C'était, chaque soir, son petit bonheur à elle. Elle n'écoutait plus rien d'autre. Elle se mit même à s'imaginer qu'elle était invitée à des concerts quotidiens, et était tentée de mettre sa plus belle robe. Jusqu'au soir où la musique s'est arrêtée. Bien que ce soit déjà l'hiver, elle ouvrit grandes les fenêtres. Mais rien. Rien d'autre que le bruit lointain des voitures. Plus rien les autres soirs non plus. N'y tenant plus, deux jours plus tard, elle se décida à interroger la concierge sur le mystérieux pianiste. Celle-ci n'était pas au courant mais en bonne concierge elle mena très vite l'enquête, et Mélodie apprit dans quel appartement il vivait. Oubliant sa timidité naturelle, elle alla sonner à la porte. Pas de réponse. Elle allait commencer à descendre quand surgit de l'escalier un jeune homme, beau comme Chopin à vingt ans. "Vous me cherchez ?"... Le jeune pianiste avait été interdit de jouer pour cause de tapage nocturne, et il se préparait à déménager. Deux mois plus tard, le fils de Mélodie s'endormait tous les soirs au son du piano, dans une vieille maison tout en pierres, bien loin de ces centres-villes où l'on n'aime pas les musiciens. Questions 1) Qui est Mélodie ? 2) Est-ce qu'elle est musicienne ? 3) Quel genre de musique préfère-t-elle ? 4) Que lui est-il arrivé dans sa vie privée ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) La mère de Mélodie était chanteuse d'opéra. 2) Mélodie s'est mariée et a eu un fils. 3) Elle aimerait s'acheter une bonne chaîne hifi. 4) Son meilleur ami lui joue du piano tous les soirs. 5) Elle adore la musique classique.
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Alors, tu passes cet après-midi ? Lola est prête. Quelle séductrice avec ses beaux grands yeux noirs. Elle n'attend que toi. -:) Lola ? Une belle séductrice ? Mais c'est qui cette femme ? Et ce mec, qui signe D., dont l'adresse e-mail ne lui dit rien, qui semble jouer les intermédiaires ? En un instant, Maryse a l'impression que tout son univers vient de s'effondrer. Son mari la trompe, il n'y a aucun doute, le message est assez clair. Il n'est pas du tout dans ses habitudes de consulter les emails de son mari. Elle ne va d'ailleurs jamais sur son ordinateur, qu'y ferait-elle ? Mais aujourd'hui, elle voulait juste regarder une série de photos qu'il avait reçues de son frère il y a quelques jours et qu'il avait mises de côté pour qu'elle les voie. Il lui avait dit qu'elle pouvait venir quand elle voulait, mais elle ne voulait pas le déranger pendant qu'il travaillait. Après, elle avait oublié. Elle venait juste de s'en souvenir. Et donc, quand elle s'est approchée de l'ordinateur, cet email très bizarre était ouvert en grand sur l'écran. Elle ne pouvait pas éviter de le lire... Elle se dit que s'il voulait lui cacher quelque chose, ce n'était pas la manière la plus discrète de le faire. Elle a envie de pleurer. Une femme ! Il y a une autre femme dans sa vie. Après la première réaction de colère, elle essaie de comprendre. Comment est-ce possible, après plus de douze années de mariage ? Elle sait bien que ce genre de choses arrive. Toutes ses copines lui disent même qu'elle a de la chance d'avoir un mari si fidèle, car ce n'est pas le cas pour toutes. C'est vrai, elle sait bien qu'elle a de la chance, et que, avec le temps, les sentiments évoluent... C'est vrai aussi qu'elle fait parfois moins d'efforts pour lui plaire, qu'elle l'incite moins souvent à s'arracher à la télé pour sortir dans un bar ou resto en ville comme ils le faisaient avant. Mais il est devenu tellement pantouflard ! Justement, comment a-t-il pu, lui, ce mari si tranquille, se laisser embarquer ainsi ? Et qui est ce D. ? Probablement un de ses copains. Incapable de faire quoi que ce soit, elle retourne à l'ordinateur et décide de faire des recherches dans la boîte email de son mari. Elle se dépêche, s'affole même. Elle ne sait pas quand il va rentrer, il ne faudrait pas qu'il la trouve en train de fouiller dans ses affaires. Mais elle ne trouve rien. Vraiment rien. Elle se lève, laisse l'ordinateur dans l'état où elle l'a découvert, avec l'email dévastateur sur l'écran, et va s'asseoir sur le canapé. Elle retient ses larmes. Ne pas pleurer. Il ne faut rien lui montrer, attendre d'en savoir un peu plus. Et peut-être n'est-ce qu'une aventure passagère ? Mais tout de même, c'est trop déprimant de découvrir ça, et le jour de son anniversaire, en plus ! Car elle espérait qu'il lui réserverait une tout autre surprise. Le soir est venu. Elle entend la porte qui s'ouvre, un bruit de pas. Un bruit inhabituel, comme s'il n'était pas seul. Et soudain, une petite chose blonde se précipite dans le salon, courant dans tous les sens. C'est un petit chien cocker roux, tout jeune, tout fou, si joli et mignon... Questions 1) Pourquoi Maryse est allée voir l'ordinateur de son mari ? 2) Quelle est sa réaction après avoir regardé l'écran ? 3) Depuis combien de temps est-elle mariée ? 4) Cette histoire se déroule un jour très particulier. Lequel ? 5) Imaginez la suite de l'histoire. Vrai ou faux ? 1) Maryse consulte souvent la messagerie de son mari. 2) Elle découvre un email très bizarre et inquiétant. 3) Lola est la maîtresse de son mari. 4) Maryse pense que D. est un copain de son mari. 5) Maryse n'aime pas les chiens. |
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Il était connu de tout le monde dans la famille que l'oncle Auguste avait fait fortune. On ne savait pas trop comment. Certains disaient qu'il avait gagné cet argent en travaillant dur dans des chantiers, d'autres qu'il avait fait des choses pas très légales, d'autres encore qu'il était tout simplement radin, puisque personne n'avait jamais rien reçu de lui. Mais où se trouvait sa fortune ? Deux jours à peine après sa mort, ses héritiers avaient déjà vérifié dans tous ses papiers, et constaté qu'il n'avait presque pas d'argent sur son compte en banque. Seule possibilité, il avait caché sa fortune dans la maison. Tout le monde a donc commencé à fouiller . C'était facile, il n'y avait pas beaucoup de meubles dans cette toute petite maison délabrée. Très vite, il est apparu évident qu'il n'y avait rien d'autre que quelques objets sans valeur, et beaucoup de poussière. C'est alors que le jeune Martin a remarqué quelque chose de bizarre sur l'un des murs de la chambre. Une partie du papier peint semblait bien plus neuve que sur le reste du mur, plus propre en tout cas. Et si l'oncle Auguste avait fait un trou dans le mur pour y cacher son trésor ? Poussant le vieux lit le plus loin possible, toute la famille s'est rassemblée pour examiner ce pan de mur. D'un air connaisseur, Jules, le père de Martin, a commencé à taper des coups de plus en plus forts à plusieurs endroits de la paroi . Il n'a pas fallu longtemps, avec quelques outils, pour arracher le papier peint. Dessous, il était évident que cette partie du mur avait été refaite. Depuis très longtemps, probablement, car on ne remarquait aucune trace de replâtrage récent. Une fois encore, Jules s'est montré très autoritaire. Mais personne n'a protesté. L'enjeu était trop important. Un trésor se trouvait peut-être là, à portée de main, dans ce vieux mur ? Après quelques heures, les premières pierres arrachées ont révélé qu'il y avait bien un espace creux. Chacun essayait de voir ce qu'il y avait dedans avec une lampe-torche, mais on ne pouvait rien distinguer, c'était bien trop sombre. Enfin le trou béant est apparu. Le mur contenait bien une cachette secrète. Reprenant la torche pour en éclairer les profondeurs, Jules s'est écrié : C'était un coffre en bois, tout simple. À l'intérieur, des centaines, des milliers peut-être, de pièces de monnaie. Hurlant de joie, la famille s'est précipitée pour vider le précieux contenu sur la table de la cuisine. Il a suffi d'apporter à la banque les pièces de monnaie pour comprendre que ce n'était que d'anciens centimes, qui n'avaient jamais eu beaucoup de valeur, et n'en avaient aucune aujourd'hui. Mais alors, pourquoi l'oncle Auguste les avait aussi bien cachées ? Peut-être pour s'amuser, en imaginant la tête déconfite de toute la famille devant ce canular post-mortem... Questions 1) Qu'est-ce qui est arrivé à l'oncle Auguste ? 2) Dans quel genre d'habitation vivait-il ? 3) Que cherchent les membres de la famille, et pourquoi ? 4) Qu'est-ce qu'ils ont trouvé ? 5) Quelle est la morale de cette histoire ? Vrai ou faux ? 1) Jules est très riche. 2) L'oncle Auguste était un personnage un peu mystérieux. 3) Tous les membres de la famille l'aimaient beaucoup. 4) Il avait très peu de meubles. 5) Martin est le fils de Jules. |
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Avant l'heure, ce n'est pas l'heure, après l'heure, ce n'est plus l'heure, avait coutume de me dire ma mère. Elle était une vraie maniaque de l'heure, et je m'amusais souvent à la faire attendre quand nous devions aller quelque part, juste pour la voir trépigner d'impatience. Je sais, c'était un peu bête de ma part. C'est pourquoi je n'oublierai jamais la fois, la seule fois de sa vie je crois, où elle est arrivée très en retard. Le rendez-vous était important, pourtant. C'était le jour de mon mariage. J'habitais à Paris, et j'avais décidé que le mariage se ferait chez moi, dans la plus stricte intimité. Elle devait venir d'Orléans, ma région d'origine, où elle était restée. Depuis leur divorce, mon père vivait, lui, au sud de la région parisienne. Ce n'était pas très loin. Il avait proposé d'aller la chercher en voiture, mais elle avait refusé, disant qu'elle préférait prendre le train. Je crois surtout qu'elle n'avait pas envie de passer trop de temps avec lui, même si elle ne pouvait pas éviter de le revoir pour mon mariage. Elle avait même refusé qu'on aille la chercher à la gare. Elle avait dit qu'elle arriverait bien trop tôt et qu'elle ferait quelques courses avant de nous rejoindre pour la cérémonie. J'avais été un peu déçue car j'avais espéré que, comme toutes les mères, elle viendrait au moins un jour avant et m'aiderait pour les derniers préparatifs, ou tout simplement passerait avec moi les dernières heures de ma vie de jeune fille. Je sais, je suis un peu irréaliste, parfois. - Je suis désolé, mais ça fait déjà 20 minutes, nous devons commencer maintenant, d'autres couples attendent. Je ne comprends pas. Ce n'est pas d'elle du tout d'être en retard. Aurait-elle mal noté l'heure ? C'est impossible. Se serait-elle trompée d'adresse ? Je ne peux pas l'imaginer, je lui avais préparé tout l'itinéraire avec Google Maps. Mais pourquoi ne répond-elle pas à son iPhone ? Ma mère se veut très moderne, même si, parfois, je la trouve trop conventionnelle, figée dans certaines de ses habitudes. En tout cas, elle a généralement toujours son iPhone ouvert et nous nous envoyons régulièrement des sms. D'ailleurs, pas plus tard que ce matin, je lui ai envoyé une photo de la personne avec qui je vais, pour toujours j'espère, partager ma vie. Je sais, j'aurais dû y penser avant. Elle m'avait plusieurs fois posé la question : Qui est-ce ? Que fait-il ? Comment l'as-tu connu ? Comment s'appelle-t-il ? Il a quel âge ?... Jamais je n'ai répondu, ou que très évasivement . Mais je suis seule responsable de mes choix, et je n'avais pas envie qu'elle me donne son avis sur quoi que ce soit . Elle est finalement arrivée. Mais trop tard. Le mariage était déjà terminé. Nous avions échangé les vœux, les formules rituelles, les anneaux. Nous avions échangé notre premier baiser en public. Elle l'a fait exprès, il n'en peut être autrement, même si elle a prétendu s'être égarée , et avoir eu une panne de batterie de téléphone. Je sais, j'aurais peut-être dû lui donner un peu plus de détails à l'avance sur la personne que j'aime, et que j'allais épouser : Nathalie, une femme... Questions 1) Quel est l'événement que raconte la narratrice ? 2) Qu'a fait sa mère ? 3) Quelles étaient les relations entre la fille et la mère ? 4) Que s'est-il passé à la fin de l'histoire ? 5) Pourriez-vous imaginer une suite ? Vrai ou faux ? 1) La mère de la narratrice habite à Paris. 2) Le mariage a lieu à Orléans. 3) La jeune fille est très discrète sur sa vie privée. 4) La mère n'est jamais en retard. 5) La cérémonie se déroule à l'église.
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Il y a des gens, comme moi, qui ont beaucoup de chance. J'ai créé mon compte Facebook il y a deux ans et j'ai déjà soixante amis ! C'est amusant car près de vingt-cinq de ces amis sont en réalité des membres de la famille : mon mari et sa famille élargie, que je connais à peine, mes enfants et leurs époux, et des cousins éloignés que je n'ai pas vus depuis des années, ainsi que certains de leurs enfants que je ne connais pas du tout. Heureusement qu'il y a Facebook pour nous permettre d'avoir retrouvé le contact car, avec la plupart d'entre eux, nous n'avons rien en commun. Nous n'avons pas du tout les mêmes goûts ni les mêmes intérêts et, si nous passions une soirée ensemble, nous n'aurions sûrement rien à nous dire... Mais c'est intéressant de voir la famille s'agrandir et de regarder les photos de leurs enfants et de leurs amis et, surtout, cela évite d'aller les voir. À part ces membres de la famille, j'ai aussi une bonne dizaine d'amis qui sont, en fait, des amis de mes enfants, et leurs amis. J'en connais quelques-uns, d'autres presque pas, je les ai peut-être rencontrés une fois seulement, mais ils mettent des trucs rigolos sur Facebook, comme les photos et vidéos de leurs chiens et chats en train de faire des bêtises. Ils mettent aussi des messages militants destinés à des gens qui sont déjà convaincus, et des vidéos de musiciens et chanteurs. Je les écoute, parfois, quand elles font moins de 4 minutes, et je like si j'ai aimé. De toute façon, j'ai remarqué que personne ne like les vidéos qui durent plus de 4 minutes. On n'a quand même pas que ça à faire de passer notre vie sur Facebook. On dirait que certains, pourtant, y passent leur vie. Plusieurs des amis de mon mari commencent à mettre des posts dès 7h du matin et jusque tard le soir. C'est trop, je n'arrive pas à tout suivre, les images changent si vite sur l'écran. Je me demande comment font les gens qui ont des centaines, des milliers d'amis ! Ceux que je préfère, parce que nous avons les mêmes habitudes et les mêmes façons de réagir, sont mes ex-collègues de travail. Ils sont une dizaine à m'avoir demandée comme amie. J'ai accepté pour tous, même ceux avec qui je ne passais pas plus de 2 minutes devant la machine à café quand nous travaillions ensemble. Les photos qu'ils mettent me rappellent de bons souvenirs - car j'ai aussi constaté qu'on ne met que des photos positives sur Facebook. On ne parle jamais de ce qui ne va pas, des disputes, des jalousies, des regrets. On ne divorce jamais, on se marie seulement, et on ne publie que des photos où tout le monde est beau, et sourit. Parmi mes contacts Facebook, j'ai aussi quelques amis, six en tout, qui, dans la vie, seraient plutôt des copains ou copines . Nos échanges sont limités, mais ils sont tous très sympa. Ils me souhaitent bon anniversaire quand ils en ont été informés par Facebook, et commentent parfois mes posts. Et je me suis aussi choisie trois amis, qui ne sont pas vraiment des amis car ils ne me considèrent pas comme telle, mais ce sont des gens qui me paraissent intéressants. Et enfin, dans mes soixante amis, il y a trois personnes que je ne connais pas du tout. Je ne sais pas pourquoi elles sont là, mais je n'ose pas les supprimer car tout le monde peut voir ce qui se passe sur ma page Facebook et je ne veux offenser personne. La seule chose que je regrette, c'est que mes seuls vrais amis dans la vie, ceux qui comptent vraiment, n'ont pas de compte Facebook. Alors on s'écrit, on se téléphone, ou on passe un moment ensemble. Et franchement, c'est bien mieux comme ça... Questions 1. Combien d'amis Facebook a la narratrice ? 2. Qui sont ses meilleurs amis ? 3. A-t-elle des enfants ? Sont-ils ses amis ? 4. Son mari est-il aussi sur Facebook ? 5. Quels sont les sujets dont on ne parle pas sur Facebook ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice aime les longues vidéos. 2. Ses amis Facebook oublient toujours son anniversaire. 3. Beaucoup de ses amis sont des membres de sa famille. 4. Elle ne connaît pas plusieurs de ses amis Facebook. 5. Vingt ex-collègues de travail sont ses amis Facebook. |
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Traverser toujours en dehors des clous Traverser toujours en dehors des clous, voilà une manie bien française. Pourquoi, d'ailleurs, parle-t-on encore de "clous" en France, ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus de clous. Les passages cloutés avaient été créés dans les années 1930, puis remplacés dans les années 1950 par des bandes de couleur. Aujourd'hui on les appelle "des passages piétons". Dans le pays où Marc s'est retrouvé il y a deux ans, il n'y a pas beaucoup de piétons. Surtout des gens qui marchent entre le parking où est garé leur voiture et un magasin, ou un restaurant. Mais on va de moins en moins dans les magasins, tout se commande en ligne, c'est tellement mieux de ne pas avoir à sortir. Et puis il y a moins de risques d'attaques terroristes à l'intérieur des maisons dans les résidences hyper sécurisées. Quant au restaurant, on y va moins aussi. On ne va chercher quelque chose à manger que dans les drive des fastfood, ou bien on se fait livrer ses repas chez soi. Tout le monde a des grandes cuisines à la maison mais personne ne s'en sert. En France, le pays d'origine de Julien, on sort, et on marche. On va faire ses courses à pied à la supérette du quartier, ou au marché. Pour aller plus loin, on prend les transports en commun, inexistants dans ce pays où il n'arrive pas à s'habituer. Quand il habitait à Paris, Julien avait ces habitudes bien françaises de marcher librement dans les rues avant de prendre le métro. Une fois arrivé dans le quartier de son travail, il achetait son journal au kiosque qui faisait l'angle de la rue, et il s'arrêtait au café le plus proche. Toujours le même. Là, il prenait son café noir avec une tartine pain-beurre, en lisant le journal. Dans le pays où il vit maintenant, il n'y a quasi pas de marchands de journaux, et les petits cafés disparaissent l'un après l'autre pour laisser la place à des chaînes modernes et sans âme, où le choix des types de café aux parfums exotiques est immense. Julien les trouve pourtant sans goût, servis dans d'énormes tasses en carton avec un truc en plastique dessus, qu'il a du mal à enlever. En France, après son café, il repartait à pied vers son bureau. Comme tout le monde, il traversait les rues en dehors des clous. La vie était belle. Jusqu'au soir, où en arrivant dans son petit appartement, il a découvert qu'elle était partie. Aude, l'amour de sa vie, avait disparu, sans prévenir. Il était devenu fou de douleur. Elle n'avait laissé aucun mot ni message téléphonique. C'était juste fini. C'est ainsi qu'il était envolé vers cet autre monde où il espérait pouvoir oublier. Pendant deux ans, il avait essayé de s'habituer. Mais c'était impossible. Surtout, il ne se résignait pas à traverser dans les clous et à suivre les panneaux de signalisation comme faisait tout le monde dans ce pays trop discipliné. Le chauffeur ne l'a pas vu, surpris, évidemment, de trouver un piéton au milieu de la rue. Julien est à l'hôpital, avec plusieurs fractures. Depuis trois jours, il est dans le coma. Quand il commence à se réveiller, il entend la voix d'une infirmière qui dit : "Il a eu de la chance !" Puis il sent une main qui prend la sienne. "Julien, c'est moi, je suis là." Il attend un peu avant d'ouvrir les yeux. Et si c'était seulement un rêve ? Questions 1. Qui est Julien ? Vrai ou faux ? 1. Julien aime bien se promener en voiture. |
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Ce samedi soir-là, il était encore parti au "Club". C'est en tout cas ce qu'il avait dit, une nouvelle fois, rapidement, furtivement pour éviter tout risque de question, avant de refermer la porte. Cette fois encore, elle savait que c'était faux. Le club, soi-disant. Quel club ? Pour y faire quoi ? Ce n'était pas du tout le genre de Jacques d'appartenir à un club. C'était un solitaire, un indépendant, presque un individualiste. Il n'avait jamais aimé les groupes, les sports d'équipe, les soirées-cocktails avec les collègues, les associations de tout genre. Il avait inventé cette histoire de club il y a quelques mois, et était resté toujours vague sur les objectifs de ce groupement, sur son hypothétique programme, sur ses membres. Il avait juste prétendu avoir besoin de rencontrer des gens proches de ses idéaux pour réfléchir, évoluer, avancer. Elle n'avait pas trop compris, mais n'avait pas posé de question. Après tout, c'était sa vie. Le mariage n'est pas une prison, pensait-elle, il faut laisser l'autre libre de faire ce qu'il aime. Très vite, il lui était apparu évident qu'il n'y avait pas de club, et qu'il passait ses soirées du samedi à tout autre chose. Avant de partir, il s'habillait avec une élégance qu'elle ne lui reconnaissait pas. Et à son retour, très tard dans la nuit, alors qu'elle faisait semblant de dormir, il essayait trop d'être discret pour un homme qui était censé avoir passé la soirée à discuter et à boire avec d'autres hommes. D'ailleurs il n'était jamais soûl. Et quand il se couchait dans le lit, en faisant le moins de bruit possible, il ne s'approchait pas d'elle et restait longtemps immobile de l'autre côté du lit. Il n'avait pourtant pas besoin de rester si loin pour qu'elle sente le léger parfum qui flottait dans l'air. Un parfum très féminin. Mais ce qui l'étonnait le plus était que ce parfum était presque toujours différent. Elle en avait conclu que, plutôt que d'avoir une maîtresse, il rencontrait d'autres femmes. Qui ? Où ? Comment ? Elle aurait bien aimé le savoir, mais n'avait pas envie de jouer les détectives. Ce samedi soir-là, il était parti encore plus tôt, encore plus précipitamment, sans la regarder. Elle s'était une fois de plus retrouvée seule, avec des questions plein la tête, toujours les mêmes : pourquoi lui faisait-il ça, qu'est-ce qui ne marchait plus dans leur couple, que devrait-elle faire pour qu'il lui revienne ? C'est alors qu'elle entendit des bruits assez forts venus de l'appartement au-dessus. Des gens qui parlaient, riaient, marchaient, dansaient peut-être... Elle se rappela avoir vu une affichette dans l'ascenseur : "Nous faisons une petite fête chez nous samedi soir, désolés pour le bruit. Si ça vous dit, venez boire un verre !" Sans hésiter, Sylvie enfila sa plus jolie robe, ses bas noirs et des talons hauts, se maquilla et, glissant dans son sac un sachet de biscuits au fromage, elle monta d'un étage. Là, parmi la foule des invités, elle aperçut un homme qu'elle n'avait jamais vu dans l'immeuble. Avec un sourire charmeur, il s'approcha d'elle et lui offrit une coupe de champagne. Après la troisième coupe, elle était dans ses bras et dansait un slow. Cela faisait très longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien, emprise d'une douce ivresse. Bien plus tard dans la nuit, quand elle rentra se coucher, Jacques était déjà au lit. Il faisait semblant de dormir.Questions 1. Qui est Jacques, et où est-il ? Vrai ou faux ? 1. Jacques a toujours fait partie d'un club. |
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Chaque moment passé chez Madame Pastre était du pur bonheur. Elle était si gentille, si douce, aussi douce et tendre que les gâteaux qui s'étalaient dans la vitrine de sa pâtisserie. C'était dans un petit village de Provence. J'avais quatre ans. Je me souviens de son sourire, de ses bras potelés dans lesquels je me blottissais, de son tablier blanc imprégné de farine. Je me souviens aussi des gâteaux, surtout des choux à la crème chantilly. Quand j'en mangeais un, qu'elle était toute contente de m'offrir, je me retrouvais avec les mains et le visage couverts de crème. Ça la faisait rire. Elle me portait dans la cuisine au fond du magasin et me lavait dans le grand évier de pierre. J'adorais sa cuisine. C'était son atelier de magicienne où elle confectionnait ces savoureuses merveilles qui attiraient tous les habitants du village. Les gros, les minces, les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, les dames très élégantes ou leurs servantes, les paysans en sabots ou les notaires aux souliers noirs brillants, ils venaient tous, à tour de rôle, tous les jours de la semaine. Surtout le dimanche. Ce jour-là, il y avait une longue queue jusque dans la rue. Je n'aimais pas le dimanche car je n'avais pas le droit d'aller déranger Madame Pastre. Nous habitions un appartement tout petit, mais qui était le mieux situé au monde : juste au-dessus de la pâtisserie. En plus il y avait un escalier interne qui reliait le magasin et notre cuisine. Notre appartement était juste en dessous de celui de ma grand-mère qui était en train de mourir, et c'est pour cela, et pour nous rapprocher d'autres membres de la famille, que nous étions venus y habiter pendant quelques mois. J'y suis retournée l'année dernière. La pâtisserie a été remplacée par une épicerie fine, et il ne reste de la famille que quelques tombes délabrées dans le cimetière. Madame Pastre était une amie de la famille. J'avais le droit d'aller la voir à condition de ne pas la gêner, et de ne surtout pas manger de sucreries. C'était mauvais pour les dents, et je risquais de tomber malade, me disait ma mère. Le seul jour où le magasin était fermé était le lundi. C'était mon jour préféré. La pâtisserie n'était que pour moi. Ma mère m'autorisait à descendre, mais elle surveillait de près ma consommation des douceurs interdites, que Madame Pastre se sentait obligée de me refuser. Juste un petit morceau, peut-être, mais pas plus. Ce lundi-là, mes parents avaient un rendez-vous important. Je devais donc rester seule dans l'appartement. "Ne descends pas et ne va surtout pas manger des gâteaux !", me dit ma mère sur un ton sévère avant de partir. Immédiatement après leur départ, la tentation a été trop forte : j'ai dévalé l'escalier pour tomber dans les bras de Madame Pastre. Hélas, l'absence de mes parents a été de très courte durée. Quand j'ai entendu qu'ils rentraient, je suis remontée à toute vitesse. Mais je n'avais pas fini d'avaler mon dernier gâteau et mes lèvres étaient couvertes de crème chantilly. J'ai oublié comment ont réagi mes parents et ce qu'ils ont dit, mais je n'oublierai jamais la honte que j'ai ressentie, prise en flagrant délit de désobéissance et de gourmandise. Questions 1. Qui est Madame Pastre ? Vrai ou faux ? 1. Madame Pastre habitait dans une grande ville. |
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Tout le monde n'aime pas l'art. Ma mère était de ceux-là. La beauté, pour elle, c'était la nature. Son jardin de fleurs et plantes exotiques, créé à l'époque où l'exotisme n'était pas à la mode, qui recouvrait toute la propriété, était son œuvre d'art. Même son potager, où les plants géants d'artichauts côtoyaient les rutilantes tomates aux formes multiples, où les timides asperges dont la crête émergeait de leur butte de terre et de sable scrutaient de loin, d'un air méfiant, les glorieux melons dont le parfum emplissait l'air et dont les ramifications menaçaient d'envahir tout l'espace était, pour ma mère, une forme d'art. Elle était heureuse quand les paysans du village venaient admirer son jardin. "Quelle beauté !", disaient-ils. Tous étaient d'accord, la dame de la ville était celle qui avait le pouce le plus vert. L'art, pour ma mère, c'était aussi le gazouillis des oiseaux et leur élégance fragile, les cabrioles des lapins et les pirouettes des écureuils, la démarche légère des biches, le bourdonnement des abeilles et le chant des cigales. Elle pouvait passer des heures à se laisser bercer par le frétillement des feuilles de chênes ou de châtaigniers, et elle seule savait où trouver les chanterelles au cœur de la forêt. Mon père, lui, se contentait de peindre. Il disparaissait des journées entières dans la nature et quand il rentrait, il s'enfermait dans son atelier, à l'arrière de la maison. Ma mère le laissait faire. Ça l'occupe, disait-elle. C'est mieux que s'il passait son temps au bistrot ou sur le terrain de pétanque, comme trop d'hommes du village. Elle était totalement insensible à ses créations artistiques mais quand les paysans venaient prendre un pastis après avoir fait un tour du jardin, elle leur montrait ses dernières toiles. Ils félicitaient gentiment mon père, sans comprendre pourquoi il passait son temps à faire ces choses inutiles. Après la mort de mon père, plus aucune toile n'a orné les murs de la maison, excepté une toute petite peinture qu'il avait fait spécialement pour elle et qu'il lui avait offert en un élan d'amour, ce qui l'avait émue. Pendant un été, pour la distraire, je décidai de l'amener en voyage sur les traces de son enfance en Provence. Pendant trois jours nous avons sillonné routes et villages tandis qu'elle me racontait ses souvenirs. Soudain, dans un tout petit village, elle m'a demandé d'arrêter la voiture pour aller visiter une exposition de peintures. Surprise, mais sans rien dire, j'ai accepté. Là se trouvaient de belles aquarelles qu'elle observait avec une vive émotion. "J'aimerais tellement en avoir une", me dit-elle. De plus en plus étonnée, je me suis renseignée sur les prix et ai décidé de lui en offrir une, car je voyais que ça lui faisait vraiment plaisir. Elle m'a remercié d'un grand sourire, les yeux emplis de larmes. C'est seulement quelques jours plus tard que j'ai compris pourquoi elle avait voulu cette œuvre d'art. Elle m'a d'abord avoué qu'elle avait bien connu ce peintre. Puis elle a précisé qu'il avait été son amoureux. C'était avant qu'elle rencontre mon père. Je ne lui ai pas demandé pourquoi ils n'étaient pas restés ensemble, mais il était évident qu'elle l'aimait toujours. Questions 1. De qui parle la narratrice ? Vrai ou faux ? 1. La mère de la narratrice aimait toutes les formes d'art. |
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Un deux trois quatre, un deux trois quatre cinq... Les chiffres dansent dans ma tête, lancinants, imposants. Ce sont eux qui mènent la danse, et moi je ne suis plus qu'une marionnette désarticulée, incapable de penser ou de résister. Un deux trois quatre... Quand j'ai décidé de suivre des cours de danse, je pensais avoir choisi un domaine artistique qui me permettrait d'exprimer ma créativité, et d'éviter de faire des études trop compliquées. Je voulais devenir une artiste, comme ma mère, qui est actrice de théâtre. Mais quand je vois avec quelle intensité elle doit travailler, le théâtre me paraît beaucoup trop contraignant. Je suis sûre que j'ai du talent pour quelque chose. Mais je ne sais pas pour quoi. J'ai essayé les arts graphiques, mais c'était une activité trop statique. J'ai suivi quelques cours de piano mais je me suis vite découragée car je ne faisais aucun progrès. Je me suis donc inscrite à un cours de danse. J'ai tout pour réussir, c'est évident. Je suis grande, mince, souple. Quand je faisais de la gym à l'école, j'étais parmi les meilleures. Et c'est ma mère qui m'a donné cette idée : "Pourquoi tu n'essaierais pas la danse ? On a toujours beaucoup plus besoin de danseurs que d'acteurs dans les spectacles." Bien sûr, à dix-huit ans, c'est bien trop tard pour devenir une grande danseuse, mais j'avais un bon espoir d'atteindre un niveau suffisant pour jouer dans certains spectacles, et peut-être en faire mon métier dans l'avenir ? J'étais si heureuse quand j'ai été acceptée par l'Académie de danse de la ville ! Et c'est alors que j'ai commencé à comprendre que ce qui est le plus important dans la danse, ce n'est pas la souplesse ou la légèreté. Non, c'est la discipline, et le calcul. Le professeur ne sait parler qu'en comptant, au point que chaque pas de danse me semble être une addition, chaque entrechat une multiplication, chaque pirouette une division. Les chiffres ont pris possession de mon esprit, je ne bouge et ne respire qu'en suivant leurs instructions, toute improvisation est interdite par le règlement arithmétique imposé par la danse, et chacun de mes gestes doit entrer dans le cadre parfait de séries de figures géométriques strictement définies. Et moi qui déteste les maths ! J'étais nulle en calcul à l'école, et voilà que je me retrouve prisonnière des chiffres. Qui viendra me soustraire à cet esclavagisme, un prince charmant entendra-t-il mon cri de désespoir ? De prince charmant, nullement. Mais un jeune homme qui, comme moi, préfère rêver que compter, s'amuser que mesurer, faire la fête que chronométrer. Un jeune apprenti danseur comme moi qui, un soir d'épuisement après deux heures de danse, m'a glissé à l'oreille : Et si on envoyait tout valser pour partir ensemble, ailleurs, très loin ? On m'offre un job à Barcelone. Tu veux venir avec moi ? Questions Vrai ou faux ? |
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Quand tout est silencieux la nuit, quand on n'entend plus le grincement de l'ascenseur dans l'immeuble, c'est là que chaque murmure, chaque crissement de chaise tirée sous une table, chaque bruit de casserole ou de vaisselle, devient plus présent. Pour une personne vivant seule dans un petit appartement au 2e étage d'un immeuble très tranquille, ces petits bruits intimes sont synonymes de vie, de présence, de compagnie presque, même si ceux qui les provoquent sont des inconnus. Pas tout à fait inconnus, bien sûr, on rencontre bien ses voisins de temps en temps dans l'ascenseur, près des boîtes aux lettres ou des poubelles. Ces bruits du début de la nuit sont naturels, presque rassurants pour un célibataire de 55 ans comme Henri, qui n'a pas besoin de beaucoup de sommeil. Mais depuis trois jours, un bruit nouveau est apparu au milieu de la nuit. Un bruit très inquiétant, et facilement reconnaissable : celui d'une femme qui pleure, doucement. Sans cris, sans sanglots. Un bruit qui fait mal à Henri. Évidemment, il n'est plus question de dormir. Henri est aux aguets. Il cherche à discerner d'autres bruits, comme des voix, des coups, des signes de dispute. Ce pourrait très bien être un cas de violence domestique. Dans ce cas, il lui faudrait agir, essayer d'intervenir, appeler la police peut-être. Mais il n'entend rien d'autre que le bruit très discret des pleurs d'une femme. Il croirait presque entendre les larmes couler. Quand le bruit s'arrête, c'est encore plus inquiétant, pense Henri, qui envisage toutes les hypothèses possibles. Cette femme est-elle désespérée au point de vouloir se suicider ? Il pense que le bruit provient de l'appartement au-dessus du sien. Il ne sait pas qui l'habite, une personne seule probablement, sans enfants, car il est très rare qu'il entende des bruits de voix. Pour en être certain, la troisième nuit il sort de chez lui, monte un étage, et s'approche à pas feutrés de la porte de l'appartement. Pas de doute, c'est bien là. Il hésite. Frapper à la porte ? Il n'oserait pas, ce serait une intrusion dans la vie de cette femme. Mais si elle était en danger ? Vient la quatrième nuit. Henri attend, assis sur son canapé, avec dans les mains un livre qu'il ne lit pas. C'est le silence total dans l'immeuble, ce qui l'inquiète encore plus. Il finit par se coucher mais il a pris sa décision. À 8h 30 du matin, il monte, et frappe à la porte de sa voisine du dessus. Une femme assez jolie, d'environ 50 ans, lui ouvre. Questions Vrai ou faux ? 1. Henri habite dans un immeuble très bruyant. |
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Plus ils marchaient, plus ils s'égaraient et s'enfonçaient dans la forêt. La nuit vint, et il s'éleva un grand vent qui leur faisait épouvantablement peur. Ils croyaient n'entendre de tous côtés que des hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n'osaient presque se parler ni tourner la tête. Il survint une grosse pluie qui les trempa jusqu'aux os... Jules, 4 ans, et Charlotte, 6 ans, chacun dans son petit lit, ne disent rien. Mais dès que leur maman est repartie, Jules demande: Le conte est de plus en plus palpitant. Les yeux grand ouverts, Jules et Charlotte écoutent la suite. Hélas! mes pauvres enfants... Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un ogre qui mange les petits enfants?... Je sens la chair fraîche... La grand-mère sourit. Quand elle était jeune, c'était aussi sa préférée. Elle s'amusait à la répéter avec ses camarades quand elles jouaient à se faire peur. L'ogresse fut bien surprise lorsqu'elle aperçut ses sept filles égorgées et nageant dans leur sang... Questions 1. Qui raconte une histoire, et à qui ? Vrai ou faux ? 1. La grand-mère connaît bien les contes pour enfants. |
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Stéphane est très surpris que Fabien, son meilleur ami, ait demandé à lui parler d'urgence. Depuis qu'ils sont mariés, ils se voient beaucoup moins souvent. Ils dînent en famille, de temps en temps, c'est tout. Ils sont bien trop occupés par leur travail. Quand ils étaient étudiants, ils étaient beaucoup plus proches, partageaient la même chambre de la résidence universitaire, et passaient pratiquement toutes leurs vacances ensemble. C'était il y a longtemps. C'est pourquoi, quand Stéphane a reçu ce message urgent, il a compris qu'il y avait quelque chose de grave. Ils se retrouvent au bistrot du coin. - Eh bien, qu'est-ce qui se passe ? Tu as un souci ? demande Stéphane. Stéphane, patient, attend que Fabien ait le courage de lui parler franchement. De lui dire qu'il a rencontré une étudiante de 25 ans, Emilie, dont il est tombé follement amoureux. Au début tout allait bien, ils se voyaient discrètement le soir après le travail, il l'amenait avec lui dans de beaux hôtels quand il partait en voyage d'affaires, tout en conservant une apparence de vie normale avec sa femme Maryse et les enfants. Mais soudain Emilie a changé totalement d'attitude, devenant très exigeante : Fabien l'admet. Oui il aime sa femme, mais cette gamine lui a complètement tourné la tête. Il ne sait plus quoi faire. Qu'il reste avec elle ou qu'il décide de rompre, il est convaincu qu'elle ira parler à Maryse. Comment a-t-il pu se mettre dans une situation pareille, pense Sébastien Mais il ne fait aucun commentaire. Un meilleur ami, c'est là pour aider et soutenir, en toutes circonstances. Il demande seulement à Fabien s'il ne devrait pas, tout simplement, parler franchement à sa femme. Fabien répond qu'il n'en est pas question. Ce serait un tel choc ! Elle demanderait le divorce. Stéphane comprend qu'il ne veut pas perdre Maryse, et lui demande où il peut rencontrer Emilie. Il va lui parler. Fabien résiste un peu, puis il se décide à accepter son aide et lui donne tous les renseignements utiles. Mais plutôt que d'essayer de rencontrer Emilie tout de suite, et sans rien dire à son ami, Stéphane part enquêter sur elle : à l'université, sur Facebook et d'autres réseaux sociaux. Six jours plus tard, Stéphane annonce à Fabien qu'il n'a plus de souci à se faire. Il a découvert qu'Emilie ne s'intéressait en réalité qu'à son argent, et qu'elle avait même un amoureux de son âge, dont elle n'avait pas du tout l'intention de se séparer. Quand il s'était retrouvé ensuite face à face avec elle, elle a vite compris. C'était fini entre elle et Fabien. À la fois immensément soulagé de ne pas avoir à confronter sa femme, et profondément triste de ne plus revoir Emilie, Fabien boit quelques verres avec son ami. Puis en rentrant chez lui, il s'arrête acheter des fleurs pour Maryse. Surprise, Maryse le remercie, et part placer ce beau bouquet dans un vase. Fabien n'a pas le temps de remarquer l'éclat inhabituel qui éclaire le visage de sa femme. Questions 1. Comment Stéphane et Fabien se sont-ils connus ? Vrai ou faux ? 1. Maryse est la femme de Stéphane. |
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La rentrée des classes est toujours un stress pour un élève. Mais je peux vous certifier que c'est encore pire pour un professeur. Chaque année en septembre, j'appréhende le moment où je vais me retrouver devant une nouvelle classe d'élèves que je ne connais pas et qui vont me juger du premier regard. Cette année surtout, car j'ai changé de lycée. Après avoir parlé avec les autres profs, je ne suis pas rassurée du tout car ils m'ont dit que les élèves difficiles sont nombreux dans cette école. Pour mieux connaître chaque élève de ma classe, j'ai donc décidé de commencer par leur distribuer le premier jour, comme devoir à faire à la maison, une liste de questions personnelles, à répondre en fin de semaine. C'est ainsi que le vendredi soir je suis repartie chez moi avec une pile de feuilles écrites à la main, avec l'intention de passer le week-end à les lire et les corriger. Déjà, je peux deviner, en lisant les réponses, quels sont les bons élèves, et ceux ou celles avec lesquels j'aurai des difficultés pendant l'année. Je regrette presque de leur avoir demandé cet exercice, qui non seulement me donne beaucoup de travail, mais qui est très ennuyeux car les réponses de la plupart de ces jeunes sont assez banales. Seule la page signée par un certain Thomas attire mon attention. Pratiquement chaque réponse me fait sursauter. À la question "Que fait votre père ?", il a répondu "Bricoleur". Pour la mère, "Shopping addict" - en anglais. Sa maison est "une ruine" et à la question sur ce qu'il pourrait faire dans l'avenir, il répond "glandeur"... Mais le pire est sa réponse à la question sur ce qu'il aimerait changer dans sa vie : devenir orphelin ! Soit cet ado de 14 ans (sans doute un bon élève car il est en avance pour son âge) a voulu se moquer de moi, soit il a un problème personnel. Son écriture montre qu'il a une certaine maturité. Je décide donc de le prendre à part après l'école, non sans crainte. Et si c'était une forte tête ? Je le reconnais de suite. Je l'avais déjà remarqué, mais je ne savais pas que c'était lui qui avait ainsi répondu. Je ne connais pas encore assez bien mes nouveaux élèves. On voit à son regard que Thomas est assez rebelle, mais il a belle allure, et même un certain charme. Je dirais presque qu'il y a quelque chose de noble dans son attitude. Et il a l'air très intelligent. "Tout ce que j'ai écrit est vrai !", me dit-il en souriant. Son père est vraiment bricoleur. Il tient à réparer lui-même la propriété dans laquelle ils vivent parce que ça l'amuse, et qu'il a tout le temps car sa fortune ne l'oblige pas à travailler ; et sa mère, très frivole, passe son temps à faire du shopping. Puis il précise que la "ruine" est un château délabré, que sa famille appartient à la vieille aristocratie, un milieu social contre lequel ce jeune pro-hipster se révolte. Ce qui l'attend dans l'avenir ? Rien d'autre que de gérer la fortune familiale, glander, donc. Mais vouloir être orphelin ?... "Parfois, je me demande si ce n'aurait pas été mieux. Mais je vais le devenir, en quelque sorte. Dès que j'ai 18 ans, j'abandonne tout ça et je travaille pour me payer les études que je choisirai, et je mènerai ma vie comme je l'entends." Ni bricoleur, ni glandeur. Ni riche non plus, mais libre. Thomas m'a redonné confiance en moi. Et il sera mon meilleur élève. Questions 1. Qui est-ce qui raconte cette petite histoire ? 1. Les élèves doivent répondre à un questionnaire. |
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Je déteste attendre dans les aéroports. Et pourtant j'arrive toujours en avance. Je ne sais pas pourquoi. Surtout dans un petit aéroport comme celui de Bordeaux, il n'y a pas grand-chose à faire après le contrôle de sécurité. Je traîne dans le hall des départs pour passer le temps. Heureusement je n'ai qu'un petit sac à dos. C'est l'avantage des voyages courts. Une nuit à Nice, et je rentre demain. Il ne faudra pas oublier d'acheter un cadeau pour Lina, c'est notre anniversaire de mariage ce week-end, ça lui fera plaisir que je lui apporte un petit souvenir de Nice, la ville où nous nous sommes mariés. Huit ans déjà... Devant moi, en plein milieu du hall, un couple amoureux s'enlace et s'embrasse. Il y a toujours beaucoup d'embrassades dans les aéroports. Je me demande lequel va partir : lui ou elle ? La femme a une silhouette superbe, fine, élégante. J'essaie de voir son visage. Difficile, elle est collée à son mec. Quelle passion ! C'est une vraie amoureuse, je m'y connais. Finalement, ils se séparent. C'est elle qui prend l'avion. Instinctivement, je la suis. Je suis juste après elle au passage de la sécurité. Elle se retourne, cherchant un panier pour mettre son sac. Galant, je lui en passe un. Elle me regarde et sourit. Enfin je vois son visage. Qu'elle est belle! Où va-t-elle ? Je continue à la suivre... Super, elle se dirige vers la porte d'embarquement du même vol que moi, le 18h 25 direct pour Nice ! J'espère qu'elle va s'installer sur une rangée de sièges et que je vais pouvoir m'asseoir à côté d'elle. Non, elle traîne dans les couloirs, regarde je ne sais quoi, puis disparaît aux toilettes. J'attends. Quand elle se décide à s'asseoir, il n'y a déjà plus de place auprès d'elle. Je m'installe le plus près possible mais plusieurs passagers nous séparent. Elle sort son téléphone du sac, et se met à tapoter sur l'écran. Je déteste les portables, ces machines vicieuses qui élèvent des murs entre les gens. Ces machines à tuer l'amour. L'embarquement commence, un autre espoir de m'approcher d'elle. Non, elle voyage en classe Affaires et part avant moi... Quand vient mon tour de monter dans l'avion, je la cherche du regard. Elle a un siège côté hublot. De nouveau le nez dans son portable, elle ne me voit pas passer. Pendant tout le vol, je ne pense qu'à elle. J'essaie de réfléchir, il faut trouver un moyen de la séduire à l'arrivée, c'est ma dernière chance. C'est un peu court, 24 heures à Nice, mais on pourrait quand même passer des moments inoubliables ! Evidemment à l'arrivée elle sort avant moi. Je me dépêche pour la rattraper. Elle marche vite, n'a qu'un bagage à main comme moi. Enfin je l'ai rejointe. Je m'approche d'elle. Je vais lui proposer de partager un taxi, puis de boire un verre, de... Un homme se dirige à grand pas vers nous. Elle court vers lui, se jette dans ses bras. "Mon amour, tu m'as trop manqué !". J'en reste soufflé. Passe alors à côté de moi une femme d'environ 50 ans que je n'avais pas remarquée. Très belle, elle aussi. "Raté !", me dit-elle avec un sourire moqueur avant de disparaître dans la foule. Celle-là, si je la trouve, je la tue. Questions 1. Où se situe cette petite histoire ? Vrai ou faux ? 1. Lina est la mère du narrateur. |
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J'étais assez près du pont, mais un peu à l’écart de la foule. Malgré l’obscurité et les gaz lacrymogènes, je discernais la silhouette d’un gros camion. Je ne savais pas ce qu’il faisait là. Soudain des hurlements, des bousculades, et la débandade. Quelque chose de grave avait dû se passer. Sans réfléchir, j'ai pris mes jambes à mon cou, m’enfuyant vers la rue Grenette, seule issue possible. Rue Mercière, une porte ouverte. Je me suis sentie littéralement happée, et entraînée vers la salle du fond, une sorte de bar. Il m'a fallu un bon moment pour reprendre mon souffle. Et comprendre où j’étais. Je n’avais pas encore remarqué la tenue vestimentaire des dames qui occupaient les lieux, en compagnie de deux ou trois hommes. J'étais dans une maison de passe. Je ne venais pas souvent dans ce quartier réputé "dangereux". Autour de moi, des regards attentifs, presque maternels. "Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité ici", m'a dit une femme aux cheveux rouges, vêtue d'une très courte robe noire. Juste après, des CRS sont entrés à grand bruit dans la salle principale. Les hommes sont allés leur parler. "Non, on n'a pas vu de manifestants. Qu'est-ce qu'ils feraient ici ?" Une jeune fille m'a pris la main en disant : "Tout va bien. On a l'habitude des descentes de police !" Les CRS sont repartis, mais tout le quartier était encadré, je ne pouvais pas sortir. Il était déjà très tard dans la nuit. Une femme plus âgée m'a servi un repas, une boisson. J’étais un peu gênée car je n’avais pas d’argent. Je n'avais pas de sac, rien avec moi. Mais comment refuser ? Puis les femmes ont commencé à me poser toute une série de questions sur les raisons des manifestations. J'ai vu qu'elles ne comprenaient pas. J'ai alors essayé de tout leur expliquer, les grands idéaux, les raisons de la révolte, la lutte contre les inégalités... Des explications qui n'ont d’abord obtenu pour réponse que de longs silences. Ce n'est que longtemps après qu'une des femmes, d'une voix très douce, m'a demandé : Elles n'en ont pas dit plus, restant discrètes, presque pudiques. Mais j'ai compris qu’il pouvait exister d’autres vérités. J'ai senti combien j'étais privilégiée de pouvoir suivre des études supérieures, et j'ai eu presque honte. Les CRS enfin partis, je les ai quittés au petit matin, après un café. J'ai alors appris qu'un commissaire de police avait été tué ce soir-là par un camion lancé à reculons par les manifestants, qui ne savaient pas que ce policier se trouvait derrière. Je suis revenue le jour même à la maison de passe pour rembourser repas et boissons. Mais je me suis heurtée à un refus catégorique. J’avais été leur invitée. Questions 1. À quelle époque se situe cette petite histoire ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice est une manifestante. |
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La nuit est tombée depuis longtemps. Le silence est presque total, à peine interrompu par le léger crissement du fusain sur la grande feuille blanche. L'atmosphère pourrait être oppressante si le clair-obscur ne révélait le rassurant désordre de la pièce. Seul éclairage, la lampe rivée à la planche à dessin illumine la silhouette qui, par menus traits, prend forme sous les doigts de l'artiste. Celle d'un homme vu de dos. Il se tient très droit. Mais quelque chose dans la posture, la raideur de la tête et des épaules, évoque un tourment. Devant lui, un horizon indéfini. La main se soulève légèrement, et se pose sur un espace vide vers la droite, un peu à l'arrière de l'homme debout. Une autre silhouette se profile. Max ne répond pas. Il déteste être dérangé en pleine composition. Il est à un moment crucial, quand il doit donner à ce deuxième personnage une expression de jouissance sadique en prévision du meurtre qui interviendra dans les pages suivantes, selon le scénario de la BD qui lui a été imposée. Le plus difficile est de donner la bonne expression aux personnages. Mais l'inspiration n'est plus là. Il a été coupé dans son élan par cette visite inattendue. Malgré lui, son crayon a rajouté une touche d'étonnement dans le regard de l'homme qu'il vient de dessiner. C'est la première fois que sa collègue lui parle ainsi. Il hésite puis accepte, éteint la lampe, et la suit. Ils ont pris une pizza en route, et une bouteille de vin rouge. Ils passent une longue soirée à faire des plans et élaborer des projets. Quand Max reprend son dessin, le deuxième personnage exprime un air de satisfaction et de soulagement qui n'est plus du tout celui d'un criminel. Max sourit. Pourquoi attendre ? Il se lève, déchire le dessin, rassemble ses affaires et rentre chez lui. Il va créer la première BD dont il aura écrit lui-même le scénario. Sa première œuvre de dessinateur libre d'exercer son art en ne suivant que sa propre inspiration, et son talent. Questions 1. Qui est Max ? Quelle est sa profession ? Vrai ou faux ? 1. Max n'aime pas être dérangé.
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Je me demande comment, insidieusement, cette petite chose a pu s'installer de manière irrémédiable sur nos tables, à côté des assiettes. Au début, on la méprisait, on la laissait de côté. Un téléphone ça sert à téléphoner, c'est tout, et on ne va quand même pas le prendre quand on est en train de manger ou de boire un verre. Je me souviens qu'au début on avait presque honte de se promener avec notre téléphone portable. Moi je ne le sortais jamais de mon sac à main, et je trouvais ridicule de l'exposer sur une table de terrasse de café comme le faisaient déjà beaucoup de gens. Et puis, peu à peu, nos téléphones sont devenus intelligents. Plus que nous, avec une meilleure mémoire. Et nous sommes devenus paresseux. Plutôt que de partager nos souvenirs quand nous parlons de n'importe quoi en famille, ou d'ouvrir la grande encyclopédie dans la bibliothèque familiale, nous cherchons la réponse dans nos téléphones. C'est sans fin. Il y a toujours des questions, et les réponses sont là, dans ces machins électroniques qu'on consulte toutes les quelques minutes, ou toutes les secondes. C'est devenu infernal. Ce soir, on est huit personnes autour de la table. Mon mari lit un sms de son frangin, mon fils regarde les résumés du sport, sa femme, un écouteur à l'oreille, regarde une chaîne de télé, ma fille parle à Siri... Les autres, je ne sais pas, mais ils ont tous leur appareil en main. Je suis la seule à ne pas avoir mon portable avec moi. Je refuse d'être esclave de ce truc. Je fais de la résistance, au moins à l'heure du dîner. Le dîner, c'est sacré ! Mais ça ne sert à rien, c'est trop tard, il n'y a pratiquement plus de communication entre nous, sauf quand nous voulons bien partager ce que nous avons trouvé sur ce stupide web, entre deux publicités. J'en ai marre. À la fin du repas je pars me réfugier dans la chambre. Je reprends la lecture de mon roman. Quel plaisir de lire un vrai livre sur papier, sans publicités, cookies, apps, ou smileys ! J'oublie tout le reste. Mais quelques minutes plus tard, mon mari entre dans la chambre. Questions 1. De quelle chose parle-t-on dans cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Les gens deviennent paresseux. |
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On ne se connaît pas du tout mais déjà elle me tutoie. Entre Français, quand on est expats, c'est comme ça. Elle doit avoir dans les 30 ans, moi presque le double, mais ça ne compte pas. "Oui le ventilo est toujours dispo. Tu viens le chercher demain matin ? Voici mon adresse et mon numéro. Tu me passes un Whats quand t'es là ?" Pour faire cool, je réponds "Ok, à demain !", suivi d'un smiley rigolo. Ça fait toujours bien les smileys sur Messenger, c'est comme sur Facebook. Et c'est plus neutre. Je ne la connais pas assez bien pour ajouter un Bitmoji. Pourtant, après avoir fait plein d'essais avec ma petite-fille, je sais bien faire maintenant. Elle m'a même aidée pendant l'été à dessiner un avatar assez ressemblant et m'a appris à associer plusieurs Bitmoji à la fois. C'est sûr que c'est plus mignon et plus fun quand je communique avec elle par Snapchat. Eh oui, j'ai installé cette appli-là aussi car elle n'utilise pas Facebook. C'est trop ringard, c'est pour les vieux. Donc je dois envoyer un Whats demain matin, mais c'est quoi ? Je demande à mon mari, qui n'en a pas la moindre idée. Dans Google, je découvre que What's App est une application qui permet de communiquer entre téléphones portables quand il y a une connexion. Tout comme Facetime. Au fait, pourquoi ne pas utiliser plutôt Facetime ? Les Asiatiques, eux, utilisent la messagerie Line, j'ai dû installer cette appli aussi quand on est partis au Japon pour quelques mois. Mon iPhone déborde d'applis. Je ne sais plus où les mettre. Donc j'ai décidé que chaque fois que je dois en rajouter une, j'en supprime une autre. Par exemple, quand j'ai installé Line, j'ai désinstallé Twitter (dont je n'avais jamais su me servir de toute façon). Alors maintenant il faut que je désinstalle Line pour la remplacer par Whats App, qui est apparemment la plus utilisée en Amérique latine. Et ainsi je pourrai me mettre en contact avec les autres expats ici, qui ont des choses à vendre. Je ne veux rien acheter de neuf, je ne sais pas combien de temps on va rester dans ce nouveau pays. Je demande à mon mari, juste comme ça, car je connais la réponse : Je retourne dans la page Facebook des expats français de la ville où nous venons de nous installer. Je surfe parmi les posts de ceux qui vont partir et revendent à bon prix leurs meubles et équipements. Je cherche surtout les appareils électriques car chaque fois qu'on change de pays, ce n'est jamais le même voltage, ni les même prises, il faut tout racheter... Ah voilà ! Je tape : "Bonjour ! Ton aspi, il est toujours dispo ? Si oui, donne-moi ton numéro et je te passe un Whats !" Questions 1. Qui est la narratrice et où est-elle ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice communique par Snapchat avec sa fille. |
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Il est parti. Pourquoi est-il parti, et où ? Je n'ose rien dire, je ne veux pas gâcher la fête du reste de la famille. Mais quand même, partir le soir du Réveillon ! Ce n'est pas la première fois qu'il disparaît comme ça, sans toujours prendre la peine d'inventer une excuse. Mais cette fois j'étais sûre qu'il resterait à la maison. Rien ne m'avait laissé présager qu'il se lèverait soudainement en disant "Bon, je dois vous laisser". Avant le dessert, et sans explication ! Pourquoi il "doit", qu'est-ce qui l'oblige à s'absenter ? Je suis à la fois triste et vexée. Depuis quelque temps ma fille est devenue assez critique avec moi. Je pense que c'est normal à son âge, mais ça m'énerve un peu qu'elle m'observe comme ça, et surtout qu'elle devine ce que je pense. Je préfère ne pas répondre. Je ne veux pas qu'on se dispute, surtout pour Noël ! Mais elle insiste : Je retourne dans la cuisine avec quelques assiettes et commence à remplir le lave-vaisselle. Je ne veux plus en parler. Ah, si je pouvais faire ce que je veux moi aussi, partir subitement en laissant tout le monde se poser des questions à mon sujet ! Ah non, voilà mon mari qui intervient lui aussi, il ne manquait plus que ça ! Je le croyais bien plongé dans le bouquin que sa fille lui a offert. Je vais encore devoir prendre la défense de notre fils, inventer n'importe quoi. Mon mari repart sur le canapé, mais ma fille revient à la charge. Questions 1. A quel moment de l'année se situe cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Le mari de la narratrice est parti. |
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Demain, c'est l'anniversaire de ma fille Maud : cinquante ans, déjà ! Je recherche une photo d'elle quand elle était bébé. C'est facile, j'ai gardé tous les albums. J'adorais les photos papier ! Les choisir et les coller dans des albums était mon activité favorite le dimanche, en hiver, quand il faisait gris et froid. Revoir les petites bouilles de mes enfants quand ils étaient petits était mon rayon de soleil. Aujourd'hui encore ils sont tous là, ils occupent presque toutes les pages des albums. On lit dans leurs yeux fixant l'objectif la surprise d'être entrés dans un monde qu'ils ne comprennent pas. Deux garçons, deux filles. Maud était ma petite dernière. La plus choyée. Tout le monde disait que je la gâtais trop. C'était vrai, mais elle était venue beaucoup plus tard que les autres et mon mari avait une meilleure situation. Questions 1. Qui raconte cette histoire dans la première partie ? Vrai ou faux ? 1. Maud est la fille de Clémence. |
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La première fois, c'était quand mon mari a dit qu'il trouverait sympa de partir trois ou quatre jours en croisière, pour découvrir des îles où on n'a jamais l'occasion d'aller. J'ai répondu : "Oui, pourquoi pas ?" Il a donc commencé des recherches sur internet. Deux heures plus tard, il m'a dit : "On laisse tomber, il n'y a rien pour moins de 10 jours, et c'est beaucoup trop cher." Après, en ouvrant mon ordinateur pour lire un journal numérique, il y avait partout des pubs de croisières. Une coïncidence ? "Moi aussi j'ai plein de pubs", m'a dit mon mari. Je lui ai fait remarquer que c'était normal, puisque c'était lui qui avait fait cette recherche, c'est toujours comme ça. "Mais moi je n'ai rien cherché sur les croisières !" On s'est regardés, perplexes. Et on a commencé à faire plus attention aux pubs s'affichant sur nos appareils électroniques. On est allés de surprise en surprise. Hier, par exemple, j'ai googlé sur mon iPhone pour trouver une recette de gratin aux endives. Un peu plus tard, mon mari avait plein d'endives sur son écran. Tout comme j'avais des pneus de vélos sur le mien car il voulait en acheter de nouveaux. Et ça a continué. Mon mari a regardé à la télé le concert d'un musicien de jazz. Le soir, quand j'ai ouvert Spotify avant de faire la cuisine, c'est sa musique qui est apparue en premier. Et mon mari a reçu sur Facebook des tas de pubs pour un démaquillant que je venais de commander sur Amazon. Nous en avons parlé aux enfants pendant le week-end. Non seulement ils n'ont pas été surpris, mais ce qu'ils nous ont raconté nous a stupéfiés. Nous avons continué de nous énerver toute la soirée contre cet incroyable contrôle dont nous sommes tous devenus les victimes. "Parfois, je rêve de partir sur une île déserte, où il n'y a pas internet ! Et je n'apporterais pas mes appareils", dit Julie. "Mais est-ce qu'un monde comme celui-là existe encore aujourd'hui ?" Oui, il existe. Sur nos iPhones le matin, on avait tous des pubs pour un resort sur une île de Nouvelle-Calédonie "où vous pouvez vous relaxer pleinement car il n'y a pas la wifi"... 1. Que voulait faire le mari de la narratrice ? Vrai ou faux ? 1. Le mari de la narratrice fait du vélo. |
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Léa rentre de l'école. Comme tous les jours, la porte de la maison s'ouvre quand elle approche. Une voix mécanique l'accueille : "Bonsoir Léa !" Dès que Léa est à l'intérieur, la porte se referme et se verrouille toute seule. Les caméras tournent sur elles-mêmes, prennent leur place. Les unes orientées vers l'extérieur, les autres suivant tous les gestes de Léa. Irritée, elle jette ses affaires sur le canapé. Aussitôt l'immense écran télé s'allume. Léa se voit. Elle sait que d'autres la voient aussi. Elle retire son bracelet électronique pour que tout ce qu'elle va dire ne soit pas enregistré. Elle part dans la salle de bains, seul endroit de la maison où il y a encore un peu d'intimité, sans caméras. "Mais maman, que fais-tu là ? Que se passe-t-il ?", demande-t-elle. Dora, sa mère, assise sur la chaise la plus confortable de la maison, placée là parce que tout le monde dans la famille a souvent besoin de venir s'y relaxer, est en train de pleurer. Sans bruit. Les larmes coulent sur son visage. Elle ne fait rien pour les sécher. Léa s'agenouille devant elle pour être à sa hauteur. "Dis-moi quelque chose, parle, tu me fais peur !" Quelques minutes passent. Dora se calme, finalement. "Je n'en peux plus." Léa la prend dans ses bras. "De quoi ? Dis-moi ! Il y a un problème avec papa ? Ou c'est ton travail ? Ou mamy ?" De nouveau des larmes coulent sur les joues de Dora. "Pauvre mamy, c'est terrible pour elle aussi." Léa insiste : "Maman ! Dis-moi tout, je peux peut-être faire quelque chose ?" Dora regarde sa fille avec une immense tristesse et la serre contre elle. "Oh non, tu ne peux rien faire, tu es victime toi aussi. Et ce sera encore pire, c'est certain, quand tu seras adulte ! C'est ce contrôle permanent, ces caméras partout, ces réseaux sociaux qui nous agressent, ces gens qui suivent chacun de nos déplacements, de nos mouvements, que je ne supporte plus ! J'ai perdu toute liberté..." Léa approuve. "Ah oui, ça je suis d'accord ! J'en ai ras-le-bol aussi." Dora parle alors de son travail. "Tout ce que je fais doit être impeccable, je n'ai aucun droit à l'erreur. Les contrôleurs robots sont partout. Quand je suis assise à mon bureau, je ne peux même pas quitter discrètement mes chaussures sans qu'ils interviennent..." Léa l'interrompt. "C'est vrai ? Mais à l'école ce n'est pas mieux tu sais, on n'a pas intérêt à faire une remarque entre nous sur un prof. Tout se sait immédiatement. On doit faire attention à tout ce qu'on dit, à tous nos gestes." Mère et fille continuent de se raconter des anecdotes. "Comment en est-on venus là ? C'était si formidable quand j'étais jeune !", s'exclame Dora. "Et mamy, la pauvre... Figure-toi que c'est pareil pour elle. Il y a trop de systèmes de surveillance chez elle! Pour sa sécurité dit-on, mais c'est parce qu'elle est sous contrôle qu'elle se sent menacée ! Hier, elle a failli tomber ; l'inspectrice est venue tout de suite et lui a dit que la prochaine fois elle sera envoyée dans un hôpital pour personnes dépendantes ! Mamy est paniquée. Elle n'ose plus bouger, elle a si peur des caméras..." ‒ Mais c'est horrible ! Arrête ça ! Questions 1. Qui est Léa, et que se passe-t-il en arrivant chez elle ? Vrai ou faux ? 1. Léa porte un joli bracelet décoratif. |
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Il n'y a rien de plus beau que l'homme qu'on aime. Ou qu'on croit aimer. Il est le plus charmant, le plus élégant de tous. Il ne porte que des jeans délavés et toujours le même blouson noir en cuir quand on sort le soir, mais ça lui va si bien ! Ça lui donne un petit air voyou, rebelle, presque provocateur, qui le distingue des autres, et j'adore ça. Quand il remarque que je l'admire avec son air cool, il en rajoute, accentue son look pour prendre une démarche à la John Travolta dans Grease. C'est génial, tellement vintage ! Il me fait rire. Ses cheveux en bataille, toujours mal coupés et coiffés, ajoutent à son charme. Je suis fière de m'asseoir à ses côtés dans un bar, où on peut rester des heures, surtout quand il veut voir un match de foot. Je ne m'intéresse pas vraiment au match, mais lui, je peux le regarder sans me lasser. À la maison c'est plutôt le style jogging et charentaises. Mais je l'aime aussi comme ça. Il paraît plus tendre, plus naturel. Je me blottis contre lui sur le canapé et on regarde ensemble une série stupide à la télé. Je suis heureuse. Être dans les bras de l'homme qu'on aime, c'est du pur bonheur. Il est aussi le plus intelligent de tous. Tout ce qu'il dit me fait rire ou réfléchir, je me souviens de chacune de ses paroles. Il fait tant de commentaires pertinents que je n'ai pas le temps de parler, ni de lui répondre, mais ça n'a pas d'importance. Il ne m'écouterait peut-être pas. Et s'il trouvait ridicule ce que je dis ? Je serais couverte de honte. Car je veux lui plaire autant qu'il me plaît. Mes amies ne le connaissent pas encore (je fais tout pour l'éviter, j'ai trop peur qu'elles tombent amoureuses...) mais quand je leur parle de lui, elles m'envient. "Quelle chance tu as d'avoir rencontré un homme aussi super ! Alors, c'est pour quand le mariage ?" Le mariage ? Ce serait le rêve. Mais je n'y pense même pas. Je n'oserais jamais soulever la question, craignant un refus. Il a un caractère bien trop indépendant, il est difficile de l'imaginer marié. Il est le plus beau, le plus élégant, le plus exceptionnel... Jusqu'au jour où, par un phénomène mystérieux, je réalise que le charme a disparu. Je le vois comme il est vraiment. Le plus beau de tous les hommes est devenu banal, pas si beau que ça, et surtout sans intérêt. Il raconte toujours les mêmes histoires, ne s'intéresse qu'à des choses qui me sont indifférentes... Qu'est-ce qui a changé ? Pas grand-chose, c'est toujours lui, le même, habillé pareil, avec les mêmes habitudes, totalement prévisible. Ce qui est peut-être une partie du problème. Ou bien est-ce que le problème viendrait de ces yeux bleus rivés sur moi quand j'ai pris un café au comptoir du bistrot à côté de mon travail, lundi matin ? Qui est cet homme ? Je n'ai pas arrêté de penser à lui depuis. Six jours de suite, je suis retournée au même bistrot, à la même place, mais il n'était pas là. Sauf ce matin. Et là, je lui ai rendu son regard. Alors, il s'est approché de moi. Questions Vrai ou faux ? 1. L'homme qu'elle aime est toujours bien coiffé. |
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Deux yeux jaunes, perçants, me fixent. J'ai un visiteur sur le balcon. Il est magnifique avec son pelage couleur de feu. Je m'approche timidement de lui pour ne pas lui faire peur. C'est un peu déconcertant cette façon qu'il a de répondre à une question en m'interrogeant à son tour. Je pose une assiette au sol, et m'accroupis à ses côtés. Il mange avec délicatesse. Il ne semble pas affamé. D'où tient-il ça ? Je ne réponds pas. Je trouve que ce chat commence à se mêler un peu trop de ma vie privée. Questions 1. Qui est ce visiteur inconnu au début de l'histoire ? Vrai ou faux ? 1. Tous les chats savent parler. |
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J'ai toujours su que faire de la gym dans un club ou un gymnase, ce n'était pas pour moi. Mais je ne savais pas à quel point la gymnastique et moi étions incompatibles. Les machines des salles de gym, pour être plus précise. Tout a commencé après quelques jours d'abonnement dans un club où je m'étais inscrite malgré mes réticences. Je pensais que cela m'aiderait à avoir la forme. De suite, j'ai été choquée par la laideur du décor, et ai trouvé les machines franchement antipathiques. Un matin, l'une d'entre elles a tout simplement pris l'initiative de m'expulser. Elle semblait pourtant relativement sympa. C'était un tapis de course, même si je ne voulais pas m'en servir pour courir. Marcher me paraissait un effort largement suffisant. J'ai bien vu qu'elle n'était pas enthousiaste quand je lui ai suggéré de marcher assez vite mais pas trop, en ligne droite, sans effort. Et elle a paru très vexée quand j'ai refusé qu'elle mesure mon rythme cardiaque ou enregistre mon évolution. Bref, j'ai senti qu'elle commençait à me détester, un sentiment réciproque évidemment. Lorsque j'ai voulu retirer ma veste de jogging, elle n'a pas pu résister. Elle l'a fait tomber (exprès, je suis sûre). Puis elle m'a déséquilibrée et littéralement expulsée avec force vers l'arrière. Je suis tombée brutalement sur les deux genoux. Le tapis au sol est si dur que je me suis fait très mal, et pendant plusieurs semaines il m'était difficile de marcher normalement. Il n'y avait pas que le tapis de course qui était agressif. Quand je suis retournée à la gym (j'avais payé l'abonnement pour trois mois, je ne voulais pas tout perdre), c'est la machine pour faire des abdos qui m'a attaquée. Alors que j'essayais de changer la hauteur du siège, une grosse et lourde pièce de métal s'est jetée sur mes doigts. Heureusement je les ai retirés à temps. Et ça a continué pendant tout le temps de mon abonnement, malgré mes rares tentatives d'apprivoiser deux ou trois machines. Aucun espoir. Elles s'étaient passé le mot et avaient bien compris que je ne les aimais pas. C'est comme pour les chiens. Ils savent reconnaître les gens qui les aiment. Avec moi, les chiens ont toujours su que je les adorais. Mais qui aimerait ces énormes structures métalliques grises, froides, sadiques, qui ont pour seul plaisir de vous faire souffrir ? J'ai renoncé et n'y suis jamais retournée. À l'époque, j'avais commencé à sortir avec un homme de mon âge que je trouvais assez sympa. Je ne savais pas encore qu'il était passionné d'haltérophilie et autres sports impliquant des machines infernales (les hommes savent bien cacher ce genre de choses au début d'une relation). Mais quand j'ai découvert dans son garage un énorme tapis de course, dont il semblait très fier, c'était fini entre nous. Quelque temps après, je me suis mariée avec un autre, qui a su m'aider à retrouver la forme en me faisant plaisir. Le seul sport qu'il pratique est de promener son chien à la campagne. Questions 1. Pourquoi la narratrice veut-elle faire de la gym ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice aime bien marcher. |
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Nous habitions en Californie quand ma fille m'a annoncé qu'elle allait se marier. Je savais que cela ferait très plaisir à ma mère d'être avec nous pour cet événement, et aussi de passer quelque temps près de nous. Elle avait alors 83 ans. La première fois qu'elle avait fait un long voyage en avion depuis la France, c'était pour nous rejoindre à New York, quand elle avait 80 ans. J'ai d'abord pensé la faire venir en Californie juste pour quelques jours, mais je la savais seule dans sa petite maison d'Ardèche depuis la mort de mon père, et je lui ai proposé de venir plus longtemps. Elle a hésité, et a accepté de venir pour 3 mois. À la condition qu'elle puisse amener sa chienne, Nobel. Nous avons donc décidé que ma fille irait les chercher, et que je les raccompagnerais au retour. Ma mère ne pouvait pas faire le voyage toute seule depuis si loin, aller jusqu'à Paris pour prendre l'avion était déjà une aventure. À l'aéroport de Los Angeles où je les attendais, j'ai de suite su qu'elles approchaient de la sortie en entendant les hurlements de la chienne. Elle aboyait si fort que tout le monde regardait le chariot poussé par ma fille sur lequel était posé la grande cage pour chiens. Ma mère, très digne mais visiblement un peu perdue, s'accrochait aussi au chariot. Dès que je les ai rejointes, ma fille a éclaté de rire, m'expliquant que grâce à Nobel, et à ses aboiements stridents qui avaient excédé les douaniers, elle n'avait jamais passé les formalités aussi vite ! Une fois la chienne libérée, elle s'est calmée. Folle de joie, mais encore sur le choc de son horrible expérience, Nobel, toute tremblante d'émotion, s'est mise à sauter sur nous trois en gémissant et en nous léchant les mains. Peu après, quand nous avons commencé à rouler sur la route longeant l'océan Pacifique, ma mère a annoncé : "Elle a faim". En effet la chienne, qui s'était confortable installée sur les sièges arrière de la voiture, avait recommencé à pleurer. "Pas de problème", a répondu ma fille, "on va s'arrêter au premier MacDo." Une demi-heure plus tard, nous étions au guichet d'un McDonald's, expliquant très clairement que nous voulions un hamburger nature, sans aucune sauce, sans pickles, seulement du pain et un steak haché. Dans le parking, nous avons défait le paquet, enlevé le pain et présenté le hamburger à Nobel dans une assiette en carton. La chienne s'est précipitée, et a regardé et senti la viande. Puis, à notre surprise, elle a tourné la tête sur le côté et, visiblement écœurée par l'odeur, elle a refusé de manger. Nous avons dû aller au supermarché le plus proche et acheter de la viande hachée crue, la meilleure, la plus chère, que Nobel a entièrement dévorée en quelques secondes. "Évidemment", a commenté un ami américain à qui nous racontions cette anecdote, "quelle idée de proposer un MacDo à un chien français, qui est forcément un gastronome ! Quand on est habitué au filet mignon, on ne va pas manger du fast food". Questions 1. Pourquoi la mère de la narratrice part en Californie ? Vrai ou faux ? 1. La mère de la narratrice habite en France. |
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Régine n'en peut plus d'être confinée. Le virus Covid-29, le tout dernier, est encore plus violent que les précédents, qui se sont succédé chaque année depuis le Covid-19 qui a changé le mode de vie de tous les habitants de la planète. Le gouvernement a décidé que les personnes habitant dans des résidences pour personnes âgées, les plus vulnérables, ne pourraient plus sortir à l'extérieur, ni recevoir de visite. Régine n'a plus jamais de visite mais elle aimait bien l'animation quand ses voisines recevaient de la famille. Le directeur a même fermé à clef l'accès aux étages des résidents en bonne santé, comme pour ceux qui sont atteints d'Alzheimer, et la salle commune est fermée. Le seul être humain que Régine voit de temps en temps est la femme qui livre les repas et fait le ménage. Ou plutôt elle ne voit que ses yeux car elle est habillée comme une astronaute. Pour Régine, c'est "le couloir de la mort". Mais elle espérait pouvoir faire un petit coucou à ses copines, et peut-être, pourquoi pas, trouver le moyen de sortir du bâtiment. L'astronaute est déjà partie. Elle n'a pas attendu que Régine lui dise qu'elle s'en fiche complètement du virus, qu'elle n'a peur de rien. En plus, elle a déjà attrapé le Covid-22 et est en principe immunisée. À son âge, elle aimerait seulement profiter encore un peu de la vie, et se sentir libre. Elle s'assoit devant la fenêtre et regarde le parc où elle aime bien se promener, le banc sur lequel elle flirte de temps en temps avec Jean, le résident sympa du deuxième étage. Le seul qui a encore toute sa tête et qui, comme Régine, est en bonne santé. C'est trop frustrant de ne pas pouvoir aller dehors. C'est alors qu'elle a une idée : elle a déjà remarqué que la seule partie de la résidence qui est rarement fermée à clef, et qui se trouve au rez-de-chaussée, est l'infirmerie... Le soir-même, un peu avant le crépuscule, elle est là, assise sur un fauteuil roulant. Personne ne s'occupe encore d'elle, le docteur est occupé à soigner les cas plus graves. Elle a prétendu s'être tordu le pied, ce qui n'est pas vraiment une urgence. On ne lui a même pas encore demandé de se déshabiller. Régine serre contre elle sa trousse de médicaments, dans laquelle elle a caché sa carte de crédit et son téléphone. Elle attend la nuit. Ça y est, il fait noir dehors. Elle se lève, fait semblant d'aller aux toilettes. S'assurant que personne ne la voit, elle se dirige vers la sortie. La porte s'ouvre. Elle est dehors ! Elle marche d'un pas rapide vers la grille extérieure. Là, elle se cache en attendant que le passage d'une voiture actionne l'ouverture automatique. Soudain elle sent une présence et sursaute. Il l'entraîne vers une petite porte le long de la grille dont il fait rapidement sauter le verrou avec un outil. Dehors, une voiture est garée. (à suivre...) Questions 1. Que se passe-t-il au début de cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Régine a une grande famille. |
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Régine essayait de fuir sa maison de retraite, où elle était confinée depuis trop longtemps à cause du Covid-29, quand elle a retrouvé Jean, un autre résident, qui s'enfuyait aussi. Ils montent dans la voiture de la fille de Jean, Liane, qui est venue chercher son père. (à suivre...) Questions 1. Qui sont Jean et Régine ? Vrai ou faux ? 1. Liane est la fille de Régine. |
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Covid-29 3ème et dernière partie Depuis qu'ils se sont enfuis ensemble de la résidence pour personnes âgées où ils ne supportaient plus les règles trop strictes de sécurité, dues à la pandémie de Covid-29, Régine et Jean vivent des jours tranquilles dans une maison qui leur a été prêtée par le maire du village. Ils sont comme un couple. Enfin, pas vraiment. Régine savait déjà depuis longtemps que Jean préfère les hommes. Il avait été très sincère avec elle, et Régine avait d'autant plus d'amitié et de respect pour lui. On commence à parler de déconfinement progressif, comme après chaque attaque de virus, mais pour l'instant Régine et Jean ne ressentent pas le besoin de sortir. La maison est assez grande, et surtout le jardin. Ils passent entre deux à trois heures par jour à défricher, couper, planter. Le soir, il s'amusent avec Sam, le chien que Liane, la fille de Jean, leur a amené un jour et qui leur fait des câlins tandis qu'ils lisent, confortablement installés, Jean sur le grand fauteuil, Régine sur le canapé. Ils ont la chance qu'il y ait une bibliothèque très garnie dans la maison. Ils passent des heures à parler de leurs lectures. Le matin, c'est toujours Jean qui prépare le café. Comme le faisait Greg autrefois, se souvient Régine en pensant à son seul grand amour, l'homme avec lequel elle a pourtant vécu le moins longtemps. Elle n'avait jamais voulu beaucoup parler de lui à Jean, elle avait seulement précisé qu'il lui faisait un très bon café. Ce matin-là, alors qu'ils lisent des journaux sur internet, une info les fait sursauter. "Tragique incendie en plein milieu de la nuit dans une résidence pour personnes âgées. Il n'y a aucun survivant..." Ils vérifient l'adresse, et se regardent, atterrés : c'est bien de leur ancienne résidence qu'il s'agit ! Ils n'y avaient plus pensé depuis qu'ils étaient arrivés à faire comprendre à l'administrateur qu'ils ne reviendraient jamais, et qu'ils avaient cessé de payer leurs loyers. Et ils n'avaient pas d'attachement spécial pour les autres résidents. Mais savoir que tous étaient morts dans ces effroyables conditions est un choc. Lui aussi est profondément affecté, pourtant. Il leur faudra du temps pour s'en remettre et accepter l'évidence. Régine a tenu à aller à l'enterrement. Comme pour s'excuser de ne pas être avec eux, elle veut rendre hommage à ses anciens compagnons de misère. C'est leur première sortie depuis leur fuite. La pandémie est finie, le déconfinement officiel, tout est rouvert. Après la cérémonie, Régine entraîne Jean dans une autre partie du cimetière. Elle s'arrête devant une tombe. L'inscription est ternie mais on peut encore lire ces simples mots : "À toi Gregory, l'amour de ma vie". Questions 1. Où habitent Jean et Régine, et pourquoi sont-ils là ? Vrai ou faux ? 1. Régine et Jean font du jardinage ensemble. |
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Depuis quelque temps, j'ai pris l'habitude de lire deux livres à la fois. Cela me permet de progresser plus vite, il y a trop de livres que je voudrais lire ! En général, je lis un roman le soir avant de m'endormir, et une biographie ou un essai en fin d'après-midi, quand je suis fatiguée de travailler. Récemment, j'ai fait l'erreur de lire deux livres dont les intrigues avaient des similarités. Un roman et une autobiographie qui concernaient tous les deux une femme journaliste qui, au début de sa carrière, s'était vu confier des reportages incroyables. Dans les deux cas, cela avait donné un tournant spectaculaire à leur vie. Un autre point commun était que dans les deux livres il y avait un personnage masculin qui s'appelait Don. Soudain, pendant que je lisais l'autobiographie, quelque chose de très bizarre s'est produit. Les deux histoires ont commencé à se mélanger. C'était comme si les personnages s'amusaient à passer d'un livre à l'autre. À un moment, je ne comprenais plus ce que la femme faisait, ça n'avait aucun sens pour la suite de l'histoire. Je me suis mise frénétiquement à relire les pages précédentes, mais ce n'était plus elle qui était là, c'était la femme du roman que je lisais le soir. Je suis allée le chercher, et j'ai comparé les deux. Pas de doute, tout avait changé, les personnages étaient intervertis, aucun n'était à sa place. Prise de vertige, j'ai refermé les deux livres. J'ai placé l'autobiographie dans la pile des rares livres qui me tombent de la main et que je donne à la bibliothèque de ma ville, je ne voulais plus le lire, c'était trop déstabilisant. Après, tout est rentré dans l'ordre, le roman a continué à me raconter son histoire, qui semblait de nouveau parfaitement cohérente. Mais le même phénomène a recommencé quelques semaines plus tard. J'avais repris mon habitude de lire deux livres en même temps : un roman et un essai historique. Cette fois, tous les deux se situaient dans des pays en guerre. Le roman révélait le sort des habitants des pays Baltes pendant la Seconde Guerre mondiale, et une grande partie de l'essai portait sur les conflits en ex-Yougoslavie au début des années 1990. Un autre point commun était que le personnage principal était une jeune femme. Une nouvelle fois, après plusieurs chapitres, les deux femmes ont entrepris de jouer à cache-cache, apparaissant soudainement dans le livre qui ne les concernait pas. J'ai été saisie de panique. Est-ce que c'était moi qui était la cause de ce phénomène ? J'ai demandé à des amis si ce genre de chose leur était arrivé, mais non. Ils ont tous pensé que c'était mon imagination qui me jouait des tours. Cette fois, je n'ai pas voulu abandonner l'un des livres, ils étaient trop passionnants tous les deux. J'ai laissé les personnages faire ce qui leur passait par la tête, et me suis contentée de les observer avec un sourire complice. Après tout, il faut les comprendre, qui voudrait se laisser enfermer dans une seule histoire ? Questions 1. Comment la narratrice organise-t-elle ses lectures ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice ne lit que des romans. |
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Un jour d'hiver. Je suis au chaud dans mon appartement parisien quand une amie me téléphone et me dit : "Félicitations !" Je lui demande pourquoi. "Tu n'as pas vu la couverture de Glamour ?" Je google et l'ai sous les yeux. C'est moi. À côté de la grande star du jour, G.D., top model et chanteuse connue du monde entier. Nous marchons ensemble dans une rue en souriant, sûres de nous. Je regarde de plus près. Non, ce n'est pas moi, mais il est vrai que cette femme me ressemble un peu. Je rappelle mon amie pour lui dire ça. Elle ne me croit pas. Peu après le téléphone sonne. C'est une personne que je ne connais pas. "Je vous adore, G.D. et vous, et j'aimerais vous rencontrer. Je serais si flattée..." J'interromps brutalement la communication. Instinctivement, je m'approche de la fenêtre. En bas, dans la rue, devant l'entrée de mon immeuble, je vois un photographe, puis un autre. Je me cache derrière les rideaux. Il y en a peut-être d'autres. Je commence à paniquer. J'appelle encore mon amie, mais elle ne me croit toujours pas. J'appelle alors Dennis, mon ex. Lui, il me croit. Il arrive moins d'une heure plus tard avec un grand sac duquel il sort un lourd parka avec capuche, des bottes d'homme, des lunettes fumées. Il a même pensé au masque, grand, noir. Je suis méconnaissable. Nous sortons de l'immeuble en marchant à pas rapides vers sa voiture garée juste en face, Dennis parle à voix haute comme si nous étions en pleine conversation. Le subterfuge marche, les paparazzi nous laissent partir sans prêter attention à nous. À peine arrivée chez lui, je me jette dans ses bras, comme au temps où nous nous aimions. Quel bonheur ! J'avais presque oublié. Il me serre fort contre lui. Nous restons un long moment enlacés avant de nous asseoir sur le sofa, devant la cheminée. Je pose ma tête sur ses épaules. Son téléphone vibre. C'est un sms d'un de ses copains. "Tu as vu la couverture de Glamour ?" Dennis ne répond pas. Et puis l'interphone sonne. Il regarde la caméra. C'est un photographe. "Bonjour, vous êtes un ami de L., n'est-ce pas ? Est-ce qu'elle est chez vous ?" Dennis envoie promener l'importun. Je tremble. Dennis me caresse les cheveux. Je me calme. Mais peu après on sonne à la porte. Une sonnerie insistante, lancinante. Prise de terreur, je hurle... Je me réveille en sueur, suffoquant, le souffle coupé. Je vois mon mari qui se penche sur moi. Fâchée, je lui tourne le dos et ferme les yeux. Et je retourne un moment dans les bras de Dennis. Ce rêve avait tout de même quelque chose de bon. Questions 1. Pourquoi une amie de la narratrice l'appelle-t-elle ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice s'appelle G.D. |
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Depuis quelques semaines, Victor Hugo habite chez moi. Il est installé sur le mur, en plein milieu du living-room. Les autres tableaux de la maison sont très impressionnés. Être exposés à côté de ce grand homme, quel honneur ! La maison ressemble à un musée. Il faut mettre de l'ordre si jamais quelqu'un vient le visiter. Les toiles qui étaient de travers se redressent. Elles se tiennent bien droites maintenant. Elles veulent paraître dignes à côté du prestigieux écrivain. Les autres tableaux n'osent pas parler avec lui. Ils sont trop intimidés. Mais ils écoutent attentivement Victor Hugo quand il dit quelque chose. Par exemple : "Savoir penser, rêver. Tout est là." Ils essaient de comprendre. Rêver ? Penser ? Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Est-ce que les œuvres d'art pensent et rêvent ? C'est une question que les peintures de la maison ne s'étaient jamais posée. Elles aiment bien cette idée. Mais peu à peu, elles comprennent que Victor Hugo est un homme simple, humain et tolérant. Elles sont moins timides. Si je me réveille la nuit, je peux entendre leurs conversations. Elles sont souvent intéressantes. Le tableau rempli de bottes de foin, qui symbolise l'été et qui est placé juste à côté de celui de l'écrivain, est très ému parce que Victor Hugo lui a dit : "L'été qui s'enfuit est un ami qui part." Le tableau explique à ceux qui n'ont pas compris que c'est pour cette raison qu'il reste tout le temps au mur. Il ne veut pas voir partir ses amis. Ces dernières nuits, Victor Hugo a commencé à sortir de son cadre et à rendre visite aux autres toiles. Il s'assoit sur les rochers des peintures de mon père. Il prend dans ses mains le petit visage rose qui apparaît entre les pierres. Il monte sur le bateau des pêcheurs prêts à partir en mer. Il regarde tomber des feuilles d'or d'un arbre invisible. Mais toutes les toiles ont compris que le tableau préféré de Victor Hugo, qui est dans ma chambre, est un portrait. C'est le visage d'une femme inconnue, de profil, dessiné par mon grand-père. Elle est d'une grande beauté. Je ne sais pas qui elle est, mais elle ne ressemble pas du tout à ma grand-mère. Quand Victor Hugo s'approche d'elle, les autres tableaux se font discrets pour le laisser tranquille. Parfois, il parle à voix basse à la femme du dessin, mais je ne comprends pas ce qu'il lui dit. Il est minuit. Je viens de me réveiller. Victor Hugo est là, dans ma chambre, face au portrait, qu'il fixe longuement des yeux. Mais la femme ignore sa présence. Elle ne tourne pas son visage vers lui. Elle semble plongée dans ses pensées. Je voudrais essayer d'intervenir, de la convaincre de regarder son visiteur. Mais je ne peux pas. Par principe, je laisse les personnages des tableaux faire ce qu'ils veulent. La nuit leur appartient. Victor Hugo se penche vers elle. Il lui chuchote quelque chose. Je crois entendre : "Mon cœur est à toi, mon cœur est avec toi." Et il ajoute : "T'aimer, c'est vivre." Il se redresse et la regarde encore pendant un long moment. Puis il émet un soupir, et retourne dans son cadre. Questions 1. Où se passe cette histoire et qu'est-ce qui est nouveau ? Vrai ou faux ? 1. Dans cette histoire, Victor Hugo est une peinture.
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C'est à peine midi. Depuis qu'elle ne peut plus voyager, Marie trouve les journées terriblement longues. L'agence de voyage pour laquelle elle travaillait avant la pandémie de Covid-19 a fermé ses portes, temporairement ou définitivement, qui pourrait le dire ? Marie reçoit des allocations de chômage mais ça lui manque beaucoup de ne pas voyager. Elle se prépare un thé. Pendant que l'eau chauffe, elle va chercher le courrier. Dans la boîte aux lettres, il y a une enveloppe blanche. Elle l'ouvre. À l'intérieur, une lettre manuscrite, très courte. Elle est signée Marc Dupuy. Marie ne connaît pas ce nom. Elle lit la lettre lentement et pousse un cri de surprise. "Quoi ?" Elle prend son téléphone portable. Marie lit la lettre à Nadia, son ex-copine. Elles ne vivent plus ensemble depuis près de deux ans mais elles sont restées très proches. Cette lettre envoyée par un homme inconnu lui apprend que son père est mort. Elle n'a jamais connu son père mais elle ressent quand même un peu de tristesse. Elle ne pourra plus jamais le voir. Elle se demande qui est cet homme qui lui a écrit, et pourquoi ce n'est pas sa mère, Hélène, qui lui a annoncé la nouvelle. Mais ce n'est pas vraiment une surprise. Sa mère ne lui parle plus depuis qu'elle a fait son coming out. Et, de toute façon, elle n'a jamais été très gentille ou affectueuse avec elle. Peut-être parce qu'elle n'avait pas aimé Lucien, le père de Marie, qui était parti peu après sa naissance. Marie n'a jamais su où il était et ce qu'il faisait, sa mère avait complètement effacé de sa vie son premier mari. Mais ne pas lui dire qu'il était mort ! La jeune femme n'en revient pas. Nadia est arrivée. Ensemble elles relisent la lettre. Marie laisse éclater sa colère contre sa mère. Non seulement elle ne lui a pas dit que son père était mort, il y a presque un mois déjà, mais elle n'a même pas donné ses coordonnées au notaire ! En effet, dans sa lettre à Marie, Marc Dupuy explique qu'un notaire avait écrit à Hélène parce qu'il voulait joindre sa fille pour une information importante. Nadia cherche "Marc Dupuy" sur les réseaux sociaux. Elle surfe un peu et trouve des photos de lui avec Hélène. Le lendemain, Marie apprend du notaire qu'elle a hérité d'une belle et grande maison dans la région de Vérone, en Italie, et d'un vignoble. Son père était en Italie ?! Elle aurait tellement aimé aller le voir ! Marie se met à pleurer. Puis peu à peu le chagrin laisse place à l'espoir, et à l'anticipation. Marie la regarde en souriant : Questions 1. Qu'est-ce qui a changé dans la vie de Marie ? Vrai ou faux ? 1. Marie n'aime pas voyager. |
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Ce qui est super quand on est une très vieille dame, et encore mieux quand on n'a pas de famille proche, c'est qu'on peut se raconter des histoires. On peut recréer sa vie, laisser aller son imagination, effacer ses erreurs, ou les aggraver, comme on veut, enjoliver sa jeunesse ou y rajouter quelques drames. Tous les hommes qu'on a aimés sont morts. Ils ne viendront pas protester ou nier. On peut rendre fabuleux les moments les plus fous de l'amour, même ceux qui étaient ordinaires, revivre par la pensée une vie commune qui n'a pas existé. On peut même s'inventer d'autres amants et rendre la vie plus belle, ou plus tragique, selon l'humeur du jour. C'est ce que fait Francine, qui prend un grand plaisir à écrire des histoires dans sa tête, ce qui lui permet de se distraire et de passer le temps durant ses longues heures d'insomnie. Parfois elle arrive même à s'endormir, calmée par ses propres récits. Si on ressasse la "vraie" vie, c'est source de trop d'angoisse, et très mauvais pour la santé. Les douleurs dans les jambes et le dos deviennent obsédantes, comme les mauvais souvenirs. Francine a toujours préféré la fiction à la réalité, et pas seulement dans ses lectures. Son seul regret est de ne pas pouvoir partager avec quelqu'un les histoires qu'elle improvise. Un jour, elle apprend que des personnes âgées peuvent héberger chez elles gratuitement un étudiant ou une étudiante qui n'arrive pas à payer un loyer, en échanges de petits services : quelques courses, un peu de ménage ou d'aide administrative. On appelle cette formule "hébergement intergénérationnel". Elle est tentée d'essayer. Elle trouve un site internet et s'inscrit. Très vite, elle reçoit toute une liste de colocataires potentiels. Francine regarde les photos attachées à chaque CV. Ces jeunes sont tous très mignons et semblent pleins d'enthousiasme. Comment choisir... Un garçon ? Une fille ? Aucune importance, pourvu qu'il ou elle soit sympa. En lisant leurs réponses aux questions posées dans le formulaire d'inscription, elle tombe sur un commentaire qui la frappe. À la question : "Pourquoi souhaitez-vous cohabiter avec une personne âgée ?", Arnaud a répondu : "Parce qu'on a beaucoup à apprendre d'eux, j'aimerais écouter les histoires de leurs vies." Francine le contacte, et ils prennent rendez-vous. Arnaud, étudiant en lettres, vient avec un grand sourire, lui parle gentiment, lui demande ce qu'il peut faire pour l'aider. Elle suggère deux ou trois choses. Il est très poli, et ne semble pas accro à son smartphone. Deux jours plus tard, il s'installe dans la chambre qu'ils ont préparée ensemble, avec un bureau et des étagères remplies de livres. Spontanément, ils se tutoient, et dès le premier soir, après le dîner, elle lui raconte une histoire, vraie ou fausse. Arnaud prend des notes. Quelques jours plus tard, il lui dit : Francine exulte d'une joie qu'elle n'aurait jamais imaginé ressentir. Francine semble soudain très gênée, presque inquiète, ce qui intrigue Arnaud. Après un long silence elle répond : Questions 1. Qui est Francine et qu'est-ce qu'elle aime faire ? Vrai ou faux ? 1. Francine est très proche de sa famille. |
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Cela fait déjà plus de trente ans qu'Edouard est mort. Anna n'a pas connu son arrière-grand-père mais elle sait qu'il était artiste-peintre, elle a vu plusieurs de ses œuvres. Pour la première fois, elle se trouve dans la maison où il habitait, remplie de dessins et tableaux. Elle est venue avec son père, Marc, car il faut mettre la propriété en vente. Cela fait très longtemps qu'elle est inhabitée. Mais que faire de toutes ces œuvres d'art ? Ils vont commencer par choisir les plus belles et les apporter chez eux. Le style de peinture d'Edouard a beaucoup évolué depuis ses débuts. Anna, qui n'a que douze ans, se passionne pour cette recherche. Elle préfère les tableaux surréalistes, où les formes humaines, animales ou minérales sont très étranges. Une toile en particulier la fascine. Au premier plan, on voit un champ planté de pierres levées. Un torrent le sépare de larges rochers qui forment une sorte de falaise surplombant un océan de terre. Des monstres géants hantent l'océan. Dans le ciel flotte une pierre plate. Les seules touches de couleur vive dans le tableau sont deux petits cercles roses. Le titre du tableau est écrit sur le cadre : Le jardin d'un règne. C'est alors que, dans l'espace réduit entre le cadre et la toile, Anna découvre une feuille de papier jaunie écrite à la main. Ils la lisent ensemble : Je construirai pour toi une île de pierre. Elle sera plate, légère comme un nuage, flottera sur les vagues et s'envolera jusqu'au plus haut du ciel au gré des blizzards vers les lointains rivages où tu rêves d'aller. Tu aimeras t'y prélasseret écouter le bruissementdu vent. Elle sera ton refuge, ton amie. Elle ne sera visible que pour ceux qui savent regarder au-delà de l'horizon. Elle t'emmènera vers le jardin de mon royaume, celui de mes amies les pierres, qui ne s'ouvrira que pour toi. Anna se demande si c'est une lettre, le début d'une histoire, d'un roman... En lisant la dernière phrase, elle pense comprendre le titre du tableau : le jardin du règne minéral. À la fin de sa vie, les pierres étaient la principale source d'inspiration d'Edouard. Très ému, Marc garde le silence pendant un long moment. La gorge nouée, Anna enveloppe la lettre avec délicatesse dans du papier fin. Et elle retire, l'un après l'autre, les cadres de toutes les toiles, espérant secrètement voir d'autres trésors surgir à leur tour de leur cachette. Questions 1. Qui était Edouard ? Et où se situe cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Marc est le grand-père d'Anna. |
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J'étais à Rabat. Si tu m'avais vu dans le souk ! Je devais faire une drôle de tête, perdu dans la foule, le regard légèrement inquiet, maladroit, gêné devant les sollicitations des vendeurs qui voulaient me vendre je ne sais quoi. Certes, quand on va dans un grand marché, c'est pour acheter. Mais j'étais là pour chercher un homme dont la dernière photo que j'avais datait de vingt ans. Je lui ressemblais peut-être, mais comment savoir ? Ma mère n'avait jamais voulu me parler de lui. Je supposais qu'il était à Rabat, un de mes oncles m'avait dit qu'il était parti au Maroc. Beaucoup plus tard, j'ai appris que pendant que je le cherchais au Maroc il était au Mali où il allait mourir du paludisme. C'est alors que je l'ai vue. Elle me regardait avec un sourire malicieux. Je devais avoir l'air tellement paumé ! J'étais l'absolu contraire des hommes qui m'entouraient, virils, sûrs d'eux, supérieurs. Les anti-héros n'étaient pas encore à la mode. Moi j'étais, en quelque sorte, d'avant-garde. Incertain, méfiant, immature, féminin. Oui, j'avais ce côté un peu féminin, que j'ai toujours aujourd'hui. Je ne sais pas si elle était émue, ou amusée, mais elle m'a parlé, m'a demandé si je cherchais quelque chose ou quelqu'un, si elle pouvait m'aider. Tout ce que j'ai pu dire c'était : J'avoue que je n'étais pas très rassuré, pas habitué à l'atmosphère exubérante des souks, inconscient des règles et traditions du monde arabe. Je pensais qu'il était sacrilège de parler à une femme en territoire musulman et je m'imaginais pourchassé par son mari, son père, son frère, si je lui adressais la parole. Mais elle se comportait comme une femme libre, en toute innocence, les longs cheveux noirs à peine cachés par son voile, les ongles faits. Sa beauté m'a paralysé. Je suis reparti du marché les mains vides mais la tête regorgeant de sensations que je ne savais pas définir. J'avais seulement compris que j'étais en train de tomber amoureux. Et pourtant je pensais que je ne la reverrais jamais. C'était déjà le soir. J'étais sur la terrasse de mon hôtel en train de siroter une bière quand j'ai entendu un sifflement venant de la rue en-dessous de moi. C'était comme le cri d'un animal, un serpent peut-être, ou un insecte. Intrigué, je me suis penché sur la balustrade. Et je l'ai aperçue. Le bruit s'est arrêté, elle m'a regardé avec un grand sourire. J'ai été soufflé. Comment m'avait-elle retrouvé ? M'avait-elle cherché ? Suivi ? Pourquoi ?... Nous avons passé la soirée ensemble. Au petit matin, elle m'a pris par la main et m'a emmené loin, très loin. Je n'ai pas lâché sa main de peur de me perdre. Je n'ai jamais retrouvé mon père mais j'avais rencontré ta grand-mère. La femme la plus libre et la plus resplendissante que j'aie jamais connue ! Questions 1. Dans quel pays se situe cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Le narrateur cherche son oncle. |
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C'est un beau chat blanc, plutôt paresseux, sans grande ambition. Son seul vrai plaisir est de dormir. Le jour, la nuit. Tout le temps. Du moins c'est l'impression qu'il donne. Il n'est pas comme ces autres chats qui défient la nuit pour chasser les souris ou hanter les toits et les sombres ruelles. Il préfère rester à la maison. Ses plus grandes expéditions sont d'aller du lit au canapé, de sa corbeille au coussin d'un fauteuil, avec parfois un petit détour dans la cuisine pour voir s'il y a quelque chose d'intéressant à manger. Mais ce n'est pas un gastronome, ni un glouton. Il mange de toutes petites quantités à la fois, et vide rarement sa gamelle. Il passe ensuite de longs moments à faire sa toilette, comme si ce qu'il avait mangé l'avait sali. On peut presque dire qu'il éprouve un certain dédain pour la nourriture. Les autres habitants de la maison où il vit sont souvent absents. Au début ils étaient deux. Ils ne s'occupaient pas beaucoup de lui, le caressaient de temps en temps, lui donnaient à manger, et le laissaient faire ce qu'il voulait. Puis, un jour, il n'y en a eu plus qu'un. Il le prenait sur ses genoux le soir pendant qu'il lisait. L'humain s'amusait aussi avec un écran blanc, mais le chat n'aimait pas ça alors il partait se coucher ailleurs. Jamais le chat ne s'est regardé dans un miroir. Il ignore donc que son pelage blanc est tacheté de gros points noirs tout ronds, comme si un artiste les avait dessinés sur lui. Un jour, un nouvel humain entre dans la maison. Il s'exclame : L'habitant de la maison éclate de rire. Le chat se demande pourquoi on le compare à un chien. Il a vu très peu de représentants de cette autre espèce d'animaux mais il ne cherche vraiment pas ce genre de rencontre. Le nouvel humain de la maison prend le chat dans les bras, lui parle doucement, le gratte derrière les oreilles, lui dit qu'il a une fourrure très douce, et qu'il est très beau. Voyant son regard perplexe, il le porte jusqu'au miroir mural situé à côté de la bibliothèque. Le chat ne comprend pas. Il ne sait pas ce que c'est qu'un Dalmatien, mais il lui semble qu'il doit en tirer une certaine fierté. Il se sent même assez flatté. C'est donc sans hésitation, quand l'humain s'assoit sur le canapé pour bavarder avec l'hôte de la maison en fin de journée, que le chat s'installe sur ses genoux. Des genoux comme il les aime, larges, accueillants. Il tourne un peu pour se coucher en boule de manière très confortable, et s'endort. Questions 1. Qui est le personnage principal de cette histoire ? Vrai ou faux ? 1. Le chat ne pense qu'à manger. |
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Théo n'a jamais aimé le lycée. Il n'a plus que deux ans à faire avant le bac, mais il ne sait pas s'il aura le courage de tenir jusque-là. Dans la classe où il trouve le temps le plus long, celle qui est située au 5ème étage du lycée, il s'assoit toujours près de la fenêtre pour admirer le ciel, et ce qui se trouve au-delà. Ce monde extérieur qu'il ne connaît pas. La professeure, Madame Laffont, a bien compris qu'il n'aime pas les maths, ce qu'elle peut admettre, mais elle lui reproche de ne pas faire d'efforts, de ne même pas l'écouter. Ce jour-là de très jolis nuages bas, assez petits, se promènent dehors. Théo les regarde, il leur sourit. Il lui semble qu'ils lui rendent son sourire. L'un d'entre eux lui fait signe. Théo hésite. Il regarde Mme Laffont qui tourne le dos à la classe, en train d'écrire des choses incompréhensibles au tableau. Le plus discrètement possible, il enjambe la fenêtre et se retrouve sur le dos du nuage. Les autres l'entourent, le saluent. Il s'allonge. Qu'est-ce qu'il est bien ! Il ferme les yeux et se laisse porter. Il s'endort presque quand il entend quelqu'un l'appeler d'une voix forte. Il dit un au revoir rapide au nuage et retourne à sa place. Il regarde la prof. Il s'excuse d'une voix basse, et fait semblant de s'intéresser à la leçon. Un peu plus tard il est de nouveau distrait par le nuage qui s'est encore approché et qui lui dit : Théo est très tenté. Il réfléchit. Qu'est-ce qu'il a à perdre ? Depuis que son père est parti à l'autre bout du monde et que sa mère a perdu les pédales et ne s'occupe quasiment plus de lui, rien ne l'incite à rester chez lui. Il rêve de voyages, et se réfugie dans les livres. Il aime ce poème de Baudelaire, L'Étranger :"J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !" Il saute par la fenêtre. Trop tard. On n'a jamais retrouvé son corps. Questions 1. Qui est Théo et où se trouve-t-il ? Vrai ou faux ? 1. Théo adore les maths. |
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L'article défini LE est déprimé. Sa copine LA pense qu'il a juste un petit coup de blues. C'est stressant la vie d'un article défini. Il faut être sûr de ce que l'on dit et être rattaché à un complément d'objet direct précis. Par exemple, si une personne dit "J'ai pris la valise", c'est trop vague, c'est mieux de préciser : "J'ai pris la valise noire", ou "J'ai pris la valise de ton père". Les articles indéfinis ont la vie plus facile. Il suffit de dire "J'ai pris une valise". Ils ne sont attachés à rien. Mais ce qui préoccupe LE est plus grave : Très discrètement, LE emprunte le smartphone de Thierry, l'habitant de leur maison. Les articles lisent ensemble le dernier échange de textos entre Thierry et son amie Marianne : -Dîner à 20h – Tu as raison ! Je n'avais pas remarqué ça, s'exclame LA. Le pronom anglais WE donne quelques exemples dans sa langue. Tout le monde regarde WE avec sympathie. Il est longuement applaudi par tous. En fin de journée, Thierry est stupéfait quand il regarde son smartphone pour vérifier les détails du dîner du soir. Son échange de sms avec Marianne a été totalement transformé : -Le dîner sera servi à 20 h. Tout aussi surprenant est le texto de confirmation qu'il reçoit juste après de son amie : -Je me réjouis de vous accueillir ce soir et suis touchée que vous ayez accepté mon invitation. Questions 1. Qui sont les personnages (characters) de cette histoire ? 1. LA est la copine de LE.
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Sam était le meilleur ami de mon enfance. Mon confident, celui qui me comprenait, savait me réconforter quand j'avais un doute ou quand j'avais peur. Je n'étais pas très peureuse, mais je crois que tous les enfants éprouvent parfois des angoisses existentielles. "L'univers est-il vraiment infini ? Qu'est-ce que c'est que la mort ? Qu'est-ce qu'il y a après ?"... J'avais la grande chance d'avoir Sam. Sa seule présence me rassurait. C'était un chien bâtard, un mélange de golden retriever et d'épagneul breton, que mon père avait découvert chez une famille très pauvre qui ne pouvait pas le nourrir. Sam exprimait un immense amour pour moi, que je partageais. Nous étions devenus inséparables. La nuit il me rejoignait dans mon lit. Je lui racontais des histoires que j'avais lues dans mes livres, ou que j'inventais. Je crois qu'il me parlait aussi. Je m'endormais en l'écoutant. Mais un jour, notre vie tranquille s'est trouvée bousculée. Ce jour-là, mon père est arrivé avec un nouvel habitant. Mon père l'avait trouvé en se promenant dans la forêt. Il avait été blessé par un chasseur et était handicapé. Il était très intimidé en entrant chez nous et nous regardait d'un air inquiet. Ma mère l'a tout de suite aimé, comme elle a toujours aimé les marginaux, les êtres hors du commun qui luttent pour survivre. Mais Sam et moi avons d'abord prudemment pris nos distances. Puis, peu à peu, comme toujours quand on rencontre un nouvel ami, nous nous sommes rapprochés les uns des autres. Après quelques semaines, nous avions totalement adopté ce nouvel habitant comme un membre à part entière de notre famille. Nous lui avions installé un espace privé pour qu'il ait un peu d'intimité, mais il avait aussi besoin de vivre sa vie. Il était très ami avec Sam. Ils passaient de longs moments ensemble, enlacés sur le fauteuil que le chien s'était approprié. Et à l'heure des repas il nous rejoignait à table et partageait avec plaisir ce que nous voulions bien lui réserver. Il avait une tendresse particulière pour moi, et pas seulement parce que je lui coupais en tout petits morceaux ses aliments préférés : viande, fromage... Une fois rassasié, il appuyait sa tête sur mon épaule, fermait les yeux, en toute confiance. Pisani, le nom que mon père lui avait donné en souvenir d'un ministre français qui avait une barbe noire taillée en pointe, et lui ressemblait donc un peu, est parti un jour, quand il était guéri. Il était retourné dans son élément, la campagne, auprès des siens. Moi aussi j'ai quitté mon nid quand il a fallu admettre que j'avais atteint l'âge adulte. Mais, ainsi que mon chien Sam, mon corbeau restera toujours dans mon souvenir comme mon ami le plus précieux et le plus fidèle. Ils sont les deux seuls à avoir su me comprendre, ceux qui m'ont exprimé le plus de tendresse, et m'ont donné le courage de m'envoler à mon tour, très loin de l'univers de mon enfance. Questions 1. Au début de l'histoire, qui est la narratrice ? Vrai ou faux ? 1. La narratrice adorait son chat. |
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Certaines personnes ont toujours de la chance. C'est mon cas. Dès ma plus tendre jeunesse, la chance m'a souri. Chaque fois que j'ai risqué de tomber ou de me faire mal, quelqu'un, ou quelque chose, est venu me protéger à temps. Je n'ai jamais eu de sérieuse maladie ni d'accident. J'adorais l'école et me faisais facilement des amis. Je crois n'avoir jamais subi de harcèlement de la part des autres élèves. Quand j'ai terminé le lycée, j'ai fait le tour du monde pendant un an avec mon meilleur ami et j'en suis revenu sans avoir eu le moindre incident grave, et pourtant j'ai pris de nombreux risques. Ensuite j'ai fait des études secondaires et supérieures dans le domaine qui me plaît le plus : l'apprentissage d'autres langues. J'ai réussi mes examens sans difficulté, et j'ai immédiatement trouvé le travail de mes rêves, dans une bibliothèque spécialisée dans les langues étrangères, où j'ai obtenu le poste le plus passionnant: je suis chargé de dénicher des livres inconnus d'autres pays du monde pour compléter les collections de la bibliothèque. J'ai eu aussi la chance de tomber sur la femme idéale, qui a dit "oui" sans réfléchir quand je lui ai fait ma demande en mariage, à genoux, dans un bistrot de Montmartre. Marie a souri quand je lui ai offert la bague que j'avais amoureusement choisie pour elle, et elle m'a laissé l'embrasser, ce qui a fait sourire les gens autour de nous. Je n'ai jamais raté un tram, un avion, un train, je ne me suis pas fait piquer une seule fois par une guêpe ou un scorpion, je ne me coupe pas, même avec des couteaux très aiguisés. Pourtant c'est toujours moi qui découpe la viande chez nous. Si je voulais jouer au loto, je suis sûr que j'aurais la même chance. Mais je ne veux pas essayer. Devenir millionnaire, car je suis sûr que je gagnerais le gros lot, serait trop compliqué, me gâcherait la vie, changerait trop mes habitudes, et j'aurais très vite plus d'ennemis que d'amis. Je me méfie de l'argent et je ne veux pas laisser le hasard prendre le contrôle de la vie et décider pour moi. C'était avant. Avant la tempête qui a balayé le pays, et la foudre qui est tombée avec tant de force qu'elle a enflammé le grand arbre de notre jardin. J'ai alors ressenti quelque chose que j'avais toujours ignoré : la peur. Marie était dehors, elle était sortie car elle voulait protéger quelques fleurs de la pluie. Je l'ai entendue crier. Je me suis précipité dehors en hurlant son nom, comme un fou. J'ai cru qu'elle avait été foudroyée. Dès ce moment, ma chance m'a quitté. Tout à coup, c'est comme si tout le monde, mes collègues, amis et parents, et si toutes les choses autour de moi, meubles, objets de la maison, s'étaient mis d'accord pour entraver tous mes gestes et bloquer mes initiatives. Je suis devenu un loser. Je dois tout le temps bien réfléchir avant de faire quelque chose pour ne pas me tromper. Mais je m'en fiche. J'ai retrouvé Marie dans le jardin après l'orage. C'est ça ma chance, qu'elle soit vivante. Le reste n'a pas d'importance. Questions 1. Qu'est-ce qui caractérise le narrateur ? Vrai ou faux ? 1. Le narrateur a fait des études supérieures. |
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Cela fait plusieurs minutes qu'elle est suivie. Elle ne veut pas paniquer mais accélère néanmoins le pas. Il fait de même, elle l'entend marcher derrière elle, il est de plus en plus près. Elle voudrait courir mais se dit qu'elle n'aurait aucune chance. Rien n'arrête un homme qui veut faire du mal. Elle est arrivée près de l'arrêt de tram qu'elle prend pour rentrer chez elle. Il n'y a personne sur le quai. Le tram approche, elle voit qu'il est vide. Quand les portes s'ouvrent, elle hésite. Puis elle entend le souffle de l'homme dans son dos et s'écarte. Prise d'une inspiration soudaine, elle fait demi-tour, court à toute vitesse vers le bistrot le plus proche. Il y a de la lumière, des gens, elle pense qu'elle y sera en sécurité. Une fois à l'intérieur, elle pousse un soupir de soulagement. Mais la porte s'ouvre derrière elle. Sans tourner les yeux vers lui, elle sait qu'il est entré et qu'il s'est installé au bar. Elle observe la salle comme si elle espérait reconnaître quelqu'un. Il y a peu de consommateurs à cette heure tardive, elle ne connaît personne. C'est alors qu'elle aperçoit une dame âgée, élégante, assise seule à une table, qui lui sourit gentiment et lui fait signe de la rejoindre. Elle s'approche lentement d'elle. Elle ne se rend pas compte qu'elle a les mains qui tremblent. Elle s'assoit, un peu intimidée par cette dame qui la regarde avec bienveillance. Il n'est pas très habituel à Paris que des inconnus vous invitent spontanément à leur table. Léonie passe la commande au serveur. Juliette est toujours tendue mais elle se sent un peu moins angoissée. Quand les deux femmes quittent le bistrot ensemble, en se tenant par le bras, elles savent qu'elles ne seront pas suivies. Deux jours plus tard, Juliette est retournée chez elle, mais seulement pour chercher quelques vêtements et objets personnels. Elle finira ses études chez Léonie, qui sera heureuse de combler ainsi sa solitude et de se sentir utile. Juliette n'aura plus jamais peur en rentrant le soir, et se sera fait une inestimable amie. Questions 1. Quelle est la scène décrite au début de l'histoire ? Vrai ou faux ? 1. Un ami de Juliette l'accompagne. |
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Nadine avait appris depuis qu'elle était très jeune qu'il fallai mentir pour se faire accepter par la société. Quand elle était enfant, élevée dans la religion catholique, elle devait régulièrement se confesser au curé du village. La première chose qu'elle devait dire était "Bénissez-moi mon père parce que j'ai péché." Mais elle ne savait pas quoi avouer. Nadine était une petite fille très sage. Si elle disait "Je n'ai pas péché", le prêtre n'était pas content. Alors elle mentait et disait des choses comme : "J'ai empruntédes jouets de mon amie Lucie sans sa permission" (faux : c'était toujours sa copine qui lui piquait ses jouets). Ou : "J'ai copié sur une copinependant un examen" (encore un mensonge, elle était la meilleure élève, c'était plutôt les autres qui copiaient sur elle)... Aujourd'hui, Nadine a 26 ans. Elle a quitté la province et habite à Paris où elle a terminé ses études de littérature, et elle passe son temps à écrire, car son objectif est de devenir romancière. Pour ne pas blessersa mère, elle ne lui a pas dit qu'elle ne pratiquait plus sa religion. Encore une fois, elle s'est sentie obligée de mentir. Elle ne parlait donc que de son travail, de ses projets de roman. Quand son père est mort brutalement d'un accident de voiture, elle a décidé d'écrire un livre dont il serait le personnage principal. Elle en a parlé à sa mère qui a trouvé cette idée très touchante. Son copain, qui est un écrivain déjà célèbre, la met en contact avec son éditeur. Elle est folle de joie quand celui-ci, après avoir lu son manuscrit, lui téléphone pour lui dire qu'il veut la rencontrer. Il commence par la féliciter pour son beau style et aussi pour le sujet qu'elle a choisi de traiter : la relation entre une fille et son père. L'éditeur lui explique que le thème de la famille, et en particulier sur la relation avec le père, est parfait, c'est la tendance de l'année. Mais il ajoute : L'éditeur lui répond sous forme de questions : Nadine est stupéfaite. Elle pense "Qu'il soit mort ne vous suffit pas ?" mais elle n'ose pas le dire. Nadine rentre chez elle après avoir promis de lui renvoyer une version corrigée, dans laquelle le père sera un homme très différent. Mais le transformer en criminel lui paraît trop atroce. Elle a une autre idée : elle imagine qu'il ne serait pas le vrai père de la petite fille, qu'elle serait née de la relation adultère de sa mère avec un aviateur rencontré en voyage. Le livre est à peine publié qu'il est déjà un grand succès. Nadine, qui en a envoyé un exemplaire à sa mère, décide d'aller la voir pour célébrer avec elle. Mais elle est très surprise à l'arrivée de voir que sa mère l'accueille sans enthousiasme, et surtout qu'elle semble vraiment gênée. |
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En marchant dans le 9ème arrondissement, je tombe par hasard sur un bistrot, que je reconnais immédiatement. Cela fait longtemps pourtant que je n'étais pas venue dans cette rue, trente ans peut-être ? Je ne résiste pas à la tentation d'entrer dans ce lieu où j'ai tant de souvenirs. Rien ne semble avoir changé. La seule différence est qu'il n'y a pas d'odeur de cigarettes. Je ne fumais pas à cette époque mais j'aimais bien l'odeur du tabac, que je ne peux plus supporter. Je m'assois à la même table qu'autrefois, près de la fenêtre d'où je pouvais regarder les passants, mais assez proche du bar pour entendre les conversations. Les habitués, toujours à la même place devant le zinc, commentaient l'actualité. Tout y passait : la politique, la météo, la vie des célébrités, les faits divers, le cinéma, les prédictions de chacun sur l'avenir. Ils refaisaient le monde, comme toujours dans les bistrots parisiens. Moi je venais là pour écrire. Je posais mon Rhodia sur la table, commandais un café le matin, un chocolat chaud l'après-midi, un petit verre de blanc si je venais plus tard, et je commençais un article pour mon journal, ou un début de roman que je ne publierais jamais. Entendre les gens parler m'inspirait. Je me souviens du flux et reflux des consommateurs selon les heures, les femmes qui s'arrêtaient un moment après avoir fait le marché, les étudiants après les cours, les commerçants pendant la pause déjeuner, ou d'autres journalistes qui, comme moi, venaient écrire. Un jour, alors que je plaisantais avec des hommes au bar, l'un d'entre eux, au visage doux et souriant, s'est approché de moi. Sans attendre ma réponse, il s'est assis en face de moi. C'était la fin de l'après-midi. Voyant mon verre vide, il a commandé deux kirs. Et c'est ainsi qu'Alain est entré dans ma vie. Quelques semaines plus tard, nous nous retrouvions régulièrement dans un tout petit studio au dernier étage d'un vieil immeuble, qu'une de ses amies nous prêtait pour quelques heures. Alain arrivait avec une bouteille de champagne, du pain et, parfois, un merveilleux. J'apportais de bonnes petites choses à manger trouvées chez le traiteur. Aujourd'hui je ne reconnais personne, évidemment. Par habitude, j'ai posé mon carnet de notes devant moi, mais je n'ai pas écrit une ligne. Je regarde les gens entrer, de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les bureaux ferment. Quand soudain j'entends la voix d'un homme derrière moi : Sans attendre ma réponse, un homme au visage doux et souriant s'assoit en face de moi et commande deux kirs. Non, ce n'est pas Alain. Nous ne ferons rien de plus que de bavarder le temps d'une soirée. Mais quand nous nous séparerons, nous aurons refait le monde. |
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Il s'est envolé, il est parti sans moi. J'ai essayé de le retenir, de le garder au moins encore un peu, de m'accrocher à lui. Sans succès, il m'a abandonnée. Il est parti sans se retourner et certainement sans éprouver le moindre remords. J'ai jeté mes bras vers lui mais il ne l'a même pas remarqué, il était déjà loin. Il m'a laissée sur le carreau, m'a fait replonger dans la monotone réalité de la routine et de la banalité. Je l'aimais bien pourtant, lui. Il m'avait apporté un espoir que j'avais perdu, m'avait fait revivre mes plus belles années en me rappelant que j'avais été aventurière, enthousiaste, entourée, aimée. Il m'avait fait rire, m'avait donné la sensation que j'étais écoutée, que ce que je disais ou faisais avait de l'importance. Il avait ouvert une fenêtre sur mon passé. Le voir partir c'était comme perdre son meilleur ami, celui qui vous connaît le mieux, qui vous comprend, qui pardonne toutes vos défaillances, qui vous donne sans rien exiger en échange. Après son départ, ma joie est retombée, j'ai l'impression d'être redevenue l'ombre de ce que j'avais été. Il n'était pas, vraiment pas, comme les autres. Ceux qui vous ennuient, vous fatiguent, vous agacent, ou vous font mal. L'avant-dernier justement, qui s'était invité sans en être prié (comme ils le font toujours, d'ailleurs), était une horreur. Celui-là, c'est moi qui l'ai chassé, assez brutalement je dois l'admettre, mais je devais l'effacer au plus vite de mes souvenirs. Malgré tout, il m'a longtemps hanté. Celui d'avant était un peu mieux, mais il est parti si vite lui aussi, comme tous ceux qui ont su me donner du plaisir. En vérité, la plupart du temps, je les oublie très vite. C'est pour tout pareil. C'est un vrai cauchemar à mon âge : j'oublie plus vite que je ne me souviens, et ça m'inquiète, ça m'obsède même, moi qui avais une si bonne mémoire quand j'étais jeune ! Je me demande souvent comment, par exemple, je peux oublier des gens dont j'étais si proche, des noms que je prononçais tous les jours, des romans dans lesquels j'étais immergée jusqu'au fond de moi-même, des objets qui faisaient partie de ma vie quotidienne... Il paraît que c'est normal quand on vieillit, mais je trouve que c'est plus difficile encore à accepter que la régression de ses capacités physiques. Maintenant, je me retrouve les bras ballants. J'ai le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire qui a fondu comme neige au soleil. Je sais que durant toute la journée je vais essayer de surmonter ce vide en retournant à mes activités quotidiennes, m'occuper du jardin, cuisiner, lire. Mais, aujourd'hui plus que d'habitude, je me sens si seule... Quand viendra le soir, je ne pourrai m'empêcher de laisser vagabonder mon imagination. Et si mon beau rêve allait revenir ? |
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J'ai quatre ans, ma vie de reporter est encore loin devant moi, et mon courage est limité aux moments où je suis dans les bras de mes parents ou à l'intérieur de l'appartement de ma grand-mère, à Tarascon, en Provence, où nous sommes venus passer quelques mois avant qu'elle ne nous quitte. Ma mère m'annonce qu'il y a une fête en ville. Je saute de joie. J'adore les manèges. Je me vois déjà sur le cheval de bois d'un carrousel, mon nez enfoncé dans une barbe à papa. Mais cette fête-là n'est pas du tout comme les autres. La foule est amassée autour de quelque chose que je n'aperçois pas immédiatement. Soudain, quelqu'un s'écarte. Je pousse un hurlement et disparais sous les jupes de ma mère. Elle me prend dans ses bras. J'enfouis mon visage dans son cou. Je ne veux plus voir le monstre. Car c'est bien un monstre horrible, géant, à la bouche presque aussi grande que le corps couvert d'immenses épines, qui se trouve au milieu de la rue. Quel est donc cet animal fantastique à visage presque humain, crinière noire, carapace de tortue, dents de lézard, ventre de poisson et queue de reptile, qui jette par les naseaux de longues traînées d'étincelles en marchant ? Comme si cela pouvait me rassurer. Une sorte de procession commence, précédée par des musiciens. Ces gens en costume d'une époque que je n'ai pas connue dansent autour du monstre en avançant vers la place principale de la ville. Je supplie ma mère de me ramener à la maison. Mais non, elle suit la procession. On dirait que ça l'amuse. Je reste collée dans ses bras et refuse d'en sortir. Elle portera mon poids jusqu'à notre retour. De nombreuses années plus tard, lors d'un voyage à Tarascon, je retrouve la Tarasque. J'apprends que ce monstre légendaire aurait été le fruit de l’imagination du "bon Roi René", comme on a appelé René 1er d'Anjou (1409-1480), qui l'aurait fait défiler pour la première fois pour la Pentecôte en 1474. L'intention du roi n'était pas de terroriser les enfants, ce qui aurait été efficace, mais d'amuser son peuple, de rapprocher les habitants de la ville, toutes classes confondues, dans de nouveaux divertissements, d’atténuer ainsi les différences sociales en confortant la devise locale : Concordia Felix (l’entente heureuse). Aujourd'hui encore, le peuple se rassemble chaque année à la même époque pour faire la fête autour de la Tarasque, que je trouve bien plus petite et insignifiante que le souvenir que j'en avais gardé. Et je constate ce que je n'avais pas remarqué en étant enfant : le moment fort de la fête est en réalité le festin de produits locaux et de plats cuisinés étalés sur des stands, qui unissent la population bien davantage qu'un monstre de pacotille. |
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Il est entre deux et trois heures du matin, Bertrand ne regarde pas sa montre pour ne pas réveiller Linette. Il étouffe en cette nuit d’été caniculaire. Il se lève sans faire de bruit, enfile un short et ses espadrilles, et se glisse sur la terrasse. "Enfin, un peu de fraîcheur !" Une fine couche de nuages cache la lune, mais l’orage tant espéré n’est pas pour demain. C’est alors qu’il aperçoit quelque chose dont, dans l’obscurité, il ne peut deviner la forme, mais qui dégage une éclatante lumière blanche se réfléchissant sur les nuages. Silencieuse, elle semble tourner en rond sur elle-même. La lumière qui apparaît sous l’écran de nuages se déplace doucement de gauche à droite. Il lui semble apercevoir un engin géant, de forme circulaire. Il se met à hurler. Furieuse d’avoir été brutalement réveillée, sa femme refuse de se lever. C’est vrai, Bertrand avait chargé un peu sur le pastis. Pour être sûr qu’il ne rêve pas, il appelle son voisin Richard, qui habite l’autre partie de leur maison mitoyenne. Il revient, dépité. Entre temps, les nuages se sont épaissis, il devient de plus en plus difficile d’apercevoir la lumière blanche. Peu après, elle disparaît complètement dans l’obscurité. Il ne reste qu’à aller se recoucher. Les hommes se retrouvent là où se déroulent toutes les discussions cruciales, le bistrot du village, pour en parler. Mais les femmes les ignorent. Et la serveuse, Maryse, s’énerve : Vexés de ces moqueries, incapables de se mettre d’accord sur la manière de mener l’enquête, les hommes repartent vaquer à leurs activités. Enfin les femmes ont le champ libre. Un peu avant midi, elles se retrouvent, toutes joyeuses et pimpantes, à la sortie de l’école, et, se rapprochant les unes des autres, elles se mettent à chuchoter : |
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Mes amis américains sont toujours surpris, presque choqués, quand je leur dis que les Français disent souvent "mon chou" ou "mon petit chou" à une personne qu'ils aiment. Une femme qui voit son mari partir faire des courses en profite pour lui dire : "Tu serais un chou si tu pouvais prendre du pain en rentrant." Et quand on parle d'un enfant on dit souvent : "Regarde comme il est chou (ou choupinet)", ou : "Il est adorable ton bout de chou !" Occasionnellement, "chou" est un synonyme de "sympa" ou "mignon". On entend souvent dire : " Qu'est-ce qu'il est chou ce mec !" ou "Tu as vu le cadeau que mes élèves m'ont offert ? C'est trop chou !" Et il y a toute la déclinaison des choux à la crème et autres pâtisseries délicieuses, qui n'ont rien à voir avec le légume. Mais il est très rare que l'on dise de quelqu'un qu'il a une tête de chou. Sauf quand on utilise l'expression idiomatique "ne rien avoir dans le chou", qui signifie : "ne rien avoir dans la tête", donc être peu intelligent. C'est pourquoi, quand Mia s'installe devant son miroir pour refaire sa coiffure, elle sursaute de surprise. "Mais qu'est-ce qu'ils ont mes cheveux ? Ça me fait une tête de chou !" Après avoir tenté de les coiffer, elle part sous la douche. Mais une fois les cheveux secs, ils ont repris la même forme... Heureusement Mia vit seule, sinon elle aurait vraiment été dans les choux. Que faire ? Paniquée, elle s'installe devant son ordinateur et cherche "tête de chou". La première page qui s'ouvre sur internet montre Serge Gainsbourg, ce chanteur adoré de ses parents. Elle trouve des caricatures représentant la tête de Gainsbourg remplacée par un gros chou vert frisé. Mia se regarde de nouveau dans la glace. Au moins son visage est toujours là, et son chou à elle est blanc, plus discret. Mais elle se souvient que l'expression "faire chou blanc" signifie subir un échec. Il est très tard, elle est fatiguée, elle a le sentiment qu'elle commence à divaguer. Et elle a la tête lourde, lourde... Elle fait réchauffer un reste de spaghettis, se sert un grand verre de vin rouge. Deux plus précisément, et va se coucher. Elle reprend la lecture de son roman I'll Give You the Sun (elle a la chance d'être bilingue), et tombe sur un passage dans lequel Noah, le personnage principal, dit "My head's been replaced by a cabbage". Plus loin il parle encore de sa "cabbaged head". Enfin détendue, Mia s'endort. Quand elle se réveille le matin, elle se sent plus légère. Elle se lève, va dans la salle de bains. Le miroir lui révèle que sa coiffure est toujours en forme de chou mais elle la trouve assez élégante, finalement. Plus tard elle se met sur son ordinateur et décide qu'il est temps de se chercher un compagnon. Elle s'inscrit sur un site web de rencontres et écrit : "Femme à tête de chou cherche homme à tête de chou, gentil, intelligent, original...". En fin de journée elle a déjà plusieurs réponses. Elle comprend qu'elle trouvera sans peine l'homme de sa vie, qu'elle appellera probablement "mon petit chou". |
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C'était il y a très longtemps... J'allais commencer un travail à New York en septembre. Juste avant, pendant l'été, j'ai eu envie de visiter le Québec, cette région du Canada où on s'exprime en français, qui m'intriguait. Avec ma fille Céline, qui est alors toute petite, nous y allons en voiture. Au passage de la frontière, pendant qu'il tamponne nos passeports, un douanier dit à Céline : Quel accent, et quelle drôle de façon de parler, en avalant les mots ! Céline, contente qu'on s'adresse à elle, lui fait son plus beau sourire. Nous avons faim quand nous arrivons à Montréal. Nous entrons dans le premier restaurant dont le choix des plats nous paraît intéressant. Une serveuse joviale s'approche de nous et nous apporte le menu : Breuvage ? Est-ce qu'elle veut nous proposer un whisky ou une bière ? Devant notre hésitation, elle demande à Céline : Je comprends. J'apprendrai les jours suivants que "breuvage" veut dire "boisson non alcoolisée" pour les Québécois, et qu'ils disent tout simplement "boisson" pour du vin ou n'importe quel alcool. Céline commande un jus d'orange. Elle me tutoie ! Je trouve ça très sympa, ce tutoiement me met tout de suite à l'aise. Nous constaterons des années plus tard que cette façon chaleureuse de communiquer n'aura pas changé. Je commande moi aussi un jus de fruits et consulte le menu. Je ne suis pas trop tentée par la poutine et ne la propose même pas à Céline. Céline et moi avons parlé en même temps, ce qui fait rire la serveuse. Je viens d'apprendre que le déjeuner en France est le dîner au Québec, et qu'un "spécial" est un plat du jour ─ un anglicisme comme tant d'autres. Au moment de payer, la serveuse me demande si je veux la facture. Encore un mot qui m'étonne. Le repas est délicieux. Quand nous remercions Sonia, elle répond : Une bien plus élégante façon de dire "de rien" ou "je vous en prie" ! Nous passons l'après-midi à découvrir Montréal. C'est assez déconcertant, beaucoup de rues ont des noms de saints, et parfois plusieurs ont le même. Céline, penchée sur la carte, compte 13 rues Saint-Louis, 7 Saint-Jean-Baptiste, 9 Sainte-Marie... Mais elle est déçue de ne pas trouver de rue Sainte-Céline. Sur les plaques d'immatriculation des voitures, il est écrit : "Je me souviens". Longtemps après, j'ai demandé à un Québécois le sens de cette devise. Il m'a dit qu'il ne s'en souvenait pas... J'ai répondu que ce n'était pas grave, car je l'aurais vite oublié moi aussi ! Mais je me suis toujours souvenue de ces premiers pas au Québec, de la gentillesse de ses habitants et de la beauté des paysages de cette captivante province francophone. |
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Emma n'avait même pas 18 ans quand son père l'a chassée de chez lui. Les filles sont des bouches à nourrir inutiles. Il n'a gardé que ses deux fils et sa fille aînée. Où aller quand on se retrouve dans la rue, avec une toute petite valise et si peu d'argent de poche ? Un peu honteuse d'avoir été bannie, elle a voulu partir loin, quelque part où personne ne la connaissait. Elle a pris le train et est arrivée dans une petite ville de Provence aux parfums de lavande et de thym. Une copine lui avait donné l'adresse d'une logeuse, qui a accepté de l'héberger provisoirement. Mais elle n'avait même pas assez d'argent pour y rester plus d'une semaine, elle devait trouver du travail. La logeuse lui a dit qu'une bourgeoise, épouse d'un médecin réputé et très apprécié, cherchait une nouvelle bonne à tout faire. Timidement, Emma est allée sonner à la porte. L'employée de maison qui lui a ouvert a hésité à la faire entrer, mais la patronne, qui était juste derrière elle, a demandé : Convaincue par son sourire gentil et sa modestie, elle l'a engagée à l'essai. Elle avait déjà compris qu'Emma était méthodique et organisée, habituée à faire le ménage chez ses parents. Mais Emma aimait surtout s'occuper du linge : laver minutieusement et repasser les draps, taies d'oreiller, nappes, serviettes, torchons... et les raccommoder. Elle aimait aussi broder, et créait des napperons fleuris qu'elle plaçait sous les vases et objets. Après quelques mois, la patronne a décidé de promouvoir Emma en la nommant lingère, et elle a engagé une autre personne pour faire le ménage. Ce furent les années les plus heureuses de sa vie. De tempérament joyeux et agréable, elle s'était liée d'amitié avec les autres membres du personnel de la maison : la cuisinière, le jardinier, la nouvelle bonne, même le précepteur des enfants. Et elle considérait comme un grand honneur de travailler au service du docteur ! Emma était une très jolie fille. Un soir en allant au bal avec une amie, elle a rencontré un homme élégant, charmeur et au regard très doux, qui l'a entraînée dans Le plus beau tango du monde. Six mois après, elle était mariée. Elle a continué son travail de lingère pour aider son mari tandis qu'il terminait ses études d'ingénieur. Elle a arrêté, à regret, quand il a fallu quitter la région pour aller vivre plus au nord, dans une grande ville qui offrait de meilleures opportunités de travail à son mari. Durant toute sa vie, elle a toujours pris plaisir à s'occuper du linge chez elle, avec le plus grand soin. On peut même dire qu'elle éprouvait du respect pour les belles étoffes de lin et de coton qui remplissaient ses armoires. Si ses enfants se levaient tôt le matin, ils la trouvaient dans la cuisine en train de repasser, broder, tricoter ou crocheter. À la fin de sa vie, quand elle avait tout oublié, même qu'elle avait été mariée et que j'étais sa deuxième fille, elle se souvenait encore d'avoir été "la lingère du docteur" et en éprouvait une immense fierté. |
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Je suis en vacances avec Josie, ma sœur aînée, à Nice. Nous sommes parties seules toutes les deux, sans nos maris, comme nous le faisons une fois par an. Josie apprécie beaucoup ces moments de relaxation et de liberté. Ne pas avoir de repas à préparer, pas de courses, de lessive ou de ménage à faire, c'est le rêve ! Mais en même temps, je ne sais pas pourquoi, elle est toujours un peu anxieuse. Dans sa maison, c'est toujours elle qui organise toutes les choses de la vie courante. Est-ce que Paul, son mari, pourra faire la cuisine pendant plusieurs jours ? Et si leur fils avait un problème, est-ce qu'il saura le résoudre ? Pensera-t-il à arroser les fleurs ? À cueillir les tomates mûres ? À promener le chien aux heures régulières ?, etc. Je ne lui dis rien, mais je pense qu'elle devrait lui faire davantage confiance. Paul est un homme très gentil, patient, et bien organisé. Je suis convaincue que tout se passe très bien sans elle. Je me demande également s'il n'est pas heureux d'avoir, lui aussi, quelques jours de tranquillité et de relaxation sans sa femme ! Josie consulte son téléphone toutes les deux heures environ, ce qui m'agace un peu. S'il y avait une urgence, elle sait bien qu'elle recevrait tout de suite un coup de fil de son mari ou de son fils. Elle téléphone en général à Paul chaque soir quand nous sommes à l'hôtel. Mais aujourd'hui, Josie reçoit un appel en plein milieu de journée alors que nous sommes en train de prendre un jus de fruits sur la terrasse d'un petit café du centre-ville. Elle sursaute, se lève, s'éloigne un peu de la table et parle à voix basse. Je n'entends pas ce qu'elle dit. Puis soudain sa façon de s'exprimer change, le ton de sa voix monte. ─ Oh mon chéri, mon amour, si tu savais comme tu me manques ! Je te manque sûrement aussi, mais je vais revenir dans trois jours seulement ! Comment tu vas ? J'espère que tu manges bien ? Que tu ne t'inquiètes pas trop ? Dès que je serai de retour je te prendrai dans mes bras, et nous ne nous quitterons plus. Oui, je te le promets, je serai tout le temps avec toi ! Oh, comme je t'aime ! Je t'embrasse très fort ! Quand elle a terminé, elle ne vient pas me rejoindre tout de suite, elle marche un peu sur le trottoir. Je sais qu'elle est émue et au bord des larmes. Josie est une âme sensible. Une femme assise à la table à côté de nous, que je n'avais pas remarquée, se tourne vers moi et commence à me parler. Elle s'exprime très bien en français, mais je comprends à son accent qu'elle est Américaine. ─ Ah, vous les Français !... Excusez-moi, mais j'ai un peu entendu la conversation au téléphone de votre amie. C'est merveilleux, émouvant, comme elle a parlé à son mari ! Vous, les Français, vous êtes si romantiques, vous savez tellement bien parler d'amour ! ─ Euh... à vrai dire, ma sœur ne parlait plus à son mari, mais à son chien.... |
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Il y a quelques jours, en cherchant un restaurant sur TripAdvisor, j'ai dû, une nouvelle fois, "prouver" que je n'étais pas un robot en faisant ce petit jeu stupide de puzzle qui apparaît de plus en plus souvent quand on ouvre une page web. La dernière fois, j'avais raté parce que j'étais allée trop lentement. Alors hier, dès que j'ai compris que je devais de nouveau jouer au puzzle, je me suis dépêchée de cliquer sur la flèche pour être plus rapide. Mais soudain je n'avais plus accès à TripAdvisor. J'avais fait le puzzle trop vite. J'ai lu sur l'écran que "seule l'intelligence artificielle pouvait réussir à cette vitesse". J'ai réessayé d'ouvrir la page, mais j'ai encore été bloquée. J'ai fait un peu de recherche sur le web, et j'ai vu que nous étions nombreux à être accusés d'être des robots. Pareil quand j'ai voulu commander des produits de beauté sur un site web. Là, je devais choisir les images dans lesquelles il n'y avait pas d'animaux. J'ai déjà fait plusieurs fois, sur divers sites internet, ce jeu vraiment idiot d'indiquer dans quelle image il n'y avait pas de moto ou de camion. Mais cette fois, les photos étaient floues, il n'y avait pas de petits cadres dans lesquels on pouvait voir ces véhicules. J'ai essayé trois fois, sans succès. Au moins je n'ai pas été complètement bloquée. On m'a mis sous les yeux d'autres images absurdes dans lesquelles je devais chercher des arbres. J'y suis arrivée du premier coup. Ouf ! J'ai pu terminer ma commande. Mais ça m'a pris plus de temps que de mettre dans le panier les articles que j'achète régulièrement dans le même magasin virtuel... Et alors ce matin, en allumant mon ordinateur, une grande fenêtre s'est ouverte sur mon écran : Google m'a demandé si je suis bien qui je suis. J'ai tenté de fermer cette fenêtre, mais c'était impossible. Je n'ai pas eu d'autre choix que de répondre à cette question qui n'avait aucun sens: "Oui, c'est moi. Je suis bien qui je suis." Mais à ma surprise une autre boîte, rouge, s'est ouverte. "Non, vous n'êtes pas qui vous êtes. Vous êtes un robot. Notre système de recherche d'intelligence artificielle vous a reconnue comme telle." J'ai voulu écrire "C'est faux, vous vous trompez, je ne suis pas un robot !" Mais je n'avais aucun moyen de réagir. Tout était bloqué. Je n'avais plus accès à Google ni à ma boîte email ni à mes favoris. J'ai rebooté mon ordinateur, ce qui n'a servi à rien. La seule chose que je pouvais faire était de communiquer avec l'intelligence artificielle. J'ai donc appelé Chatbot au secours. J'ai dû m'identifier comme si j'étais un robot, et c'est ainsi que nous avons pu mener une conversation sensée comme on peut en avoir entre collègues de travail. Plus tard, ChatBot m'a présentée à son ami ChatGPT qui, paraît-il, peut faire des miracles. Depuis, ma vie est devenue nettement plus simple ! L'intelligence artificielle me donne des suggestions des meilleurs restaurants, choisit pour moi les produits dont je suis censée avoir besoin, fait mes commandes en ligne, communique virtuellement par email à ma place avec mes amis supposés. Je n'ai même plus à penser. Je suis devenue un robot. |
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L' automne au coin du bois, Quelle joie chez les feuilles! On dit qu'elles sont mortes, L' automne au coin du bois, |
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C'était un petit sapin Je le regardais tous les jours Quel joli petit sapin Mais je ne dois pas désespérer |
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Avec leurs masques colorés Les spectateurs éblouis regardent avec passion Parce que cette fête représente la beauté |
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En faisant de grands ou petits mouvements Peu importe la langue N'importe qui peut faire un pas |
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La saison où les oiseaux viennent se baigner |
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On se maquille, on se prépare Les lumières s'allument, les micros s'approchent Oups ! Un fou rire, on la refait Les affiches s'impriment, le film est en salle Tout le monde rit, tout le monde pleure |
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C'est la nouvelle année Tout le monde s'excite |
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Les oiseaux chantent ce jour-là |
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En marchant dans Paris le matin On peut voir les rues s'animer Les taxis klaxonnent Les bruits sont sans fin Dans Paris le matin |
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On les attend toute l'année et une fois arrivés ils sont bien appréciés
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C'est la fin de l'été Les enfants font les courses pour la rentrée Les feuilles aussi changent de couleurs Car après la fin de l'été |
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Au début de l'année tout est gelé |
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Et le Père Noël, qu'attend-il... ? Pendant la période de Noël, Peut-être attend-il les lutins qui finissent de tout emballer ? Mais qui sait ? Peut-être que lui aussi attend de recevoir des cadeaux, venus du monde entier ? |
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Il y a cinq lettres qui nous font rêver, La première est A comme pour abriter ce que l'on ne sait pas encore Voilà ce que représente l'amour. |
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Tout le monde sait quel jour c'est |
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Il y a de la musique dans l'air |
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Il y a des airs divers |
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En ouvrant les pages d'un livre |
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C'est la fin de l'année |
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Quand le crayon touche le papier |
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Ils sont là quand on a besoin d'un conseil |
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La musique nous fait chanter |
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Tout le monde rentre à la maison |
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Patauger dans les flaques |
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Les flocons dansent en tombant |
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Une ville qui fait rêver |
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Que ce soit une fête ou un simple repas |
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La sonnerie sonne |
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Le soleil sort des nuages |
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Les mouvements nous épatent |
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Je suis allée au marché |
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L'amour se trouve partout |
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P pour la pluie qui fait pousser les fleurs |
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On n'entend plus les sonneries d'écoles |
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Elle peut nous apporter du bonheur |
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Ils ont plein de grandes aventures |
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On sent l'hiver s'approcher |
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C'est la fête des cœurs |
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Les films de fantaisie nous font rêver |
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Je peux tout lui demander |
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Le soleil rentre chez lui pour se reposer |
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C’est la saison des frayeurs |
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Le sapin était tout seul dans la forêt |
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L’amour peut se trouver partout |
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Qu’il y ait de la pluie ou du soleil |
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Il y a énormément d’histoires à l’intérieur |
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Le jour commence à apparaître |
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Ils sont tous différents |
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On essaye de laisser tomber ce qui nous a blessé |
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On les utilise pour poser des questions |
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Les oiseaux chantent |
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Quand tout le monde s'arrête |
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Certains préfèrent le sucré |
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C'est le début de l'automne |
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Un Noël spécial |
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La peinture peut exprimer nos sentiments les plus vulnérables |
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On danse et on chante |
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Qu'on soit à la plage ou à la neige |
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On peut les trouver dans les champs |
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La température se rafraîchit |
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À la fin de l'année |
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Les lumières s’éteignent |
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Quand on regarde le ciel la nuit |
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On passe nos journées à côté de la piscine |
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De la même façon que la nature, nos vies ont des saisons |
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Les mots nous font penser |
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Le soleil va se reposer |
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Passons une journée à Paris |
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Le palais est grandiose |
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Il voyage dans l'espace |
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Il fait froid et il neige |
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Il est parti en vacances |
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En lisant des livres d'Histoire On apprend beaucoup de choses |
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Ils ont tellement de patience |