Learn french online, French courses, French classes, French school
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

Base de données à usage des professeurs

Cette base de données appartient à Learn French at Home et est à usage exclusif
des professeurs de cette école de langues.

Articles

Chansons

Images

Fiches techniques

Exercices

Petites histoires et poèmes

Sites web

Vidéos

Audio

Movies and Movie Talks

Langage professionnel

Préparation aux examens

Jeux de rôle

Le coin des branchés

Enfants 1 (sites généraux, jeux, vidéos, vocabulaire,
grammaire et phonétique)

Enfants 2 (chansons, contes, comptines et histoires courtes)

******

Sommaire des articles

Articles et extraits de textes

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Articles
- Tests de personnalité
- Qui est qui ?
- Les traditions de Noël
- "Espèces d'idiomes" : six articles sur des comparaisons entre des idiomes français et dans d'autres langues
- "L'intelligence artificielle : une machine peut-elle ressentir de l'émotion ?" Avec questions
- Le nouveau Musée du Louvre à Abu Dhabi (Diaporama)
- La "French girl" Avec questions
- Interview Alain Rey, rédacteur en chef des dictionnaires Petit Robert Avec questions
- Gluten, lactose, vegan : Quand les chefs font avec le "sans" Avec questions
- Océanix, projet de ville flottante
- Japon : des animaux au bureau pour apaiser les employés Avec questions
- Interview Boris Cyrulnik sur les jeunes et les études Avec questions
- Les origines de la Saint-Valentin Avec questions
- La fin de l'argent liquide
- En Italie, les lettres d'amour ont leur musée
- L'art de râler expliqué aux Anglo-Saxons
- Le boulanger, sa muse et la boule au levain
- L'effet de Flynn Avec questions et réponses
Deux articles sur le vin rosé :
---1) Le champagne rosé s'invite à la table
---2) Quatre idées reçues sur le vin rosé
- Des couples hors du commun
Deux témoignages pour une nourriture plus saine :
---1) "Je suis devenue végétarienne"
---2) "Les pois chiches, une alternative aux nourritures animales"
Les inventions, un reflet de la créativité française :
---1) Quelques découvertes techniques
---2) Des petites choses bien utiles
---3) Des créations originales
---4) Des inventions bien françaises
---5) La santé, un point fort
---6) Ce qui est français, et ce qui ne l'est pas
- La charge mentale, une double peine pour les femmes Avec questions et réponses
Cuisine méditerranéenne et joie de vivre :
---1) La bonne recette pour une longue vie
---2) Les "zones bleues" des gens heureux
---3) Le mode de vie des gens du sud : un atout essentiel pour la longévité
- Marseille : une ville unique au monde
- Le chic français n'est pas qu'une question de vêtements
- Les Jeux Olympiques 2024 à Paris - La Seine au coeur du spectacle
Dossier sur Molière :
---1) Molière, 400 ans et toujours si proche de nous
---2) Ce que Molière nous enseigne
---3) Trois pièces encore très actuelles
---4) Le théâtre : une passion pour les Français
- La Finlande, le pays qui investit dans le bonheur
Dossier sur Victor Hugo :
---1) L'amour paternel, en poèmes
---2) L'art d'être grand-père
---3) Mais qui était donc Victor Hugo ?
- French Accent Magazine : 100ème numéro ! (et rappel de l'histoire de LFAH)
- La baguette mise à l'honneur par l'UNESCO (article dans "French Accent")
Dossier sur Paris :
---1) Le paris qu'on aime
---2) Les restaurants et bistrots où nous avons plaisir à aller
---3) Nos autres "bonnes adresses"
- L'accès à la culture est pris très au sérieux en France
Dossier sur Versailles et Louis XIV :
---1) Un palais construit par Louis XIV pour y cacher un amour secret
---2) La folie des grandeurs
---3) Comment avoir un peu d'intimité ?
Dossier sur Le Petit Prince :
---1) Le Petit Prince : 80 ans et toujours une formidable source d'inspiration
---2) Des citations qui donnent à réfléchir
---2) Le livre préféré de grands artistes
---2) De multiples adaptations
-Van Gogh au Musée d'Orsay
-Réouverture de Maxim's
-La baguette française
-Le Québec et nos cousins d'Amérique
Dossier sur Proust :
---1) Le meilleur de Proust: son sens de l'humour
---2) Imagination, fantaisie, humour, moquerie, poésie... Quelques extraits
---3) La madeleine de Proust
---4) L'anecdote de la "dame pipi"
---4) Le questionnaire de Proust
Dossier sur Marrakech et Yves Saint-Laurent :
---1) Découvrir Marrakech, la ville d'adoption d'Yves Saint-Laurent
---2) Une belle destination pour pratiquer votre français
-Comment la Provence est devenue championne du rosé NEW
-Le métro parisien, une symphonie en sous-sol NEW
-Bilan des Jeux Olympiques : Paris, un endroit extraordinaire NEW
Dossier sur les 20 ans de Learn French at Home :
---1) Learn French at Home célèbre ses 20 ans ! NEW
---2) Des professeurs passionnés et passionnants NEW

 

Articles

Tests de personnalité
A quel type de Français appartenez-vous ?

Test de personnalité

Entourez une seule réponse par question et, à la fin, regardez quelle est la lettre dominante, puis lisez votre catégorie ! Pensez-vous que cette catégorie vous va bien ?

  1. Que faites vous pour rester en forme ?
    a) de la gymnastique ou de l'aérobic
    b) du jogging en famille
    c) de la marche en forêt
    d) du yoga
    e) de la musculation
  2. Où vous sentez vous bien ?
    a) en ville, dans la foule
    b) dans un jardin public
    c) dans une église déserte
    d) sur une île déserte
    e) sur votre moto
  3. Quelles sont vos vacances idéales ?
    a) quelques jours de ski ou de mer tous les trois jours
    b) en famille, en camping-car
    c) retour dans la région familiale
    d) le tour du monde
    e) dans un club de vacances
  4. Quelle est votre dépense prioritaire ?
    a) la voiture
    b) l'assurance pour la maison et pour la famille
    c) du matériel de bricolage
    d) un voyage à l'étranger
    e) votre maison
  5. Quel est votre logement préféré ?
    a) une belle résidence
    b) une vieille maison à la campagne
    c) un appartement bourgeois
    d) le dernier étage d'une tour moderne
    e) une maison avec jardin au banlieue
  6. Comment payez-vous vos achats ?
    a) avec une carte de crédit
    b) par chèque
    c) en espèces
    d) vous préférez échanger quelque chose
    e) vous achetez à crédit
  7. Quel est votre repas préféré ?
    a) un plat surgelé
    b) un bon repas en famille autour d'un bœuf bourguignon
    c) un petit repas simple en famille
    d) un plat exotique
    e) un hamburger et un coca
  8. Quel sport aimeriez-vous faire ?
    a) du tennis
    b) du vélo
    c) du patinage
    d) de la voile
    e) de la compétition automobile


Les mots qui vous caractérisent

Dominante A vous êtes ACTIVISTE
Vous êtes travailleur, entreprenant, réaliste, volontaire, professionnel, autoritaire, bien informé. Vous aimez bavarder. Vous êtes tourné vers l'avenir. Vous savez vous adapter.

Qualités: travailleur, entreprenant, réaliste, volontaire, professionnel, bien informé, voit en perspective et facilité à s'adapter.

Défauts: trop bavard, autoritaire.

Dominante B vous êtes MATERIALISTE
Vous êtes respectueux des traditions. Vous avez peur du progrès technique. Vous aimez rester chez vous. Vous aimez bricoler. Vous avez le sens de la famille. Vous êtes calme, plutôt passif et modeste.

Qualités: il est manuel, calme, modeste.

Défauts: respectueux des traditions(trop conservateur), effrayé par le progrès, il n'est pas très sociable parfois passif. (inactivité).

Dominante C vous êtes RIGORISTE
Vous êtes travailleur, économe, moralisateur. Vous aimez défendre les valeurs traditionnelles : la famille, le patrimoine, la religion. Vous avez peur du progrès. Vous avez le sens des responsabilités et vous respectez vos chefs.

Qualités: travailleur, économe, aime défendre les valeurs : la famille, la religion et le patrimoine, responsable et respectueux.

Défauts: moralisateur, effrayé du progrès.

Dominante D vous êtes ORIGINALE(E)
Vous êtes cultivé, curieux, créatif. Vous êtes très indépendant et orgueilleux et vous n'aimez pas l'autorité. Vous n'aimez pas beaucoup le travail. Vous aimez voyager. Vous êtes anticonformiste et souvent désordonné.

Qualités: cultivé, créatif, curieux(intéressé), aime voyager et découvrir d'autres pays.

Défauts : trop indépendant, orgueilleux, il n'aime pas l'autorité et le travail, anticonformiste et désordonné.

Dominante E vous êtes INDIVIDUALISTE
Vous aimez l'argent et vous êtes dépensier. Vous êtes un bon vivant en famille et avec votre petite bande de copains. Vous êtes débrouillard, parfois agressif. Vous faites toujours très attention à votre apparence.

Qualités: un bon esprit en famille, vivant et actif avec les amis, débrouillard et soigné.

Défauts: il aime l'argent et il est trop dépensier, agressif.


Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 


Qui est qui ?

Article à lire, suivi de questions :

L'élite
Ce terme assez vague regroupe tous les Français se trouvant au sommet des hiérarchies. Si autrefois l'élite était surtout composée des personnes de la haute bourgeoisie et de la noblesse, aujourd'hui, le mot élite se réfère surtout aux personnes qui sont des maîtres à penser dans leurs domaines. L'élite se trouve donc surtout dans les milieux intellectuels ou scientifiques : chercheurs de renom, directeurs universitaires de très haut niveau, médecins réputés, etc.

Les nobles
Rois, princes, ducs, contes et comtesses d'autrefois étaient tous des nobles, cette catégorie, ou “ordre”, de citoyens hors du commun, titulaires de titres de noblesse. On disait d'eux qu'ils avaient le sang bleu. Le nom de famille des nobles est précédé de la particule “de”. Ils sont plus rares de nos jours, et surtout bien plus discrets – depuis la Révolution, qui a aboli, en principe, la noblesse.

Les aristocrates
Les aristocrates sont pour la plupart des nobles, mais ce terme se réfère davantage à la classe sociale à laquelle ils appartiennent qu'à leur état de noblesse. D'ailleurs on peut être aristocrate sans être noble. Il suffit d'être riche, d'avoir beaucoup de classe dans ses attitudes, et une excellente éducation. Une espèce de Français en voie de disparition, elle aussi…

Les bourgeois
Membres de la grande ou petite bourgeoisie d'autrefois, c'est-à-dire des personnes occupant, depuis des générations, une position sociale importante, très aisés, mais privés de titres de noblesse. Les commerçants qui gagnaient très bien leur vie par exemple en faisaient partie, ou les magistrats, notaires, etc. Les bourgeois ont toujours été la cible idéale d'auteurs ou artistes satyriques. Par exemple Molière (Le Bourgeois gentilhomme n'est qu'une des nombreuses pièces de théâtre qui les ridiculise). Ou le chanteur Jacques Brel, auteur d'une chanson très critique (Les Bourgeois*). Les bourgeois existent toujours bien aujourd'hui mais se font beaucoup plus discrets.
____
 *Les bourgeois,
c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient bête
Les bourgeois,
c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient…

Les notables
Ce terme un peu démodé désigne toutes les personnes occupant une place importante dans la société. Au niveau de la commune, les notables sont le maire et ses conseillers, les notaires, les avocats, les médecins, les professeurs, et même le curé… Les bourgeois sont souvent des notables, mais il peut exister des notables qui ne sont pas des bourgeois, comme, justement, les professeurs ou les curés, etc. Ils jouent encore un rôle important dans le sens que pour les élections des sénateurs au parlement, ce sont les notables qui votent et pas le peuple en général. Mais on en parle beaucoup moins aujourd'hui.

La jet set
Terme plus moderne désignant ceux qui ont une bonne position économique sociale, sont riches, et le font savoir, en affichant leur richesse dans des voitures ou villas de luxe, faisant la fête de manière peu discrète dans les endroits les plus huppés, etc.

La classe dirigeante (The ruling class)
Celle des Français qui ont entre les mains les rênes du pays : les membres du gouvernement, les ministres, les responsables de grandes administrations, mais aussi, surtout peut-être, les grands hommes d'affaires de sociétés importantes.

Les nouveaux riches
Les nouveaux riches sont des personnes d'origine modeste qui ont réussi et se sont enrichies grâce à leur commerce ou leur entreprise, et mènent une vie proche de celle des bourgeois. Mais les bourgeois les tiennent à l'écart, car tout dans leur attitude et leur langage démontre leur condition pauvre d'autrefois, et leur manque relatif d'éducation.

Les BCBG
Les BCBG, ou “bon chic bon genre” sont des bourgeois, ou des aristocrates, de très bonne éducation et de bonnes manières, mais un peu “lisses”, c'est-à-dire ayant une rigidité d'attitude qui leur enlève toute personnalité. Cette expression est née à Lyon (Rhône), ville très bourgeoise. Parfois, par ironie, BCBG se traduit par “beau cul belle gueule”…

La bonne société
C'est celle des “bien pensants”, à la morale et aux mœurs réputés irréprochables, que l'on trouve surtout parmi les milieux catholiques traditionnels. Mais tout dépend des valeurs auxquelles on s'attache. On n'est pas la “bonne société” de tout le monde. Cette expression est quelque peu démodée aujourd'hui.

Les intellos
Les intellos, diminutif d'intellectuels, désigne en principe les “lettrés”, ceux qui ont un niveau universitaire (en lettres principalement) élevé, ou appartiennent au monde de l'édition, de l'écriture, du journalisme. Aujourd'hui, lorsqu'on parle d'intello (et ce terme est de plus en plus utilisé de manière ironique), on désigne ceux qui savent, ou croient savoir, et ont une remarque intelligente, ou qu'ils estiment intelligente, à faire sur tout.

La gauche caviar
Ce terme est déjà presque un peu passé de mode. Il désignait il y a quelque temps les intellectuels de gauche dont la façon de vivre était très éloignée de celle des pauvres qu'ils prétendaient vouloir défendre. On disait d'eux qu'ils avaient “le cœur à gauche mais le portefeuille à droite”.

Les bobos
Les bobos, ou “bourgeois bohême” ne sont pas très éloignés de la gauche caviar. Ils sont aussi de gauche, mais plus écolos (voir ci-dessous), et mènent une vie assez aisée, à Paris principalement. Le chanteur Renaud leur a consacré une chanson qui a fait l'objet de nombreuses réactions, Les bobos *.
____
*Extrait de la chanson de Renaud, Les bobos :
Ils vivent dans les beaux quartiers
Ou en banlieue mais dans un loft
Ateliers d'artistes branchés,
Bien plus tendance que l'avenue Foch
Ont des enfants bien élevés,
Qui ont lu le Petit Prince à 6 ans
Qui vont dans des écoles privées
Privées de racaille, je me comprends
Ils fument un joint de temps en temps,
Font leurs courses dans les marchés bios
Roulent en 4x4, mais l'plus souvent,
Préfèrent s'déplacer à vélo
Les bobos, les bobos…

Les rebos
Une toute nouvelle catégorie de Français : les rebos (rebelle-bourgeois) sont assez proches des bobos, mais avec un esprit plus rebelle, plus “destroy” selon un spécialiste de l'évolution des tendances. Ils font par exemple partie de ceux, toujours plus nombreux, qui refusent d'acheter CDs et DVDs et les piratent systématiquement sur internet.

Les babas cool
Même s'ils sont très rares aujourd'hui, on appelle encore ainsi ceux qui vivent comme des hippies. On en trouve dans certaines campagnes reculées du Massif central.

Les écolos
Les écolos sont les écologistes, ce qui inclut toutes les personnes attachant de l'importance à la protection de l'environnement, et respectueux de tous les gestes à effectuer dans ce sens.

La classe moyenne
Elle englobe la majorité des Français, tous ceux qui vivent de leur travail, qu'ils soient salariés ou petits entrepreneurs, et qui ne sont ni riches ni pauvres. On parle aussi de Français moyens.

Les beaufs
Un beauf, en général un Français moyen, est une personne peu éduquée, parfois assez vulgaire et pas très raffinée, mais toujours satisfaite d'elle-même et aimant faire des blagues pas très drôles. Ce terme s'applique principalement aux hommes. Il est un diminutif de “beau-frère”, et aurait été inventé par le dessinateur humoriste Cabu. On trouve beaucoup de beaufs parmi les groupes de touristes parcourant la France en autocar pendant les vacances…

Les cols blancs
Ce terme est moins employé aujourd'hui. Il désigne ceux qui travaillent dans les bureaux, par opposition aux cols bleus : les ouvriers.

Les couches populaires (The working class masses)
L'ensemble des Français occupant de petits boulots, y compris les ouvriers et petits artisans.

Les paysans, les agriculteurs
De plus en plus, le terme d'agriculteur est préféré à celui de paysan, parfois utilisé de manière péjorative pour désigner une personne vraiment peu éduquée. Il est vrai que pour s'installer comme agriculteur dans le monde d'aujourd'hui il faut avoir de plus en plus de connaissances techniques. Il existe une branche ou mouvance de cette distinction sociale dont les adhérents sont très fiers de leurs racines paysannes et qui cherchent à mettre en évidence les valeurs et les bienfaits des traditions paysannes.

Les ploucs, ou plouks
Un plouc est un personnage vulgaire, grossier, rustre. Quand on parle de ploucs, on se réfère surtout aux paysans les moins éduqués.

Employés, techniciens, cadres
Trois niveaux de hiérarchie professionnelle, très marqués. Les employés sont ceux qui travaillent dans les bureaux mais n'ont pas de responsabilités. Les techniciens ont des connaissances techniques mais n'ont pas eu le diplôme (d'ingénieur par exemple) qui leur permettrait de devenir cadres. Les cadres sont les superviseurs, des employés ou des techniciens. Ils doivent en général leur statut à leurs diplômes, plus rarement à leurs compétences ou leur expérience.

La classe ouvrière
Elle englobe toutes les catégories d'ouvriers travaillant en usine.

Les travailleurs
Terme employé par les partis d'extrême gauche et communiste pour désigner les ouvriers et tous ceux qui occupent de petits emplois (dans le commerce, l'industrie, l'agriculture…).

Les prolos
Les prolos appartiennent au prolétariat (terme créé par Karl Marx par opposition au capitalisme). Ils englobent les ouvriers et employés.

La classe défavorisée (The underprivileged class )
Ce terme désigne les pauvres, et tous ceux qui n'ont pas de revenus suffisants pour vivre décemment.

Les crevards
Il y a peu de temps un crevard (mot populaire et assez vulgaire) était une personne affamée, ou en mauvaise santé, presque prête à crever (mourir, en argot). Aujourd'hui le crevard est tout simplement quelqu'un de fauché, qui cherche des bonnes affaires, des logements pas chers, et vit du système de la “démerde”.

Les sdf, ou sans abri
Les “sans domicile fixe”, et les sans abri, sont ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un logement et dorment dans la rue, ou dans des centres d'hébergements sociaux temporaires. Il y a quelques années, on les appelait les clochards, ou les vagabonds. La plupart du temps, il s'agissait de gens qui avaient choisi de vivre en marge de la société. Aujourd'hui, sur les 800.000 sdf recensés, on trouve de plus en plus de femmes, dont 1 sur 3 ont des enfants.

Les sans papiers
Les étrangers entrés illégalement en France qui n'ont pas encore obtenu de statut légal et tentent de se cacher.

Les Français issus de l'immigration
Les Français d'origine étrangère, soit parce qu'ils ont eux-mêmes immigré en France, soit parce qu'ils sont les descendants d'immigrants. Dans la plupart des cas, en utilisant cette expression, on pense surtout aux personnes originaires d'Afrique du Nord. On parle d'immigrés de la 2e ou 3e génération lorsque ce sont les parents ou grands-parents qui ont immigré en France. Cela inclut les Espagnols entrés en France pendant le régime de Franco, les Portugais qui ont fui la misère au début du siècle dernier, les Italiens, les “Russes blancs”, etc.

Les beurs
Un beur est un descendant, né et vivant en France, d'immigrés d'Afrique du nord. Le mot veut en réalité dire “arabe”, prononcé en verlan (inversion des syllabes d'un mot - une forme de langage inventée par les jeunes dans les années 1980).

Questions sur l'article :

1) Si vous deviez être dans une de ces catégories, vous vous placeriez dans laquelle ?

2) Dans le texte sur les bourgeois, il y a une chanson française très célèbre de Jacques Brel. Est-ce que vous connaissez ce chanteur ?

3) Est-ce qu'il y a une ou plusieurs catégories qui n'existent pas en Angleterre (indiquer le nom du pays dans lequel est votre étudiant) p ? Lesquelles ?

4) Connaissez-vous personnellement une élite ?

5) Pouvez-vous donner des exemples de personnes qui font partie de la jet set ?

6) Quelle est la différence entre un nouveau riche et un bourgeois ?

7) Est-ce qu'il y a un terme similaire en Angleterre (ou pays de l'étudiant) pour BCBG ?

8) Quelle est la différence entre les bobos et la gauche caviar ?

9) Pouvez-vous traduire la chanson sur les bobos de Renaud ?

10) Y a-t-il des ploucs dans votre quartier ?

11) Dans le texte des crevards – que veut dire le terme "la démerde" ?

12) Qu'est-ce que fait l'Angleterre (ou pays de l'étudiant) pour les sdf  ?

13) Avez-vous déjà entendu parler un beur ? Est-ce que vous l'avez compris ?

14) Dans cette liste de catégories, lesquelles ne sont pas attractives selon vous  ? Et quelles catégories trouvez-vous intéressantes et stimulantes ?

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 


Les traditions de Noël

Les grandes fêtes de l'hiver

Noël, le Jour de l'An, l'Epiphanie, ou “fête des rois”, telles sont les trois grandes fêtes qui animent les jours d'hiver en France. Noël, événement essentiellement familial, est la plus importante des trois pour les Français. Elle se déroule généralement en deux temps : le Réveillon (repas partagé par la famille proche qui se prolonge au moins jusqu'à minuit), le soir du 24 décembre, et le grand repas le 25 à midi, auxquels participe souvent la famille élargie. Un temps fort de la fête est toujours la distribution de cadeaux, que l'on s'offre souvent entre adultes, et dont on couvre les enfants. Ceux qui croient encore au père Noël découvriront le 25 au matin, dans leurs chaussures déposées au pied du sapin ou devant la cheminée, les cadeaux qu'il a apportés. Tandis que dès que les enfants ont passé l'âge d'y croire, la distribution des cadeaux, également déposés au pied du sapin, s'effectue le 24 au soir, souvent au moment du dessert.

Originellement, Noël est une fête catholique mais cela fait déjà très longtemps qu'elle est tout à fait assimilée à une fête laïque pour la plupart des Français. De sorte que l'aspect religieux est devenu secondaire - sauf pour les familles catholiques pratiquantes, qui ne manquent pas la messe de minuit le soir du 24 décembre par exemple.

Un autre événement marquant de l'hiver est évidemment, comme partout ailleurs dans le monde, l'accueil de la nouvelle année. L'occasion pour les Français de faire un autre Réveillon le 31 au soir, entourés de leurs meilleurs amis. En effet, le Jour de l'An se fête surtout entre copains, soit au domicile de l'un d'entre eux, soit, parfois, au restaurant. Dès les douze coups de minuit, tout le monde s'embrasse sous le gui, et on commence à danser, jusque tard dans la nuit…

La troisième fête très célébrée en France est l'Epiphanie, le 6 janvier. Il s'agit, comme pour Noël, d'une fête religieuse à l'origine : l'arrivée à Bethléem des trois rois mages venus apporter leurs présents au petit Jésus… Mais elle s'est peut-être encore davantage laïcisée au point d'être célébrée par tous les Français comme un petit événement festif de début d'année.

Dans les pages qui suivent, nous vous présentons quelques spécificités de la manière dont les Français célèbrent ces trois fêtes. Des fêtes que nous ne pouvons qu'encourager nos lecteurs étrangers vivant à France à partager au moins partiellement avec des amis ou voisins français car ce peut être un bon moyen de s'intégrer un peu plus à la culture, et de s'initier à la langue !

Quelques traditions:

1. Les santons de Provence

Comme leur nom l'indique, ils viennent de Provence, au sud de la France. Il s'agit de petites figurines peintes, de couleurs très vives, qui représentent la scène de la Nativité. A l'intérieur de la crèche, autour de l'enfant Jésus dans son berceau de paille, se trouvent la vierge Marie, Saint-Joseph, l'âne et le bœuf . A l'extérieur : quelques bergers, et presque tous les habitants d'un petit village. Tous apportent un présent à l'enfant qui vient de naître : le boulanger, la bergère, le ramoneur, l'épicière, etc.

Bien que cette tradition vienne de la religion catholique, beaucoup de non catholiques ni pratiquants aiment décorer leur maison d'une crèche, ou au moins de quelques santons.

2. Les cartes de vœux

En France, il n'est pas très fréquent de s'envoyer des cartes de Noël. Seules les personnes qui veulent souhaiter Joyeux Noël à un membre de leur famille qui sera loin ce jour-là, et plus particulièrement les catholiques pour lesquels célébrer l'événement religieux est le plus important, envoient une carte. D'autres personnes préfèrent envoyer, avant Noël, des cartes souhaitant Bonnes fêtes. Mais la plupart des Français envoient des cartes de Bonne année ou Meilleurs vœux, pour le Nouvel An. La tradition est de les envoyer dès le 2-3 janvier, mais il est tout à fait normal de les envoyer jusqu'à la fin du mois de janvier. Et de plus en plus de gens envoient des cybercartes ou des e-mails personnalisés.

3. Les marchés de Noël

P artout en France, dans la plupart des villes, durant les deux ou trois semaines précédant le 25 décembre, et parfois jusqu'à la fin de l'année, se tiennent des marchés de Noël. Sur une place ou une rue du centre, s'étalent plusieurs stands, qui ressemblent souvent à de petits chalets, dans lesquels on vend des décorations de Noël, des objets d'artisanat qui peuvent faire de petits cadeaux, des bougies, des sucreries, etc. Le plus grand, et le plus célèbre, est celui de Strasbourg (en Alsace), ville qui se fait même appeler la “capitale de Noël” . Créé en 1570, il occupe une grande partie du centre ville, et attire des touristes de toute l'Europe.

4. Les papillotes

C 'est une histoire d'amour qui est à l'origine de la plus typique des traditions gourmandes de Noël : celle des papillotes, ces petits chocolats ou pâtes d'amande envelop pé s de papier brillant de manière très spéciale (voir photo), dans lesquels se trouve un petit papier comportant une citation. Au XVIII e siècle, dans une confiserie de Lyon (Rhône), un jeune artisan est tombé amoureux d'une jeune fille travaillant à l'étage au-dessus. Comme ils ne pouvaient pas communiquer entre eux, il a eu l'idée de lui glisser de petits mots doux dans certains chocolats, et de les emballer de manière très spéciale pour qu'on les reconnaisse. Aujourd'hui, on trouve des papillotes dans toute la France, et elles décorent joliment le sapin et la table de Noël.  

Questions :

1) En France, que signifie "le Réveillon" ?

2) Quelles sont les traditions que vous trouvez les plus étonnantes ? Les plus intéressantes ? Que vous aimeriez découvrir ?

3) Dans votre pays, quelles sont les traditions qui sont similaires à celles de la France ?

4) Pouvez-vous décrire quelques traditions typiques de votre pays ?

5) Avez-vous déjà goûté des papillotes ? Que pensez-vous de la légende qui accompagne cette tradition ?

6) Y a-t-il aussi des légendes liées aux traditions de votre pays ? Pouvez-vous en raconter une ?

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

"Espèces d'idiomes "

Six articles très intéressants, faisant des comparaisons amusantes entre des expressions idiomatiques utilisées en France et dans d'autres pays (par thèmes), écrits par Muriel Gilbert, ont été publiés dans "Le Monde" en 2014. Un excellent moyen d'aider les étudiants à apprendre et mémoriser certaines expressions :

1) Capotes anglaises et grippe espagnole, ces expressions venues d'ailleurs

Il est toujours fort commode de disposer de bonnes têtes de Turc à qui faire porter le chapeau de ses propres maux, ce qui fait de l'« étranger » une fertile inspiration des expressions idiomatiques. C'est ainsi que la grippe meurtrière du début du XXe siècle a été qualifiée d'arabe en Grèce, d'allemande en Belgique, de grecque en Turquie, d'espagnole en France et au Royaume-Uni – où, pour faire bonne mesure, on a décidé que la rubéole était d'origine germanique (German measles).

Lorsque chez nous les malotrus filent à l'anglaise, outre-Manche ils le font « à la française » (to take French leave) – et il semble que, malheureusement, nous devions accepter la paternité de cette indélicate habitude, l'allemand, le portugais et le grec optant eux aussi pour le « filer à la française ».

Même penchant à attribuer au voisin les objets tabous : si nos capotes sont anglaises, de l'autre côté du Channel on recourt à des « French letters » qui n'ont pas grand-chose de littéraire…

Les égoïstes français boivent en Suisses, tandis que les Américains « vont Néerlandais » (go Dutch) et que les Turcs « paient à l'allemande » quand ils partagent l'addition. L'étranger qui baragouine notre langue sera qualifié de vache espagnole, tandis que, pour le même motif, en Argentine on dira que vous parlez « l'espagnol de la Chine ». Du chinois, ou alors de l'hébreu, chez nous, c'est un discours inintelligible, tandis que, au Royaume-Uni, « c'est du grec » – chinois, hébreu, grec, trois langues à l'alphabet obscur pour les habitués de l'ABC.

La soûlographie est un vice que les Européens rejettent vers l'est avec un bel ensemble : si le Français s'avoue parfois soûl comme un Polonais, l'Espagnol le sera « comme un Cosaque » et le Serbe « comme un Russe ». En revanche, les Français semblent être les seuls à souffrir de portugaises ensablées. On peut tout de même devenir sourd « comme un bâton » en Allemagne, « un poteau » en Angleterre, « une cloche » en Italie ou « un mur » en Espagne – quand, étrangement, nos murs à nous ont des oreilles. Ah, minute prévention : attention, si la masturbation rend sourd en France, elle rend aveugle en Italie.

Côté positif, c'est en Espagne que nous construisons nos châteaux – les indigènes bâtissant les leurs « dans les airs » (hacer castillos en el aire). Et les Anglo-Saxons, nos rosbifs, nous rendent un hommage particulier, à nous, leurs « petites grenouilles » (froggies), en nous attribuant l'invention des frites (French fries) qu'ils aiment tant. Un coup de grisou diplomatique au moment de la guerre en Irak avait d'ailleurs conduit certains restaurateurs américains à rebaptiser rageusement leurs frites « freedom fries ».

Enfin, c'est à se demander si le célèbre « French kiss » n'est pas réellement une invention hexagonale, puisque, de l'Espagne au Danemark en passant par l'Italie, cette chaude façon de s'embrasser est dite « à la française ».

2) Chat dans la gorge et poule mouillée

Du joyeux troupeau des expressions animalières, il semble bien que le chat soit le chef. Il est vrai que les francophones semblent être les seuls à souffrir de chats dans la gorge, quand d'autres (Anglo-Saxons, Allemands, Brésiliens…) y hébergent un batracien. Il arrive pourtant que les Allemands et les Slovènes « aient un chat » à leur tour, mais alors ils ont la gueule de bois. Lorsque dans notre nuit tous les chats sont gris, en Slovénie, ce sont les vaches qui sont noires, mais quand sur Paris il pleut des cordes, ou comme vache qui pisse, à Londres, c'est bien connu, « il pleut des chiens et des chats », tandis que les marins d'Amsterdam regardent « tomber des tuyaux de pipe », « des briques » ou « des vieilles commères », et que sur l'Acropole d'Athènes « il tombe des prêtres ».

Les Espagnols voient « un chat enfermé » (gato encerrado) et les Italiens « une chatte qui couve » (gatta ci cova) quand nous imaginons une anguille sous roche et que les Anglo-Saxons « sentent un rat » (smell a rat). Les Allemands, dans le même cas, jugent qu'il y a quelque chose dans le buisson (da ist etwas im Busch), ce même buisson autour duquel « tapent » les Britanniques, tandis que les Italiens mènent le chien dans la cour de la ferme (menare il can per l'aia), que les Français tournent autour du pot et les Allemands « autour de la bouillie chaude ».

Lorsqu'un mufle néerlandais « envoie son chat » (zijn kat sturen), l'indélicat de nos contrées pose un lapin et le goujat chinois « envoie un pigeon », le malotru allemand se contentant de « donner un panier » (jemandem einen Korb geben). Si en plus il a des oursins dans les poches, on y diagnostiquera « un hérisson » (ein Igel in der Tasche), en Argentine « un crocodile » (un cocodrillo en el bolsillo), en Turquie « un scorpion », tandis qu'en Angleterre, tous les animaux à piquants étant occupés, on en conclura qu'il a « les poches profondes et les bras courts » (deep pockets and short arms).

A noter qu'une poule mouillée française est un « poulet » britannique (chicken) ou une « patte de lapin » allemande (ein Hasenfuss), que notre rat de bibliothèque correspond aux « vers de livres » allemand et anglo-saxon (Bücherwurm et bookworm), alors que qui s'ennuie chez nous comme un rat mort, sur l'autre versant des Pyrénées s'ennuiera comme une huître.

C'est aussi en Espagne que l'on « paie le canard » (pagar el pato) quand on porte le chapeau, et que l'on a « la mouche à l'oreille », juste là où nous avons la puce. Lorsque la France a d'autres chats à fouetter, l'Italie, plus cruelle encore, a « d'autres chattes à écorcher » (altre gatte da pelare), tandis que le Royaume-Uni a « d'autres poissons à frire » (other fish to fry). Enfin si en France ou aux Pays-Bas on s'entend comme chien et chat, en Tunisie, c'est « comme la souris et le chat ». Et, tandis qu'outre-Manche on « jette la serviette » (throw in the towel) et qu'au Maroc on « vend son âne », quand nous ne savons plus quoi dire, nous donnons notre langue au soyeux petit félin.

3) Grosse légume et cerise sur le gâteau

Les expressions idiomatiques ne manquent pas d'appétit. Quand les Français et les Italiens ont une faim de loup, les Allemands en ont une « d'ours » et les Britanniques « de cheval », certains pourraient même « manger un cheval ». Lorsque, pour agrémenter nos tartines, nous voulons le beurre et l'argent du beurre, les sujets de Sa Gracieuse Majesté veulent « avoir leur gâteau et le manger aussi » (to have one's cake and eat it too) et les Grecs « la tarte intacte et le chien rassasié ». Quand poétiquement nous lui faisons une fleur, notre cousin Germain, grand amateur de charcuterie, nous fait « griller une saucisse de plus ».

Si notre repas ne vaut pas tripette, en Allemagne il ne vaudra « pas une girolle », en Italie « pas une figue sèche », en Espagne « pas une pincée de cumin », en Angleterre « pas un haricot ». Du coup, nos invités risquent de nous casser du sucre sur le dos, ou, s'ils sont allemands, de nous « traîner dans le chocolat » – tandis que les Italiens se contenteront de nous « couper les chaussettes ». Nous n'hésiterons pas à les envoyer se faire cuire un oeuf, ou « frire des asperges » à l'espagnole, ou même faire voler leur cerf-volant (go fly a kite) ou sauter dans le lac (go jump in the lake) à la mode british.

Quand pour nous les carottes sont cuites, aux Pays-Bas « les navets sont trop cuits », au Royaume-Uni « notre oie est cuite », au Liban « la casserole est brûlée », et en Espagne « tout le poisson est vendu ». Au Québec, c'est plus dramatique : « Notre chien est mort. » Et alors, on est « comme la viande sur la planche à hacher », comme on dit en Chine. L'important, dans ces cas-là, c'est de garder son sang-froid, bref de rester, à la britannique, « frais comme un concombre » (cool as a cucumber), même quand on est « dans un cornichon » (in a pickle), c'est-à-dire dans de beaux draps. Pourtant, ce n'est pas de la tarte, bref « ce n'est pas comme sucer du sucre », comme disent les Allemands, ni « de la morve de dindon » comme renchérissent les Espagnols, qui veulent dire que ce n'est pas de la roupie de sansonnet.

Justement, « parlons dinde » (let's talk turkey), suggérera notre hôte britannique pour nous faire comprendre qu'il est temps de discuter sérieusement : l'important, c'est de n'inviter ni « gros jambon » (l'arrogant du Québec) ni « gros fromage » (la grosse légume britannique), surtout s'il a « un cornichon dans le derrière » (a pickle up one's backside), juste là où les Français y ont un balai. En revanche, les « beaux trognons » du Québec, ces belles plantes, sont les bienvenus. Nos invités grecs, compréhensifs, ajouteront que « deux pastèques ne peuvent pas tenir sous la même aisselle », bref, qu'on ne peut pas être au four et au moulin, ou « assister à la messe et sonner les cloches », comme on dit en Espagne.

Quant au dessert, si nous partageons la cerise sur le gâteau avec les citoyens de la Botte, les Espagnols l'aiment plus précisément « griotte sur la tarte » et les Anglo-Saxons, rois du cupcake, « glaçage sur le gâteau ».

4) Estomac dans les talons et yeux plus gros que le ventre

Les idiotismes à caractère anatomique feraient passer la vieille chanson d'Ouvrard, rate qui s'dilate et foie qu'est pas droit compris, pour de la petite bière. On a la gueule de bois, ou on en parle la langue, et il nous arrive d'avoir les yeux plus gros que le ventre, tout comme les Britanniques, les Brésiliens ou les Argentins. En Italie, on se contente de les avoir « plus gros que la bouche », ce qui est plus raisonnable. Les Français ont même parfois l'estomac dans les talons, tandis que les Espagnols l'ont « dans les pieds », les Allemands, moins affamés sans doute, « dans les jarrets », et les pauvres Portugais « dans le dos ».

Les étrangers qui apprennent le français n'en finissent pas de s'étonner que nous soyons capables de courir plus vite en prenant nos jambes à notre cou. On leur fera remarquer que les Allemands les prennent « sous les bras » (die Beine unter die Arme nehmen) et les Italiens « aux épaules » (mettersi le gambe in spalla). En revanche, si un Britannique suggère qu'on cesse de lui « tirer la jambe » (stop pulling my leg !), il ne demande pas qu'on la lui lâche mais qu'on cesse de le faire marcher, ou encore, comme diraient nos cousins ibériques, de lui « prendre les cheveux » (tomarle el pelo). Eux, les Ibères, « dorment à jambe relâchée » quand nous le faisons à poings fermés, mais quand ils « tirent la patte » (estirar la pata), c'est qu'ils partent les pieds devant.

S'il est inconfortable d'avoir deux mains gauches, que dire des malheureux sujets de Sa Gracieuse Majesté qui « ne sont que des pouces » ? Il nous arrive aussi d'avoir les chevilles qui enflent ou la grosse tête – nos cousins québécois gonflant plutôt de l'estomac et « se pétant les bretelles » –, et de nous vanter d'accomplir des exploits les doigts dans le nez, exploits que les Allemands accomplissent « avec la main gauche » et les Britanniques « les mains attachées dans le dos », les Italiens « les mains dans les poches », les Portugais « un pied dans le dos » et les Espagnols « sans se décoiffer ».

« Mon pied ! » (my foot !), ricaneront les Anglais, qui entendront par là « Mon oeil ! ». Et en effet bien souvent nous nous mettons le doigt dedans (l'oeil), comme les anglophones « prennent la mauvaise truie par l'oreille », ou comme les Russes « s'asseyent dans une flaque » et les Brésiliens, grands fans de foot devant l'Eternel, « mangent du ballon ».

Quand une folie nous coûte les yeux de la tête, nos pauvres voisins d'outre-Manche doivent « payer un bras et une jambe » ou alors « payer par le nez ». En Espagne, on est quelque peu épargné, puisqu'il n'en coûte qu'« un oeil du visage », de même qu'en Grèce, où le prix ne dépasse pas « les cheveux de la tête ».

Reconnaissons que, devant ces histoires sans queue ni tête, ou « sans pieds ni tête » comme en Espagne, ou encore « sans main ni pied » comme en Allemagne, les bras nous en tombent – nos cousins Germains en resteront « tout aplatis », tandis que les Néerlandais, en costume folklorique, « en casseront leur sabot ».

5) Sucrer les fraises ou donner sa pipe à Martin

S'il nous arrive d'avoir la frite, la pêche ou la patate, bref, d'être frais comme un gardon, « plus sain qu'une pomme », comme on dit en Espagne, ou « plein de haricots », en Angleterre, ce sont surtout les tracas de santé, et de santé mentale en particulier, qui inspirent l'idiotisme.

On peut simplement n'avoir pas inventé l'eau chaude, ou tiède, ou le fil à couper le beurre, bref, « l'assiette creuse » pour les Néerlandais, « la roue » pour les Américains, « la cire espagnole » pour les Hongrois, « ne pas avoir mis le spring (le ressort) aux sauterelles » pour les Québécois, bref, n'être pas « l'outil le plus affûté de la boîte » (the sharpest tool in the box) pour les Britanniques. On peut aussi, de manière encore bénigne, « prendre des navets pour des citrons » aux Pays-Bas ou « la lune pour du fromage vert » en Angleterre, bref, des vessies pour des lanternes. Et perdre occasionnellement les pédales, ou « les étriers », comme en Espagne.

Les choses se gâtent un brin quand nous perdons la boule et les Britanniques « leurs billes ». Les mêmes Anglais deviennent parfois « fous comme des chapeliers », « vont bananes » (go bananas) ou souffrent de « chauves-souris dans le clocher », quand nous nous contentons d'une araignée au plafond, les Allemands, bucoliques, de « grillons dans la tête » et les Danois de « rats au grenier ». Quand nous sommes fous de joie, les Québécois sont « fous comme des balais ». Les Hollandais, lucides, en concluront que nous avons tous « reçu un coup de moulin ».

Quand il nous manque une case, il « manque une vis » aux Espagnols (faltar un tornillo), « un jeudi » ou « un vendredi » aux Italiens et les Britanniques « manquent un peu de cuisson » (to be a little undercooked) ou « de sandwichs pour faire un pique-nique », tandis que les Allemands n'ont  « pas toutes les tasses dans le placard ». Enfin, les sujets de Sa Majesté, décidément créatifs dans le domaine de l'agitation du bocal, ont parfois « autant de noix qu'un cake aux fruits ». En vieillissant, les esprits les plus vifs finissent parfois par sucrer les fraises, tandis que, outre-Quiévrain, fidélité à la légende gastronomique oblige, ils préfèrent « saler les frites » avec option tremblote.

Au bout du compte et du rouleau, nous finirons tous par « donner un coup de pied dans le seau » à l'anglo-saxonne (kick the bucket), ou « dans la cloche » à la bulgare, par « ôter nos sabots » à la danoise, « secouer les fers à cheval » à la grecque, « boutonner la veste » à la portugaise, bref, passer l'arme à gauche. D'aucuns préféreront peut-être « donner leur pipe à Martin », comme le font les Néerlandais, la casser, comme les Français, ou « avaler leurs chaussures » comme les Tunisiens. Libre aux tempéraments verts de choisir de manger les pissenlits par la racine, ou « la pelouse » comme au Portugal, de « faire pousser des mauves » comme en Espagne, ou de « pousser les pâquerettes vers le haut » (push up daisies) à l'américaine…

6) Vertes années et colère noire

Si toutes les couleurs de l'arc-en-ciel ont les honneurs des expressions idiomatiques, elles ne sont pas interchangeables : en français, on peut être vert de rage, sûrement pas de colère. De colère, on ne saurait être que rouge. On peut aussi voir rouge, bien qu'il n'existe pas de colère rouge – la colère hexagonale est noire, exclusivement.

Evidemment, il est plus agréable de voir la vie « en bleu », comme disent les Portugais quand ils la voient en rose. Il arrive aussi que les Belges soient « bleus » de quelque chose, mais alors ils en sont fous. Quand les Français ont une peur bleue, les Anglo-Saxons ont « peur à mort » (scared to death), mais quand ils se « sentent bleus » (feel blue), c'est qu'ils broient du noir. S'ils rient alors, c'est plutôt jaune – ou « vert », à l'italienne ou à la flamande, ou encore « comme un lapin » (con risa de conejo), à l'espagnole.

« Mettre quelqu'un vert », outre-Pyrénées, loin de le mettre au vert, c'est dire du mal de lui, ce qui n'est pas blanc-bleu – mais moins grave que de le « battre noir et bleu » (to beat someone black and blue) en anglais, c'est-à-dire comme plâtre, un coup à le rendre « vert autour des branchies » (green around the gills), soit blanc comme un linge. Un bleu, chez nous, quand ce n'est pas le résultat d'un marron, c'est un blanc-bec, une « corne verte », comme disent les Anglo-Saxons, donc un quidam qui a la chance d'être encore dans ses « jours salades » (salad days), ses vertes années.

Après ces années-là, les Français sont les seuls à garder parfois la main verte ; ailleurs (Québec, Royaume-Uni, Allemagne, Italie), on se contente du « pouce ». Enfin, tout ça, c'est « chou vert et vert chou », comme on dit en Belgique, « le même chien avec un autre collier », expliqueront les Espagnols, bonnet blanc et blanc bonnet. « C'est six de l'un, une demi-douzaine de l'autre » (six of one, half a dozen of the other), renchériront les Britanniques, « Moussa le pèlerin, le pèlerin Moussa », préciseront Tunisiens et Algériens, « quatre trente-sous pour une piastre », concluront les Québécois.

L'important, c'est de ne pas « être aux dures et aux mûres » en Espagne (estar a las duras y a las maduras), en « voir des cuites et des crues » en Italie (di cotte e di crude), c'est-à-dire des vertes et des pas mûres.

Quel bel accord idiomatique, voilà un « jour à lettre rouge » (red-letter day), la manière anglo-saxonne de le marquer d'une pierre blanche, « rare comme une mouche blanche », se réjouiront les Italiens, bref « un merle blanc ! », approuveront les Espagnols, prouvant par là qu'ils sont capables de ne pas « rester blancs » (quedarse blanco), ce qu'ils font quand ils restent cois.

En France, ce sont parfois les nuits qui sont blanches, ou « sur la corde à linge » au Québec, notamment quand on les passe à « peindre la ville en rouge », soit faire les quatre cents coups à la mode british, ou, moins divertissant, à travailler au noir, comme on dit à peu près partout dans le monde (Espagne, Italie, Allemagne, Pologne…), sauf justement chez les British, qui, eux, préfèrent « clair-de-luner » (to moonlight), c'est plus lumineux. Le plus agréable, ce serait quand même de passer la nuit à prendre nos désirs pour des réalités à la manière québécoise : en « rêvant en couleurs ».

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

"Intelligence artificielle : une machine peut-elle ressentir de l'émotion ?"

Certains programmes savent déjà les imiter à la perfection et même influer sur nos propres émotions.

La science-fiction nous abreuve de robots autonomes, si perfectionnés qu'ils disposent d'une conscience, d'émotions et nous inspirent même de l'empathie, à l'instar des êtres humains. Mais loin de la littérature et d'Hollywood, qu'en est-il aujourd'hui dans les laboratoires du monde entier ? L'émotion, et la conscience, apparaissent comme des éléments essentiels pour fabriquer une machine à l'image de l'être humain. Mais elles font aussi partie des plus difficiles à conceptualiser.

Et c'est là que réside la plus grande difficulté : comment définir – et donc reproduire – l'émotion et la conscience ? « On ne sait pas ce que c'est que la conscience, on n'en connaît pas les fondements. On n'est donc pas capables de créer une machine consciente », tranche Jean-Gabriel Ganascia, chercheur au laboratoire d'informatique de Paris-VI et auteur de L'Intelligence artificielle. « Pour cela, il faudrait que la machine perçoive comme nous : la douleur, le plaisir… Et quand bien même, elle ne les percevra pas de la même manière que nous. »

Une analyse partagée par Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à la Sorbonne et spécialiste de l'intelligence artificielle : « La vie intérieure, on ne sait pas ce que c'est. »

A défaut d'être capables de ressentir, les machines peuvent néanmoins simuler, en apparence, des émotions et une conscience : c'est sur ce sujet que se concentrent aujourd'hui les chercheurs en intelligence artificielle ; un domaine de recherche intitulé « informatique affective ». Car finalement, « quelle est la différence entre ressentir et donner les signes extérieurs du ressenti ? », interroge Jean-Michel Besnier : « Ce sont les signaux qui comptent. En toute rigueur, votre intériorité, je ne sais pas si elle existe… Elle se manifeste à moi par des signes extérieurs. Je ne sais pas ce que c'est que de ressentir une émotion chez un autre être humain. Je peux ressentir de l'empathie, mais je peux aussi en ressentir face à un acteur, qui simule. C'est pourquoi pour ceux qui fabriquent des machines, si elles sont capables de simuler, ça suffira. »

Catherine Pelachaud, Directrice de recherche au CNRS, fabrique depuis des années des « agents conversationnels », sortes d'avatars capables de discuter avec des êtres humains. Son champ de recherche concerne plus précisément les « comportements non verbaux », soit les signes extérieurs d'émotion transmis par l'avatar. « La machine ne ressent pas, mais elle peut transmettre. Le ressenti est du domaine de l'homme, et ça doit le rester ! »

Les « agents » qu'elle élabore accompagnent leurs paroles de gestes, de mouvements de la tête ou d'expressions du visage qui les rendent plus humains. Ils sont aussi capables de réagir aux émotions transmises par leur interlocuteur. « Dans la communication, le non verbal apporte énormément, il permet de mieux se comprendre. Sans ça, ce serait comme parler à un mur. Ça permet d'oublier qu'on parle à une machine. »

Et afficher une émotion est moins simple qu'il n'y paraît. « Ça peut aller jusqu'à des micro-expressions. Il y a plusieurs types de sourires : si vous pincez les lèvres, si vous plissez les yeux, cela aura différentes significations », explique Catherine Pelachaud.

Malgré ce souci du détail, les avatars utilisés par les équipes de recherche en informatique affective ne semblent pas très réalistes. A l'heure où les entreprises d'effets spéciaux sont capables de réaliser des images de synthèses ultra-détaillées, pourquoi se contenter d'agents si schématiques ? « Contrairement au cinéma, qui a des animateurs pour peaufiner chaque expression, nos agents doivent être autonomes et réagir en temps réel », indique Catherine Pelachaud.

Mais surtout, si le réalisme est trop important, « on tombe dans la vallée de l'étrange », prévient-elle. Selon cette théorie du Japonais Masahiro Mori, les représentations très réalistes, mais toujours imparfaites, de l'homme, nous paraissent dérangeantes, voire monstrueuses. Nous serions, en revanche, beaucoup plus enclins à trouver sympathiques et à ressentir de l'empathie pour des représentations de l'humain bien plus schématiques. Un robot capable de simuler des émotions, empruntant ses traits à Albert Einstein et développé par l'entreprise (japonaise) Hanson Robotics, en est un bon exemple.

Mais les programmes développés par l'informatique affective ne se contentent pas de mimer les émotions. Ils doivent aussi être en mesure de détecter celles des humains, et de s'y adapter en temps réel. Pour cela, ils observent et analysent les expressions et les mouvements de leur interlocuteur : s'il regarde ailleurs, s'il montre qu'il n'a pas compris, s'il manifeste un désaccord. Et ce n'est pas simple. Car en plus des émotions « de base », définies par le psychologue américain Paul Ekman (tristesse, joie, peur, colère, surprise, dégoût), il existe des émotions plus complexes. Comment, par exemple, distinguer la tension de l'anxiété ? Interpréter un haussement de sourcils n'est pas non plus aisé. Veut-il dire bonjour ? Signifie-t-il la surprise ? L'emphase ?

Et en imitant l'émotion, les programmes les plus avancés sont aussi en mesure… de générer de l'émotion chez les humains. Ainsi, le projet européen Semaine , auquel participait Catherine Pelachaud, a donné des résultats surprenants. Les agents développés étaient chacun dotés d'un état émotionnel fort, comme la tristesse, la colère ou la joie. Objectif : amener leur interlocuteur, humain, vers le même état émotionnel qu'eux. « Il y a eu des interactions absolument incroyables », se souvient la chercheuse, qui a mené ces expériences il y a cinq ans. « Face à un agent dépressif, le sujet montrait de l'empathie. Parfois, l'état émotionnel du sujet changeait au milieu de la conversation. J'étais surprise qu'il y ait des interactions aussi riches, aussi naturelles. »

Malgré les avancées dans le domaine de l'informatique affective, on est encore bien loin des prédictions de Ray Kurzweil, le « pape » du transhumanisme embauché par Google en 2012. Dans un entretien au magazine américain Wired en avril 2013, il prévoit qu'en 2029, des programmes seront capables « d'intelligence émotionnelle, d'être drôles, de comprendre des blagues, d'être sexy, aimants et de comprendre l'émotion humaine. (…) C'est ce qui sépare les ordinateurs et les humains aujourd'hui. Je crois que ce fossé va se refermer d'ici 2029. »

Une vision qui exaspère le philosophe Jean-Michel Besnier : « Je suis inquiet de voir que l'intelligence artificielle impose un point de vue de plus en plus simplificateur sur l'être humain, qu'on ne peut pas réduire à ces signaux. Pour comprendre les émotions humaines, moi, je préfère me plonger dans la littérature ! »

Extraits d'un article paru dans Le Monde le 12 octobre 2015

QUESTIONS :

1. Quels nouveaux mots avez-vous appris dans cet article ?

2. Pensez-vous que les robots ont leur place dans la société ? Si oui, où, et dans quels domaines ?

3. Avez-vous déjà vu un robot dans votre travail ou ailleurs ?

4. …Mais surtout, si le réalisme est trop important, « on tombe dans la vallée de l'étrange.. Que pensez-vous de cette phrase ? Vous sentiriez-vous à l’aise devant un robot qui fait les mêmes mimiques et gestes qu’un être humain ?

5. Que pensez-vous de ce commentaire ? Etes-vous d’accord ou non ? Pourquoi :

Une vision qui exaspère le philosophe Jean-Michel Besnier : « Je suis inquiet de voir que l'intelligence artificielle impose un point de vue de plus en plus simplificateur sur l'être humain, qu'on ne peut pas réduire à ces signaux. Pour comprendre les émotions humaines, moi, je préfère me plonger dans la littérature ! »
Retour
haut de page

Le nouveau Musée du Louvre à Abu Dhabi

Un superbe diaporama publié dans L'Express sur le nouveau musée "Le Louvre Abu Dhabi" créé par un architecte français et inauguré le 8 novembre 2017 par Emmanuel Macron, qui fascine les étudiants :

Le nouveau Musée du Louvre à Abu Dhabi

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La "French girl"

Vu d’Allemagne

Le piège de la “French girl” parfaite s’est refermé sur la femme française

C’est un cliché tenace en dehors de nos frontières : la femme française serait chic, impeccable en toutes circonstances, et ce sans faire d’effort. Ce journal allemand décrypte et déconstruit un mythe envahissant.

Parmi les critères pertinents lorsque l’on souhaite comparer des pays, on peut citer leur superficie, leur population ou le nombre d’espèces d’oiseaux sauvages. L’attractivité de leurs habitants, elle, fait partie des critères débiles. Qui sont les plus beaux ? Les Allemands ou les Néerlandais ? Même Internet n’a pas la réponse à cette question. Quand on cherche à quoi ressemble le “style allemand”, Google Images n’a que des voitures à nous proposer. La beauté humaine est manifestement une catégorie des classements internationaux où les Allemands se situent hors compétition. De même que les Hollandais, les Britanniques ou toute autre nationalité d’ailleurs.

Seule exception à cette règle : la Française. Cela fait des dizaines d’années que ce cliché de femme terrorise le reste du monde sur le mode du “toujours un peu meilleure que toi”. La Française est toujours élégante et décontractée. Elle reste elle-même, libre et sans attaches, même dans ses relations au long cours. Elle est plus mince et plus féminine, et néanmoins quand on lui dit tout ça, elle se contente de secouer sa crinière pleine de nœuds et de lâcher un : “Ah bon ?” Et les Françaises sont elles-mêmes hantées par une version plus extrême encore de la Française : la Parisienne.

Car la Française est le genre de personnage auquel on n’échappe pas, même quand on fuit les magazines de mode. Elle incarne le bonheur dans tous les domaines de l’existence : tu peux tout avoir, sans effort ni conflit ; des enfants, un travail, un ventre plat et des petits déjeuners gueule de bois avec ta meilleure amie.

Facile à dire

Personnification de la Parisienne typique, Caroline de Maigret est mannequin, productrice de musique et fille de l’aristocratie. Avec trois complices, elle a coécrit How to Be Parisian Wherever You Are : Love, Style, and Bad Habits [en français : Comment être Parisienne où que vous soyez : amour, style et mauvaises habitudes]. La bonne parole de cet évangile à la gloire de la Française publié en 2014 n’a pas tardé à se répandre.

Devenu un best-seller international, le livre a toutefois inspiré une poignée de critiques selon lesquelles il serait pour le moins osé de prétendre que quiconque pourrait être aussi cool que Caroline de Maigret alors qu’elle s’obstine à bouder tout objet ressemblant à un peigne. Car quand l’intéressée se présente – comme souvent – les cheveux en bataille, les gens se disent : “Trop belle ! Même si son sèche-cheveux est manifestement hors d’usage.” Naturellement, tout le monde peut faire ce choix capillaire, mais si vous n’avez pas le visage de Caroline de Maigret, ne soyez pas étonné qu’une bonne âme fasse tomber quelques pièces dans votre tasse de café vide.

Avant cet éloge de Caroline de Maigret à elle-même, le monde de l’édition nous avait gratifiés d’un autre best-seller, Ces Françaises qui ne grossissent pas [Mireille Guiliano, chez J’ai lu], qui a – malheureusement – envahi le rayon littérature française. Et avant cela, il y avait eu Bébé made in France : les secrets de l’éducation à la française [de Pamela Druckerman, chez Flammarion], qui détaillait les astuces des mères françaises pour éduquer leurs enfants – les pères n’étant que des partenaires certes désirables mais complètement tartes. Un détail qui a son importance quand on se demande comment le mythe de la Française peut être aussi énervant et néanmoins tenace.

Car au bout du compte, ces fabuleuses descriptions de la Française mythique parlent moins de la façon dont elle s’habille et se comporte que de la manière dont elle se fond si parfaitement dans ce monde où le pouvoir et l’argent sont si fermement concentrés entre les mains des hommes. C’est comme si Paris réservait certains de ses plus beaux palais au patriarcat pour qu’il puisse y laisser ses pantoufles, des fois que l’atmosphère ne devienne par trop inconfortable ailleurs.

Ainsi retrouve-t-on la Française partout, comme un accessoire inséparable. Y compris là où on ne l’attend pas. Un texte politique par exemple. En juillet dernier, le journal Die Welt a envoyé l’écrivain Joachim Lottmann à la remise du prix franco-allemand des médias attribué à Jürgen Habermas. N’étant pas nominé, le journaliste n’avait fait le voyage que pour déblatérer à propos du philosophe. Il en est sorti un article au ton acrimonieux dans lequel Lottmann ne trouve qu’un motif de satisfaction : “Quelques jolies Françaises. […] Françoise Hardy jeune. On avait fini par oublier qu’une femme pouvait ressembler à ça, si éternellement chic.” Coup d’œil sur la photo de Lottmann : on n’avait pas oublié qu’un homme pouvait ressembler à ça.

Gala et Glamour ne diraient pas autre chose que Lottmann. Car il serait inconcevable de parler de la Française sans évoquer le “chic éternel”. Ou rappeler les sempiternelles astuces sur l’art de porter une chemise d’homme et de ne pas se maquiller comme un camion volé – à l’exception du rouge à lèvres.

Une liberté suspecte

La Française sait comment s’y prendre. Elle boit et fume, même quand elle est mère. Elle ne glousse pas à la moindre plaisanterie prononcée par l’homme assis à côté d’elle, préférant faire valoir son droit à l’ennui. Quand elle se rend au travail, c’est sûre d’elle et fière. Être française, c’est être libre et jouir. Et en célébrant ainsi la Française comme une figure d’exception, on en vient finalement à dire qu’une femme qui s’amuse autant, ce n’est pas normal.

Et le fait est que ça n’est pas la normalité. Pas même pour les Françaises. Car au bout du compte, c’est seule que la Française doit décider si elle veut ou non laisser son enfant de 3 mois à la crèche. Les pères n’ont droit qu’à onze jours de congé parental. La Française est peut-être rayonnante la journée, mais le soir, c’est elle qui dresse la liste des choses à faire, va étendre le linge et réchauffer des restes pour le repas.

D’après les chiffres de l’Institut national de la statistique [Insee], ce sont essentiellement les femmes qui consacrent leur temps au ménage (64 %) ou aux enfants (71 %). Et les plaidoyers pour la maternité à la française le savent très bien. Dans Bébé made in France, Pamela Druckermann ne dit pas seulement que ses amies parisiennes sont mieux habillées qu’elle, mais aussi comment elles en viennent à accepter l’inaptitude de leur compagnon concernant les tâches domestiques.
En contrepartie, les hommes applaudissent la capacité des femmes à “faire tourner la maison”. Et ces louanges semblent rendre l’inégalité plus supportable. Pour les Parisiennes que je connais, l’égalité entre hommes et femmes n’est simplement pas un critère.

Pour rappel, la France est le pays qui nous a donné des femmes de la trempe d’Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir et Simone Veil. La première a tenté d’expliquer aux chefs révolutionnaires comme Robespierre le non-sens que représentait l’octroi de libertés fondamentales à une moitié seulement du genre humain. La deuxième a si bien disséqué le statu quo du patriarcat que tout le monde a voulu lire le résultat. Et la troisième a rendu l’avortement légal pour ses concitoyennes en 1975.

Ces trois femmes ne se sont pas battues pour l’émancipation des femmes en se demandant pourquoi leur voisine réussissait tout mieux qu’elles. Elles ont fait comprendre que les relations hommes-femmes devaient fondamentalement évoluer et que la liberté n’était pas une affaire de sexe. La Française icône de mode prêche autre chose : sois libre, tant que ça ne dérange personne. La femme ne change pas le monde, elle se change elle-même pour rendre le monde un peu plus beau.

Un mythe encouragé par les Françaises ?

Et ce n’est pas comme si elles n’étaient pas encouragées par le reste du monde à jouer les gravures de mode. La marinière est tellement parfaite avec un livre assorti, pour faire du clic sur Instagram ou dans une publicité pour un parfum, des bas ou des gâteaux. Ce culte de la Française nous vient d’abord des États-Unis. Dans Midnight in Paris, Woody Allen en faisait une ronde sentimentale, mais sur les blogs de mode comme Refinery29, pas une semaine ne passe sans un article vous révélant toutes les astuces pour être une “French girl”. Et les Français cultivent cette obsession avec un mélange de condescendance (“évidemment qu’on est plus cultivés que les Américains”) et d’opportunisme mercantile (“Catherine Deneuve s’est assise sur cette chaise, 7 euros le café, s’il vous plaît”).

Toutes les Françaises n’ont pas la présence d’esprit d’une Charlotte Gainsbourg qui, interrogée pour la énième fois sur le secret des femmes françaises, répond simplement qu’il n’y en a pas. Et l’actrice d’expliquer au Wall Street Journal qu’elle ne change de pull que quand celui-ci commence à puer. À ce niveau, elle aurait aussi bien pu dire qu’elle se frottait des poils de souris sous les aisselles en guise de déodorant, elle n’en serait pas moins “so French”.

Alors que faire quand, à force de persévérance, on parvient à s’ôter ce cliché de la tête, puis que l’on va à Paris et que toutes les terrasses débordent de gens à la beauté insolente ? Réponse : s’en réjouir, les admirer et les observer de plus près. La Française typique était blanche, fragile et issue d’une bonne famille. Elle a bien dû faire de la place en terrasse pour ses sœurs du monde entier.

Aujourd’hui à Paris, nul ne porte les marques de créateurs français avec plus de dévotion que les touristes chinois. La Française au teint pâle, elle, arbore des vestes en wax et motifs africains de Maison Château Rouge, une marque parisienne branchée. Les enfants des immigrés sénégalais, camerounais et maliens ne se retrouvent pas qu’en équipe de France de football. Ils font désormais la mode et les couvertures de Vogue Paris. Même dans le domaine de la musique, la figure de la chanteuse fragile, façon Vanessa Paradis jeune, a cédé la place à une Héloïse Letissier, la chanteuse à l’allure athlétique et androgyne de Christine and the Queens (aujourd’hui Chris) qui remplit les stades de Londres à Los Angeles.

Alors qu’il était à la recherche de thèmes porteurs pour sa future campagne, le candidat Macron avait demandé à ses compatriotes ce qu’ils attendaient de leur président : qu’il lutte avec plus de détermination pour l’égalité hommes-femmes, avaient-ils répondu. Macron est-il sincère quand il se dit féministe ? La question n’est pas là. Une chose est sûre cependant, il n’existe aucun pays au monde où les femmes se disent : d’accord, mon collègue masculin gagne 25 % de plus que moi, mais au moins il me trouve sexy. Pas plus qu’il n’existe de pays où les enfants ne font jamais de caprice, où les gens ne grossissent pas et où tout le monde porte des vêtements parfaitement taillés. La Française est morte, vive les Françaises.

Nadia Pantel, Süddeutsche Zeitung, publié dans Courrier international du 18 décembre 2018

Quelques questions que vous pouvez poser pour vos étudiants :

1. Quels sont les nouveaux mots que vous avez appris dans cet article ?
2. Avant de lire cet article, quelle image aviez-vous de la femme française ?
3. Quel est le cliché de la femme française ?
4. Quelle est la réalité ?
5. Etes-vous surpris par certains aspects décrits dans l’article ?
6. Selon vous, quelles sont les différences marquantes entre une Américaine et une Française ? Et comment est-ce qu’elles se ressemblent ?
7. Qui sont les personnages suivants :  Simone de Beauvoir ; Simone Veil ; Françoise Hardy et Charlotte Gainsbourg ?
8. Que pensez-vous de ce dernier commentaire ? :
Macron est-il sincère quand il se dit féministe ? La question n’est pas là. Une chose est sûre cependant, il n’existe aucun pays au monde où les femmes se disent : d’accord, mon collègue masculin gagne 25 % de plus que moi, mais au moins il me trouve sexy. Pas plus qu’il n’existe de pays où les enfants ne font jamais de caprice, où les gens ne grossissent pas et où tout le monde porte des vêtements parfaitement taillés. La Française est morte, vive les Françaises.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Interview Alain Rey, rédacteur en chef des dictionnaires Petit Robert

Alain Rey : « L’hostilité au père a été quelque chose de fondamental »

Lexicologue, rédacteur en chef des publications des éditions Le Robert, ancien chroniqueur sur France Inter, Alain Rey continue, à 91 ans, d’enrichir le Dictionnaire historique de la langue française.

Je ne serais pas arrivé là si…

Si je n’avais pas eu beaucoup de chance dans mon enfance entre une mère exagérément affectueuse, qui me lisait beaucoup d’histoires, et un père qui, tout en étant polytechnicien, était très musicien, chanteur et bibliophile. J’ai été bercé par Bach et Schubert dès ma plus tendre enfance. Et je ne serais pas arrivé là si je n’avais pas passé des vacances d’été à La Bourboule en Auvergne. Il pleuvait souvent, alors je lisais énormément, notamment des bandes dessinées.

Quels souvenirs remontent lorsque vous pensez à votre enfance ?

Mon enfance a été pas mal bousculée par la guerre et une longue absence de mon père, coincé en Iran où il dirigeait des travaux. Mais ça ne m’a pas traumatisé car les gens qui comptaient le plus dans ma vie, c’étaient des femmes : ma mère, mes deux sœurs et deux grands-mères, l’une qui était comme une copine et l’autre, sévère, habillée de noir, modèle d’énergie. Elle avait eu dix-sept enfants – quatorze en vie – et, après la mort de son mari, dirigeait la brasserie familiale. Et puis j’avais une série d’oncles et de tantes religieux : deux chartreux, un capucin, une « sœur blanche » et une clarisse.

Quelle influence cela a-t-il eue sur vous ?

J’étais un enfant catholique surveillé comme tel. J’ai joué le jeu jusqu’à 14 ans. Puis j’ai eu l’impression que ce régime-là était uniquement fait pour gêner, empêcher, interdire. J’avais le sentiment d’une extraordinaire comédie. Je me suis révolté passivement : je ne communiais plus et je ne suis plus allé à l’église.

Aviez-vous déjà un amour des mots ?

Ah oui, cela, c’est de tout temps ! Mes lectures, mon goût pour le vocabulaire, me prenaient beaucoup. A l’école, je dessinais des espèces de schémas en écrivant, par exemple, toutes les parties d’un bateau – les cacatois, les artimons n’avaient aucun secret pour moi ! – juste pour le plaisir des mots. Cela me titillait mais je ne savais pas du tout que ça pouvait être un métier. Tout m’intéressait, même les noms propres. Je me souviendrai toujours du jour où j’ai découvert que l’écrivain dont je lisais le nom avec peine et que je prononçais « Chaquespire » n’était autre que le Shakespeare dont parlaient mes parents quand ils allaient au théâtre ! Ça a été une révélation ! Si c’était comme ça pour un nom, qu’est-ce que ça devait être pour l’ensemble !

Donc une enfance heureuse malgré la guerre ?

Mais avec un côté noir chez mon père, qui était d’extrême droite au début – il a évolué après –, et passablement antisémite. Ça a servi à ma prise de conscience personnelle. A La Bourboule, pendant l’Occupation, j’ai eu un premier choc sur les préventions insupportables de mon père contre certaines personnes. Il y avait pas mal de réfugiés. Presque tous mes profs de cette époque étaient d’Europe centrale. J’ai découvert une culture et des gens adorables.

Et contrairement à votre père, vous avez choisi de faire des études littéraires…

Cela lui aurait fait plaisir que je me lance dans des études scientifiques. Mais je ne voulais pas obéir bêtement à des lois extérieures. J’ai fait une année d’hypokhâgne qui m’a beaucoup apporté, avec un prof de littérature qui nous a fait découvrir Henri Michaux, qui reste l’un de mes poètes favoris ; puis plusieurs certificats de licence, et Sciences Po qui m’a essentiellement servi à jouer au poker ! J’ai raté l’examen de sortie parce qu’on m’a posé des questions sur des trucs fiscaux… Je n’ai pas le diplôme !

Quand j’ai arrêté mes études, il y a eu un « je ne serais pas arrivé là si » important : mon service militaire. Il n’a duré qu’un an, mais fut intense. Après mon certificat de licence en histoire de l’art – qui m’a passionné – je me suis retrouvé tout à fait par hasard sur un bateau avec des tirailleurs tunisiens. Tout d’un coup, un univers inconnu me tombait sur la gueule et, une fois arrivé en Tunisie, j’ai eu une prise de conscience des vrais problèmes : les limites de la présence française, l’inconvénient de porter une chéchia qui faisait que les Français de Sousse, où j’étais cantonné, me traitaient avec mépris. Tout cela, croisé avec la découverte de la revue Les Temps modernes et l’influence de Sartre, très importante pour moi, m’a fait les pieds solidement et rapidement.

Au retour du service militaire, votre vie va basculer…

Une offre d’emploi dans Le Monde va tout changer. Une tante un peu folâtre me montre une annonce : « Recherche des collaborateurs pour des travaux paralittéraires. » Je ne savais pas du tout ce que c’était ! J’ai candidaté. J’ai rencontré à Paris le cousin du lexicographe Paul Robert [1910-1980, le fondateur des éditions Le Robert] qui m’a expliqué qu’il s’agissait de faire un dictionnaire et m’a proposé de faire un essai. Je n’aimais pas les dictionnaires, ça m’emmerdait, je trouvais cela figé ! C’était la première fois de ma vie que j’ouvrais Le Littré et que je m’essayais à faire un article de dictionnaire ! J’avais choisi le mot « autel » . Un jour je reçois une lettre de Paul Robert : « Votre essai m’a convaincu, je vous attends. »

Ce nouveau travail vous a-t-il tout de suite plu ?

Oui, j’ai trouvé ça extraordinaire, fascinant. Passer des Antilles à l’antimoine, ça me plaisait ! Il y avait quelque chose à faire qui me paraissait essentiel mais je ne savais pas trop quoi. Est-ce que les mots révélaient quelque chose de la société ou pas ? Est-ce que la littérature contemporaine méritait d’y figurer ? Paul Robert acceptait presque tout. C’était une éponge. De l’intérieur, on pouvait changer ce livre et en faire quelque chose d’acceptable. A chaque sortie de fascicule, on se jetait dessus pour retrouver ce qu’on avait fait, avec une frustration grandissante car Paul Robert s’arrogeait toute la responsabilité. Les collaborateurs n’étaient même pas mentionnés.

Quel est le meilleur mot pour définir votre métier ?

Lexicologue, je veux bien. J’aurais voulu être linguiste. Je ne le suis pas. J’en ai fait beaucoup mais j’ai appris tout seul, sur le tas, grâce à des lectures et des rencontres avec des universitaires tels que Jean Dubois, maître à penser des éditions Larousse, et Pierre Guiraud, grand étymologiste.

Pourquoi est-ce vous qui passez aux commandes du Robert ?

Je travaillais vite et tout le temps. Paul Robert n’avait pas vu ni prévu que je lui pétais sa baraque. Je faisais autre chose que ce qu’il avait voulu au départ. Cela s’est réalisé quand nous avons fait Le Petit Robert avec Josette Rey-Debove (ma première épouse) et le normalien Henri Cottez. Un bon dictionnaire est obligé de tenir compte des usages les plus marginaux de la langue, y compris de la poésie. Progressivement, nous comprenons que décrire correctement les mots, c’est décrire une époque, une manière de penser. Je me suis toujours intéressé à la dimension sociale et politique des mots parce que le côté formel de la linguistique ou de la philologie ne me satisfait pas. On ne peut pas faire de l’histoire sans faire de l’histoire lexicale.

Vous êtes devenu un lexicographe connu grâce à vos chroniques dans la matinale de France Inter de 1993 à 2006. Comment êtes-vous arrivé à la radio ?

Encore un « si » important ! C’est grâce à Ivan Levaï, alors directeur de l’information. Après une série d’émissions de Claude Villers, qui m’avait invité lors de la première édition de mon Dictionnaire historique, il me contacte : « Vous avez une bonne voix et, pour la rentrée, j’aimerais une chronique sur le bien parler, le “dites ça, ne dites pas ça”. » Je lui réponds : « Navré, ça ne m’intéresse pas du tout. En revanche, je veux bien essayer une chronique sur le contenu des mots et l’impact qu’ils ont sur la société. » Il me dit oui.

Pendant ces treize années, avez-vous eu carte blanche ?

Complètement. En général, je prenais un mot qui résonnait par rapport à l’invité. Une couleur politique se dégageait de mes chroniques, essentiellement pendant la guerre d’Irak avec tous les euphémismes de la guerre comme « les dégâts collatéraux ». Je recevais beaucoup de courriers, 90 % de félicitations et 10 % d’engueulades : « Gardez pour vous vos étymologies mais surtout vos idées politiques ! »

Avec Ivan Levaï, puis Jean-Marie Cavada à la direction, cela s’est très bien passé. Ça a commencé à coincer avec Jean-Paul Cluzel [président de Radio France de 2004 à 2009]. Il ne m’aimait pas. J’ai été vidé pour des raisons de jeunisme et de politique. J’ai choisi le mot « salut » pour ma dernière chronique. C’était très émouvant.

Dans votre carrière d’historien des mots, quels ont été les meilleurs moments ?

Quand les livres sortent, j’adore ça ! J’éprouve une jalousie féroce pour les poètes, les écrivains. J’aurais préféré être écrivain mais une certaine retenue m’en a empêché. Mon auteur français favori, c’est Rabelais : création absolue, liberté totale, capacité à cacher une philosophie derrière des conneries enfantines, mélange de la narrativité et de la liste. C’est un grand lexicographe, Rabelais.

Et chez nos contemporains ?
Je suis très très réservé. Je m’ennuie, les bouquins me tombent des mains. Je ne trouve pas de style. Le dernier grand écrivain qu’on a eu, c’est probablement Jean Genet. A la fois poète, romancier, inventif, styliste. Je n’arrive pas à accrocher à Houellebecq, il m’emmerde.

Continuez-vous à travailler ?

Je ne fais que ça. C’est un plaisir. Ce goût des mots ne m’a jamais quitté, c’est même insupportable pour l’entourage ! Mais parler des mots, c’est parler de tout et ça élargit les perspectives. Je n’ai pas de lassitude parce que j’en trouve tous les jours. Actuellement, je fais des recherches grâce à Gallica, le site très précieux de la BNF. Mais parfois, j’en ai marre parce qu’il y en a trop. C’est le rocher de Sisyphe ! Je suis toujours curieux mais je n’ai pas vraiment l’impression d’être en phase avec l’époque car je suis très négatif.

Sur quoi ?

Sur tout. Sur l’avenir de l’humanité. Franchement, c’est gravissime. Je pense qu’il n’y a pas de progrès sans catastrophe. Si on prend les choses dans leur dimension historique, le virage du numérique est aussi important que l’apparition de l’écriture. Or, l’apparition de l’écriture a été un immense progrès et en même temps une catastrophe. En Afrique, des civilisations pleurent de ne plus être des civilisations orales. Avec le numérique, je ne vois que des catastrophes : la fin de la lecture, l’imbécillité programmée, l’infantilisme.

Aujourd’hui, le développement individuel est compromis et le développement collectif est condamné. Tous les efforts pour protéger le climat sont à un niveau de dérision qui devrait faire rire. C’est ridicule de croire qu’en jetant nos pots en plastique on va changer le monde. Tout ça ne peut se régler qu’à l’échelle mondiale, or les Etats-Unis et la Chine s’en moquent. Mais je suis un pessimiste gai, car être triste ne changera rien.

Sandrine Blanchard, Le Monde du 8 septembre 2019

Questions :

- Quels nouveaux mots avez-vous découvert dans cet article ?
- Connaissiez-vous le Petit Robert ? L’avez-vous déjà utilisé?
- Qui est Alain Rey ?
- Alain Rey a dit qu’il lisait énormément de bandes dessinées ? E vous ? Quand vous étiez jeune, lisiez-vous des bandes dessinées ? Lesquelles ?
- Une des grand-mères d’Alain Rey a eu 14 enfants ! Connaissez-vous une famille très nombreuse ? Et vous, avez-vous des frères et des sœurs ? Décrivez-les.
- Comment décririez-vous la personnalité d’Alain Rey ?
- Comment était la relation entre Alain Rey et son père ?
- Qu’est-ce que ça veut dire "péter sa baraque" ?
- Qu’est-ce qu’Alain Rey a apporté de nouveau au dictionnaire ?
- Alain Rey a travaillé comme lexicologue au Petit Robert mais en parallèle ou a-t-il également travaillé pendant 13 ans ?
- Quelle autre profession Alain Rey aurait aimé faire ?
- Quel type de littérature l’enthousiasme ? Et quels types de livres l’ennuient ?
- Alain Rey a dit "Je suis toujours curieux mais je n'ai pas vraiment l'impression d'être en phase avec l'époque car je suis très négatif." Il est négatif sur quoi ? Etes-vous d'accord avec cette idée ?

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Gluten, lactose, vegan : Quand les chefs font avec le "sans"

Gluten, lactose, végan… Quand les chefs font avec le « sans »

Longtemps relégués en bout de table, les adeptes des régimes alimentaires spéciaux sont de plus en plus nombreux. Obligeant les restaurants à redoubler de créativité sur leur carte.

Une table, six convives, et autant de possibilités. C’est devenu un grand classique : au lieu d’enregistrer la commande, un steak tartare, un lieu jaune et c’est parti, le serveur passe un quart d’heure à détailler chaque plat à la demande sourcilleuse des clients. Sans gluten, sans viande, sans lactose, végan, pescetarien, crudivore… De plus en plus variées, les identités alimentaires s’affirment à la lecture des menus, contraignant les chefs à jongler avec les ingrédients pour satisfaire tout le monde.

« Nos assiettes sont de plus en plus individualistes, confirme Nathalie Damery, présidente de l’Observatoire société et consommation (Obsoco). Même les cuisiniers français, pas forcément réputés pour leur souplesse, ont été obligés de s’adapter. » La plupart optent pour une carte mixte, associant plats spéciaux et omnivores. En septembre, le Danois Andreas Møller a ajouté à la carte du Copenhague, sur les Champs-Elysées, un menu dégustation végétarien dont aucun plat n’est commun à son pendant carnivore. « C’était important pour moi d’élaborer une proposition aussi complète et gourmande, confie-t-il. Ce menu est au même prix que l’autre, car ce n’est pas une option au rabais. »

Longtemps, les végétariens ont été considérés comme des gastronomes de seconde zone, contraints de se rabattre sur les rares (et souvent décevantes) salades. Une négligence à l’origine du succès des restaurants végétariens, dont l’offre a explosé au début de la décennie. « Ces restaurants “100 %” ont moins de raison d’être maintenant que les chefs font évoluer leur carte pour ne pas diviser les gens en familles de goûts », nuance le fondateur du Fooding Alexandre Cammas.

Ainsi, outre les traditionnelles pâtes à base de farine de blé, la trattoria Biglove Caffè ne propose que des pizzas sans gluten. « Tout le monde a le droit de profiter d’une bonne pizza », estime Victor Lugger, l’un des cofondateurs. Après plusieurs semaines de recherche, l’équipe a trouvé le « mix idéal » entre trois farines (maïs, sarrasin et riz). Résultat : on n’y voit que du feu. « On n’aurait pas développé cette offre si le produit ne tenait pas la route. Par exemple, on a voulu créer une brioche sans gluten pour le brunch. Ça ne rendait pas bien, on a laissé tomber. » La mention « sans gluten » est précisée en toutes lettres dans l’intitulé des plats. Facile, quand le choix se limite à des propositions « avec » ou « sans ».

« Nous ne voulons pas labelliser les plats »

Au Camélia (l’une des tables de l’hôtel le Mandarin Oriental), la carte œcuménique de Thierry Marx joue avec les lettres V, G, L et N (végétarien, sans gluten, sans lactose et présence de noix). Le meilleur score est enregistré par « Les légumes d’automne de Christophe Latour », avec un total de quatre lettres. D’autres chefs choisissent de ne pas, ou peu, communiquer sur le sujet. Ce n’est écrit nulle part, mais chez Mr. T, nouveau restaurant ouvert dans le Marais, les « Mr Tacos » (farine de maïs, ananas caramélisé, épinard sauté et cumin) et la salade de betteraves, framboises et gorgonzola conviennent aux intolérants au gluten et aux végétaliens. « Nous ne voulons pas labelliser les plats, précise Enguerrand Cantegrel, en salle. Pour ceux qui ont des restrictions, ce n’est pas très agréable. Quant à ceux qui mangent de tout, ils risqueraient de ne plus avoir envie de les commander. »

Chez Elements, sur la côte basque (prix Fooding 2018 de la meilleure table), un panneau informe le client que les produits sont sourcés à 90 %, et que la cuisine est sans gluten, sans lactose et sans sucre. « On n’est pas répertoriés dans les tables “sans” et on ne souhaite pas l’être. On ne le fait pas pour coller à une tendance, mais parce que ça a du sens », affirme Anthony Orjollet. En intégrant ces contraintes, ce chef a réalisé combien sa cuisine était « formatée ». « Et puis, à un moment, la créativité a explosé. »

Même constat au Couvent des Minimes, à Mane (Alpes-de-Haute-Provence), où Jérôme Roy teste des graisses végétales et invente des sauces sans lactose. « Ces nouvelles pratiques alimentaires nous forcent à être inventifs, pour pouvoir anticiper les desiderata des clients. » Ses dernières créations ? Un financier aux herbes à base de farine de riz et un velouté de potimarron au lait d’amande. La contrainte a du bon.

Raphaëlle Elkrief, Le Monde du 15 décembre 2018

Carnet d’adresses

Copenhague
142, av. des Champs-Elysées, Paris 8e. Tél. : 01-44-13-86-26. 
www.restaurant-copenhague-paris.fr

Biglove Caffè
30, rue Debelleyme, Paris 3e. Tél. : 01-42-71-43-62. 
www.bigmammagroup.com

Camélia
251, rue Saint-Honoré, Paris 1er. Tél. : 01-70-98-74-00. 
www.mandarinoriental.fr/paris

Mr. T
38, rue de Saintonge, Paris 3e. Tél. : 01-42-71-15-34.

Elements
1247, av. de Bayonne, Bidart. Tél. : 09-86-38-08-51. 
www.restaurant-elements.com

Le Couvent des Minimes
Chemin des Jeux-de-Maï, Mane. Tél. : 04-92-74-77-77. 
www.couventdesminimes-hotelspa.com

Questions :

1. Ecrivez svp les mots qui sont nouveaux pour vous dans cet article et trouvez la définition de chacun : _________________
2. Le journaliste a écrit "les cuisiniers ne sont pas réputés pour leur souplesse". Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà demandé pour quelque chose de spécial dans un restaurant en France?
3. Qu’est-ce que ça veut dire "on n'y voit que du feu" ?
4. Qu’est-ce que cette phrase veut dire: "On n’aurait pas développé cette offre si le produit ne tenait pas la route" ?
5.Est-ce que vous avez déjà mangé une pizza sans gluten ? Qu’en avez-vous pensé ?
6.Qu’est-ce que le titre "Les chefs font avec le sans" veut dire ?

Retour
haut de page

Océanix, projet d'île flottante

Océanix, un projet de ville flottante pour accueillir les réfugiés climatiques au large de New York

Elle serait essentiellement constituée de groupes de plates-formes hexagonales, ancrées au fond de la mer, pouvant accueillir chacune environ 300 personnes. 

Le projet semble tout droit sorti d'un livre de science-fiction mais il est bien réel. ONU-Habitat, qui œuvre au développement urbain durable, va faire équipe avec la société privée Oceanix, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et le club Explorers, une société professionnelle promouvant l'exploration scientifique dans le monde entier, pour concevoir des villes flottantes. Objectif : accueillir les populations menacées par les inondations provoquées par le réchauffement climatique. 

Alors que 90% des plus grandes villes du monde sont exposées à ces risques de submersion du fait de la fonte des glaciers et de la montée des mers, ces plates-formes modulaires ancrées au fond de la mer pourraient être reliées entre elles pour héberger les communautés riveraines des océans, comme l'ont expliqué les acteurs de ce projet inédit.

Une communauté de 10 000 habitants

"Les villes flottantes sont l'une des solutions possibles", a déclaré la directrice exécutive d'ONU-Habitat, Maimunah Mohd Sharif. Le partenariat prévoit de construire dans les prochains mois un prototype ouvert au public, qui serait amarré à l'East River, à New York, aux Etats-Unis.
Ce prototype, baptisé "Oceanix City" et conçu par le cabinet d'architecte danois Bjarke Ingels, serait essentiellement constitué de groupes de plates-formes hexagonales, ancrées au fond de la mer, pouvant accueillir chacune environ 300 personnes, créant ainsi une communauté de 10 000 habitants. Les cages situées sous la ville pourraient récolter des coquilles Saint-Jacques, du varech ou d'autres fruits de mer.

Des villes flottantes autosuffisantes

Selon Marc Collins Chen, directeur général d'Oceanix, la technologie permettant de construire de grandes infrastructures flottantes ou des logements existe déjà. "Il existe des milliers de maisons de ce type aux Pays-Bas et dans d'autres communautés du monde. C'est maintenant une question d'échelle et de création de systèmes et de communautés intégrés"explique-t-il à la BBC. Ce concept a suscité des recherches de pointe en matière de gestion de l'eau, d'ingénierie des océans et d'agriculture susceptibles de donner naissance à des villes autosuffisantes et protégées des intempéries, telles que les tempêtes.

L'une des difficultés majeures, pour que ce projet puisse voir le jour, est le manque de financement. "[Ceux] qui financent les infrastructures ont tendance à être très conservateurs", indique auprès de la chaîne britannique Steve Lewis, fondateur de Living PlanIT, un groupe axé sur de nouvelles approches de la planification et du développement urbains. 
Certains soulignent également que ces villes flottantes pourraient détourner l'attention de la question des causes profondes du changement climatique et seraient réservées aux très riches, telles que les villas flottantes actuellement vendues au large de Dubaï. 

France Info, 8 avril 2019

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Japon : des animaux au bureau pour apaiser les employés

Les animaux envahissent les entreprises nippones pour relaxer les employés.

Certes les employés Japonais ont des journées harassantes et interminables et également des relations hiérarchiques parfois stressantes. Mais ils ont aussi une chose que d'autres n'ont pas : un matou qui ronronne à côté de l'écran d'ordinateur. C'est notamment le cas à Tokyo dans l'entreprise informatique Ferray où neuf félins sautent sur les genoux des employés, pianotent de leurs délicats coussinets sur les claviers et dorment et mangent en toute liberté. Hidenobu Fukuda, qui dirige cette société, a introduit sa politique de "chats au bureau" en 2000 à la demande d'un de ses collaborateurs. Depuis, les salariés qui le souhaitent peuvent venir au travail avec leur matou. "Je donne aussi 5.000 yens (40 euros) par mois à qui sauve un chat", ajoute-t-il.

Chats, chiens et chèvres pour apaiser les employés

Ferray n'est pas la seule entreprise Japonaise à se laisser tenter par les animaux pour réduire l'anxiété de ses salariés. Par exemple chez Oracle Japan, un bobtail (chien de berger avec un poil hirsute) nommé Candy s'est vu donner le titre d'"ambassadeur" chargé d'accueillir les hôtes et d'apaiser le personnel, peut-on lire sur le site Internet. Comme il est possible de le voir sur son compte Twitter, Candy s'essaye même aux réseaux sociaux. Il semble en effet fort probable qu'il soit l'auteur de quelques publications plus ou moins compréhensibles... L'animal possède également un compte Instagram. 
De son côté, la firme de ressources humaines et de recrutement Pasona Group a "embauché" à plein temps deux chèvres en 2011 et deux alpagas en 2013, en partie à des fins thérapeutiques. Et tous les employés peuvent poursuivre leur "thérapie" le midi ou en sortant du travail : en effet, Tokyo a une soixantaine de cafés à chats officiellement reconnus où les félins naviguent parmi les clients. 

L'effet bénéfique des animaux prouvé en 2015

L'effet bénéfique des animaux sur le moral humain n'est plus une théorie : en 2015, lors de la conférence American Academy of Pediatrics National Conference & Exhibition à Washington, des chercheurs ont présenté une étude mettant en évidence l'effet positif d'une séance de Thérapie Assistée par l'Animal ou TAA. Il a été prouvé que les enfants malades étaient moins anxieux et plus calmes s'ils bénéficiaient de séances de thérapie avec un chien. La présence d'un animal se révèle donc très importante car depuis plusieurs années on sait que le facteur psychologique a une part importante dans la réussite d'un traitement.

Sciences et Avenir, 22 mai 2017

Questions :

1. Que penses-tu de cette idée d’avoir des animaux au travail ?
2. Si tu pouvais avoir un animal au travail, lequel aimerais-tu avoir ? Et pourquoi ?
3. Aimerais-tu avoir un chien qui t’accueille chaque matin au travail ? :
4. Dans l’article, c’est écrit : Certes les employés Japonais ont des journées harassantes et interminables et également des relations hiérarchiques parfois stressantes. Est-ce que la culture de travail dans ton pays est différente ou pareil ? Merci d'expliquer.
5. Qu’est-ce que c’est un matou ? Est-ce que tu serais heureux(se)ou plutôt un peu énervé(e) d’avoir un matou qui vient te déranger en marchant sur ton clavier d’ordinateur ?
6. A part les animaux, quelles autres implantations thérapeutiques relaxantes pourraient être bénéfiques dans une société ?
7. As-tu un animal ou des animaux chez toi ? Décris-les s'il te plaît.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Interview Boris Cyrulnik sur les jeunes et les études

Boris Cyrulnik : « si, après son bac, on perd un an ou deux, qu’est-ce que cela peut faire ? »

Ne pas se précipiter, rêver, voyager… C’est ce que préconise le psychiatre Boris Cyrulnik, interrogé à l’occasion d’O21, des événements du « Monde » pour aider les jeunes à trouver leur orientation.

Le psychiatre Boris Cyrulnik est l’auteur notamment d’Un merveilleux malheur (1999) et d’Ivres Paradis, bonheurs ­héroïques (2016), tous deux parus chez Odile Jacob. Entretien utile à lire ou à relire à l’heure où de nombreux jeunes lycéens et étudiants sont amenés à faire des choix d’orientation.

Nombre de jeunes se sentent sous pression pour trouver leur voie. Comment les aider ?

Le problème est que l’on fait sprinter nos jeunes, et ces jeunes, en sprintant, se cassent souvent la figure. Après le bac, ils s’orientent trop vite, alors qu’ils ne sont pas encore motivés. Ils s’inscrivent dans n’importe quelle fac, et la moitié d’entre eux vont échouer. Ils vont alors être humiliés, malheureux, à l’âge où l’on apprend neurologiquement et psychologiquement à travailler. Le risque est, alors, qu’ils se désengagent, surtout les garçons, qui décrochent plus que les filles.

Or, ce qui peut aider un jeune à prendre sa voie, c’est son pouvoir de rêve. Il faut ensuite se réveiller, bien sûr. Le rêve mène au réveil. Mais si un jeune arrive à rêver et à se mettre au travail, il pourra prendre une direction de vie.

Que préconisez-vous ?

L’espérance de vie a follement augmenté. Une petite fille qui arrive au monde aujourd’hui a de forte chance d’être centenaire. Alors si, après son bac, elle perd un an ou deux, qu’est-ce que ça peut faire ? Ces deux années-là, justement, certains pays, en Europe du Nord par exemple, ont décidé d’en faire une période sabbatique. Ils ont institué un rite de passage moderne. Les jeunes partent à l’étranger, ils ne sont pas abandonnés mais autonomes. Quand ils reviennent, ils ont appris une langue, ont eu des expériences et ont réfléchi à leur choix de vie. Ils s’inscrivent alors dans des cursus et apprennent un métier. Il y a très peu d’échecs, alors qu’il y en a énormément pour ceux qui se précipitent vers les universités.

Cette approche existait d’ailleurs en France pour les garçons : au XIXe siècle, ceux-ci partaient faire le tour de la France, les plus ­petits en groupe de deux ou trois, avec un ­bâton et un baluchon à l’épaule, pour aller chercher des stages.

Seuls 44 % des diplômés de grandes ­écoles veulent travailler dans une grande entreprise. Pourquoi ce rejet ?

A l’époque où le travail apportait la certitude, on acceptait l’ennui, la contrainte, on acceptait même la soumission à une hiérarchie. Il fallait avoir un travail, quel que soit le travail. Toutes les sociétés se sont construites dans la violence : violence des frontières, des guerres… Dans un contexte chaotique, l’entreprise a pu être le lieu de la sécurité et du sens, c’était la direction de vie que l’on prenait. Un lieu où l’on était étayé par les autres, par les lois, ce qui était une véritable évolution par rapport au système protecteur de l’aristocratie ou des mines, par exemple.

Quand une rue est dangereuse, une personne va se sentir bien chez elle, mais quand la rue est une fête, cette même personne va s’y ennuyer. Le même raisonnement s’applique à l’entreprise. Quand la société est dangereuse, je suis bien dans l’entreprise. Quand j’ai milité pour faire que la société soit moins dangereuse, j’ai envie de tenter mon aventure personnelle ailleurs.

Aujourd’hui, alors que la personnalité des jeunes s’épanouit – pour les garçons et encore plus pour les filles avec cette révolution culturelle ­féminine stupéfiante en deux générations –, l’entreprise devient une contrainte. Ces jeunes n’acceptent plus la soumission, la répression qu’impose la vie dans ces organisations.

Certains jeunes hésitent entre un chemin balisé et un autre, plus « fun » mais plus ­risqué. Faut-il forcément choisir ?

Je pense qu’on n’a pas le choix entre le plaisir de vivre et l’austérité d’apprendre, les deux sont associés. Un jeune qui se précipite dans le plaisir va payer ensuite le prix de cette satisfaction immédiate.

Il faut être capable de moments d’austérité, de moments où l’on retarde le plaisir de façon à pouvoir acquérir des connaissances pas toujours très amusantes. L’équilibre à trouver est comme le flux et le reflux : c’est l’alternance entre les deux qui donne le plaisir et la solidité de vivre.

Quant à la notion de prise de risque, elle varie avec l’âge : si elle constitue un danger aussi bien pour les enfants, avant l’adolescence, que plus tard, quand on arrive à un âge avancé, entre ces deux moments de la vie, c’est l’absence de prise de risque qui est un danger. Car comment, autrement, donner un sens à son existence ?

Pas simple pour les jeunes de faire des choix si, comme on l’annonce, 65 % des métiers de demain n’existent pas encore…

C’est vrai, on ne sait pas ce qui nous attend. Dans ma génération, nous n’avions pas beaucoup de choix. Les conditions matérielles étaient très difficiles, mais les conditions psychologiques étaient, elles, beaucoup plus simples. Moi, je savais que, si je travaillais, je deviendrais un homme libre. Donc, si j’étudiais, si ­j’apprenais, j’aurais la totale sécurité. On ne peut plus dire ça aujourd’hui.

Quand j’étais gamin, le message était clair : « Fais comme papa. » Maintenant, excepté les enfants d’enseignants, les jeunes n’exercent plus le même métier que leur père. Ils n’ont plus cette étoile du berger qui était pour nous à la fois une orientation et une contrainte. Soit elle nous convenait, et c’était magnifique. Soit elle nous déplaisait et, dans ce cas-là, on pouvait toujours se dire que c’était « la faute de papa ».

Désormais, les jeunes ont toutes les libertés. C’est angoissant, car ils deviennent coauteurs de leur destin. Cela les oblige à faire preuve de créativité. Il y a là une véritable révolution ­culturelle !

Et vous, comment avez-vous eu le déclic pour devenir psychiatre ?

J’ai été très tôt atteint d’une délicieuse maladie : la rage de comprendre. Cela s’explique par mon histoire et mon appartenance à la génération d’avant-guerre. Je suis né en 1937. Ma ­famille a disparu à Auschwitz. J’ai moi-même été arrêté quand j’avais 6 ans et demi, et j’ai réussi à m’évader. Cela m’a amené très jeune à me demander comment il était possible que toute une partie de la population veuille en assassiner une autre. Cela me paraissait fou, ­incompréhensible. Je ne pouvais me sentir bien que si je cherchais à comprendre.

Il n’y a donc pas eu un déclic, mais mille pressions, mille déclics qui m’ont gouverné depuis mon enfance. Le désir de comprendre, de rencontrer, m’a orienté vers la médecine et la psychologie. J’ai été gouverné un petit peu comme quand on est jeté dans un torrent. On met la main, on baisse la tête, on coule, on ressort.

Laure Belot, Le Monde du 28 janvier 2019

Questions :

- Quels nouveaux mots avez-vous découvert en lisant l’article ?
- Quelle est la signification de ‘Or’ dans le 2ème paragraphe de la première question ?
- Quelle est la signification de "quel que soit le travail" (situé dans la 2ème phrase de la question "Seuls 44 % des diplômés de grandes ­écoles…" ?
- Pourquoi est-ce que les jeunes sont moins motivés qu’avant de travailler pour une grande entreprise ?
- Pourquoi est-ce que Boris Cyrulnik encourage de prendre une année sabbatique après la fac ?
- Dans votre pays, est-ce une habitude normale de prendre une période sabbatique après la fac ?
- Pourquoi est que Cyrulnik a écrit "Désormais, les jeunes ont toutes les libertés. C’est angoissant..." pourquoi "angoissant" ?
- Que pensez-vous de l’idée de prendre une période sabbatique après la fac ?
- Et vous, est-ce que votre famille vous a dit aussi de "faire comme papa" ?

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Les origines de la Saint-Valentin

Saint-Valentin : Pourquoi fête-t-on l'amour le 14 février ?

La Saint-Valentin! Une fête symbole d’amour, d’échange de cadeaux et... de shopping. Avant de se préparer une soirée en amoureux, comprenons d’où vient cette fête.
Valentin, saint des premiers temps de la chrétienté, dont le jour dédié dans le calendrier grégorien est le 14 février, était un prêtre dans l'actuelle Italie, à l'époque de la Rome antique. Valentin de Terni (son nom complet), fut décapité en 270 après Jésus-Christ, pour avoir entretenu une relation amoureuse avec Julia, la fille de son geôlier (1). Celle-ci, également emprisonnée, était aveugle (2), et miracle, avait retrouvé la vue (3) dans sa cellule.

Valentin de Terni avait été arrêté et emprisonné à une période où les chrétiens étaient persécutés, car il défendait l’amour et le mariage. Prêtre, il avait exprimé son refus total d’abjurer (4) sa foi, et s'était assigné la mission de marier religieusement les amoureux, contre la volonté de l'empereur romain Claude II le Gothique, qui voulait interdire le mariage afin de garder des hommes disponibles pour aller en guerre.

Déchu de son rang de prêtre, maintenu en prison, puis décapité (5), Valentin de Terni, qui sera sanctifié plus tard, a laissé en héritage le miracle né de l'amour, qui aurait permis à Julia, son amoureuse, de retrouver la vue dans sa cellule.

Selon la légende de Saint-Valentin, des témoins auraient aperçu une vive et forte lumière par la fenêtre de sa cellule, quand Julia recouvra la vue. Elle aurait alors déclaré: "maintenant, je vois! Je vois le monde tel que vous me l'avez décrit!". L'ire (6) de l'empereur, à l'annonce de cette nouvelle, fut telle qu'il décida d’en finir définitivement avec ce prêtre qui propageait l’amour, même en étant en prison.

Exécuté le 14 février 270, cette date est devenue, depuis, le symbole de l'amour, et a remplacé les Lupercales, fêtes païennes célébrées dans la Rome antique du 13 au 15 février, en l’honneur de Pan, dieu de la nature et de la fécondité.

Plusieurs autres récits ont été rapportés concernant Saint-Valentin. Celle du prêtre Valentin de Terni est la plus connue.

Que l'on connaisse ou pas les origines, les offres, plus alléchantes (7) les unes que les autres, se préparent pour inciter les couples à célébrer leur amour le 14 février prochain.

Promotions, ambiances romantiques, offres inratables (8), les formules magiques du marketing seront au rendez-vous pour faire de la Saint-Valentin, cette année encore, la fête des amoureux.

Lamiae Belhaj Soulami, Le 360 du 4 février 2020.

Glossaire:

(1) prison guard
(2) blind
(3) wasn't blind anymore; could see again
(4) to give up, renoncer à
(5) beheaded
(6) anger; "ire" est un synonyme de "colère" mais il est beaucoup moins utilisé, sauf en littérature
(7) attractive
(8) that cannot be missed

Questions :

1. Est-ce que tu avais déjà entendu parler de ces origines de la Saint-Valentin ?
2. Est-ce que c'est une fête que tu aimes bien, que tu célèbres ? Si oui, comment ?
3. Est-ce qu'elle bien connue, et célébrée, dans ton pays ?
4. Comment ton mari et toi pensez-vous célébrer la prochaine Saint-Valentin ? Est-ce que vous allez faire un repas spécial, boire du champagne ?
5. Vas-tu faire un cadeau à ton mari ? Qu'est-ce que tu prévois de lui offrir ? Et lui, penses-tu qu'il va te faire un cadeau ?

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La fin de l'argent liquide

« La crainte d’une transmission du virus via l’argent liquide est largement partagée à travers le monde »
L’économiste Marion Laboure constate que la crainte de la contamination au Covid-19 par les billets de banque et les pièces de monnaie pousse les consommateurs vers les paiements électroniques.

La pandémie de Covid-19 pourrait bien être le catalyseur tant attendu propulsant les paiements vers l’usage généralisé du numérique. De récentes études ont montré que les billets de banque et les cartes bancaires, comme toute autre surface manipulée par un grand nombre de gens, peuvent héberger bactéries et virus. Ainsi, le Covid-19 peut survivre sur une surface inanimée comme le carton, le métal, le verre ou le plastique entre vingt-quatre heures et neuf jours. Les smartphones ne constituent pas pour autant une meilleure option. Les premières études montrent que le virus peut survivre jusqu’à sept jours sur un écran de smartphone. Cependant, alors que les smartphones et les cartes bancaires peuvent être facilement désinfectés, ce n’est pas le cas des billets de banque et des pièces de monnaie.

La crainte d’une transmission du virus via l’argent liquide est largement partagée à travers le monde. Les recherches sur Internet avec les mots-clés « cash virus » montent aujourd’hui en flèche, notamment en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, etc.

Face à cette crainte, certaines banques centrales se veulent rassurantes, affirmant que le risque de transmission est faible. Selon la Banque d’Angleterre, le risque n’est pas plus élevé que celui présenté par les surfaces communes comme les rampes, poignées de porte ou les cartes bancaires. La Banque centrale sud-africaine a, quant à elle, dû préciser, face à des tentatives d’escroquerie, qu’elle n’avait pas ordonné le retrait de la circulation des espèces dans la mesure où il n’est pas prouvé qu’elles transmettent le Covid-19.

Des dollars mis en quarantaine

Mais, dans d’autres pays, le cash est considéré comme un vecteur potentiel de la pandémie. Ainsi l’Inde, l’Indonésie, la Géorgie et plusieurs autres pays encouragent fortement les paiements sans contact. La Banque populaire de Chine et les banques centrales de Corée du Sud, de Hongrie et du Koweït, ont désinfecté et détruit des billets de banque pour endiguer la propagation du virus. Craignant d’importer des devises contaminées, la Réserve fédérale américaine (Fed) a mis en quarantaine des dollars provenant d’Asie…

A court terme, le virus pourrait accélérer la tendance vers les paiements numériques. Pour réduire le contact physique et les files d’attente, le plafond du paiement sans contact est ainsi passé de 30 à 50 euros dans plusieurs pays européens. Les résultats sont encourageants : en Allemagne, plus de 50 % des paiements par carte ont été effectués sans contact ces dernières semaines, contre 35 % en décembre. L’impact du Covid-19 sur les systèmes de paiement pourrait se faire sentir d’abord en Asie, compte tenu de l’engouement pour ces modes de paiement. Une des principales explications à cette différence de comportement avec les pays occidentaux est la part plus importante de jeunes dans la population en Asie et leur plus grande disposition à adopter les nouvelles technologies.

Le Covid-19 pourrait changer la donne dans la mesure où les seniors, qui utilisent le plus les paiements en espèces, sont les plus vulnérables à ce virus. Ils pourraient être amenés à opter pour des paiements numériques. Mais un tel changement d’habitude peut prendre beaucoup de temps, notamment dans les pays aux populations vieillissantes et où le cash prévaut largement, comme l’Allemagne et les États-Unis.

La numérisation des paiements en Europe pourrait avoir un impact économique non négligeable car il n’y a à ce jour aucune entreprise européenne leader des paiements numériques. L’engouement des Européens pour les paiements numériques pourrait être une aubaine pour les entreprises américaines de paiement en ligne.

Enfin, les portefeuilles électroniques sur smartphone devraient constituer en 2025 la deuxième méthode de paiement préférée après la carte bancaire, et elle pourrait devenir la méthode de paiement préférée des jeunes. A plus long terme, les craintes sur la manipulation du cash pousseront les banques centrales à développer des monnaies numériques de banque centrale (MNBC). Aujourd’hui, 80 % d’entre elles travaillent sur le sujet. Des pays représentant un cinquième de la population mondiale sont susceptibles de proposer leur monnaie numérique dans les trois prochaines années.

Marion Laboure, économiste à Deutsche Bank et professeure d’économie à Harvard.
Le Monde du 5 juin 2020

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

En Italie, les lettres d'amour ont leur musée

Dans les Abruzzes, un musée célèbre les lettres d’amour. Il a été ouvert en 2011 par deux amoureux nostalgiques de ces temps pas si anciens où l’on prenait la plume pour déclarer sa flamme. 

Les lettres d’amour passent de mode : les mots doux se fanent, cédant la place aux messages instantanés façon WhatsApp. On ne les tape même pas : on laisse un émoji, tout au plus un message vocal. Et, dans les stories Instagram, nulle trace de mot tendre ou de formule de courtoisie. On attendrait en vain que les jeunes d’aujourd’hui et leurs parents prennent la peine d’attraper une feuille de papier et un stylo-plume pour se courtiser ou entretenir la flamme sur le papier.

Pourtant, certains se battent pour perpétuer cet art moribond si précieux et si humain. Dans les Abruzzes, plus précisément à Torrevecchia Teatina, dans la province de Chieti, se trouve l’unique musée au monde consacré aux lettres d’amour. Niché dans un bâtiment du XVIIIe siècle, le palais Valignani, le musée a été inauguré voilà dix ans. Chaque année, des milliers de touristes viennent le visiter grâce au bouche-à-oreille des amoureux. Tous s’attardent devant les quelque 20 000 lettres exposées remontant à diverses époques et provenant des quatre coins de la planète.

Incandescence et émotion

Collections et raretés se succèdent : courriers historiques de la Première Guerre mondiale ou des années 1920 et 1930, échanges poétiques et incandescents entre des amants anonymes sous le fascisme… Une salle est consacrée aux immigrés : des témoignages d’affection exprimés dans un italien basique et approximatif, mais profonds, denses et émouvants. Cela va de nos émigrés partis en Argentine voilà cent ans à la récente fuite des cerveaux de la génération Erasmus : et, naturellement, la langue évolue.

Dans la salle du milieu, la plus vaste, sont réunies un nombre incalculable de lettres d’amour : elles descendent du plafond en cascade, à hauteur du visage des visiteurs. C’est comme si elles volaient : elles ondoient, flottent, oscillent à peine, mais poursuivent leur voyage d’un continent de l’âme à l’autre. À quoi s’ajoutent les legs d’écrivains, comme les pensées tendres d’Ugo Riccarelli [poète et écrivain, 1954-2013]. Et, parmi les témoignages les plus intéressants, les lettres offertes spontanément par l’homme de la rue. Certaines, noircies à l’encre de l’espérance, ont été écrites derrière les barreaux : le cœur ne connaît ni prison ni raison.

Une tradition compromise par le train et Internet

“Pourquoi avons-nous créé ce musée ? Parce que, par les temps qui courent, on n’écrit plus de lettres d’amour, ce qui est dû à l’abolition des distances. Autrefois, quand on vivait à 500 kilomètres l’un de l’autre, il était impossible de se rejoindre physiquement, en tout cas rapidement. Aujourd’hui, c’est parfois l’affaire d’une heure : on grimpe dans un avion ou un TGV”, confie Massimo Pamio, poète, auteur et directeur artistique du musée. Il poursuit : Nul besoin d’écrire certaines lettres, puisqu’on arrivera avant elles. C’est comme ça qu’ont disparu le plaisir et le frisson de l’attente. Avec ce musée, nous avons voulu préserver une tradition du passé qui peut servir à critiquer le présent.”

Un musée-écrin pour les mots doux

La création même de ce musée a été un acte d’amour. Sa genèse remonte milieu des années 1990. Massimo Pamio se trouve dans le train touristique du Vésuve avec quelques amis, en route vers Pompéi. À un arrêt, une jeune fille monte à bord avec une minijupe à couper le souffle et une longue crinière rousse. Il s’assoit à côté, engage la conversation, lui explique qu’il est en train de monter une exposition à Naples. Les deux commencent à s’écrire assidûment, au départ en toute amitié. Ils se revoient, se fréquentent et perpétuent cette habitude qui, entre-temps, s’est muée en correspondance amoureuse intensive. La jeune fille se nomme Giuseppina Verdoliva (pour tout le monde, c’est “Pina”), et une idée grisante germe tout à coup dans leur esprit : “Pourquoi est-ce qu’on n’organiserait pas un concours international de lettres d’amour ?” Un genre littéraire relégué alors aux greniers. Tous deux se fiancent, se marient, et lancent en 2000 le festival qu’ils avaient imaginé, et qui fête cette année sa 20e édition.

“Ce sont généralement les femmes qui écrivent le plus, de 25 à 60 ans”, poursuit Massimo Pamio. “Il arrive que ces lettres traitent de l’amour au sens large : on s’adresse à un fils disparu, à un proche invalide, à un objet fétiche. Dès la première édition, nous avons reçu la bagatelle de 1 200 lettres, souvent de l’étranger. Année après année, n’ayant pas d’autres locaux à notre disposition, nous avons entassé toutes les lettres des participants chez nous”, confient Massimo et Pina : Notre appartement de Chieti était plein à craquer : des enveloppes et des feuilles volantes partout, dans la salle de bains, dans la chambre à coucher… L’année du tremblement de terre de l’Aquila en 2009, pendant cette secousse interminable, on a voulu se mettre à l’abri sous le lit. Mais ce n’était pas possible, il n’y avait pas la place, c’était bourré de lettres…”

Cette situation ne pouvait plus durer, le plus élevé des sentiments ne pouvait pas rester cloîtré entre les quatre murs d’une maison. Il était temps d’ouvrir un musée en souvenir de cette époque lente mais glorieuse où l’amour voyageait sous cachet de la poste. Et où tout le monde écrivait des lettres d’amour : l’homme d’État, l’artiste, le scientifique, l’homme de la rue… Un hommage à un rituel expressionniste qui n’est jamais vulgaire et à la liberté d’exprimer ses désirs, quels qu’ils soient. Un rituel binaire et privé, et pourtant connecté au monde intérieur de chaque époque. Même aujourd’hui, où les chansons d’amour ne sont plus celles d’autrefois. Parce que, comme l’écrivait saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : “L’amour ne passera jamais.”

Maurizio Di Fazio
Courrier International du 22 août 2020
Traduction d'un article paru dans L'Espresso

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

L'art de râler expliqué aux Anglo-Saxons

Pour bien converser avec un Français, mieux vaut savoir se plaindre, constate la BBC. Mais si râler est une habitude largement appréciée en France, savoir précisément à quel moment, face à qui et de quoi il convient de se lamenter est… tout un art.

“Les vendanges sont mauvaises ; les politiques sont des incompétents, et en plus ils sont d’une bêtise crasse.” Un indice presque sûr pour savoir qu’une conversation a lieu en France : c’est qu’à son début quelque chose ne va pas. C’est ce que détaille, sa propre expérience à l’appui, Emily Monaco sur le site de la BBC. Cette Américaine venue en France il y a une dizaine d’années a longtemps été déconcertée d’entendre ses contemporains pester, rouspéter et grogner dans tous les sens, déconcertée par ce qu’elle a vécu comme un “concert de récriminations permanent”. “Mais pourquoi donc les Français sont-ils toujours de si mauvaise humeur ? Quand j’ai enfin eu le courage de poser la question à un ami français, il m’a rétorqué qu’il ne se plaignait pas, mais qu’il râlait.”

Voilà une distinction qui a incité l’Américaine que je suis à découvrir ce qui se cachait derrière le mécontentement français, à commencer par les mots : “On peut ‘se plaindre’, c’est le verbe employé pour les bonnes vieilles protestations, ‘porter plainte’, quand c’est plus officiel. Et il y a ‘râler’, se plaindre juste pour le plaisir.”

Un art délicat

Une finesse lexicale qui suggère l’idée que, oui, râler comme un vrai Français n’est pas donné à tout le monde, et surtout pas au premier étranger venu. Savoir ‘râler’ au bon moment, auprès des bonnes personnes et pour les bonnes raisons est un art délicat.

En voici les grands principes :

1. En France, contrairement aux États-Unis, dire quelque chose de négatif invite l’autre à donner son opinion.

Dans l’Hexagone, écrit Emily Monaco, une plainte est l’un des moyens favoris pour lancer une conversation : “Vous pouvez parler d’un bon restaurant en insistant sur le service qui laisse à désirer, ou bien souligner qu’à cause des fenêtres orientées vers l’est de votre nouvel appartement vous allez devoir acheter des rideaux.” Un comportement contre nature pour les Américains. Ces derniers, explique Anna Polonyi, une auteure franco-hongro-américaine de l’Institut de pensée critique de Paris, risqueraient alors d’être perçus comme des losers. Ce mot, à son tour, n’existe pas en français.

2. En France, une conversation peut être assimilée à un duel

La journaliste canadienne Julie Barlow, coauteure d’Ainsi parlent les Français explique : “Râler est un excellent moyen d’ouvrir les hostilités. Cela permet d’afficher son intelligence et de donner l’impression que l’on fait preuve d’esprit critique, que l’on réfléchit, que l’on n’est pas naïf.”

C’est tout le contraire aux États-Unis, où l’apparente négativité française met mal à l’aise. Ici, le maître mot est : se retenir autant que possible. Et si complainte il doit y avoir, mieux vaut lui adjoindre un “Oh ! mais je vais m’en remettre…” Une marque de l’optimisme anglo-saxon dont le Français, lui, peut se passer allègrement.

3. Nul besoin de conclure une plainte

Rouspéter de manière brute est très français, et bon pour la santé. La BBC cite une étude de 2013, publiée dans la revue Biological Psychiatry, selon laquelle tenter de réguler les émotions négatives pourrait causer un risque accru de maladies cardiovasculaires ; ce constat est étayé par une étude de l’université du Texas de 2011 qui soutient que retenir des émotions négatives rend les gens plus agressifs.

4. La complainte française privilégie les choses extérieures à soi, non la vie personnelle

En 2010, 48 % des Français interrogés dans un sondage indiquaient se plaindre surtout du gouvernement. Les sujets d’ordre personnel figurent bien plus bas sur la liste des problèmes : 23 % disent se plaindre quand une personne contactée ne rappelle pas ; et 12 % seulement se plaignent des problèmes liés à leurs enfants. Conclusion de l’auteure : “Je pense que les Français sont optimistes et confiants quand il s’agit d’eux-mêmes et de leur vie, mais qu’ils ont tendance à être très durs vis-à-vis de leur pays.”

5. En France, on se plaint pour toutes sortes de raisons

Se plaindre ne sert pas forcément à résoudre un problème ou à provoquer un changement, écrit l’auteure : “En France, comme avec la plupart des formules toutes faites – demander à quelqu’un si ça va sans vraiment s’intéresser à la réponse, par exemple –, râler est avant tout un moyen de créer du lien.”

Un moyen qui fonctionne bien, conclut Emily Monaco. Se plaindre, au fond, apporte un sentiment d’authenticité et, plus important encore, révèle une certaine vulnérabilité. “Après des années en France, j’ai enfin pu me lier d’amitié avec les habitants. Je n’aurais jamais cru que je devrais râler autant pour y arriver.”

Courrier international, 20 septembre 2020, traduction d'un article d'Emily Monaco publié par la BBC le 1er septembre.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le boulanger, sa muse et le pain au levain

Ma transition d'amateur de pain à boulanger occasionnel a été une longue et joyeuse quête. Quand j'étais petit garçon, ma grand-mère danoise faisait un pain à la farine de blé complet que j'adorais, et quand j'ai été plus âgé, j'ai terriblement regretté de ne pas lui en avoir demandé la recette. J'ai parcouru des livres de boulangerie pour chercher un pain similaire, mais je ne l'ai jamais trouvé ; mon seul recours a été de me lancer dans la tentative infructueuse de découvrir par moi-même le secret de son pain. Malheureusement, après d'innombrables expériences et essais, j'ai seulement failli y parvenir mais je n'ai jamais réussi à produire un pain qui avait exactement le même goût que celui de ma grand-mère. Ces tentatives préliminaires de cuisson du pain ont toutefois marqué le début de de ma passion pour de bons pains croustillants, délicieux et excellents pour la santé.

    L'autre élément formateur de mon apprentissage de la fabrication du pain a été d'avoir eu la chance de vivre en France pendant un bon nombre d'années. Au cours d'un séjour de deux ans à Poitiers, j'ai rencontré puis filmé un artisan boulanger qui réalisait des tours de magie avec de la farine, du sel et de la levure dans un ancien four en briques qui était alimenté par d'énormes bottes de sarments de vignes récupérés après la taille. Mon préféré était son pain aux noix. C'était un pain de seigle léger ponctué d'une généreuse dose de noix.

    Le pain aux noix est très répandu en France, et maintenant pour moi chaque voyage dans l'hexagone implique la recherche d'une boulangerie qui propose un authentique pain aux noix et, mieux encore, un pain qui comprend aussi des raisins secs. Malheureusement, le pain aux noix et aux raisins secs est presque inexistant aux États-Unis. J'ai donc dû recourir à l'adaptation de ma pauvre imitation du pain de ma grand-mère en y ajoutant des noix et des raisins secs. Et puis, il y a plusieurs années, j'ai découvert sur YouTube des vidéos sur le pain au levain et sa cuisson dans des cocottes en fonte qui imitaient ces merveilleux fours professionnels qui injectent de la vapeur pendant les premières étapes de la cuisson. Ces nouvelles recettes et techniques se sont avérées être le moment décisif dans ma quête d'un pain aux noix et raisins croustillant et savoureux. Bien que le goût soit très différent de celui de ma grand-mère, les résultats de mes tentatives hebdomadaires et de mes expériences avec différentes farines et ajouts (canneberges, cerises, noix de pécan) ont largement dépassé mes tentatives initiales de cuisson.

    Pour faire votre propre tour de magie avec le levain, vous aurez besoin de quelques éléments de base : un levain-chef, une balance numérique, un thermomètre, des paniers de fermentation (bannetons), de grands bols pour mélanger, un coupe-pâte, une lame de rasoir tranchante, une cocotte en fonte, et vous aurez aussi besoin de beaucoup de patience et de la volonté de faire des expérimentations avec différentes farines et techniques pour manipuler votre pâte. Au cours d'un processus qui dure normalement deux jours, vous mélangerez vos farines, ajouterez l'eau, la laisserez s'autolyser (absorption complète de l'eau), ajouterez le levain que vous aurez préparé la veille, puis le sel, et pendant ce que l'on appelle la fermentation en masse, vous effectuerez une série d'opérations d'étirement et de pliage pour faciliter le développement de la structure du gluten. Ensuite, il y a l'opération critique de mise en forme en deux fois des pains puis de la fermentation pendant la nuit dans des bannetons placées dans le réfrigérateur. Le véritable test de toute l'opération a lieu le lendemain matin lorsque, après que le pain, placé dans une marmite en fonte genre Le Creuset, ait été chauffé dans le four pendant 30 minutes, vous soulevez le couvercle et vous découvrez le merveilleux mystère que vous ont réservé tous ces ingrédients sous la forme d'un beau pain rond. Après une vingtaine de minutes supplémentaires sans le couvercle, vous pourrez admirer le résultat de vos efforts alors que votre pain refroidit sur une grille de refroidissement. La tentation de couper une tranche et de la goûter tout de suite sera parfois trop forte pour y résister, mais vous devriez plutôt attendre plusieurs heures – ce qui vous donnera d'autant plus de temps pour contempler votre petite création et ressentir le grand plaisir d'avoir accompli quelque chose. Les soucis et les difficultés engendrés par la pandémie disparaîtront, au moins pour un temps. Et la satisfaction de faire cuire votre propre pain délicieux, et l'arôme qui emplit votre maison lorsque ces boules au levain dorées refroidissent, sans parler de leur goût, en vaudront plus que la peine.

    Le confinement imposé par le Covid-19 a incité beaucoup de gens aux États-Unis, mais aussi en France, à commencer à faire leur propre pain, et l'un des effets secondaires non intentionnels a été une pénurie presque immédiate de certains produits dans les magasins. Ce n'était pas seulement le papier toilette qui était difficile à trouver, mais d'autres articles, dont la farine de pain biologique que j'utilisais. Pour moi, le bon côté de la ruée à la farine est que j'ai commencé à chercher d'autres sources sur Internet, et j'ai découvert plusieurs petits moulins qui non seulement cultivent leurs propres céréales biologiques, mais les moulent aussi. Il est sans aucun doute beaucoup plus facile d'utiliser n'importe quelle farine tout usage, mais le goût et la qualité de la farine bio, qui est riche en protéines, valent bien les efforts supplémentaires. Je comprends maintenant parfaitement que certaines des grandes boulangeries de France n'utilisent que de la farine provenant de certaines régions et moulins spécifiques. Un superbe article sur la cuisson du pain à Lyon, paru dans le New Yorker en avril dernier, a souligné cet aspect*.

    À tous ceux de nos lecteurs qui ont peut-être pensé à se lancer dans l'aventure de la cuisson au levain, je ne peux que le recommander vivement. Il faut un peu de temps pour se familiariser avec tout cela, et vous devez absolument vous procurer un équipement et des ustensiles spécialisés et être prêt à essayer de nouvelles choses. Il y a une multitude de vidéos sur YouTube qui sont toujours instructives, certaines plus que d'autres. Bons premiers pas dans l'art de faire du pain ! Vous ne le regretterez pas.

Roger Stevenson, French Accent Magazine No 87, octobre-novembre 2020

___
* www.newyorker.com/magazine/2020/04/13/baking-bread-in-lyon?reload

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

L'effet de Flynn

L'effet de Flynn du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les année 1960. Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980, les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.

La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs puissent en être la cause.

A cette baisse même contestée du niveau moyen d’intelligence s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mots pour construire un raisonnement la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

Christophe Clavé

Questions :

  1. Ecrivez les nouveaux mots que vous avez découvert dans ce texte.
  2. L’auteur évoque deux constats, quels sont-ils ? (§2)
  3. Citez « deux coups mortels portés à la subtilité d’expression » (§3)
  4. Quelles sont les conséquences de cet « appauvrissement » ? (§3)
  5. Qui a déjà utilisé ce stratagème et pourquoi ? (§4)
  6. Quel message lance l’auteur, C. Clavé ? (§4/5)
  7. Avez-vous le même constat dans votre pays ? Qu’en pensez-vous ?
  8. Quelle importance attachez-vous à un système de mesure tel que le QI dans notre société ? Est-ce qu'il a d'autres valeurs importantes, comme l'intelligence émotionnelle et affective ?

Réponses :

2. La baisse du niveau moyen du QI. L’appauvrissement de la langue
3. Exemple de réponses possibles : La généralisation du tutoiement. La disparition des majuscules
4. C’est plus difficile d’exprimer ses émotions. C’est plus difficile d’élaborer la pensée.
5. Exemple de réponse : les dictateurs. Pourquoi : laisser l’élève répondre librement.
6. « faites parler, lire…..vos étudiants » (§4). « Enseignez et pratiquez… compliquée » (§5)

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le champagne rosé s'invite à la table

Symbole de la fête et du luxe, les rosés effervescents ont longtemps été cantonnés à l’apéritif et au dessert. Les nouvelles déclinaisons, puissantes et corsées, leur permettent désormais d’accompagner un repas. Et de bien résister à la crise du champagne.

Quelques millions de bouteilles de champagne ont coulé depuis les débuts d’Ariana Grande. Aujourd’hui, le clip de son titre 7 Rings totalise plus de 850 millions de vues sur YouTube et le compte Instagram de la chanteuse-actrice-influenceuse compte 204 millions d’abonnés. Autant dire que ce qu’elle boit est scruté à la loupe. Et imité. En 2013, à 20 ans, sa popularité n’en était qu’à ses débuts. Elle chantait alors Pink Champagne, « on pétille comme une bouteille de champagne rosé, (eh eh) »ode à la fête débridée.

Aujourd’hui, le champagne rosé occupe toujours ses mises en scène. Et, s’il reste un symbole de luxe, de jeunesse et de joie, son image glamour et girly évolue. Désormais, ce sont plutôt les amateurs de belles bouteilles et les chefs de restaurants gastronomiques qui s’en entichent. Le champagne rosé a fini sa mue. De bouteille de luxe à la mode, il s’impose désormais comme un grand vin, capable de rivaliser avec les autres vignobles à table. Et de résister à une crise mondiale du champagne.

Un flacon d’exception à 200 euros

Deux maisons font figure de pionnières du rosé moderne, et leur succès ne se dément pas. La première, Laurent Perrier, a frappé les esprits avec la commercialisation d’une cuvée rosée, en 1968, mais plus encore avec sa première cuvée prestige, la cuvée Alexandra 1982. Pour la première fois, un champagne rosé devenait un flacon d’exception. Il l’est resté : une bouteille de ce type vaut désormais plus de 200 euros.

Une autre maison a réussi à se faire connaître dans les milieux chics grâce au rosé, c’est Billecart-Salmon. « Dans les années 1970, cette couleur était délaissée. Mais Jean Roland-Billecart, Monsieur Jean, y a cru, raconte Mathieu Roland-Billecart, passé par la City avant de rejoindre l’entreprise familiale. Il a persisté dans ce choix durant quinze, vingt ans, avant que les chefs ne commencent à en parler. Ce qui a tout changé, me semble-t-il, c’est d’avoir privilégié la finesse, en créant un rosé d’assemblage plutôt qu’un rosé de saignée. »

Rosé de saignée ou assemblage

Il existe plusieurs façons de créer un champagne rosé. Le rosé de saignée, avec une macération des baies comme un vin rouge, puissant et coloré. Et le rosé d’assemblage, qui n’existe nulle part ailleurs dans le vignoble français. Il consiste à créer d’abord un vin blanc, puis à lui ajouter une petite proportion de vin rouge. Mélanger du blanc et du rouge, c’est interdit ailleurs, mais cela a un avantage incomparable : les producteurs peuvent parfaitement doser l’intensité des arômes de fruits rouges et de la couleur finale.

C’est la voie choisie par Billecart-Salmon, qui obtient ainsi un rosé très pâle, frais, subtil, proche d’un brut classique et juste rehaussé d’une joyeuse note de baies rouges. Et ça marche. Même si la maison ne veut pas donner le pourcentage de rosés dans ses ventes globales, elle assure qu’elle en produit « moins qu’on ne croie. Mais sa réputation lui donne beaucoup d’importance. Et, à nous, une certaine pression, car on se sait attendu sur ce produit ».

Difficile à maîtriser, plus rare, il est, conséquence logique, toujours plus cher que la cuvée de base. Le champagne rosé multiplie les paradoxes. Alors que le vin rosé sans bulles est souvent vu comme un petit vin, assez standardisé, la version effervescente représente le haut de gamme du vignoble, offre une diversité de couleurs et de goûts inouïe. Les chiffres prouvent son succès. Car, bien qu'on ne connaisse pas la quantité de bouteilles produites, sa prospérité se mesure aisément à l'export.

Entre 2000 et 2019, le nombre de bouteilles de champagne rosé expédiées à l’étranger est passé de 3 millions à 15 millions. Soit, au regard du total des champagnes, de 3 % à 10 %, ­ tandis que les flacons millésimés et autres cuvées dites spéciales ont stagné entre 4 % et 5 %. Ce sont surtout les Etats-Unis (où ils représentent plus de 16 % des champagnes expédiés, avec une explosion de 73 % entre 2000 et 2019), le Royaume-Uni et l’Allemagne qui en importent le plus. « Le champagne rosé avait construit sa présence et son image assez tôt pour bénéficier de la vague mondiale du rosé en général, estime Thibaut Le Mailloux, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC). A l’époque, on disait : “ça va passer.” Plus personne n’affirme cela aujourd’hui, c’est un segment établi. »

Une couleur qui n’allait pas de soi

Pourtant, les débuts ont parfois été difficiles. Question de culture. Cette couleur n’allait pas de soi, par exemple, pour Jean-Claude Fourmon, président de la maison Joseph Perrier, qui a passé la main à son fils Benjamin l’an dernier : « J’ai toujours entendu dire que le champagne était un vin blanc. Et que le rosé était une gageure, une originalité qui ne se justifiait que par les tâtonnements des méthodes de production. Je n’y ai jamais pris goût. »

En effet quand la marquise de Pompadour a fait venir le champagne à la cour, au XVIIIe siècle, le processus de fabrication n’était pas parfaitement maîtrisé, et il n’était pas rare de voir des vins légèrement rosés, couleur œil de perdrix. « La couleur est difficile à stabiliser, elle prime parfois sur la qualité des arômes. Et quand on a le juste fruité, on n’a pas la couleur qu’il faut. C’est très compliqué, constate l’ancien président. J’avais tendance à penser que le fruité du rosé étouffait l’acidité du chardonnay, qui est la base du champagne. Je le jugeais mal. »

Pourtant, chez Joseph Perrier, on en fait depuis longtemps, il représente même 10 % de la production. Mais Jean-Claude Fourmon préférait s’en tenir éloigné : « Il était soigné par les chefs de cave et on le disait bon. Mais, pour la présentation, je laissais parler des gens capables de le décrire mieux que moi. Finalement, c’est drôle : mardi, j’ai fait un déjeuner au champagne rosé et j’ai été agréablement surpris, comme quoi la retraite me fait du bien ! »

Un besoin de versatilité

Chez Bollinger aussi, on s’est fait des cheveux pour le rosé. D’abord lancé dans la prestigieuse gamme de La Grande Année, il est imposant, basé sur des vins rouges puissants et mûrs des parcelles de la maison. Tant par le goût que par le prix, il impressionne. « Pour répondre à une demande grandissante, la maison a créé à partir de 2008 une autre cuvée, le Bollinger rosé, explique le chef de cave adjoint Denis Bunner. La Grande Année rosé, elle, n’a pas bougé depuis vingt ans. » Le nouveau rosé, plus accessible, comble un besoin de versatilité.

Le champagne rosé joue sur tous les tableaux. Rose tendre ou corail intense, abricoté ou saumoné, il est tantôt facile, idéal en apéritif ou avec des boudoirs, tantôt désarçonnant de puissance, à consommer à table pour espérer dompter la bête. « Sa palette s’est élargie récemment et nous ne voulons pas trop l’encadrer, se réjouit-on au CIVC. Il a permis aux producteurs d’exprimer de la créativité, de montrer le caractère innovant de la Champagne. »

La preuve au Gueuleton, à Reims, restaurant-bar à vins et surtout paradis pour les amateurs de viande, où 1 000 références de champagnes et de vins attendent le client. Christophe Lebée gère les lieux avec son épouse Céline. Un champagne rosé accompagnant une de ses viandes maturées sur place ne lui fait pas peur. « Mais ça dépend avec quel rosé », tempère l’homme, qui cite Vincent Métivier ou Étienne Calsac. « Le rosé, il faut l’expliquer, sinon ça peut dérouter. On est là pour ça. Parfois, je fais goûter dans un verre noir, et, en se laissant guider par le goût, on se rend compte que ça fonctionne. »

Accords parfaits avec la cuisine asiatique

Pour ceux qui n’osent pas tester un repas côte de bœuf-champagne rosé, les accords asiatiques sont des bouées plus accessibles. La petite maison familiale des champagnes Colin, à Vertus, parie cette année sur le style vietnamien. On le retrouve ainsi chez Tan Dinh, adresse mythique du 7e arrondissement de Paris, l’un des meilleurs restaurants vietnamiens de la capitale, surtout l’une des plus belles caves à vins de France.

Avec son frère, Robert Vifian a prouvé au monde entier que grands vins et cuisine asiatique s’entendaient à merveille. Il apprécie les deux cuvées rosées du champagne Colin, en particulier l’opulent rosé de saignée. « A priori, explique-t-il, je me méfie, car la perception des tanins est amplifiée par les bulles. Mais, ici, c’est superbe. Les rosés de Romain Colin sentent le pinot noir, c’est ce qu’il faut. » Il a choisi de le marier avec des brochettes de poulet à la cardamome. Et le rosé d’assemblage, avec des chips de crevettes surmontées d’œufs de truite : « C’est un accord de couleur, mais aussi un accord sonore : les bulles pétillent, éclatent, tout comme les œufs de poisson sous la dent, quand ils sont frais. C’est fascinant. »

Exit les desserts

Exit, donc, le dessert aux fruits rouges, qui collait inlassablement aux basques des champagnes rosés, bye-bye le biscuit rose de Reims, autre associé fétiche, le sucré n’est plus de mise. Surtout quand il se débarrasse de son caractère tendre, pour revêtir des atours plus corsés, qui s’accordent avec la saison froide. « L’association avec les desserts est une évidence qui ne m’emballe pas »confirme Paz Levinson, la cheffe sommelière du groupe Anne-Sophie Pic. Elle a récemment proposé ce type de vin avec un plat de langoustines aux cèpes et fruits rouges.

Et tient à rappeler que le champagne rosé vieillit très bien « Il y a de très beaux accords avec les champagnes rosés millésimés, les 2004, notamment, qui ont une touche de maturité extraordinaire. Ils s’entendent avec le veau, sur des accords automnaux, pour avoir la touche de fraîcheur et de la structure. On a des arômes de fleurs séchées, de sous-bois, de fraise des bois et de brioche. Ils sont aussi fascinants avec une entrée de champignons et légumes racinaires. Mais même avec de l’agneau ou du chevreuil : le rosé de saignée de Laurent Perrier a assez de puissance. Ou le rosé de saignée à base de pinot meunier de Laherte Frères. Ce sont de nouvelles facettes, inexplorées il y a dix ans. »

Ces découvertes culinaires rendent ce champagne irrésistible. Même face à la crise. Elle est pourtant violente, l’une des pires qu’ait connues la Champagne. Privées de mariage, de vernissage, d’occasions qui réunissent autour des flûtes, les ventes de ses effervescents ont plongé, jusqu’à – 90 % pendant le confinement, pour se rétablir à la fin de l’année, selon l’évolution des mesures sanitaires, entre – 20 % et – 30 %. Mais le rosé semble surnager. Romain Colin le constate avec surprise : « Mon rosé classique s’est maintenu et les ventes du rosé de saignée ont même augmenté. C’est l’entrée de gamme qui a subi la chute. Finalement, les gens se sont fait plaisir avec moins de champagne mais des cuvées plus prestigieuses. » Mathieu Roland-Billecart partage ce constat. La mode passe, le goût reste.

Ophélie Neiman, Le Monde du 1er décembre 2020

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

Des couples hors du commun

Ce n'est pas pour rien que la France est si souvent décrite comme un pays où l'amour sous ses multiples formes et manifestations constitue l'une des piliers du fondement culturel de l'hexagone. Et la langue française est considérée par beaucoup comme la langue la plus romantique du monde. Sa prononciation douce et mélodieuse évoque la passion et l'amour. À travers les âges, les innombrables exemples d'amours et d'amoureux célèbres ont contribué à la réputation bien méritée de la France, et les XIXe et XXe siècles fournissent à eux seuls plusieurs exemples des fascinantes configurations romantiques d'écrivains et d'artistes célèbres.

On peut dire que Victor Hugo est la plus grande figure littéraire du XIXe siècle. Ses romans, ses pièces de théâtre et ses poèmes ont non seulement défini le mouvement dit romantique en France, mais ses œuvres ont été adorées de ses lecteurs et ses opinions politiques l'ont rendu encore plus attachant pour les Français. Hugo était également un romantique notoire au sens non littéraire du terme. Ses multiples maîtresses et ses liaisons étaient bien connues – sa maîtresse de longue date, Juliette Drouet, sa muse et son scribe, était assise à table aux côtés de la femme de Victor Hugo lors du dîner à Bruxelles où la publication des Misérables a été annoncée. Mais Hugo, vers la fin de sa vie, a eu une liaison amoureuse avec l'une des grandes actrices de théâtre de l'époque : Sarah Bernhardt. Victor Hugo avait 70 ans et Sarah Bernhardt 27 ans, mais ils se sont rencontrés très souvent pendant plusieurs années et ils ont formé un couple vraiment hors du commun. Lors d'une production de la pièce Hernani d'Hugo, Sarah Bernhardt, qui d'autre l'aurait pu, a joué le rôle féminin principal. Après la première, Hugo a envoyé cette note à son amante : "Tu as donné vie à Doña Sol, et cela m'a tellement ému que j'ai versé une larme – juste une. Je l'ai gardée et je l'ai apportée avec beaucoup d'empressement chez le bijoutier Rubinstein, rue de Rivoli. Comme un magicien, il a pris possession de la larme et l'a transformée en diamant, que je joins". Bernhardt a écrit dans son mémoire, Ma double vie, qu'elle a conservé comme un trésor ce diamant en forme de larme.

L'un des couples littéraires les plus célèbres est celui de Paul Verlaine et Arthur Rimbaud. Attirés au début par la poésie, ils se sont rapidement engagés dans une relation publique passionnée, qui s'est avérée désastreuse mais a néanmoins donné naissance à certains des plus beaux et des plus importants poèmes de la fin du XIXe siècle. Arthur Rimbaud, le poète ouvertement gay dont le comportement a choqué même les artistes les plus avant-gardistes de l'époque, est devenu une passion assez fâcheuse pour Verlaine, de dix ans son aîné, qui avait cherché à se faire respecter en tant que poète gay en se mariant. Leur relation a pris fin après la libération de Verlaine de la prison où il avait purgé une peine de deux ans pour avoir tenté de tuer son jeune amant par un coup de pistolet. Paul Verlaine lui-même s'est enfoncé de plus en plus dans l'abîme de l'alcoolisme et Arthur Rimbaud a quitté le continent pour l'Afrique où il est mort à l'âge de 37 ans. Cette brève période de passion et de créativité a inspiré une admiration profonde et durable pour leur poésie et de nombreuses interprétations artistiques et musicales reflétant leur brève vie commune.

Un excellent exemple de créativité artistique née de la relation entre deux personnes atypiques est la liaison entre George Sand et Frédéric Chopin qui a duré neuf ans. Aurora Dudevant a adopté le pseudonyme masculin de George Sand pour éviter toute discrimination à l'égard des femmes. Ses romans et ses pièces de théâtre lui ont apporté un succès et une renommée considérables, mais elle portait des vêtements d'homme, fumait le cigare et exprimait des opinions féministes controversées. Elle a rencontré Chopin lors d'une fête donnée par Franz Liszt à Paris. Au début, Chopin a été rebuté par son apparence, mais George Sand, après un an et demi d'efforts acharnés, a finalement réussi à gagner son cœur et son attachement. Pendant les neuf années qu'ils ont vécues ensemble, chaque été se passait chez elle à Nohant, où elle assumait le rôle de muse, de protectrice et d'infirmière du génie musical atteint de tuberculose, et où Chopin a composé quelques-unes de ses plus belles œuvres musicales. À la suite d'une dispute impliquant les enfants de George Sand, elle a mis fin à leur relation. Chopin, luttant seul contre une maladie inguérissable, est alors très vite devenu un homme brisé ; durant les dernières années de sa vie, il n'a plus composé que quelques rares morceaux de musique.

Le poète, dramaturge et cinéaste Jean Cocteau a connu le succès et la célébrité bien avant de rencontrer Jean Marais. Il avait eu de nombreuses amourettes auparavant, mais aucune de ses relations précédentes n'a eu la même longévité ou le même impact. Jean Marais, acteur en herbe de 24 ans, ayant vu une exposition de certains dessins de Cocteau en 1937, a été si frappé qu'il a contacté Jean Cocteau, qui avait 24 ans de plus que lui. Ils sont rapidement devenus inséparables et peut-être le couple le plus célèbre de Paris. Cocteau, reconnaissant le potentiel de Jean Marais en tant qu'acteur, l'a fait jouer dans certains de ses films les plus connus et les plus importants. Après la libération de Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jean Marais est apparu dans La Belle et la bête (1946), Les parents terribles (1948) et la version de Cocteau du mythe d'Orphée, Orphée (1949). Leur collaboration artistique et leur inspiration mutuelle sont exemplaires. À la mort de Jean Cocteau en 1963, Jean Marais a déclaré : "Je regrette amèrement de ne pas avoir passé toute ma vie à servir Cocteau au lieu de me préoccuper de ma carrière..."

Simone de Beauvoir, l'icône féministe française, est surtout connue pour sa relation de toute une vie avec Jean-Paul Sartre, à la fois sa compagne dans la vie et collaboratrice littéraire et philosophique. En 1946, lors d'une tournée aux États-Unis avec Sartre, elle a rencontré le romancier américain Nelson Algren à Chicago ; a commencé alors une histoire d'amour qui a duré plus de cinq ans, bien qu'épistolaire la plupart du temps. Ils sont parvenus à se retrouver chaque fois qu'ils le pouvaient et ils ont voyagé ensemble en Amérique latine et au sud-ouest des États-Unis. Sartre lui avait proposé au début de leur relation de se marier, ce qu'elle avait refusé en qualifiant cette idée de ridicule. Beauvoir, cependant, a révélé dans sa longue correspondance avec Algren – elle lui a écrit plus de 300 lettres – qu'elle se considérait comme sa femme, ce qu'elle n'avait jamais dit de Sartre. Algren lui a offert une bague en argent qu'elle portait tout le temps et dans l'une de ses lettres, elle lui a dit "Bonne nuit, mon bien-aimé, mon ami, mon mari et mon amant". Ce n'est pas non plus par hasard qu'elle a écrit son manifeste féministe fondateur, Le Deuxième Sexe, lors de sa liaison avec Algren. Elle avait discuté avec lui de son idée d'écrire sur les femmes et c'est Algren qui l'a encouragée à développer ses pensées pour en faire un livre. Le Deuxième Sexe et L'Homme au bras d'or d'Algren ont tous deux été publiés en 1949. On trouve également des références à peine voilées à Algren dans plusieurs romans de Beauvoir, notamment dans Les Mandarins. Leur relation s'est détériorée au bout de cinq ans lorsque Beauvoir a fait comprendre à Algren qu'elle ne pourrait jamais quitter Sartre. Lorsque Simone de Beauvoir est morte, six ans après le décès de Sartre, elle a été enterrée à ses côtés au cimetière Montparnasse à Paris, la bague en argent d'Algren toujours à son doigt.                                                 

Roger Stevenson, French Accent Magazine Nr 89, February-March 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Quatre idées reçues sur le vin rosé

Origine, couleur, garde, prix… En quelques années, le petit vin de l’été a bien changé. Et bousculé pas mal d’idées préconçues.

1. Il vient de Provence

Pas seulement. Il est exact que la Provence est le premier producteur de vins rosés d’appellation d’origine contrôlée (AOC) : 38 % d’entre eux sont étiquetés côtes-de-provence, coteaux-d’aix-en-provence ou coteaux-varois-en-provence. Mais si l’on considère les vins rosés français en général, qu’ils soient AOC, avec une indication géographique protégée (IGP) ou Vin de France, c’est le Languedoc qui en est le premier producteur avec, en 2017, 2,6 millions d’hectolitres vinifiés. Sur un total de 5,5 millions sur l’ensemble du vignoble français. Les principales régions de production du rosé sont ainsi l’Occitanie (à elle seule, l’IGP pays-d’oc rassemblait 23 % du volume national en 2016), la Provence (19 % du volume national), le Val de Loire et la vallée du Rhône.

Il faut par ailleurs noter que, si la France reste le premier producteur de rosé dans le monde (34 % de la production mondiale en 2019), l’Espagne n’est pas en reste (23 % des rosés sur la planète) et les Etats-Unis non plus (17 % ). L’Italie a en revanche lâché la rampe : de 19 % en 2009, elle ne représente plus que 10 % de la production aujourd’hui. En revanche, la couleur est de plus en plus présente dans les chais d’Afrique du Sud, du Chili et d’Australie.

2. Il est meilleur s’il est clair

Disons plutôt que les Français le préfèrent clair. FranceAgriMer et le Comité interprofessionnel des vins de Provence ont dessiné en 2018 une série de camemberts pour classer les rosés consommés dans divers pays selon leur robe. En France, c’est net, 30 % d’entre eux sont très clairs, 15 % seulement sont très foncés. Mais en Italie et en Espagne, le résultat est à l’opposé : respectivement 13 % et 11 % de rosés débouchés sont très clairs, contre 46 % et 50 % de bouteilles à la teinte très sombre.

D’où vient une telle différence ? Des variétés de raisins et des terroirs, d’abord. Les cépages clairs, comme la clairette rose, le grenache gris, le pinot noir font des rosés pâles quand la syrah, le carignan ou le merlot transmettent rapidement leur couleur. Le grenache noir donne des rosés à teinte orangée, tandis que le cinsault délivre une couleur plus jaune. Egalement, plus une variété est acide et plus sa couleur est vive, à dominante rose franc. Enfin, les conditions météorologiques engendrent des modifications. Plus l’année est sèche et chaude, plus les raisins et les vins sont colorés.

Toutefois, il y a aussi une dimension de triche, lors de la vinification. Le collage et le sulfitage permettent d’ôter de la matière colorante. Un collage au charbon œnologique, par exemple, permet d’alléger la teinte du vin. Dit comme ça, c’est moins glamour.

3. Il se boit dans l’année

Il y a certes des marques de rosé qui envoient leur vin à la distillerie dès qu’il a plus d’un an. La grande distribution contribue à ce mouvement : les vins de la vendange de septembre 2020 sont commandés à partir du mois de décembre de la même année, avant même qu’ils ne soient mis en bouteilles, pour être livrés en février. Les invendus commencent à disparaître avant que 2022 ne voie le jour.

Il existe une logique à cela : la plupart des rosés sont vinifiés avec beaucoup de délicatesse pour obtenir ce caractère très léger qui semble plaire. Les œnologues mettent le paquet sur les arômes fruités, délaissant la structure du vin, qui pourrait lui donner du muscle, mais aussi de la longévité. Résultat, quand les arômes fruités disparaissent (évolution normale avec le temps), il n’y a… eh bien, il n’y a plus rien, justement.

Pourtant, les bandols ou les tavels rosés peuvent vieillir dix ans ! D’où cet exemple éclairant : le 19 mars 2021 est née l’Association internationale des rosés de terroirs, avec des vignerons de toute la France (mais principalement de Tavel, Bandol, Faugères, Les Riceys) pour valoriser les rosés de caractère, exprimant leur terroir. Parmi les conditions d’admission, le rosé doit avoir un an minimum ! On en revient à une règle simple : pour savoir si un rosé est vraiment bon, il faut le goûter après un an ou deux.

4. Il n’est pas cher

C’était vrai à une époque, ça l’est de moins en moins. La France est la championne du rosé premium (entendez par là que c’est elle qui les vend le plus cher). Selon l’Observatoire mondial du rosé, dans son rapport de mai dernier, le prix moyen par bouteille est de 3,75 euros et il a progressé de 55 % en cinq ans. Mais si vous voulez vous décrocher la mâchoire, il faut regarder les chiffres des douanes publiés par l’interprofession des vins de Provence : entre 2010 et 2020, le montant des ventes de rosé provençal à l’export a augmenté de 963 %. Une hausse qui s’explique par l’augmentation des volumes exportés mais aussi par la hausse des prix.

D’ailleurs, il suffit de deux bouteilles pour comprendre cette révolution : il y a encore trois ans, on considérait la cuvée « Garrus » du Château d’Esclans, dans le Var, comme le rosé le plus cher au monde, à 90 euros les 75 cl. Et puis, en 2019, Gérard Bertrand a lancé son « Clos du temple ». Un rosé du Languedoc… à 190 euros le flacon. Une volonté de montrer que le rosé, aussi, peut tutoyer les grands blancs et les grands rouges. Bref, être un vin tout à fait comme les autres, avec les mêmes folies.

Ophélie Neiman, Le Monde du 13 juin 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Je suis devenue végétarienne

Noémie Malaize : « Je suis devenue végétarienne, j’adore les légumes, et l’un de mes repas favoris, c’est le pique-nique »

La fondatrice d’« Îlots » publie le troisième numéro de ce magazine militant sur l’alimentation. Cette graphiste et illustratrice a passé une partie de son enfance dans les îles, d’abord en Polynésie, puis aux Antilles.

 « Je n’ai jamais vécu plus de trois ans au même endroit. Je suis née à Caen, en Normandie, et nous avons aussitôt déménagé sur la côte, puis du Limousin à la Polynésie française, de la Touraine à la Martinique. Mon père est médecin hospitalier, ma mère infirmière, et tous les deux ont toujours aimé bouger et changer régulièrement de décor.

La Polynésie fut un magnifique bouleversement dans ma vie. Je venais d’entrer en 6e à Amboise, nous sommes partis en milieu d’année, pour atterrir sur une petite île du Pacifique nommée Raiatea, d’un peu plus de 12 000 habitants. C’était le paradis pendant deux ans.

L’un de mes meilleurs souvenirs, c’est la tradition polynésienne des ma’a Tahiti, sortes de grands festins rassemblant les familles sur des petites îles du lagon, que l’on surnomme les “motus”. Chacun apporte un plat, et l’on partage tous les mets ensemble. C’était magique.

Cela a été très différent pour la Martinique : après deux ans en Touraine, on m’a annoncé que j’allais faire ma seconde aux Antilles. C’était dur de perdre (à nouveau) mes amis et moins facile de s’intégrer là-bas à cet âge, mais j’y ai là aussi découvert une palette nouvelle de goûts, de couleurs, d’épices, de spécialités. Un an plus tard, nous étions revenus à Caen.
J’ai tant bougé dans mon enfance qu’aujourd’hui je ressens un besoin fort de m’ancrer, d’appartenir à un lieu, à une région. Quand on me demande d’où je viens, je réponds “Normandie”, car c’est un territoire dont je me sens proche, même si je n’y ai pas vécu très longtemps. Il me faut être en terrain connu, balisé, sans doute parce que j’ai si souvent été projetée dans l’inconnu.

J’ai fait des études de design graphique à Paris, à Angers, puis à Bristol, où mon compagnon faisait un programme Erasmus. J’ai axé mon diplôme de fin d’études sur les parcs nationaux, ce qui était un excellent prétexte pour se balader. Car nous avons tous les deux une passion pour la randonnée et la nature.

Préparer des salades sur le pouce

Je suis devenue graphiste militante après une expérience en creux pour un studio qui faisait des publicités et qui m’a convaincue que je ne voulais surtout pas faire ça, mais plutôt travailler selon des valeurs engagées, notamment dans le domaine de l’alimentation.

Côté cuisine, ma mère se débrouille très bien, même si, quand nous étions petits, elle n’hésitait pas à recourir aux surgelés et à “M. Eismann”, qui nous livrait des plats toutes les semaines. J’ai récemment rassemblé une petite collection de recettes familiales (soufflé au fromage, gougères sauce madère, flan antillais), mais je me suis aperçue que je ne les reproduisais pas. Je suis devenue végétarienne, j’adore les légumes, et l’un de mes repas favoris, c’est le pique-nique.

Deux à trois fois par an, mon compagnon et moi partons bivouaquer et remplissons le coffre de notre petite voiture de ce qu’il faut pour préparer des salades sur le pouce : légumes de saison, vinaigrette maison, condiments savoureux. La “salade balade” se fait à l’Opinel, directement dans le bol, en fonction de ce qu’on a sous la main, et devant un beau paysage. C’est comme cela qu’elle est bonne. »

Camille Labro, Le Monde du 4 juin 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Les pois chiches, une alternative aux protéines animales

Clotilde Bato : « Les pois chiches, c’est l’une des meilleures alternatives aux protéines animales »

A la tête de deux associations, « SOL », qui défend les petits paysans à travers la planète, et « Notre affaire à tous », qui réclame une justice climatique, Clotilde Bato milite en faveur d’une agriculture saine.

 « Je suis toulousaine de naissance et indienne de cœur. Mes parents étaient des militants altermondialistes, et, grâce au travail de mon père pour l’ONG Frères des hommes, nous avons beaucoup voyagé dans notre enfance. Dès l’âge de 4 ans, mon frère et moi étions dans les manifestations antinucléaires, puis, quelques années plus tard, nos parents nous emmenaient dans les Andes ou au fin fond de la forêt amazonienne.

Le pays qui m’a le plus marquée, c’est l’Inde, où je suis allée pour la première fois à 7 ans, durant trois mois. C’était une aventure incroyable, nous allions de village en village et découvrions l’Inde pendant que mon père travaillait. A 10 ans, j’ai commencé à faire du chant lyrique, et je suis entrée au conservatoire professionnel à 17 ans.

Mais j’y étais malheureuse : le chant, c’est comme du sport de haut niveau, il faut travailler énormément, apprendre l’italien et l’allemand, oublier sorties, ciné, amis… C’était une vie très contraignante, compétitive et solitaire. J’ai fait un burn-out, et j’ai compris que je voulais trouver un métier qui ait un rapport aux autres, qui soit dans le partage.

J’ai abandonné le chant, pour préparer un diplôme de relations internationales spécialisé dans l’Asie du Sud. Mais, lorsque je suis allée tester le métier en ambassade, à New Delhi, je me suis rendu compte que c’était un milieu très franco-français, et que je me serais encore retrouvée seule dans la vie d’expatriée. A 21 ans, j’ai demandé à mon père si je pouvais découvrir l’un de ses projets.

J’ai trouvé ma vocation au contact des paysans dans les villages indiens. En 2007, j’ai aidé à l’organisation d’une grande marche des paysans sans terre, et, peu après, j’intégrais SOL, une ONG française qui accompagne et soutient les petits paysans, notamment en Inde, en Afrique de l’Ouest et en France. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Vandana Shiva, figure indienne de la lutte écologique contre l’accaparement des terres et des semences.

En 2010, son association, Navdanya, s’opposait, au nom de la souveraineté alimentaire, à l’implantation en Inde de la première aubergine OGM, créée par Monsanto. Nous les avons rejoints dans ce combat et avons commencé à travailler avec eux sur divers projets pour défendre les paysans et leurs libertés.

Souveraineté alimentaire

Les beignets d’aubergine à la farine de pois chiche représentent à la fois mes valeurs et mes combats. Ils font appel à mes origines méditerranéennes, mais aussi à la savoureuse cuisine indienne que j’ai mangée toute mon enfance. En Inde, il existe plus de 4 500 variétés d’aubergines : blanches, roses, vertes, striées, rondes ou allongées… C’est pour moi un symbole de biodiversité et de l’importance qu’il y a à protéger cette biodiversité jusque dans nos assiettes.

Quant aux pois chiches, autre pilier de la cuisine indienne, c’est l’une des meilleures alternatives aux protéines animales, une légumineuse qui symbolise la souveraineté alimentaire et la lutte contre le changement climatique (puisqu’elle permet de se passer du soja, au bilan carbone élevé). Ces beignets sont aussi délicieux que symboliques. »

Camille Labro, Le Monde du 11 juin 2021

Retour
haut de page

Quelques découvertes techniques

Les inventions :  un reflet de la créativité française

Il est bien connu que le camembert, la guillotine, le bikini et le champagne sont des créations françaises. On sait beaucoup moins que des inventions qui ont changé notre façon de vivre depuis le début de l'ère moderne ont d'abord été découvertes en France, avant d'être considérablement améliorées à l'étranger, aux États-Unis principalement, comme l'avion, la photographie, la calculatrice, le cinéma...

Quelques découvertes techniques

Parmi les machines expérimentales de Denis Papin, les plus connues sont la première tentative de bateau à vapeur, et surtout la cocotte-minute, le premier autocuiseur qu'il avait appelé du nom pas très flatteur de  "digesteur"...

Plus remarquable a été en 1770 l'arrivée de la première automobile, ou "fardier", un engin lourd et primitif inventé par Joseph Cugnot. Bien plus élégante était la montgolfière : l'aérostat inventé par Joseph et Etienne de Montgolfier, qui s'est élevé dans le ciel en 1783 devant le roi Louis XVI à Versailles.

La même année, Louis-Sébastien Lenormand a eu la très bonne idée d'inventer le parachute. C'était juste huit ans avant la guillotine...

Très appréciés ont été le métier à tisser de Joseph Marie Jacquard (1801), le piano à pédale de Sébastien Érard (1810), et la machine à coudre de Barthélemy Thimonnier (1830), vite reprise et perfectionnée par Singer en 1851.

À la même époque, Marc Seguin lançait deux inventions majeures : le pont suspendu à câbles et la locomotive à vapeur.

Autres découvertes des années 1800 imitées et très améliorées plus tard : la photographie par Nicéphore Niepce (1825), le vélocipède à pédales suivi de la bicyclette à chaîne et du dérailleur pour vélo. Ont suivi le sous-marin, la moto, et plus tard la mobylette, et la première voiture électrique, de Gustave Trouvé. Non, elle ne ressemblait pas à une Tesla.

L'invention certainement la plus utilisée dans le monde entier est le pneumatique à chambre à air créé en 1891 par Edouard Michelin.

En 1895, les frères Auguste et Louis Lumière ont montré les premières images de leur cinématographe. Les Français sont très fiers que le cinéma ait été inventé dans leur pays...

En informatique, les Français n'ont pas inventé internet, mais Blaise Pascal avait conçu en 1642 la première machine à calculer. Ensuite des inventeurs français ont notamment créé en 1972 le micro-ordinateur et, en 1974, Roland Moreno a lancé la petite carte à puce, utilisée seulement récemment aux Etats-Unis. Peu de gens, même en France, savent que c'est une invention française.                                         

Annick Stevenson, French Accent No 91, Juin-juillet 2021

Retour
haut de page

Des petites choses bien utiles

Moins spectaculaires, plus petites mais très utilisées, de nombreuses autres inventions techniques ont été conçues par des Français, même si la véritable origine de certaines d'entre elles est parfois contestée. En voici quelques-unes :

- La bougie moulée (1600) après que François de Brez ait imaginé le premier moule ; auparavant les bougies, qui existent depuis 3000 ans avant JC, étaient formées à la main.

- Le parapluie pliant (1705), en toile verte. Le 1er janvier 1710, son inventeur, Jean Marius, a obtenu un privilège royal de 5 ans pour cette innovation appelée "parasol-parapluye brisé à porter dans sa poche".

- Le crayon (1795) par Jacques Conté, mais indépendamment et en même temps l'Autrichien Joseph Hardtmuth créait la même sorte de crayon dont la mine était elle aussi en graphite ; il faudra attendre 1828 pour l'invention, en France, du taille-crayon.

- La cafetière à percolation créée en 1800 par Jean Baptiste de Belloy, qui était évêque de Marseille avant de devenir archevêque de Paris et cardinal.

- Les allumettes "modernes" dont le un mélange inflammable était à base de soufre, créées par Jean-Joseph-Louis Chancel en 1805 ; mais on en a trouvé d'autres modèles pratiquement depuis l'antiquité, et les allumettes "de sûreté" ont été imaginées par le Suédois Gustav Eric Pasch en 1844.

- Le sécateur (1815), outil des jardiniers, inventé par un aristocrate, M. De Molleville.

- Le réveille-matin réglable (1847).

- Le mètre ruban (même année), créé par le tailleur pour dames Alexis Lavigne.

- Le fer à friser (1888), et le sèche-cheveux (1890), par Alexandre Ferdinand Godefroy, pionnier de la coiffure moderne.                  

Retour
haut de page

Des créations originales

Certaines sont fantaisistes, insolites, ou totalement dépassées à notre époque, mais d'autres sont très utiles. Quelques exemples :

Le bidet : inventé en 1710, ce petit meuble en bois dans lequel était inséré une sorte de cuvette en porcelaine a été très longtemps utilisé en France. Il servait à la toilette intime mais aussi aux bains de pieds. Avec le temps on a ajouté un robinet, puis la cuvette est devenue blanche comme celle des WC. Quand j'étais jeune, nous en avions un dans la salle de bains.

Le dentier en porcelaine a été inventé en 1770 par Alexis Duchateau.

La poubelle a été l'initiative très utile du juriste et diplomate Eugène Poubelle, en 1884. Quand il était Préfet de la Seine, il a cherché un moyen d'améliorer la propreté de Paris, où les déchets abondaient. Il a obligé les propriétaires d'immeubles à mettre à la disposition des habitants des récipients métalliques, dont la dimension était très contrôlée, qui ont très vite porté son nom...
Le panier à salade, inventé en France en 1935, a été un élément essentiel des cuisines avant la création des essoreuses à salade modernes en plastique. Il fallait le secouer très fort pour faire tomber l'eau. Il ne pouvait donc être utilisé que dehors. C'était facile à la campagne, mais dans les villages, quand j'étais jeune, il n'était pas rare de voir une femme secouer sa salade sur le trottoir... À noter que les fourgons cellulaires de police sont surnommés paniers à salade !

La montre-bracelet a été la création, en 1904, du très célèbre bijoutier Louis Cartier. Il l'a inventée pour que son ami, l’aviateur brésilien Santos-Dumont, ne soit pas obligé de sortir sa montre à gousset en plein vol. Cette innovation a fait la renommée de la maison Cartier.

Le portrait-robot, dont le principe consiste à découper des morceaux de photos représentant différentes parties du visage et de les assortir afin d’en créer un nouveau, a été breveté par Roger Dambron en 1950. En 1953, le premier meurtrier a été confondu et arrêté grâce à cette invention.

Retour
haut de page

Des inventions bien françaises

La gastronomie, la mode, la beauté et tous les symboles du romantisme sont évidemment des domaines où les inventeurs français ont fait preuve de beaucoup de créativité.

Le champagne est né avec Dom Pérignon en 1688. Mais il faut savoir que ce moine très opportuniste n'a pas véritablement inventé cette boisson. Pendant un séjour à Limoux, dans le Languedoc au sud de la France, il a découvert que, depuis 1531, les moines bénédictins produisaient un chardonnay qui devenait effervescent après une deuxième fermentation. Dom Pérignon a adapté leur méthode, en l'affinant...

Le réverbère, qui n'est pas un objet de luxe mais fait tout le charme romantique de Montmartre la nuit, a été inventé en 1744 par Dominique-François Bourgeois, un ingénieur-horloger qui travaillait dans la fabrication des automates.
Sans surprise, la sauce béchamel  (1651), la mayonnaise (1756) et le camembert (1791), suivis par des centaines d'autres produits laitiers, sont des créations françaises. Il est plus surprenante d'apprendre que les conserves alimentaires ont elles aussi été inventées en France par un cuisinier, Nicolas Appert, en 1795.

En 1898 c'est une femme, Herminie Cadolle, ancienne ouvrière dans la corsetterie et militante féministe, qui a déposé le brevet du tout premier soutien-gorge moderne, qui s'appelait "bien être", dans le but de "libérer les femmes" de ces horribles corsets qui les empêchaient de respirer. À l'époque, elle avait même eu l'intelligence de créer des sous-tifs qui se fermaient par devant...

L'histoire du rouge à lèvres remonte à l'époque de la Mésopotamie, il y a 5000 ans. Il a fallu attendre 1915 pour que la maison française Guerlain lance sur le marché le premier tube de rouge à lèvres coulissant. Le processus a été amélioré en 1925 par un Américain, Maurice Levy.

C’est en voyant les femmes abaisser le haut de leur maillot de bain pour mieux bronzer que Louis Réard, ingénieur automobile, a l’idée de créer un maillot deux-pièces couvrant un minimum de peau. Le 5 juillet 1946, il a présenté pour la première fois son invention : le bikini, du même nom que l'atoll des îles Marshall.  C'est Micheline Bernardini (photo ci-dessus), danseuse du Casino de Paris, qui le portait, à la piscine Molitor de Paris.

Mais des images trouvées dans l'ancienne villa romaine du Casale, en Sicile, montre que le bikini existait déjà dans l'Antiquité...

Retour
haut de page

La santé, un point fort

Les Français ont été les pionniers pour un grand nombre de découvertes scientifiques ayant un direct impact sur la santé dans le monde. Voici les plus importantes :

La pasteurisation

Dans un article paru dans The Sunday Times en mai 2021, le journaliste et écrivain scientifique Steven Johnson rappelle que le simple fait de boire du lait présentait autrefois de graves risques pour la santé. Il explique comment ce "poison" est devenu le symbole de la santé et de la vitalité : "La réponse évidente est apparue en 1854, quand le jeune Louis Pasteur a commencé à travailler à l'Université de Lille au nord de la France... et s'est demandé pourquoi certains aliments et liquides se gâtaient". Onze ans plus tard, Pasteur, alors professeur à l'École normale supérieure de Paris, avait inventé un procédé de conservation des aliments par chauffage à une température de 80 à 100° C pendant une certaine durée, suivie d'un refroidissement rapide. La pasteurisation était née, apportant une amélioration fondamentale de la santé humaine.

Le stéthoscope

René Laennec était médecin, mais aussi musicien. Alors qu'il travaillait à l'hôpital Necker, en 1816, il a eu l'idée d'utiliser la même technique par laquelle il sculptait ses flûtes en bois pour inventer un appareil en forme de cylindre qui permettrait de faire une auscultation d'un patient sans avoir à coller son oreille sur sa poitrine.
Il l'a appelé stéthoscope en s'inspirant des mots grecs stethos (poitrine) et skopos (examen). Cet appareil a été peu à peu amélioré à partir de 1830 par un autre Français, le docteur Pierre Piorry. Mais ce sont Maurice Rappaport et Howard Sprague, deux Américains, qui ont mis au point le stéthoscope acoustique moderne.

Les vaccins
C'est encore à Louis Pasteur que l'on doit l'un des vaccins inventés en France : celui contre la rage, en 1885. D'autres vaccins ont suivi, produits ou affinés par l'Institut Pasteur, contre :
- La tuberculose, le BCG, par Albert Calmette et Camille Guérin, 1921.
- Le tétanos et la diphtérie, par le vétérinaire et biologiste Gaston Ramon, 1924.
- L'hépatite B, par Philippe Maupas, 1976.
    En 2020, l'Institut Pasteur a travaillé sur un vaccin contre le Covid-19 mais la recherche n'a pas abouti, et les chercheurs ont dû abandonner...

Le braille

La découverte française la plus importante en faveur des personnes ayant un handicap est celle de l'écriture braille, par Louis Braille, en 1825. Ce système de lecture codé a changé la vie de toutes les personnes aveugles ou malvoyantes et a été exporté dans le monde entier.

Autres découvertes liées à la santé

- Un appareil permettant de mesurer la tension artérielle, inventé en 1819 par le Dr. Poiseuille.
- La couveuse, appelée dans le temps "berceau incubateur", imaginée par le chirurgien Jean-Louis-Paul Denucé en 1857, et appliquée par Etienne Stéphane Tarnier dès 1880.

- Le test de dépistage du sida, par l'Institut Pasteur, en 1985.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Ce qui est français, et ce qui ne l'est pas

French what?... Ce qui est français, et ce qui ne l'est pas

Quand les Français entendent dire "French" à propos de choses pas forcément françaises, ils sont très surpris. Quelle est la vérité ?

French fries : non, elles sont Belges.

French toast : les Français l'appellent le "pain perdu" : des restes de pain qu'on mange de cette façon pour ne pas le gaspiller. On a retrouvé pratiquement la même recette à Rome dans l'Antiquité. Les Français en mangent rarement.

French dressing : ma grande déception quand j'ai commandé cette sauce, une seule fois dans ma vie, aux États-Unis. Elle n'a rien à voir avec une bonne vinaigrette française !

French press : une autre surprise découverte en Amérique. Bien sûr, on trouve en France cette "cafetière à piston" mais elle a été inventée par un Italien, Ugo Paolini, en 1923. Les Français ont suivi très vite en déposant un brevet similaire en 1924.

French manucure : jamais entendu en France ! Cette méthode de mettre du vernis sur des ongles est née en Amérique, inventée par des stars hollywoodiennes. On lui a ajouté "French" par référence à la "French touch" évoquant (pour les étrangers seulement) l'élégance et le raffinement.

French braid : ce genre de tresse est née en Afrique du nord. Les premiers exemple de ce style ont été trouvés dans l'art rupestre, en Algérie, il y a 6000 ans. J'en ai rarement vu en France.

French twist ou French knot : un chignon banane en français. Il était déjà porté en Grèce, dans l'Antiquité.

French maid : certes, dans les bonnes maisons bourgeoises, les bonnes portaient un uniforme, comme dans les pays anglo-saxons. Je ne vois pas la différence, mais un stéréotype pas vraiment justifié veut que les "French maids" soient plus sexy...

French bread : chez nous on l'appelle tout simplement "pain". De nombreux pays ont leur pain, lequel est le meilleur ? Le français, évidemment...

French chair : en France on appelle "bergère" ce genre de fauteuil, bien français en effet, créé sous le règne du roi Louis XV. Aujourd'hui on n'en trouve que dans les châteaux, musées ou maisons bourgeoises.

French green beans : je ne sais pas pourquoi on donne le qualificatif de français aux haricots verts cultivés aux États-Unis où je les achète au marché. Il paraît qu'ils sont plus fins, longs et meilleurs, donc plus chers. En France on dirait : des haricots verts extra-fins.

French donkey : je n'ai vu ce mot que dans un roman américain ; ces ânes sont bien originaires de France, où on les appelle "baudets du Poitou".

French doors : les "portes-fenêtres", qui ne sont pas vraiment des portes, sont bien nées en France, pendant la Renaissance. Beaucoup d'autres éléments architecturels sont considérés "French", mais les Français l'ignorent.

French kiss : j'ai découvert cette expression en regardant le film joué par Meg Ryan en 1995. Elle est apparue en Amérique après la Ière guerre mondiale quand les soldats rentraient de France avec, pour certains, des souvenirs d'aventures romantiques. Devant le succès de cette expression, le dictionnaire Robert a intégré "French kiss" en 2014, ce qui fait plaisir aux Français. Mais on a découvert que ce type de baiser apparaissait déjà dans le Kama Sutra, au 5ème siècle avant JC.

Annick Stevenson, French Accent No 91, Juin-juillet 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La charge mentale, une double peine pour les femmes

(Pour étudiants avancés)

Lien pour accéder à l'article :

https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/dialogues-economiques/la-charge-mentale-une-double-peine-pour-les-femmes?fbclid=IwAR1F96wOrfuTzIKsERvNvXYOTVfj0u0tQO2wU2bofvnEs5TdSdAv5bpWMRk

Questions :

Répondez aux 10 questions suivantes au sujet de l’article que vous avez lu. Les questions suivent l’ordre du texte.

1. Cet article…(1 point)
a. compare la charge mentale des hommes et celle des femmes
b. retrace l’historique de l’évolution des droits des femmes
c. défend la thèse selon laquelle la charge mentale impacte les femmes

2. Selon le chapeau de l’article…(1,5 point)
a. la charge mentale tend à se dissiper
b. la charge mentale résulte de la combinaison des tâches à réaliser à la maison et au travail
c. la charge mentale nuit essentiellement à la carrière des femmes

3. Le XXe siècle …(1,5 point)
a. a vu les disparités entre hommes et femmes s’accroître
b. a vu les disparités entre hommes et femmes diminuer
c. est en demi-teinte pour ce qui est de l’égalité hommes-femmes

4. Ce qui explique les inégalités professionnelles persistantes entre hommes et femmes c’est / ce sont…(1,5 point)
a. un mélange de causes qui s’additionnent
b. la discrimination
c. des choix professionnels différents et des comportements moins risqués et moins compétitifs. 

5. L’étude de Sarah Flèche, Anthony Lepinteur et Nattavudh Powdthavee a notamment cherché à déterminer…(1,5 point)
a. d’où proviennent les discriminations
b. où la charge mentale trouve sa cause
c. pourquoi les femmes ont tendance à faire des choix professionnels qui leur portent préjudice

6. La charge mentale serait…(1,5 point)
a. le cumul des tâches domestiques et des tâches professionnelles
b. la  charge cognitive qui résulte de la gestion inégale de la vie familiale dans le couple
c. liée au temps passé à réaliser des tâches domestiques

7. La charge mentale a un impact sur les choix professionnels des femmes. VRAI ou FAUX? (1,5 point)
VRAI
FAUX

8. Quel est l’impact de la durée relative du temps de travail et de la division des tâches ménagères sur la satisfaction globale des hommes et des femmes? (2 points)
a. les femmes sont insatisfaites si elles travaillent plus que les hommes
b. les femmes sont insatisfaites si elles travaillent plus que les hommes et que les tâches domestiques ne sont pas réparties équitablement avec leur conjoint
c. les femmes sont insatisfaites si leurs conjoints consacrent moins de temps qu’elles aux tâches domestiques

9. Généralement, les femmes rechignent à travailler plus que leurs conjoints…(2 points)
a. à cause des normes sociales
b. à cause des tâches ménagères qui leur incombent principalement à elles
c. car leurs conjoints l’acceptent mal

10. Quelles solutions sont proposées dans l’article pour réduire la charge mentale? (2 points)
a. l’émancipation des femmes
b. augmenter la durée du congé paternité
c. se faire aider à la maison et éduquer les jeunes générations pour casser les stéréotypes de genre

Total : /16

CORRIGES:

  1. c
  2. b
  3. c
  4. a
  5. c
  6. b
  7. VRAI
  8. b
  9. b
  10. c

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Cuisine méditerranéenne et joie de vivre

La bonne recette pour une longue vie

La cuisine méditerranéenne est réputée excellente pour la santé, et de nombreux experts affirment que ce mode d'alimentation permet d'allonger la durée de vie. Nous avons fait quelques recherches pour en savoir plus, et Céline Van Loan, qui a pu retourner en France pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, est allée passer quelques jours à Marseille, dans la région de nos origines familiales. Les informations que nous avons obtenues et ce que Céline a pu vérifier sur place le confirment : oui, les ingrédients et les méthodes de préparation des repas dans le sud de la France et des autres régions et pays qui entourent la Méditerranée sont la bonne recette de la longévité.

Mais pas seulement. La très intéressante découverte des "zones bleues", dont deux sont des îles méditerranéennes, nous apprend que le mode de vie joue un rôle peut-être encore plus important que la nourriture. Prendre ses repas sans se presser, en famille ou avec des amis, éviter le stress, avoir des activités physiques agréables et une vie sociale satisfaisante, savoir se détendre, ne pas penser seulement au travail, garder le sens de l'humour et une bonne humeur, et vivre de préférence dans une région ensoleillée, assurent une joie de vivre qui joue un rôle essentiel pour garder une excellente santé, et vivre très longtemps.

La pandémie a remis en question nos habitudes. Peut-être est-il temps maintenant de réfléchir à notre mode de vie et de revenir aux vraies valeurs ? 

Une alimentation qui a fait ses preuves

Quand ma mère est décédée, elle avait 96 ans. Elle n'a jamais eu de grave maladie. Jusqu'à la fin de sa vie, elle buvait au moins un verre de vin rouge ou rosé à chaque repas, et un café le matin. Et elle avait plaisir à boire un pastis en grignotant quelques olives. Née dans le sud de l'Ardèche, où elle a fini sa vie, elle avait habité en Provence quand elle était jeune, et s'y était mariée. Toute sa vie, ma mère a cuisiné comme on le fait à Marseille. C'est-à-dire à base d'huile d'olive, de légumes de son jardin aromatisés de thym, romarin ou laurier, de fruits de mer, de poisson grillé, saucisson, viande sans sauce ou omelette aux chanterelles cueillies dans la forêt, et de fromage de chèvre. Elle n'utilisait jamais de beurre ou de crème pour cuisiner. Elle adorait les fruits, surtout les fameuses pêches d'Ardèche, des melons de Cavaillon ou les raisins de sa vigne sauvage et en mangeait tous les jours, sans addition de crème, glace ou sucre. Si elle se faisait un thé, c'était avec des feuilles de menthe, de camomille et de verveine de son jardin. Toute sa vie, sans le savoir, elle avait adopté le régime méditerranéen qui a sûrement beaucoup contribué à la maintenir en bonne santé et à lui permettre de vivre si longtemps.

La doyenne de l'humanité

En août 1997, le décès de Jeanne Calment à l'âge de 122 ans à Arles, en Provence, ville de sa naissance, avait été une immense surprise. Aucun être humain n'avait jamais vécu si longtemps. En 2018, les faits ont même été contestés. Mais une enquête a confirmé que Jeanne Calment, qui avait 20 ans en 1885 sur la photo ci-dessus, était bien la doyenne de l'humanité. Elle est la seule personne au monde à avoir atteint cet âge. La Française actuellement la plus âgée, qui a eu 117 ans en février 2021, Lucile Randon, est une religieuse qui se fait appeler Sœur André. Comme Jeanne Calment, elle habite en Provence. Elle a attrapé le Covid-19 en janvier 2021 mais elle a rapidement guéri. Elle est aussi la doyenne de l'Europe et a juste un an de moins que l'actuelle doyenne de l'humanité, la Japonaise Kane Tanaka.

En 2021, 27.000 personnes sont centenaires en France. C'est le pays d'Europe qui en a le plus, avant l'Espagne et l'Italie. Une étude de l'Insee a précisé en 2018 que c'est dans la région Provence-Côte d'Azur que la longévité de la population est la plus élevée. On peut noter que c'est aussi la région de France où l'agriculture bio est la plus répandue.

Une garantie de bonne santé

Il est certain que des éléments génétiques interviennent dans la longévité. Mais il est reconnu depuis longtemps que l'alimentation joue un rôle majeur pour la santé, et cela a été surtout constaté dans les zones proches de la Méditerranée : sud de la France, Espagne, Italie, Crête, Grèce, etc. Selon diverses enquêtes qui se recoupent, la diète méditerranéenne, reconnue en 2013 par l'UNESCO, réduit le risque cardio-vasculaire de 30%, ainsi que les risques de diabète et des maladies d’Alzheimer et de Parkinson, et elle cumule tous les aliments recommandés pour prévenir les cancers. Ce qui explique que ces populations vivent plus longtemps.

Depuis mai 2021, et jusqu'à décembre 2023, se tient à Marseille dans le musée MUCEM une exposition, Le grand Mezzé*, qui porte précisément sur ce thème. Céline est allée la visiter. Les fondements et les vertus de l'alimentation méditerranéenne, régimes crétois, italien, provençaux et du monde arabe, y sont examinés en détail.

Cette exposition démontre l'importance des méthodes traditionnelles de préparation des aliments. Et elle incite à réfléchir en posant des questions telles que : Comment préserver une authenticité culinaire géographique et culturelle, tout en la partageant avec le plus grand nombre ? Comment protéger un régime alimentaire sans l’empêcher d’évoluer ?... Le fast food a commencé à faire des dégâts dans les communautés les plus pauvres des pays entourant la Méditerranée, cette expo veut donc encourager un retour à la tradition.

Heureusement, au sud de la France, de plus en plus de gens privilégient les produits locaux, la cuisine faite maison, les produits bons pour la santé. Un mouvement qui s'est accéléré depuis le début de la pandémie de Covid-19, comme l'a constaté Céline pendant son voyage à Marseille. Les étals près du port où les pêcheurs vendent la pêche du jour sont très animés tous les jours et, comme dans toutes les villes de France, c'est au marché de produits frais et régionaux que la plupart des habitants vont faire leurs courses.

*www.mucem.org

Dix principes de base

La fondation Dieta Mediterránea, à Barcelone,* donne une liste de 10 principes à adopter par les personnes qui veulent suivre un régime méditerranéen :

1. Utiliser de l’huile d’olive comme source principale de lipides.
2. Consommer beaucoup de fruits et légumes, de légumineuses (haricots, lentilles…) et de fruits à coque (noix, noisettes, amandes…).
3. Manger tous les jours du pain et des féculents (pâtes, riz ou céréales complètes).
4. Privilégier les aliments non-transformés, frais et produits localement.
5. Consommer tous les jours des produits laitiers, si possible fermentés : yaourts et fromages.
6. Savourer de la viande rouge avec modération.
7. Manger du poisson en abondance, en variant les espèces, et en privilégiant les poissons gras riches en oméga 3 (saumon, truite, anchois, sardine, maquereau).
8. Consommer des fruits en dessert. Les gâteaux et produits sucrés ne sont qu’occasionnels.
9. Boire de l’eau en abondance.
10. Être actif physiquement chaque jour.
 ____
*https://dietamediterranea.com

Vive les pâtes fraîches !

Un exemple de l'avantage de manger des produits frais : les pâtes. Elles peuvent être mauvaises pour la santé si elles sont fabriquées de manière industrielle et si on les mange avec des sauces toutes prêtes. Mais les bonnes pasta italiennes faites maison ou par de petits artisans selon la tradition sont excellentes pour éviter diabète, problèmes vasculaires, et même obésité ! Une série de photos de l'exposition au MUCEM le confirme.

"French Accent Magazine", No 82, août-septembre 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Les "zones bleues"... des gens heureux

En 2000, l'universitaire italien Gianni Pes et le démographe belge Michel Poulain ont fait une découverte très intéressante. Plusieurs villages de la province de Nuoro de l'île italienne de Sardaigne, au cœur de la Méditerranée, rassemblait la plus forte concentration au monde d’hommes centenaires : 10 fois plus que la moyenne aux États-Unis. Ils ont dessiné sur une carte à l'encre bleue la zone recouvrant ces villages qu'ils ont simplement appelée la "zone bleue".

Depuis 2002, avec le soutien de la National Geographic Society, un grand projet de recherche a été lancé pour savoir si d'autres zones bleues existaient dans le monde. À ce jour, seulement 5 sites ont été identifiés : 
- ces villages de montagne de la province de Nuoro, en Sardaigne ;
- l'île grecque d'Ikaria, dans le nord-est de la mer Égée, rattachée à la Méditerranée ;
- l'île japonaise d'Okinawa ;
- la péninsule de Nicoya, au Costa Rica, avec une population métisse d'environ 100 000 personnes ;
- Loma Linda, en Californie, communauté religieuse de 9000 adventistes, qui possèdent une espérance de vie supérieure de plus de 10 ans à la moyenne américaine.

Qu'est-ce qui lie des lieux aussi différents et éloignés ?

Les traits distinctifs de ces zones sont les suivants :
- Les habitants ont une activité physique modérée et régulière tout au long de la vie.
- Leur régime alimentaire est ce qu'on appelle un "semi-végétarisme", largement composé de végétaux, sans sucre ajouté et peu calorique.
- Ils boivent modérément de l'alcool, et privilégient le vin rouge - que tous les experts considèrent le meilleur pour la santé - et ils boivent aussi beaucoup de thé.
- Ils donnent un sens à leur vie, recherchent le bonheur avant tout.
- Ils ont un niveau de stress réduit.
- Ils sont impliqués dans la spiritualité, la religion ou autre engagement qui les unit.
- La famille est le centre de leur vie.
- Ils ont une vie sociale, sont intégrés à leur communauté.
- Ils vivent dans des zones ensoleillées et très aérées.

Les recherches se poursuivent pour identifier d'autres zones. Mais surtout, le mode de vie des habitants des zones bleues a commencé à inspirer des gens qui ont compris que leur vie actuelle n'est pas entièrement satisfaisante. Un mouvement "Blue Zones Project"* a même été lancé et se veut un encouragement à mieux manger, à améliorer son mode de vie, à privilégier le bonheur. Déjà, les communautés qui ont tenté l'expérience dans 4 régions des Etats-Unis ont constaté une amélioration de l'état de santé des habitants, qui leur permettra de vivre plus longtemps.

Un exemple à suivre !

*www.bluezones.com

"French Accent Magazine", No 82, août-septembre 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Le mode de vie des gens du sud : un atout essentiel pour la longévité

Les zones bleues démontrent ce que nous savions déjà très bien : ce n'est pas seulement la cuisine qui aide à rendre la vie meilleure, et à vivre plus longtemps, au bord de la Méditerranée. C'est aussi toute une ambiance, une atmosphère relax, un mode de vie, des relations sociales très différentes de celles des habitants du nord. Ce que les Italiens appellent la dolce vita...

C'est ce que Céline m'a rappelé, avec émotion, en rentrant de Marseille. Toute notre famille française est originaire du sud de la France : l'Ardèche méridionale ou la Provence. Nos vacances de notre jeunesse étaient parfumées au thym et à la lavande ; les sons associaient le chant des cigales au bruit des vagues se jetant sur les rochers ; nos meilleurs repas étaient les aubergines frites à la tomate de ma mère, les tellines au persil et à l'ail que nous ramassions sur les plages de Camargue, et beaucoup d'autres coquillages. Des parfums, des sons et des saveurs que Céline a retrouvés avec bonheur durant ce voyage, et qui ont fait remonter plein de souvenirs. Les courses au marché le matin après une bonne balade dès le saut du lit quand la température est la plus agréable ; les déjeuners à l'ombre dans les ruelles ou près du port ; la petite sieste l'après-midi ; les longs dîners partagés en famille où tout le monde met la main à la pâte ; les soirées à discuter ou à jouer aux cartes en buvant un dernier verre...

Comme les habitants des zones bleues, les Méridionaux savent vivre, et ils le font dans les meilleures conditions possibles. Ils ont aussi un sens de l'humour très communicatif. Ils prennent le temps de faire les choses, de les apprécier. Être en retard ne les stresse pas, la notion du temps est toute relative. S'il fait trop chaud on ne travaille pas l'après-midi. Parmi les priorités de la vie, la famille passe en premier, avant le travail. Et prendre des vacances est essentiel. Les méridionaux ont d'ailleurs ça en commun avec tous les autres Français ! Céline était très surprise de voir, même à Paris, que des patrons de bistrots qui n'avaient pas pu travailler pendant près de 2 ans à cause du Covid-19 fermaient quand même pour les vacances, après avoir réouvert pour seulement quelques jours !

Dans l'exposition sur la diète méditerranéenne à Marseille (voir plus haut), il est bien précisé que le mode de vie des habitants de ces régions, dont les activités physiques et les contacts sociaux lors des repas pris collectivement, est un atout fondamental pour la longévité. Le soleil et la bonne humeur aussi, ce qui est confirmé par de nombreux experts en alimentation. La diète méditerranéenne est donc bien plus qu'un régime alimentaire. Il faut dire que "diète" vient du mot grec "diaita" qui signifie "mode de vie"...

"French Accent Magazine", No 92, août-septembre 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Marseille, une ville unique au monde

"Vous savez, ici à Marseille, nous sommes un peuple très mélangé de nationalité, de culture et de religion différentes et je peux vous dire que l’intégration se fait très bien ici !", nous raconte Kamel, notre chauffeur Uber, en agitant ses mains. En effet, Marseille est une ville aux visages très différents, un vrai melting pot de familles de générations d’immigrants (italiens, algériens, corses, marocains, tunisiens, libanais…) riches d’histoires et de passés nostalgiques. D’une rue à l’autre, on se retrouve dans un autre monde comme si on était à Alger.

Des contrastes fascinants

Les contrastes de cette ville sont fascinants ! Vous pouvez flâner dans des quartiers très chics en admirant d’impressionnants bâtiments style Haussmannien tout en faisant du lèche-vitrines de boutiques tendance et de luxes dans les rues piétonnes.

Ou bien, vous pouvez voyager dans l’exotisme en rencontrant des femmes voilées vêtues de magnifiques robes de couleurs vives. Entre elles, la communication se fait en langue arabe.

Je me souviens aussi que le chauffeur Uber nous a expliqué que les Marseillais sont les gens les plus rebelles de France. On le remarque avec les multitudes de graffitis et de tags dans toute la ville. Les Marseillais n’ont pas peur de s’exprimer. Ils sont certainement rebelles mais, pendant notre séjour de 5 jours à Marseille, nous n'avons rencontré principalement que des gens chaleureux, serviables et qui s’assuraient que nous allions aimer leur ville.

C’était la première fois que j’avais mis les pieds à Marseille et, avec Marty, nous sommes restés dans un quartier loin des touristes, à quelques arrêts de tram du grand et magnifique port, et à quelques pas du plus grand marché de France. Les Marseillais aiment utiliser les superlatifs : la plus belle ville, le plus beau port, les gens les plus accueillants, la ville la plus vivante et ensoleillée de France, la cuisine la plus fraîche et inventive et, bien sûr, la meilleure équipe de foot de France.

Ils sont fiers et ils ont raison de l’être, c’est très facile de tomber sous le charme de cette ville. Marseille profite d’une géographie exceptionnelle entre la mer Méditerranée et les collines. C’est avant tout un magnifique coin de Provence avec un port grandiose qui vous coupe le souffle.

Lorsque nous sommes arrivés au port pour la première fois, nous avons eu l’impression d’être entrés dans une scène de film. Je n’avais jamais vu autant de bateaux de plaisance rassemblés. Tout le long du port, on trouve une multitude de restaurants qui offrent de somptueux plats de fruits de mer et de poissons.

Pour ajouter encore à la beauté de la ville, le musée Mucem, à l'architecture incroyable et atypique, surplombe la mer. Et de l’autre côté du port, la Vierge Marie perchée sur la basilique Notre-Dame de la Garde veille sur la ville et grâce à elle, les Marseillais se sentent protégés.

Il y a tellement de choses à découvrir à Marseille, mais ce que j’ai préféré c'était de passer quelques jours dans l’ambiance chaleureuse provençale. Le pastis, les parties de pétanque, les hommes et les femmes assis sur les bancs en train de refaire le monde, les marchands de poissons fidèles à leur poste au port à l’aube, les cigales qui chantent et le soleil nous disent de prendre une vraie pause de notre vie intense et bousculée, et de profiter de la vie. C’est exactement ce que nous avons fait.

L'un des bonheurs de Marseille est la cuisine qui est tellement fraîche et variée. Il y a de vraies petites merveilles. Certains des restaurants sont difficiles à trouver car on ne voit pas d’enseigne ou alors elle est cachée. Grâce à cette ville multiculturelle, on se régale avec tellement de possibilités : des couscous, de la cuisine italienne, libanaise, des grands plateaux de fruits de mer et bien sûr la célèbre bouillabaisse. On a goûté une spécialité qui s’appelle les panisses à base de pois chiches, ça se mange très facilement pendant l’apéritif accompagné d’un "jaune" - c’est le mot que les gens du sud de la France utilisent pour le pastis.

Il faut rester quelques jours à Marseille rien que pour voir les points touristiques principaux. La première chose à faire est de visiter le port, puis d'aller faire un tour dans le petit train touristique qui nous amène, en premier lieu, sur la magnifique corniche, une route qui longe le bord de mer d’un côté. Et de l'autre côté, des collines où de grandioses villas surplombent la Méditerranée. C’est le Malibu de Marseille. Puis, le petit train nous conduit jusqu’en en haut de la Basilique pour découvrir un panorama époustouflant de la ville tout entière.

Un musée exceptionnel

Depuis le port, on peut marcher jusqu’au Musée Mucem, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, créé en 2013, et y passer des heures. Même si vous n’avez pas le temps d’aller visiter toutes les expos dans le musée, il faut au moins prendre le temps de visiter les lieux et même prendre un verre sur la terrasse (voir p. 15). La vue sur la mer et le port est impressionnante et l’architecture du musée est fascinante. Pour plus d’informations sur le musée :
www.mucem.org

Une autre visite incontournable est le quartier du Panier, le plus ancien de Marseille, qui rassemble les artistes et de très bons petits restaurants. On y découvre des ruelles colorées et mythiques avec de charmantes places typiquement provinciales où les locaux se retrouvent pour jouer à la pétanque.

Les calanques

N’oublions pas les célèbres calanques : 20 kilomètres de petites criques, falaises et d’eau claire bleue turquoise. On a l’impression d’avoir pris un vol vers une île en Thaïlande.  C’est une petite aventure seulement pour y accéder ! Il faut soit marcher pendant une bonne heure pour arriver à une plage, soit y aller en bateau.

Et enfin, si vous avez lu le roman Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, vous devez aller visiter le Château d’If qui est une forteresse sur une île qui a servi principalement de prison (comme Alcatraz) et qui est devenu célèbre grâce au roman.

Notre séjour à Marseille a été une magnifique découverte remplie de belles surprises. Mais ce qui m’a le plus marquée est la joie de vivre constante de ce peuple multiculturel. Bien sûr, la ville a aussi ses problèmes et les gens les règlent à leur façon mais on sent qu’ils se respectent entre eux et qu’ils aiment leur ville inconditionnellement. Si vous n’êtes jamais allé à Marseille, je vous conseille vivement de la rajouter à votre itinéraire lors d'un prochain voyage en France !

Céline Van Loan

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Le chic français n'est pas une question de choix de vêtements et c'est exaspérant

Le style français est moins lié aux vêtements qu’à une certaine façon de les porter, observe une chroniqueuse du Guardian. Un art du chic fondé sur la confiance en soi et la mise en scène de sa personnalité, très agaçant pour nos voisins britanniques.

Si les opinions divergent sur ce qu’est au fond le chic féminin français, tout le monde s’accorde à le trouver un peu irritant. Pour certains, cela consiste à porter simplement un blazer bleu marine discret à la coupe impeccable, avec une petite frange sexy qui tombe sur les yeux. Pour d’autres, c’est un tailleur jupe bien ajusté, un chignon et un nuage de Chanel No 5. Cela peut être aussi une jupe crayon ou un jean blanc usé, des talons aiguilles ou des bottes de motard, selon la personne interrogée. La seule chose ou presque sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est que cette impression que donnent les Françaises de toujours faire mieux que les autres est énervante…

En fait, c’est parce que le style vestimentaire français, si difficile à cerner, n’est pas du tout une question d’habillement, mais bien davantage de confiance en soi. C’est cela qui donne aux autres, comme nous, l’impression d’être en danger et qui nous pousse à la défensive.

Une manière d’ouvrir son sac ? Pardon ?

“Le style français a trait à une certaine forme d’arrogance que j’adore”, confie la chanteuse et actrice Lou Doillon dans Vogue : Les Françaises ont un extraordinaire respect d’elles-mêmes. Les couvertures des magazines ont beau leur dire : ‘Voilà ce que vous devriez porter’, elles adoptent leur propre style.”

“Pour une Parisienne, la mode n’est pas l’expression ultime d’elle-même, mais un aspect complémentaire de son état d’esprit, de ses talents et de ses opinions. Nul besoin, par conséquent, de tomber dans l’extravagance. Ce qui est fascinant, c’est la façon dont les vêtements sont portés et la manière dont ils sont habités,” écrit Lindsey Tramuta, une auteure américaine, qui vit à Paris depuis quinze ans.

Pour Carine Roitfeld, ancienne rédactrice en chef de la version française de Vogue, le style c’est “une certaine manière d’ouvrir son sac, de croiser les jambes - des petites choses qui font toute la différence”. Une manière d’ouvrir son sac ? Que veut-elle dire par là ? Je ne sais pas, mais je suis sûre que la façon que j’ai d’ouvrir le mien (d’un coup sec, en cherchant fébrilement mes clés avec la grâce d’un renard en train de déchiqueter un sceau du KFC) ne correspond pas à ce qu’elle dit.

S’habiller comme on emballe un cadeau d’anniversaire

La confiance en soi, c’est sortir en portant des chaussures qui permettent de marcher confortablement et avec élégance, qu’importe que ce soient des Stan Smiths ou des Christian Louboutins. C’est porter du bleu quand le rose est à la mode, tout simplement parce que vous aimez cette couleur et qu’elle vous va bien. C’est apporter le même niveau d’attention aux détails, pour être correctement habillé toute la journée, qu’à l’emballage d’un cadeau d’anniversaire ou à la préparation d’un rôti le dimanche. Certes, ce sont des riens mais ce sont ces petits riens qui, en fin de compte, font les grandes choses de la vie.

La confiance en soi c’est également le point commun que partage Emily avec sa patronne Sylvie et sa copine Camille, dans la série télévisée Emily in Paris, bientôt de retour sur les écrans. C’est ce qui rend le Paris pantomime d’Emily (pain au chocolat dans une main, Chanel 2.55 dans l’autre) aussi adorable qu’exaspérant. C’est la chevelure parfaitement coiffée au réveil de Camille. C’est ce qui fait que Sylvie, avec ses robes noires toutes simples, paraît si éblouissante.

Refuser les tendances

Bien que le style français soit souvent décrit comme un cliché, c’est la façon moderne de s’habiller, le contraire de la mode éphémère (fast fashion). C’est choisir une robe de soirée qui vous flatte et vous met en valeur, et la garder dans votre garde-robe, en sachant que, grâce à elle, vous aurez le temps de vous détendre autour d’un verre au retour du travail car dix minutes vous suffiront pour vous préparer en vue d’une fête, au lieu de chercher dans la panique une tenue pour finalement vous rabattre sur quelque chose de nouveau et bien brillant. C’est aimer la mode sans se laisser dicter par les tendances.

Le style français, c’aurait été se souvenir des sages paroles de Carine avant que je ne me mette à retourner mon sac de fond en comble pour réaliser finalement que mon téléphone était dans la poche arrière de mon pantalon, comme d’habitude. Ce qui est irritant avec le style des Français, c’est qu’ils ont toujours raison !
Jess Cartner-Morley

Courrier International du 28 novembre 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Jeux Olympiques 2024 à Paris - La Seine au coeur du spectacle

JO Paris 2024 : la Seine sera le théâtre de la cérémonie d’ouverture des Jeux, devant 600 000 personnes

Les organisateurs ont dévoilé, lundi 13 décembre, leur concept de « Seine olympique » : les 10 500 athlètes défileront, le 26 juillet 2024, sur des bateaux, devant les spectateurs massés sur les quais du fleuve parisien.

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 s’annonce spectaculaire, grandiose, unique. C’est en tout cas ce que promettent les images dévoilées lundi 13 décembre par le Comité d’organisation (COJO) de Paris 2024. Le 26 juillet 2024, pour la première fois de l’histoire olympique, une cérémonie d’ouverture se déroulera hors d’un stade. Ce n’est pas une surprise : Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, l’avait dit début 2021, révélant alors que la Seine serait le fil conducteur de l’événement.

Emmanuel Macron avait réaffirmé l’ambition pendant l’été, lors des Jeux olympiques de Tokyo. On en sait désormais un peu plus sur les détails de la cérémonie. Le fleuve parisien sera donc le théâtre à ciel ouvert du spectacle. Sur six kilomètres, entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iéna, défileront 160 bateaux emmenant à bord les 10 500 athlètes des quelque 200 délégations participant aux Jeux, du 26 juillet au 11 août 2024.

Au moins 600 000 spectateurs pourront assister à cette cérémonie ; les préfectures de police et de région, la délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques, le ministère de l’intérieur, la Ville de Paris et le Comité d’organisation se sont accordés sur la « faisabilité » du projet, explique ce dernier. « Nous continuerons, dans les semaines qui viennent, à travailler avec les autorités publiques afin d’optimiser cette jauge », assure le COJO dans un communiqué.

80 écrans géants

Sur les quais bas du fleuve, où seront installées des tribunes payantes, la sécurité incombera au COJO, comme à l’intérieur de n’importe quel site olympique ; sur les quais hauts, en accès libre donc gratuit, elle relèvera des pouvoirs publics, qui pourraient faire appel à l’armée pour l’assurer.

« On a cartographié chaque mètre carré de la Seine, un document qu’on a remis aux groupes de travail », fait valoir Thierry Reboul, le directeur exécutif marques, événements et cérémonies de Paris 2024.

Si quelque 600 000 places seront accessibles pour assister à cette cérémonie – soit « dix fois le Stade de France en configuration olympique », se plaît à souligner M. Reboul –, combien d’entre elles seront payantes ? « Il y aura plus d’entrées que dans le Stade de France, et plus de places gratuites que de payantes », élude Michaël Aloïsio, le directeur de cabinet de Tony Estanguet. La précision n’est pas inutile quand la volonté des organisateurs est de « démocratiser la cérémonie d’ouverture des Jeux ».

Paris promet que la fête sera totale pour les spectateurs : 80 écrans géants seront disposés tout au long du parcours, entièrement sonorisé, qui permettra aux spectateurs de suivre le passage des délégations et les démonstrations artistiques. Fait inédit, la cérémonie commencera par le défilé des athlètes, qui pourront donc assister et participer au spectacle, contrairement aux éditions précédentes. La flamme olympique sera allumée à la nuit tombée au Trocadéro, en face de la tour Eiffel, où sont attendus 120 chefs d’Etat et de gouvernement dans les tribunes officielles.

Niveau d’ambition élevé

« Nous serons devant un patrimoine fantastique, s’enthousiasme Thierry Reboul, citant entre autres la cathédrale Notre-Dame, le Pont-Neuf, les Musées du Louvre et d’Orsay, le jardin des Tuileries. Pas besoin de reconstituer un décor comme dans un stade, on va pouvoir se concentrer sur la partie artistique. »

Les organisateurs promettent du spectacle : sur l’eau, sur les ponts, en l’air, sur des supports fixes et mobiles. Des hologrammes, un orchestre symphonique flottant, des danseurs sur les toits, des drones pour certains spectacles artistiques… Paris 2024 veut, pendant les sept heures que durera la cérémonie d’ouverture, étinceler aux yeux du monde entier – un milliard de téléspectateurs sont attendus.

Nicolas Lepeltier, Le Monde du 13 décembre 2021

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Molière : 400 ans, et toujours si proche de nous

Après La Fontaine, place à son ami Molière, dont on célèbre cette année le 400ème anniversaire de la naissance. Molière est extrêmement populaire auprès des Français et chaque pièce jouée a un immense succès. Il faut dire que les thèmes traités dans ses pièces sont très proches des sujets de société qui font toujours débat aujourd'hui : relations familiales et sentimentales, peurs, jeux de pouvoir, excès, abus, etc. En 2022, la France rend hommage à celui qui a inventé "la langue de Molière". Étudier une de ses pièces permet de découvrir la langue, mais aussi, et surtout, la culture française.

Brillant auteur et homme d'esprit, excellent acteur, à la fois plein d'humour et sérieux mais aussi insolent et impertinent, Molière était beau, élégant, passionné, charismatique, avait une autorité naturelle. Et il avait de grandes qualités humaines et relationnelles, était fidèle envers ses amis et attentionné pour tous, à tous les niveaux de l'échelle sociale. 

Ce qui explique l'affection que "son clan", avait pour lui. Lorsqu'il créait une pièce, il ne s'enfermait pas dans un bureau mais écrivait sur place, au théâtre, et inventait chaque personnage à l'image de l'acteur qui allait l'incarner, avec ses forces, ses faiblesses et ses traits de caractère.

Mais qui était-il vraiment ?

Très peu de traces écrites restent de Jean-Baptiste Poquelin (Molière). Il a eu 4 enfants mais seule une fille a survécu jusqu'à l'âge adulte. Peu intéressée par la vie de ses parents, elle n'a rien gardé des documents et des travaux de son père. On a donc très peu de détails sur sa vie.

On sait que Jean-Baptiste Poquelin a été baptisé le 15 janvier 1622, et qu'il est né juste avant (sa date de naissance est imprécise) d'une riche famille de marchands tapissiers qui décoraient les châteaux et maisons des aristocrates et bourgeois. Son père, Jean Poquelin, avait même la charge de "valet tapissier du roi", que Molière a rachetée plus tard dans sa vie.

Le jeune Jean-Baptiste avait seulement 21 ans quand il s'est associé avec une troupe d'amis pour créer "L'Illustre théâtre", après avoir joué dans des Jeux de Paume. Il a alors pris, selon la tradition de l'époque pour les comédiens, le surnom de Molière, qui signifiait : hameau.

Dans la troupe, la personne la plus importante était Madeleine Béjart, comédienne née d'une grande famille, qui a joué un rôle vital pour la troupe, notamment de gestion, et dont Molière a épousé la fille Armande. Devant la concurrence avec deux autres théâtres parisiens, la troupe est partie pendant 12 ans en province, où Molière a commencé à écrire ses propres pièces et a rencontré le succès. De retour à Paris, le roi Louis XIV, dont il était devenu le favori, lui a offert le théâtre du Palais-Royal, future Comédie française.

Entre vérités et et rumeurs

En l'absence de certitudes, plusieurs fausses informations ont circulé au sujet de Molière. Par exemple :

- Molière s'est-il marié à sa fille ?

Non. Il est très probable que Molière a eu une relation intime avec Madeleine Béjart au début, et il est vrai qu'il a épousé la fille de Madeleine, Armande, mais celle-ci est née d'une relation adultérine avec un autre homme. Comme sa mère, Armande a joué dans plusieurs pièces de Molière, qui a écrit pour elle le personnage de Célimène dans Le Misanthrope.

- Le père de Molière a-t-il négligé son fils ?

Non, il l'a toujours soutenu. Chaque fois que son théâtre a connu de graves problèmes financiers, ce qui est arrivé souvent car il était difficile pour un théâtre d'être rentable, Jean Poquelin a toujours payé ses dettes. Il l'a même sorti de prison quand il a été arrêté pour cette raison.

- Molière est-il mort sur scène ?

Non. Il est vrai qu'il a eu un malaise sur scène quand il jouait la 4e représentation du Malade imaginaire, sa dernière pièce. Mais il est mort chez lui, auprès d'Armande, le soir-même, des suites d'une tuberculose. C'était le 17 février 1673. Il avait 51 ans. Exactement un an plus tard, jour pour jour, Madeleine Béjart est décédée à son tour. Armande est morte en 1700.

Annick Stevenson, "French Accent Magazine", No 95, février-mars 2022

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Ce que Molière nous enseigne

En parlant de Molière, Éric Ruf, acteur et administrateur de La Comédie Française, a déclaré : "S'il ne se moquait que des tares de son époque, on ne le jouerait plus." Voici un résumé des idées que défendait Molière :

La tolérance

Éric Ruf : "J'étais sur scène en train de jouer Le Misanthrope dans le rôle de Philinte quand un téléphone sonne dans la salle." Dès que son propriétaire l'a éteint, "le regardant directement, je reprends la suite de mon texte". Par coïncidence, il répond parfaitement à la situation :
Mon Dieu, des mœurs du temps mettons-nous moins en peine,
Et faisons un peu
grâce à la nature humaine
Ne l'examinons point dans sa grande rigueur,
Et voyons ses défauts avec quelque douceur.

"Toute la salle a applaudi. Alors j'ai pensé : Molière se serait amusé de ça s'il y avait eu des téléphones portables de son temps" !

Mathilde Levesque, professeure de français dans une banlieue difficile, a choisi Dom Juan pour ses élèves. Elle déclare que Molière "leur est familier car il traite de choses qui les touchent directement" : la place de la religion et le blasphème, la censure et les intolérances.

La libération des femmes

Hannah Bendel, étudiante, dit avoir été "énormément touchée" par Tartuffe, dont la manière de séduire les femmes lui évoque les victimes d’agressions et de harcèlement sexuel aujourd'hui. Sa partenaire Éliette ajoute que les rôles féminins sont très forts. "Ce sont elles qui font l’intrigue et font bouger les choses."

Les femmes chez Molière est le thème choisi par Marie Basuyaux, professeure de théâtre, avec ses élèves. "Quand je leur ai demandé une scénographie pour l’École des femmes, ils m’ont proposé de taguer les murs de la maison d’Arnolphe de slogans féministes." "Le courage des héroïnes de Molière est exemplaire", dit aussi Catherine Hiegel, qui a mis en scène en 2016 Les Femmes savantes, dans laquelle Philaminte, épouse du "bon bourgeois" Chrysale, jouée par Agnès Jaoui, déclame :
Je veux nous venger, toutes, tant que nous sommes,
de cette indigne classe où nous rangent les hommes...

Le courage

Shéhérazade, elle aussi étudiante à Paris, a surtout aimé le fait que Molière a lui-même fait preuve de courage en critiquant tout ce qui concernait le Roi Louis XIV et la Cour à Versailles, qu'il fréquentait pourtant tout le temps, et où il était très apprécié, souvent invité à la table du Roi. "Molière est très actuel, le fait de se moquer d'une certaine hiérarchie, de personnages qu'on peut retrouver aujourd'hui à la télé, dans des figures politiques", dit Shéhérazade.

La dénonciation de l'hypocrisie

"Cette hypocrisie qu'on voit un peu partout" dans le monde d'aujourd'hui, "ce mensonge", est "extrêmement bien jouée par Molière", ajoute Shéhérazade. L'exemple le plus typique est encore Tartuffe où Molière veut dénoncer le faux dévot qui courtise Elmire, la femme d'Orgon. Cette pièce, d'abord interdite car considérée insultante contre la religion, dénonçait les supposés dévots, qui font penser aux prêtres aujourd'hui poursuivis pour abus sexuels...

Le refus de la cruauté

Philippe Torreton, comédien à Paris, rappelle que Les Fourberies de Scapin ont connu un triomphe à la Comédie française. "C'était en 1997 et on a tous été subjugués par le succès qu'a rencontré la pièce. On le ressentait par les rires et par l'écoute du public. Molière est emblématique pour moi. C'est un best of de punchlines, comme on dirait aujourd'hui. Ce qui l'intéresse, c'est la méchanceté et la cruauté de son époque. Il s'arrange pour que ça se termine bien, mais en attendant l'humanité a morflé pendant le spectacle. On rit de nous en voyant Molière."

L'envie de partir ailleurs

Le Misanthrope évoque nettement cette envie de s'écarter des autres qui a été fortement ressentie pendant la pandémie de Covid-19. "On a une période assez misanthrope, le retour à la campagne après ce long confinement, ce désir ne plus avoir à accepter la complexité du monde", explique Éric Ruf. Mais Molière nous apprend aussi "qu'accepter une chose pour un bien futur est une nécessité".

La réconciliation

Philippe Collin, producteur des podcasts sur Molière, remarque que "jamais un acteur ne se retrouve seul sur scène à la fin" des pièces. "On se moque des comportements ridicules, on se ment, on s'invective, on triche, mais à la fin se dessine souvent une dimension de réconciliation."

La tempérance

"Molière fut le porte-parole de la modération. Alors peut-il nous être utile face aux radicalités de notre époque ?", demande Philippe Collin en se référant aux antivax aujourd'hui. Georges Forestier, professeur à La Sorbonne, répond : "Molière est là pour ça. Et plus on le jouera, plus c'est ce qu'on apprendra, parce que c'est une école de tempérance. Par la puissance avec laquelle il a joué des comportements et des valeurs des gens, il a accédé à quelque chose qui est l'éternel humain".           

AS, "French Accent Magazine", No 95, février-mars 2022

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Trois pièces encore très actuelles

Les trois pièces ci-dessous, commentées par des acteurs, démontrent à quel point le théâtre de Molière est très proche des thématiques contemporaines.

L'École des femmes: Misogynie et violences faites aux femmes

Zélie Henock, 17 ans, étudiante en théâtre, joue la jeune Agnès, l’héroïne de L’École des femmes qui cherche à se libérer de l’emprise d’Arnolphe, un homme âgé qui l’a enfermée dans un cloître, où elle n'a eu aucune éducation, pour faire d’elle une épouse soumise et fidèle. Cette pièce est pleine de rebondissements très comiques, mais elle a une morale à la fin, quand Agnès épouse son amoureux Horace, et qu'Arnolphe est ridiculisé.

Selon Zénie, cette pièce "a absolument sa place" dans la société d’aujourd’hui, où "on est presque tous confrontés, d’une manière ou d’une autre, à une sorte d’abus psychologique ou même physique". Mais, se référant au mouvement #MeToo, elle ajoute qu'heureusement "la parole se libère par rapport aux violences faites aux femmes".

Extrait :
ARNOLPHE (M. de la Souche) quand il parle d'Agnès au début de la pièce :
Je la fis élever selon ma politique
C'est-à-dire ordonnant quels soins on emploierait
Pour la rendre idiote autant qu'il se pourrait.
Dieu merci, je l'ai vue à tel point innocente,
Que j'ai béni le Ciel d'avoir trouvé mon fait,
Pour me faire une femme au gré de mon souhait.

Le Malade imaginaire : Satire des fake news médicales

"Le fonds de cette pièce c'est le rapport à la mort", explique Éric Ruf de la Comédie française. "On fait semblant d'être mort pour découvrir ce que les autres pensent vraiment de vous. C'est un fantasme de tout le monde, pouvoir assister à son propre enterrement pour voir qui était franc et qui ne l'était pas... ça marche toujours." Un autre acteur, Pierre Chagnon, ajoute : "Ses propos ne se démodent pas." Il rappelle que cette pièce démontre une fois de plus que Molière était un avant-gardiste en ce qui concerne la condition des femmes et "dénonçait le mariage forcé."

Et évidemment, cette pièce est une satire des prétendus experts en médecine qui diffusent des fake news, comme la crise du Covid l'a démontré. Le professeur Raoult en France en est un exemple.

Dans Le Malade imaginaire, Argan est un notable qui mène ses affaires avec succès, mais il est hypocondriaque, ce qui lui coûte très cher. Une solution est de marier sa fille Angélique à un médecin. Mais elle aime un autre homme, Cléante. Pendant ce temps, la femme d'Argan attend la mort de son mari pour s'approprier son argent. Mais Argan, qui se fait passer pour mort, le découvre. Il accepte alors qu'Angélique, désespérée de le croire mort, épouse Cléante s'il étudie la médecine. Mais c'est finalement Argan qui deviendra médecin.

Extrait:
BÉLINE (la femme d'Argan), quand elle le croit mort :
Le ciel en soit loué ! Me voici délivrée d'un grand fardeau...
Quelle perte est-ce que la sienne ? Et à quoi servait-il sur terre ? Un homme incommode à tout le propre, malpropre, dégoûtant... sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur...
Portons-le dans son lit, et tenons cette mort cachée jusqu'à ce que j'aie fait mon affaire. Il y a des papiers, il y a de l'argent, dont je veux me saisir...
ARGAN, se levant brusquement :
Doucement.

L'Avare : Tyrannie de l'argent et du pouvoir

Pour l'acteur Laurent Poitrenaux, qui joue L'Avare, cette pièce "résonne avec notre époque, qui fait de l'argent une sorte de nouvelle religion." Elle démontre aussi que les hommes avides d'argent et de pouvoir peuvent perdre tout humanité. Un thème toujours actuel...

Harpagon, riche vieillard, fait subir à tout son entourage sa passion tyrannique pour l'argent. Son avarice fait obstacle aux projets amoureux de ses enfants, l'incite à soupçonner ses proches, le rend odieux. Quand il apprend que son fils est son rival auprès de la belle Mariane et qu'on lui a volé sa cassette pleine d’or, il explose.

Extrait :

Cette tirade est l'une des plus célèbres de Molière :
HARPAGON, qui vient de découvrir que sa cassette a disparu :
Au voleur !Au voleur ! À l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde : sans toi, il m'est impossible de vivre...

AS, "French Accent Magazine", No 95, février-mars 2022

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

Le théâtre : une passion pour les Français

Les Français entretiennent depuis longtemps une histoire d'amour avec le théâtre, et l'on ne saurait trop insister sur l'importance du théâtre dans la culture française. Bien que le roman soit certainement la forme littéraire dominante aujourd'hui, l'histoire de la littérature française est fermement ancrée dans cette relation magique et en totale symbiose entre les acteurs et les spectateurs venus s'amuser, s'émerveiller et être mis au défi de s'ouvrir à de nouvelles idées et de nouvelles façons de les exprimer.

Aristote fait remonter les racines du théâtre aux Grecs, mais, comme dans la presque toute l'Europe, le théâtre tel que nous le connaissons aujourd'hui était presque inexistant jusqu'à la fin du Moyen-âge, où les représentations théâtrales étaient surtout de nature religieuse et destinées à convaincre et à instruire les masses analphabètes. À la Renaissance, l'attention s'est détournée de l'Église en faveur des modèles littéraires de l'Antiquité et on a redécouvert les tragédies de Térence et de Sénèque ; les pièces religieuses médiévales n'ont alors plus été jouées. Le XVIIe siècle a marqué le début de l'ère classique dans la littérature française et le théâtre est devenu le genre dominant, mais en raison de l'interprétation française rigide de Poétique d'Aristote, il a fallu respecter des règles et des conventions strictes. Molière, Jean Racine et Pierre Corneille, qui étaient les principaux auteurs du théâtre classique, devaient écrire presque toutes leurs pièces en vers de 12 syllabes chacun avec une pause naturelle au milieu. C'est ce qu'on appelle un "alexandrin". Les pièces devaient également respecter les "trois unités" : le temps, le lieu et l'action. C'est également à cette époque que Richelieu a créé l'Académie française, institution de défense de la langue française et arbitre du bon goût en littérature.

Comme Annick l'a souligné dans ses articles sur Molière, le Théâtre du Palais Royal, qui allait devenir la Comédie Française, a été fondé afin que Molière dispose d'une salle qui convienne parfaitement à ses comédies. Le roi Louis XIV aimait beaucoup le théâtre et avait même exprimé l'envie d'être un acteur dans une des pièces de Molière ─ elles étaient souvent jouées à Versailles. Avec la création de la Comédie Française en 1680, le théâtre devient un élément du trésor national et un reflet du patrimoine culturel de la France. Il est intéressant de noter que la France et l'Angleterre définissent toutes deux leur langue en référence à un auteur dramatique : Molière et Shakespeare.

Le théâtre classique est resté la norme en France jusqu'au début du XIXe siècle, lorsque les règles de ce qui constitue une "bonne" pièce ont été remises en question. Deux exemples de cette période illustrent très bien comment ce qui se passe sur scène peut devenir partie intégrante du discours national : la célèbre "Bataille d'Hernani" en 1830 et l'accueil enthousiaste de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand. À leur sortie, les pièces de Victor Hugo ont été violemment critiquées et censurées parce qu'il refusait de suivre les règles du théâtre classique. Il a même écrit plusieurs pièces en prose, comme l'a fait parfois Molière... Dans ce que l'on a appelé le triomphe du romantisme sur le classicisme, la première et les représentations suivantes d'Hernani de Hugo sont devenues un véritable champ de bataille entre les "classiques" et les "romantiques" qui s'insultaient, se jetaient des légumes, et échangeaient même parfois des coups. La presse en a fait un sujet de discussion national qui semblait avoir électrisé le pays tout entier. Hugo lui-même a compté pas moins de 148 interruptions lors d'une représentation. L'ambiance a changé en 1897 lorsque la pièce de Rostand a connu un succès inégalé. Le soir de la première, la troupe a été frénétiquement applaudie pendant 20 minutes et il y a eu 40 rappels. Hernani et Cyrano de Bergerac ont marqué le début et l'apogée d'un nouveau mouvement littéraire.

Au XXe siècle, des dramaturges d'origine étrangère ont apporté une contribution importante au théâtre français. Le théâtre de l'absurde a été une évolution naturelle des mouvements dada et surréaliste, et le Roumain Eugène Ionesco ainsi que l'Irlandais Samuel Beckett ont tous deux laissé leur empreinte avec Rhinocéros et En attendant Godot. Cette dernière est saluée dans le monde entier comme l'une des plus grandes pièces du XXe siècle. C'est aussi la toute première à être entrée au répertoire de la Comédie Française du vivant de son auteur. Et l'une des autres pièces phares de Ionesco, La Cantatrice chauve, est jouée dans le même théâtre de la rive gauche à Paris depuis 1957.

Il est difficile de mesurer l'importance du théâtre en tant que composante de la création littéraire française. Il est utile de noter que presque toujours, après les interruptions causées par les révolutions et les deux guerres mondiales, des mesures ont été prises par le gouvernement pour rétablir et redynamiser le théâtre. La manière dont le retentissement énorme de Molière est célébré durant cette année qui marque le 400e anniversaire de sa naissance est une indication claire que le théâtre est bien vivant en France. Il y a littéralement des centaines de théâtres dans tout le pays qui produisent une pièce de Molière cette année, et même dans les banlieues difficiles où l'on ne s'attendrait pas à ce que les jeunes s'amusent en étudiant une pièce en alexandrins, la réaction est plutôt positive : "C'est sûr que c'est du classique" mais "c'est super fun", assure Samuel, lycéen. "C'est hyper marrant tout ce qui est quiproquo et la manière de donner des répliques." Une autre écolière, Eliette, ajoute qu'elle adore parler en alexandrins.

Et qu'en est-il du grand public ? Aime-t-il encore voir des pièces vieilles de 400 ans ? La réputation et l'impact de Molière justifient-ils encore que l'on appelle la Comédie Française "La Maison de Molière" ? La réponse est toute donnée par le succès des plus de 20 pièces de Molière programmées à la Comédie Française entre janvier et juillet, qui affichent presque toutes complet, et pour toute la durée de la programmation !

Roger Stevenson, "French Accent Magazine", No 95, février-mars 2022

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La Finlande, le pays qui investit dans le bonheur

Des congés parentaux partagés entre la mère et le père, un des systèmes éducatifs les plus performants du monde… L’Etat nordique fait le maximum pour garantir aux jeunes générations le meilleur départ possible dans la vie.

Quelques semaines avant la naissance d’un enfant en Finlande, il y a cet instant que tous les jeunes parents attendent : l’arrivée, par la poste, de la « baby box » offerte par l’Etat. Pour une valeur totale de 170 euros, l’édition 2022 contient un peu plus d’une quarantaine d’articles, dont une combinaison, sept bodys, trois pantalons, un pyjama, des gants, un livre, un bavoir… Le tout dans une épaisse boîte en carton colorée, de 70 centimètres sur 43, convertible en couffin.

L’histoire de la « baby box » débute en 1938. A l’époque, elle est uniquement attribuée aux familles les plus défavorisées. La boîte contient des étoffes pour confectionner des vêtements de bébé, d’une valeur équivalente à un tiers du salaire mensuel d’un ouvrier. L’objectif est triple : réduire le taux de mortalité, accroître la nativité, et venir en aide aux familles dans le besoin. A partir de 1949, toutes les familles y ont droit : le principe est que chaque enfant, quelle que soit son origine sociale, connaisse le même début dans la vie. Seule condition : se soumettre à un examen prénatal.

Au fil des ans, la « baby box » finlandaise, adoptée depuis ailleurs, est devenue le symbole d’une politique active de la santé maternelle et infantile et d’un Etat-providence qui prend soin de ses citoyens du berceau au cercueil. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le pays de 5,5 millions d’habitants, désigné quatre années d’affilée comme « le plus heureux du monde », domine aussi avec ses voisins nordiques le classement des « meilleurs pays pour élever ses enfants ».

La quarantaine, Petra, directrice des ressources humaines dans une grosse compagnie internationale spécialisée dans les équipements médicaux, a vécu huit ans aux Etats-Unis, avec son mari américain. Ses enfants y sont nés. Mais quand il a été question de reprendre le travail, « tout est devenu très compliqué : la garde des enfants coûtait cher, les journées étaient longues ». Alors la famille a décidé de venir s’installer à Helsinki. Un choix qu’elle ne regrette pas : « Il y a vraiment un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, les écoles sont de très bonne qualité et c’est un environnement sûr pour les enfants. »

En général, les petits Finlandais entrent à la crèche entre leur premier et leur deuxième anniversaire. Avant, ils sont à la maison avec leur mère ou leur père, les jeunes parents finlandais étant ceux qui, selon une étude publiée en 2017, passent le plus de temps avec leurs enfants au sein des pays de l’OCDE. Parmi les principales réformes annoncées par le gouvernement de Sanna Marin, composé d’une coalition de cinq partis de centre-gauche, tous dirigés par des femmes : celle des congés parentaux. A partir de septembre 2022, chacun des parents aura droit à quatre-vingt-dix-sept jours de congés lui étant réservés, et à soixante-trois jours supplémentaires pouvant être transférés à l’autre parent.

Cette réforme, la ministre des affaires sociales et de la santé, Aino-Kaisa Pekonen, l’a présentée en février 2020 comme « l’investissement du gouvernement dans le futur des enfants et le bien-être des familles ». Ainsi, selon Mme Pekonen, « le partage des responsabilités parentales dans la vie quotidienne sera simplifié et la relation entre les deux parents et l’enfant renforcée dès le plus jeune âge ». Elle précise aussi qu’il s’agissait d’une mesure destinée à accroître l’égalité femme-homme, dans un pays qui arrive à la cinquième place de l’index d’égalité de genre de l’Union européenne en 2021.

Petite anecdote : depuis 2020, trois ministres femmes, dont les cheffes de file du parti Vert et de l’alliance de gauche, respectivement ministres de l’intérieur et de l’éducation, ont pris un congé maternité. Les trois ont d’ailleurs fait le choix d’avoir un enfant alors qu’elles siégeaient déjà au gouvernement et sans que cela ne provoque le moindre débat dans leur parti ou le pays.

Pour les familles, après le congé parental, le problème de la garde est vite réglé. La plupart des enfants vont à la crèche : des établissements municipaux ou privés. Le coût varie en fonction du salaire des parents, de 27 à 288 euros mensuels pour le premier enfant. Le tarif est dégressif pour les frères et sœurs. Les petits Finlandais y restent jusqu’à leur sixième anniversaire, quand ils font leur entrée dans ce système scolaire considéré comme l’un des plus performants du monde.

La collaboration plus que la compétition

Pour les habitants, c’est d’ailleurs un grand sujet de fierté que ce système éducatif, qu’ils citent fréquemment comme un des investissements les plus précieux du pays. En 2006, la Finlande avait ainsi fait sensation en se hissant à la première place des pays de l’OCDE dans l’enquête réalisée par le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Surprise alors : le reste du monde découvrait un système éducatif misant sur la collaboration plus que sur la compétition, peu ou pas de devoirs à la maison, une autonomie pédagogique très forte et une place de choix accordée aux activités artistiques et sportives.

Selon PISA, les jeunes Finlandais sont particulièrement forts en lecture. Et comment en serait-il autrement dans un pays qui, pour le centenaire de son indépendance célébré en 2017, s’est offert… une nouvelle bibliothèque. Construite en plein cœur de Helsinki, à deux pas de la gare centrale, Oodi, immense paquebot de bois et de verre, fait une place de choix aux enfants et aux jeunes, avec une salle de lecture en forme de nid pour les plus petits, des studios de musique et des salles de jeu pour les plus grands.

Si la Finlande a légèrement reculé dans les classements PISA ces quinze dernières années, le pays nordique reste celui où les inégalités entre élèves, et d’une région à l’autre, sont parmi les plus faibles du monde – un véritable tour de force qui s’explique notamment par la qualité de la formation des enseignants mais aussi par le respect pour la profession, qui en fait un métier attirant.

Résultat : des jeunes Finlandais qui se classent à la cinquième place dans l’étude sur le bien-être des enfants réalisée par l’Unicef en 2021 ; 85 % des ados de 15 ans disent avoir un « haut niveau de satisfaction de la vie ».

Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale), Le Monde du 7 mars 2022

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Victor Hugo : L'amour paternel, en poèmes

Victor Hugo avait 20 ans quand il a épousé son amie d'enfance, Adèle Foucher, en 1822. Elle-même avait 19 ans. Cela faisait deux ans que leur amour s'était déclaré, mais les parents d'Adèle, et la mère de Victor, s'opposaient à cette relation. C'est seulement après la mort de sa mère qu'ils ont pu se marier. Le couple a eu cinq enfants :  Léopold, né en 1823, qui a vécu seulement quelques mois, Léopoldine en 1824, Charles en 1926, François-Victor en 1828 et Adèle en 1830. Ces enfants ont certainement été l'un des plus grands bonheurs, mais aussi la grande tragédie, de la vie de Victor Hugo, car ils sont tous, sauf Adèle, morts avant lui.

Victor Hugo adorait ses enfants et petits-enfants. Au point que, contrairement aux mœurs de l'époque dans les grandes familles bourgeoises, ils étaient souvent assis avec les adultes à table pour le dîner quand il y avait des invités à la maison. Certains de ces invités lui ont même reproché d'accorder autant de place aux enfants !

Il est tout à fait naturel qu'un père de famille aime ses enfants. Mais quand cet homme est l'un des plus grands poètes au monde, cet amour peut donner lieu à des poésies à valeur universelle. Le poète Hubert Juin, dans un livre "Hugo et ses enfants", note que Hugo était un père de famille tellement exemplaire qu'il a été "le premier à faire paraître réellement l'enfant dans la poésie française". Il précise encore que pour Victor Hugo, "l'enfant c'était la promesse d'une vie meilleure".

Beaucoup de Français connaissent certaines de ses poésies par cœur, dont la plus célèbre est Lorsque l'enfant paraît (publiée en 1830 dans Les Feuilles d'Automne). Ma mère, quand j'étais petite fille, me récitait souvent la première strophe :

Lorsque l'enfant paraît, le cercle de   famille
Applaudit à grands cris.

Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Victor Hugo pensait tout le temps à ses enfants, auxquels il avait donné des surnoms. Il appelait Léopoldine ma Poupée, ou Didine, Charles était Charlot, François-Victor Toto et Adèle Dédé. Lorsqu'il voyageait, il écrivait de nombreuses lettres à toute sa famille, sa femme, et ses enfants individuellement. Il illustrait souvent ses lettres de dessins décrivant les sites qu'il traversait.

Il exprime cet amour de manière très poétique dans une lettre envoyée à Léopoldine, alors âgée de 10 ans, en 1834 :

Bonjour, ma Poupée, bonjour, mon cher petit ange.
Je t’ai promis de t’écrire. Tu vois que je suis de parole.
J’ai vu la mer, j’ai vu de belles églises, j’ai vu de jolies campagnes. La mer est grande, les églises sont belles, les campagnes sont jolies ; mais les campagnes sont moins jolies que toi, les églises sont moins belles que ta maman, la mer est moins grande que mon amour pour vous tous. [...]
Encore quelques heures, et je t’embrasserai sur tes deux bonnes petites joues, et mon gros Charlot, et ma petite Dédé qui me sourira, j’espère, et mon pauvre Toto l’exilé.

La tragédie

L'immense chagrin de Victor Hugo est que tous ses enfants sont morts trop tôt, Charles en 1871 (à 44 ans), François-Victor en 1873 (à 45 ans), tandis qu'Adèle a passé sa vie en maisons de santé parce qu'elle a souffert de dépression puis de graves problèmes psychiatriques dès l'âge de 13 ans après la mort tragique de sa sœur. Cette catastrophe a bouleversé Victor Hugo : Léopoldine est morte à l'âge de 19 ans, alors qu'elle venait juste de se marier et qu'elle était enceinte. Le canot sur lequel son mari l'avait invitée à le rejoindre pour une sortie sur la Seine a chaviré suite à un coup de vent violent. Les quatre passagers sont morts, dont le mari de Léopoldine, qui avait tenté de la sauver.

Le 25 août 1843, Victor Hugo s'adressait à Léopoldine pour la dernière fois, 10 jours avant sa noyade, dans une lettre illustrée, destinée à sa mère :

J'écris à ta mère, ma fille chérie, la tournée que je fais dans ces montagnes. Je t'envoie au dos de cette lettre un petit gribouillis qui te donnera une idée des choses que je vois tous les jours, qui me paraissent bien belles, et qui me sembleraient plus belles encore, chère enfant, si je les voyais avec toi. [...] Rayonne, mon enfant...

Cette terrible tragédie a eu une grande influence sur l'œuvre et la personnalité de Victor Hugo, qui s'est engagé de manière plus intense, à la fois en politique et dans la défense des enfants et des personnes démunies.

En parallèle, il a continué d'écrire d'autres poèmes sur Léopoldine, longtemps après sa mort, dans Les Contemplations. Ce poème est le plus célèbre et le plus émouvant :

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Le poème ci-dessous, également publié dans Les Contemplations, démontre le plaisir que Victor Hugo ressentait lorsqu'il avait des enfants autour de lui :

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère ;
Elle entrait, et disait : Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s’en allait comme un oiseau qui passe.

Il retrouvera ce plaisir des années plus tard, avec ses petits-enfants.

Annick Stevenson, "French Accent Magazine" No 99, octobre-novembre 2022     

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Victor Hugo : L'art d'être grand-père

Suite à la mort par apoplexie de son fils Charles Hugo en 1871, alors qu'il avait 44 ans, Victor Hugo, qui avait déjà 71 ans, a décidé qu'il était de son devoir de se charger lui-même de l'éducation de ses deux petits-enfants, Georges et Jeanne. Ils avaient déjà perdu leur grand-mère, Adèle Foucher, décédée en 1968 et, leur père étant disparu, ils n'avaient plus que leur maman, Alice Lehaene, pour s'occuper d'eux.

Six ans plus tard, Alice s'est remariée avec un homme politique, un mariage que Victor Hugo a fortement réprouvé. Il a donc obtenu la garde de ses petits-enfants, et les a installés dans un appartement juste en face du sien à Paris.

Il les a amenés partout, comme à Guernesey quand il y est retourné après ses périodes d'exil. Il avait besoin de leur présence.

Papapa, un "vrai" père pour les deux petits-enfants

Georges avait 4 ans et Jeanne 2 ans quand leur père est mort. Très vite, leur grand-père, Victor, est devenu leur deuxième papa, qu'ils ont toujours appelé "papapa". Dès leur naissance, Victor Hugo a été fasciné par ses petits-enfants. Il les a adorés spontanément et ils ont été sa grande consolation d'avoir perdu trop vite ses propres enfants. Les côtoyer de près, et les observer, lui a inspiré un magnifique recueil de poèmes, L'Art d'être grand-père, qui, sans vouloir donner la moindre leçon, exprime une infinie tendresse pour ces deux enfants. En voici un extrait :

Moi qu'un petit enfant rend tout à fait stupide,
J'en ai deux ; Georges et Jeanne ; et je prends l'un pour guide
Et l'autre pour lumière, et j'accours à leur voix,
Vu que Georges a deux ans et que Jeanne a dix mois.
Leurs essais d'exister sont divinement gauches ;
On croit, dans leur parole où tremblent des ébauches,
Voir un reste de ciel qui se dissipe et fuit ;
Et moi qui suis le soir, et moi qui suis la nuit,
Moi dont le destin pâle et froid se décolore,
J'ai l'attendrissement de dire : Ils sont l'aurore.
[...]
Je les regarde, et puis je les écoute, et puis
Je suis bon, et mon cœur s'apaise en leur présence ;
J'accepte les conseils sacrés de l'innocence [...]
Le soir je vais les voir dormir. [...]
Et je me dis : À quoi peuvent-ils donc rêver ?
Georges songe aux gâteaux, aux beaux jouets étranges,
Au chien, au coq, au chat ; et Jeanne pense aux anges.
Puis, au réveil, leurs yeux s'ouvrent, pleins de rayons...

En 1902, tout juste 100 ans après la naissance de Victor Hugo, son petit-fils Georges, devenu peintre, a publié un très beau et émouvant livre de souvenirs, Mon grand-père. Il parle de "cet amour, cette affection qui se fait enfantine pour parler aux enfants, pour toucher leur cœur d'enfant". Et il décrit ce "Papapa qui, après avoir joué comme un petit avec les tout-petits, cause avec l'adolescent, conseille le jeune homme." Il parle aussi de "sa gaîté malgré les tourments et la fin de la vie, cette gaîté qu'il nous conservera toujours", et de "ce rire aux belles dents qu'il faisait, pour nous, plus clair et étincelant". Une anecdote est particulièrement touchante :

Voici les premiers instants de bonheur de ma vie, alors que Papapa joue avec nous, et comme nous. Il se donne à notre âge, parle notre langue, aime ce que nous aimons. Il court, il rit, il est exubérant. Nous nous cachons derrière de grands fauteuils ; il nous y découvre, car il est encore plus grand qu'eux. Comme il est immense, tout noir en bas, avec, très haut, sa riante face blanche ! On joue à tout déplacer, à tout casser ; et nous formons des forêts avec les chaises, des cavernes avec les tables, forêts qu'il nous fait parcourir et qu'il rend vraies, cavernes où il se cache en rugissant comme un vrai lion. Nous avons peur, notre peur nous enchante, et Papapa, heureux, triomphant, emporte ses petits et les embrasse, tout essoufflé.

À la fin de sa vie, Victor Hugo a donné cette importante recommandation à son petit-fils Georges :

L'amour !... Cherche l'amour ! L'amour rend l'homme meilleur !... Donne de la joie, et prends-en en aimant, tant que tu le pourras... Il faut aimer, mon fils, aimer bien... toute la vie.

AS, "French Accent Magazine" No 99, octobre-novembre 2022     

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Mais qui était donc Victor Hugo ?

Poète, écrivain, dramaturge, artiste, homme politique actif, défenseur passionné des droits humains, et bien plus... Peu de célébrités françaises ont eu une personnalité aussi multiple que l'auteur des Misérables.

"Ce siècle avait deux ans." Avec ce vers, le commencement d’un poème qui chante les exploits de Napoléon, Victor Hugo nous annonce sa propre naissance. C’était non seulement un éloge à l’empereur qu’il admirait tant, mais également un reflet de l’égo irrépressible de l’écrivain qui a laissé une marque indélébile sur le XIXe siècle en France.

Son immense œuvre littéraire et son influence politique et sociale à travers sa longue vie nous révèlent un géant de créativité et d’humanité : Hugo fut poète, dramaturge, romancier, chroniqueur, artiste, dessinateur, ébéniste, député à l’Assemblée nationale, sénateur, défenseur passionné des droits humains, protecteur des travailleurs – ces "Misérables" de la société –, et partisan du suffrage universel.

Enfant précoce, fils d’un général dans l’armée de Napoléon, le jeune Victor commence très jeune à écrire de la poésie et à monter des pièces de théâtre avec ses deux frères. En effet, c’est par ses pièces de théâtre qu’il devient, à l’âge de 28 ans, le chef du mouvement romantique en France. La Préface de Cromwel, sa première pièce publiée en 1827, est considérée aujourd’hui comme le manifeste du mouvement naissant. Trois ans plus tard, sa pièce Hernani déclenche une véritable bataille entre les "modernes" et les "anciens" à chaque représentation à La Comédie Française. Malgré l’échec de sa pièce Les Burgraves en 1843, ses autres pièces connaissent un grand succès dans les années 1870 lorsque les principaux rôles sont repris par de grandes actrices comme Sarah Bernhardt.

Si Les Burgraves marque un tournant dans la carrière du jeune écrivain, et pour certains la fin du théâtre romantique, c’est plutôt un événement familial tragique qui le réduit au silence pendant plusieurs années : la mort de sa fille Léopoldine, sa préférée. Hugo apprend la mort de Léopoldine en lisant le journal quelques jours plus tard alors qu'il rentrait de vacances en Espagne avec sa maîtresse Juliette Drouet. Au milieu de son recueil de poésie, Les Contemplations, Hugo écrit quatre chiffres, seuls, centrés sur une page blanche :  "1843", et avec le poème Demain dès l’aube, Hugo décrit ses pèlerinages au cimetière où elle est enterrée.

Malgré l’énorme succès de ses œuvres, et l’admiration quasi générale qu'elles suscitent, Hugo a ses détracteurs, dont Émile Zola et Paul Verlaine, et même André Gide qui, lors du centenaire de Victor Hugo et pour répondre à la question, "Quel est selon vous le plus grand poète français ?" a dit d’un air moqueur, "Hugo, hélas !". Mais les réactions d’autres poètes, comme Baudelaire et Louis Aragon, et d'un public d’admirateurs, sont le revers de la médaille.

Après avoir vécu des révolutions, aussi bien littéraires que politiques, après avoir ému ses spectateurs et lecteurs par ses romans, pièces, poèmes, déclarations, etc., Hugo est mort le 22 mai 1885. Sa femme, presque toutes ses maîtresses, et tous ses enfants sauf Adèle, sont tous décédés avant lui.

Les deux jours de souffrances qui précèdent sa mort sont suivis depuis les bas-fonds de la société jusqu’aux bureaux ministériels. Son enterrement est grandiose et attire plus d’un million de gens – du jamais vu à Paris. Mais le gouvernement craint des émeutes populaires et le cortège funèbre à travers les rues de Paris a lieu un lundi, quand les travailleurs sont à l'usine, et le cortège ne passe pas par les quartiers ouvriers.

Victor Hugo repose aujourd’hui au Panthéon parmi les autres grands écrivains et écrivaines de la France. L’énorme succès mondial du spectacle musical Les Misérables n’est qu’un dernier hommage à ce grand poète.
  
Roger Stevenson, auteur d'une thèse de doctorat sur Victor Hugo, intitulée : La structure thématique du théâtre de Victor Hugo
"French Accent Magazine" No 99, octobre-novembre 2022    

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

French Accent Magazine : 100ème numéro !

Que le temps passe vite ! C’est avec joie que nous fêtons, ce mois-ci, la 100ème parution de French Accent Magazine. Cette publication, qui est née de notre école de langues Learn French at Home, existe depuis décembre 2006. Notre équipe du magazine qui consiste de 5 personnes : Annick Stevenson, Roger Stevenson, Vincent Anthonioz, Alexandra Anthonioz et moi-même a, dès le numéro 1, toujours pris beaucoup de plaisir à rédiger les articles pour nos chers étudiants ainsi que pour tous les lecteurs en général. Aujourd’hui, notre petite équipe se retrouve à La Rochelle en France pour fêter les fêtes de fin d’année et pour trinquer à la santé de French Accent Magazine avec une belle bouteille de champagne !

Il y a 16 ans, French Accent Magazine est né. Pourquoi et comment ? En 2006, il existait très peu de matériel d’apprentissage de français sur le net. Nous cherchions en vain des articles qui pourraient être intéressants et ludiques pour nos étudiants et il n’y avait pas grand-chose. Cependant, créer un magazine n’est pas si simple et demande de l’expertise. Mais grâce à Annick Stevenson (ma mère), journaliste et ancienne rédactrice en chef du magazine Réfugiés à l’ONU, qui avait l’expérience et de bonnes connaissances dans la matière, nous avons pu réaliser ce projet. Annick savait comment mettre en pages tout un magazine en ligne en un coup de baguette magique. 

Afin d’apporter de l’information intéressante et à jour à nos étudiants, nous avons alors décidé de créer plusieurs rubriques différentes englobant la culture et la société françaises, des expressions de tous les jours, des astuces pour apprendre la langue, ainsi que des points de grammaire. L’avantage d’un eMagazine est que nous pouvions inclure des liens audio. C’était un point très important, nous voulions donner l’occasion aux apprenants d’écouter (tous les experts linguistiques disent qu’il faut s’exposer à des centaines d’heures d’écoute).

Les rubriques ont été réparties selon les motivations de chaque personne dans notre petite équipe, et aujourd’hui rien n’a changé : Annick Stevenson écrit très souvent le dossier principal du magazine sur un thème culturel, de société ou sur un personnage français connu, et une petite histoire. Et son mari Roger Stevenson, professeur de français et passionné de la langue, rédige des articles sur la politique ou la société françaises, la page littéraire, et crée aussi des jeux comme des mots croisés. Puis Vincent Anthonioz, un des 2 fondateurs de Learn French at Home, qui est très branché sur la musique et les films français, écrit des articles sur la scène française. Notre adorable fille, Alexandra Anthonioz, qui est une grande amoureuse de la lecture en général, a voulu contribuer en écrivant de jolis poèmes. Et une de mes motivations (un travail à vie je pense) est de clarifier et rendre la grammaire française moins intimidante au travers d'explications simples et non académiques, que nos étudiants regrettent ne pas trouver dans des livres de grammaire. Et pour qu'ils soient accessibles à tous, ce que je considère essentiel, j'écris ces articles en anglais. 

French Accent Magazine est aussi un moyen pour nous de transmettre à nos étudiants des informations bien d'actualité sur les événements dans la société en France. Entre autres exemples, nous avions rédigé un dossier sur "Je suis Charlie" après l’attentat contre le magazine Charlie Hebdo en 2015, nous avons examiné dans quelle mesure la révolution #MeToo pouvait influencer l'image de la France romantique, et nous avons essayé de vous distraire pendant la pandémie de Covid-19 avec des jeux et des témoignages.

Nous suivons toujours de près les élections présidentielles, les avancées des actions contre le réchauffement climatique, nous vous présentons parfois une région de France ou un quartier que nous connaissons et aimons bien. Et nous observons constamment pour vous les changements d'habitudes des Français dans la vie de tous les jours, la cuisine, les comportements, l'évolution constante du langage courant, etc. L’idée est de continuer à encourager nos étudiants et à améliorer leur français au travers de thèmes actuels et éducatifs.

Au fil des années, le format de French Accent Magazine a évolué, et à la demande de nos lecteurs nous écrivons davantage en français, mais le choix des sujets, et la volonté de vous informer de la manière la plus précise et juste possible, sont restés inchangés.

Et voilà, depuis 16 ans, notre petite équipe de 5 personnes a publié sans répit ce magazine en ligne, et nous planifions de continuer à le publier 4 fois par an à partir de 2023.

La "librairie" de Learn French at Home

Nous ne sommes pas arrêtés à la création d’un magazine en ligne. En 2004, lorsque nous avions créé Learn French at Home, nous donnions les leçons par téléphone (avant que Skype arrive sur le net) et nous envoyions les notes des leçons ainsi que les devoirs par email. Nos premiers étudiants étaient principalement des Britanniques qui s’installaient dans des villages en France pour retaper de belles maisons, et qui avaient besoin de communiquer en français avec le plombier, l’électricien, le maire, etc. Puisqu’ils habitaient loin d’une librairie pour acheter des livres d’apprentissage du français, nous avons dû concevoir du matériel en ligne pour eux, et c’est ainsi que nous avons créé une série de livres*, diffusés à la fois en format papier et eBook (pdf) :
Grammar Basics and Beyond, qui est un livre qui rassemble mes articles de grammaire avec des explications en anglais pour les rendre plus faciles à comprendre, accompagnés de nombreux exercices. J'ai déjà déjà mis à jour 2 fois la première version de livre. Une 4ème édition, comportant de nouveaux chapitres et beaucoup plus d'exercices, sortira début 2023.
─ Un autre livre mettant la grammaire en contexte sous forme de scénarios, avec des liens audio, que j'ai écrit pour compléter et illustrer avec des exemples le Grammar Basics : Say It with a French Accent.
─ Un livre qui s’appelle Traveling in Francedans lequel je donne du langage pratique pour communiquer dans les situations typiques touristiques.
─ Une série de 5 livres de petites histoires en français, Short Stories, avec des liens audio pour écouter en entier chaque histoire, écrites par Annick. Un 6ème paraîtra en 2023.
─ Un livre de motivation, écrit en anglais par Annick et Roger, qui a pour objectif d'encourager toutes les personnes qui ont envie d'apprendre le français, et de leur donner beaucoup de conseils et de tuyaux, avec des témoignages d'étudiants : Learning French ? How to Make Il Happen.
─ Et plus récemment, Annick a publié un livre très apprécié auprès des étudiants et des professeurs qui est un recueil d’histoires vécues avec des exercices : D’un Pays à l’Autre. Un 2ème tome est en préparation.

Une remarquable équipe de professeurs

Learn French at Home est une belle histoire qui travaille avec une magnifique équipe de professeurs. Leur nombre a augmenté au cours des années, ils sont aujourd'hui plus de 30, répartis sur toute la planète. Non seulement ils sont tous qualifiés pour enseigner le français, mais ils ont tous en commun une passion pour leur travail, le plaisir de communiquer ce qu'ils aiment, d'encourager les étudiants, de faciliter leur apprentissage le plus possible en personnifiant entièrement les leçons, dans le pur esprit de Learn French at Home. En plus, ils ont tous leur propre spécialisation, et un parcours personnel riche et intéressant. La plupart ont vécu dans plusieurs pays du monde, faisant eux-mêmes l'expérience de s'initier à une autre langue et à une autre culture.

Par exemple, Marion et Alexis, qui sont 2 professeurs très actifs dans l’école, ont vécu en Chine. Prisca qui est aussi une professeure clé et qui propose des immersions dans les Pyrénées, a parcouru le monde pendant 4 ans en voilier avec sa famille (les étudiants sont enchantés par les immersions de Prisca**). La plupart des professeurs ont un esprit aventureux et profitent de ce travail pour vivre une autre expérience à l’étranger.

Nos étudiants :  une belle rencontre

Quand je dis que Learn French at Home est une "belle histoire", c'est aussi parce que nous faisons sans cesse de superbes rencontres avec nos étudiants. Un des plus beaux cadeaux dans l’enseignement est de voir progresser un étudiant qui a démarré avec presque rien et qui arrive aujourd’hui à s’exprimer dans la plupart des situations en français. Immédiatement, je pense à quelques étudiants comme Jim Merical qui était avec nous au tout début de la création de Learn French at Home et que nous avons eu la chance d'accompagner dans son apprentissage pendant plusieurs années. Jim est un francophile, il apprenait avec beaucoup de plaisir, et continue d'écouter des émissions de radio tous les jours. Je pense aussi à une étudiante qui s’appelle Laverne, qui est à la retraite, et qui a fait de grands pas vers l’avant et peut lire et s’exprimer dans beaucoup de domaines. Je pense également à Steven qui habite à Los Angeles, qui s’est lancé à apprendre avec passion et persévérance et que nous voyions progresser. Et maintenant il lit Harry Potter en français ! Il y a aussi Ann à Lyon qui a déménagé de New York pour réaliser son rêve de venir s’installer en France et qui a fait sans cesse de grands sauts dans sa progression. Il y a des centaines d’autres exemples d'étudiants, dont la plupart résident dans des pays très différents et sont de tous horizons professionnels. Grâce à nos étudiants qui ont besoin d'acquérir une bonne maîtrise de français pour leur profession, nous avons la chance de travailler sur des thèmes très différents tels que la médecine, la culture en Afrique via des ONG qui envoient leurs employés en mission, les films (quelques-uns de nos étudiants sont producteurs de films), le sport à haut niveau, l’art, le droit, etc. En tant que professeurs, c’est notre plus grande fierté et joie d’accompagner ces étudiants.

Nos ateliers d'immersion

 Nous avons aussi la grande chance de rencontrer, de temps en temps, quelques-uns de nos étudiants à un des ateliers que nous animons une ou deux fois par an. Certains étudiants fidèles comme Hrant, qui nous suit depuis quelques années et qui a toujours été passionné par la culture et la langue, ainsi que Chad qui habite à New York, Jacquie à Los Angeles, Paul en Idaho et bien d’autres. C’est très touchant de voir que des étudiants viennent de si loin pour passer quelques jours avec nous. A ce sujet, notre prochain atelier se passera en France. Du 1er au 4 juin, nous serons à La Rochelle. Il reste quelques places si jamais vous avez envie de combiner des vacances avec 4 jours d’apprentissage !***

Avec notre chaleureuse équipe de professeurs, nous restons proches les uns des autres, nous partageons nos idées et nous nous entraidons sans cesse. Notre objectif est de trouver les meilleures motivations et moyens qui peuvent aider nos étudiants. Apprendre le français n’est pas une tâche facile et c’est aussi notre mission de la rendre agréable, amusante et encourageante. Nous espérons que nos étudiants se réjouissent pendant leurs leçons et y prennent du plaisir. C’est primordial pour les étudiants comme pour les professeurs. Des liens forts se tissent très souvent en classe et c’est magnifique lorsque la relation dure longtemps.

Je suis convaincue que la personnalisation est la clé pour avancer positivement. Avec l’expérience que nous avons aujourd’hui, nous pouvons donner quelques petits tuyaux avec confiance. Par exemple, la répétition est cruciale pour aider à la mémorisation des mots mais il faut qu’elle arrive d’angles différents ; apprendre la grammaire en contexte est bien plus efficace pour la retenir ; faire de l’écoute chaque jour aide beaucoup à la maîtrise de la compréhension ; et placer l’étudiant en situation comme s’il était en France permet de mettre en pratique tout ce qu’il apprend. French Accent Magazine est un support qui donne l’opportunité d’exercer tous ces points et nous espérons que vous en profitez tous pleinement.

Nous levons un verre à notre magazine et merci à tous ceux qui le suivent depuis toutes ces années.

Tous les membres de notre équipe chez French Accent Magazine et Learn French at Home vous souhaitent une belle année 2023 en perspective !!

Céline Van Loan

*Pour plus de détails sur chacun des livres :
www.learnfrenchathome.com/french-audio-books
**Immersion dans les Pyrénées, chez Prisca :
learnfrenchathome.com/french-immersion-france
***Notre prochain atelier :
www.learnfrenchathome.com/event/french-immersion-workshop-france

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La baguette mise à l'honneur par l'UNESCO

Ce symbole emblématique, omniprésent, de la culture française, la baguette, est désormais officiellement reconnue par l'UNESCO comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel mondial. L'annonce du 30 novembre a fait suite à 6 années d'efforts de la part du Gouvernement français et de la Fédération nationale de la boulangerie et de la pâtisserie françaises. Le président Emmanuel Macron, en visite d'État à Washington, n'a pas tardé à saluer le succès de cette requête et, bien sûr, à s'en attribuer une grande partie du mérite. Après s'être fait photographier une baguette à la main lors d'une réception à l'ambassade de France à Washington, il a tweeté : "250 grammes de magie et de perfection dans nos quotidiens. Un art de vivre à la française. Nous nous battions depuis des années avec les boulangers et le monde de la gastronomie pour sa reconnaissance. La baguette est désormais au patrimoine immatériel de l’Unesco !"

Alors que le nombre de boulangeries en France est en constante diminution, surtout dans les zones rurales ─ on estime que 400 boulangeries ferment chaque année ─ la disponibilité de ce miracle de farine, d'eau, de sel et de levure, avec sa croûte dorée et croustillante et sa savoureuse mie à l'intérieur, est étonnante, et les files d'attente qui se forment, surtout les matins de week-end, de clients attendant d'acheter leur baguette, sont une indication de l'importance qu'elle revêt dans leur vie quotidienne. La France produit, et consomme, environ 6 milliards de baguettes par an.

Les origines de la baguette font l'objet d'un débat considérable, et plusieurs théories et légendes urbaines existent : Napoléon, qui inspectait régulièrement les fours utilisés par les boulangers pour son armée pendant le tristement célèbre siège de Moscou, leur aurait ordonné de produire un pain long et fin qui serait beaucoup plus facile à transporter pour les soldats ; d'autres affirment que les pains longs étaient déjà très répandus au XVIIIe siècle ; une autre légende veut que ce soit l'introduction des fours à vapeur à Paris par un boulanger autrichien nommé August Zang dans les années 1830 qui ait conduit à sa forme et à sa consistance populaires ; une autre légende populaire raconte que les baguettes ont été introduites pendant la construction du métro parisien. Il était plus facile pour les ouvriers de les déchirer à mains nues pour de les partager, limitant ainsi les disputes et le besoin de couteaux pour couper le pain... En réalité, la baguette est née, et devenue un élément incontournable de la vie quotidienne, dans l'entre-deux-guerres. À l'origine, elle était consommée par les membres de la couche supérieure de la société, tandis que le prolétariat et la classe ouvrière mangeaient de grosses miches rustiques, plus faciles à conserver pendant plusieurs jours. La consommation généralisée de la baguette est apparue dans les années 1960 et 1970.

La dévotion que les Français ont pour leur baguette a même conduit à un concours annuel à Paris, le Grand prix de la baguette, pour couronner le meilleur boulanger. Le gagnant est annoncé avec beaucoup de faste et sa boulangerie a non seulement l'honneur d'afficher une grande plaque dans son commerce mais aussi le privilège, pendant un an, de fournir le palais de l'Élysée en pain.

Mais il y a baguette et baguette. La qualité du pain français en général a considérablement souffert ces derniers temps en raison des forces du marché et de ce que l'on appelle le "pain industriel" qui est produit dans d'énormes boulangeries pour approvisionner les supermarchés et les chaînes de boulangeries dans tout le pays. L'utilisation d'additifs, la réduction du temps de fermentation, les sources de farine douteuses et d'autres mesures de réduction des coûts font que pas toutes les baguettes que l'on trouve dans une boulangerie ou que l'on sert dans un restaurant ont la même croûte, la même mie et le même goût. En fait, l'historien franco-américain Steven Kaplan, qui est sans doute l'expert et le défenseur le plus compétent de la baguette, a déploré le fait que l'UNESCO ait choisi d'honorer un produit générique plutôt que la véritable baguette, nommée à juste titre "baguette traditionnelle" (la baguette tradition). Cette baguette est définie et protégée par le décret gouvernemental de 1993, qui énumère les ingrédients précis, le poids, et les méthodes de préparation à utiliser pour être qualifié de baguette tradition. Le fait de mettre ce pain supérieur dans le même panier que la baguette de farine blanche qui, selon Kaplan, "est un produit paradoxalement terne, sans attrait et sans goût", diminue l'importance de l'annonce de l'UNESCO. Heureusement, il y a de plus en plus de boulangeries artisanales qui vendent d'excellentes baguettes traditionnelles créées et cuites sur place et qui se vendent au prix étonnant d'environ 1,10€.

Toute l'excitation suscitée par l'inscription de la baguette sur la liste de l'UNESCO entraînera certainement une augmentation de l'intérêt et des ventes de cet aliment national emblématique, mais la pléthore d'articles exubérants sur la baguette a presque complètement éclipsé l'annonce, un jour plus tard, de l'ajout à la liste du patrimoine culturel immatériel du savoir-faire et des pratiques culinaires tunisiens qui produisent la merveilleuse épice à base de piments forts : la harissa. Même si la baguette et la harissa ne partagent pas normalement la table d'un restaurant de couscous typique, elles sont des partenaires culinaires tout aussi méritantes au menu du patrimoine culturel mondial.

Roger Stevenson, "French Accent Magazine" No 100, Décembre 2022-Janvier 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le Paris qu'on aime

Chaque fois que j’atterris à Paris, je ressens beaucoup d’émotion et d’excitation en pensant à tout ce que je vais faire, voir et goûter dans une des plus belles villes au monde.  Je ne suis pas la seule, tous les membres de l’équipe de French Accent Magazine, c’est-à-dire ma famille, nous aimons tous la Ville des Lumières, on ne s’en lasse jamais. À la fin du séjour, on part le cœur un peu serré mais aussi avec de superbes souvenirs en tête. Paris est si riche en activités culturelles que nous pourrions y rester des mois sans nous ennuyer pendant une seule seconde. Et lorsque nous sommes fatigués de marcher ou de visiter, il y a toujours le plaisir de se retrouver dans un café ou une brasserie dans l’objectif de ne rien faire mais de tout simplement regarder le monde passer sous nos yeux. Comme disait Jules Renard (écrivain français dans les années 1800) : ajoutez 2 lettres à Paris, c’est le paradis – c’est le sentiment que j’ai à chaque fois que je séjourne dans cette belle ville.

Plusieurs étudiants de notre école, Learn French at Home, nous demandent régulièrement des recommandations. Après tant de passages à Paris avec ma famille, j’ai décidé de rassembler une liste de nos lieux et adresses préférés afin de les partager avec vous, nos lecteurs. Vous trouverez nos quartiers, restaurants, musées et activités préférés, ainsi que quelques tuyaux pour bien profiter de la ville.

Pour commencer, dès que nous arrivons à Paris, nous achetons un petit magazine qui s’appelle L’Officiel du Spectacle afin de découvrir les expositions, films et pièces de théâtres du moment. Il est très utile et vous pouvez facilement l’acheter à un des jolis kiosques à journaux de Paris. Il existe également en ligne :
www.offi.fr

Chaque arrondissement a son charme, son ambiance et son histoire. Il y a des quartiers très chic comme ceux de Saint-Germain-des-Prés, Luxembourg, St-Michel, la Sorbonne, Port-Royal, les Champs-Elysées, la Tour Eiffel, et quel plaisir d’aller s'y balader. Mais ils sont de plus en plus dépourvus de "vrais" parisiens (ceux qui y sont nés) car beaucoup d’entre eux ne peuvent plus s’offrir un logement dans ces quartiers.

Par conséquent, nous privilégions rester dans des arrondissements plus mélangés, mais qui sont également rapidement accessibles aux principaux monuments et visites de Paris.

Nos quartiers préférés

Durant ces dernières années, nous avons loué des appartements principalement dans les arrondissements du 9ème, de Montmartre (le 18ème), et du 14ème.

Le 9ème arrondissement est situé entre Montmartre et l’Opéra. Nous aimons le côté vivant de ce quartier où les travailleurs parisiens et les touristes se confondent. Le coût des logements reste raisonnable (pour le moment !) et le quartier regorge de théâtres et de bistrots où les menus sont écrits sur des ardoises et restent bon marché. Vous y trouverez de très bonnes fromageries, charcuteries et traiteurs, boulangeries et pâtisseries du côté de la fameuse rue des Martyrs. Depuis ce quartier, on peut facilement marcher vers Montmartre ou descendre vers l’Opéra, et les grands magasins comme les Galeries Lafayette et Le Printemps. On ne s’ennuie jamais dans ce quartier.

Montmartre a une grande place dans mon cœur. C’est un quartier romantique, certains vont dire que c’est un peu surfait mais je trouve qu’il n’a pas perdu son charme ! Malgré ses hordes de touristes, on peut se perdre dans de charmantes petites ruelles sans rencontrer trop de monde. Montmartre est le premier quartier des artistes, et aujourd’hui, on continue à voir des peintres, des écrivains et des acteurs qui traînent dans les bistrots. Nous aimons rester vers la rue Lepic qui part du Moulin Rouge et qui arrive près du Sacré Cœur. Si vous prenez cette rue, vous passerez devant le fameux Café où le film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (Amélie en anglais) a été tourné, ainsi que l’appartement que Van Gogh a habité. En général, j’évite d’aller dans les restaurants trop touristiques. Je cherche les petits bistrots où l’expérience sera bien plus intéressante (voir ma sélection plus loin).

Le 14ème arrondissement est composé de petits villages autour de la gare Montparnasse. Si vous devez prendre le train et vous voulez résider près de la gare, je vous conseille vivement de rester dans la rue de la Gaîté qui est très animée avec ses nombreux petits théâtres et restaurants. Elle est située à quelques minutes de la gare. Une autre partie du 14ème que ma famille aime bien est le village Pernety autour de la station de métro du même nom. C'est un quartier populaire et animé, avec beaucoup de petits commerces.

Dans les pages qui suivent, je vous emmène à la découverte de nos "bonnes adresses" !

Céline Van Loan, French Accent No 101, Mars-Mai 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Les restaurants et bistrots où nous avons plaisir à aller

Connaissez-vous l’application La Fourchette (The Fork) ? Elle rassemble les restaurants de Paris par arrondissement et propose souvent des réductions ainsi que des commentaires de la part des clients. Je vous conseille de le télécharger sur votre smartphone, elle est très utile pour trouver un restaurant et aussi pour faire des réservations :
www.thefork.fr

Trouver un bon restaurant à Paris n’est pas difficile mais nous allons partager avec vous ces quelques restaurants où le service est chaleureux et la cuisine est excellente ou originale. Nous avons tendance à privilégier les bistrots et les brasseries, principalement pour leur ambiance. 

Certains bistrots, qui entrent dans une catégorie qu'on appelle "bistronomie", proposent des plats dans un style haute cuisine avec des prix qui restent généralement raisonnables. Ce sont les restaurants auxquels nous retournons à chaque fois que nous séjournons à Paris.

Dans le 9ème arrondissement

Le Bistrot Jamat Vivant (1), 33 rue de Navarin : c’est une belle petite trouvaille, un tout petit bistrot avec seulement un chef et une serveuse.  Le menu propose 3 hors d’œuvres et 3 plats principaux, les plats sont exquis et d’une très bonne qualité. Le chef a beaucoup de talent et la serveuse est très sympathique. Il y a quelques tables à l’intérieur et à l’extérieur. C’est un endroit parfait pour un couple.

Pojo restaurant (2), 38 rue de Douai : un autre très petit restaurant. La serveuse a du punch et est très communicative. Les plats sont raffinés et les produits sont très frais. L’ambiance est extrêmement conviviale, la serveuse connaît tout le monde et si vous y alliez pour la première fois, elle ne vous oubliera pas la seconde fois !

Le bergerac (3), 13 rue Notre Dame de Lorette : sur le menu, il y a quelques plats basques comme la délicieuse piperade (un plat de tomates et de poivrons cuits avec des oignons, mêlés à des œufs brouillés). Le service est très convivial et dynamique. Le serveur aime parler avec ses clients et vous pouvez goûter le vin avant de décider de le commander, ce qui n'est pas très souvent le cas en France.

Poni Restaurant (4), 24 rue Saint-Lazare : c’est un restaurant qui a la cote. Le menu propose une grande variété de plats français mais aussi quelques influences asiatiques et libanaises. Il y a également un superbe choix de salades. C’est un restaurant très apprécié, il vaut mieux réserver.

À Montmartre

Je commence avec notre restaurant préféré de tout Paris : Le Piano Perché (5), 8 rue Aristide Bruant. Il est situé en plein cœur de Montmartre dans une charmante petite ruelle. Le chef, Hugues, est un magicien. Les plats qu’il crée sont visuellement magnifiques et notre palais prend énormément de plaisir à déguster chaque plat. Hugues est un homme très modeste et gentil. Mon plat préféré est les coquilles Saint-Jacques sur une mousse de légumes et riz noir (toujours accompagné avec une sauce et d’autres légumes croquants). Il travaille dans une toute petite cuisine et on se demande comment il fait pour sortir des plats si exquis. L’autre question que nous avons : quand est-ce qu’il va recevoir sa première étoile Michelin ?  À ne pas manquer !

Le Chantoiseau (6), 63 rue Lepic. Vous trouverez plusieurs restaurants dans cette rue qui sont attractifs. Nous avons mangé dans ce restaurant deux fois, qui est de style bistronomique. Le chef propose des fruits de mer, des plats de poissons et de viande, il utilise toujours des produits frais du marché et saisonniers. Le service est très professionnel et aux petits soins. Le menu est écrit sur une ardoise qui change chaque jour.
 
Café LE Nazir (7), 56 rue des Abbesses. On voit un mélange d'habitants locaux très réguliers et de touristes qui viennent passer un bon moment dans ce café à l'ambiance de village où des artistes se retrouvent aussi pour boire un verre. En général, on aime y aller pour boire un apéritif mais on y a dîné et déjeuné à plusieurs reprises. La cuisine est française traditionnelle, bien satisfaisante.

Dans le 14ème arrondissement

Restaurant Augustin (8), 79 rue Daguerre. Voici un exemple d’un resto bistronomique avec une magnifique décoration intérieure et de belles casseroles en cuivre. Les plats sont beaux et raffinés. C’est une cuisine bien française mais avec une pointe d’originalité. Quelques exemples du menu sont du filet de rascasse, du risotto aux champignons, du veau au sautoir et des légumes de saison. Il est situé non loin de de la gare Montparnasse. La clientèle est très parisienne.

Restaurant Vin et Marée (9), 108 avenue du Maine. Si vous aimez le poisson, nous vous conseillons ce restaurant. Un de nos plats préférés est la choucroute de mer. Pour le dessert, les clients aiment commander le fameux baba au rhum car le serveur laisse la bouteille sur la table et vous pouvez arroser votre dessert à volonté ! Bonne ambiance, excellent service et plats de poissons très frais. Il y a trois autres restaurants Vin et Marée à Paris mais nous aimons le charme de celui de Montparnasse.

Brasserie Le Zeyer (10), 62 rue d’Alesia. Nous avons essayé cette brasserie pour la première fois en janvier et nous avons été enchantés par le superbe Art déco des années 1900, l’excellent service et la cuisine classique française. Par exemple, vous pouvez y trouver des œufs mayonnaise, ce qui est rare de nos jours (voir notre article littéraire page 25). Tout était délicieux et parfait.

Des restaurants plus chic :

Si vous voulez vous faire plaisir avec des restaurants mythiques et de haut de gamme, nous vous conseillons ces 3 établissements :

La Closerie des Lilas (11), 171 boulevard du Montparnasse, dans le 6ème arrondissement. Créé en 1847, ce restaurant a toujours accueilli les intellectuels et artistes de Paris comme Emile Zola, Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Jean-Paul Sartre. Aujourd’hui il continue à attirer des acteurs et chanteurs contemporains français dont Renaud (voir page 9) ainsi que de grands noms américains comme Tim Burton et Johny Depp. Le service au bar est remarquable.

L’intérieur est chic avec ses banquettes rouges et l’ambiance est très cosy et conviviale. La brasserie propose une cuisine gastronomique délicieuse favorisant les poissons et les fruits de mer.

Café de la Rotonde (12), 105 boulevard du Montparnasse, 6ème arrondissement. C'est la "cantine" du président Emmanuel Macron qui y va très souvent ! Le décor de cette brasserie est superbe avec des copies de peintures de Modigliani (qui était un bon client autrefois comme Picasso ou F. Scott Fitzgerald). La cuisine est excellente et le service particulièrement aimable et attentionné. Et les prix ne sont pas excessifs pour la qualité, toujours parfaite.

Le Drugstore Publicis (13), 133 avenue des Champs Elysées, 8ème arrondissement. En 1958, le Publicis a été le premier à adapter en France le concept américain de drugstore. Mais celui-ci a un restaurant renommé, et il a la particularité de rester ouvert très tard dans la nuit. Vous pouvez y aller pour un repas, ou juste pour manger un morceau, un dessert, ou prendre un verre. Ils font également de très bons petits déjeuners. J’aime bien y aller car l’ambiance est vivante, pleine d’énergie, et la situation géographique est incroyable – à 2 pas de l’Arc de Triomphe. Vous pouvez aussi profiter des boutiques qui sont attachées au restaurant avec une librairie, des souvenirs, des pâtisseries, des produits gourmets et aussi d’une pharmacie (et oui !).

Un fabuleux restaurant étoilé

Alan Geaam (14), 19 rue Lauriston, 16ème arrondissement. Ce chef avec des origines libanaises a décroché une étoile Michelin en 2022. Avec ma famille, nous nous nous sommes offerts une soirée remarquable. Le menu était en 5 séquences et chaque plat avait un élément de surprise, une vraie mise en scène. Les assiettes étaient clairement inspirées par la cuisine méditerranéenne ou libanaise. Le zaatar maison était une merveille. Nous avons goûté du vin libanais pour la première fois, c’était une belle découverte. Si vous voulez une expérience et soirée inoubliables avec des mets surprenants et somptueux ainsi qu’un service qui atteint la perfection, n’hésitez pas !

Une croisière restaurant sur la Seine

Le Calife (15), port des Saints-Pères, 6ème arrondissement. Une belle croisière sur la Seine avec un excellent dîner. Découvrir les plus beaux bâtiments de Paris en dégustant de bons plats français classiques, nous vous le recommandons sans hésitation ! Le bateau est joliment décoré avec son salon en bois exotique et son magnifique piano, ainsi que sa terrasse panoramique.

Le moment magique de la soirée est lorsque le bateau se positionne au-dessous de la tour Eiffel lorsqu’elle commence à scintiller. C’est une expérience inoubliable et vous reviendrez avec de magnifiques photos, comme celles-ci dessous.

Trois pâtisseries à noter

Les pâtisseries sont innombrables à Paris et elles sont toutes magnifiques à l’œil. La définition d’une bonne pâtisserie, selon moi, est la légèreté et l’équilibre en sucre dans une crème. En général, je goûte un éclair au chocolat ou un petit Saint-Honoré pour tester. Voici trois de nos pâtisseries préférées que nous trouvons hors norme :

Pain Pain (16) , 88 rue des Martyrs, à Montmartre. C’est un vrai régal aux yeux et au palais ! J’ai testé plusieurs gâteaux différents et chacun d’entre eux était une expérience unique. La pâtisserie est située sur la fameuse rue des Martyrs, une rue que je recommande pour les fans de gastronomie.

Pâtisserie Mulot (17), 76 rue de Seine, Saint-Germain des Prés, 6ème arrondissement. Nous avons eu la chance de rencontrer et de parler avec le chef, M. Mulot, de cette pâtisserie à grand succès. Nous avons immédiatement compris que c’est un homme très modeste et gentil et qui effectue son travail avec passion et amour. Non seulement c’est une pâtisserie exquise mais aussi, c’est un excellent traiteur. La prochaine fois que vous êtes dans ce quartier, allez-y !

Aux Merveilleux de Fred (18). Frédéric Vaucamps a 3 pâtisseries à Paris (dont une rue Lepic à Montmartre et une dans le Marais) où ses équipes de pâtissiers préparent ces délicats et délicieux gâteaux meringués recouverts de crème chantilly, appelés "merveilleux" (voir aussi notre petite histoire page 24). Une curiosité très ancienne, à essayer au moins une fois !

Prendre un verre dans un lieu mythique

Est-ce que votre habitude est de prendre un apéritif avant d’aller dîner ? Ou de boire un digestif après le repas ? À Paris, on se pose facilement n’importe où pour boire un kir, un verre de vin, un cocktail ou une liqueur, comme nous le faisons régulièrement, en famille ou avec quelques-uns de nos professeurs et étudiants.

Je voudrais juste attirer votre attention sur un bar unique et d’une beauté incroyable qui raconte une histoire fascinante au sujet de son rôle à la fin de la seconde guerre mondiale :

Le Bar Joséphine (19) dans l’hôtel Lutetia, 45 boulevard Raspail, 6ème arrondissement, que vous pouvez voir dans la photo ci-dessus. Ce bar fait partie du magnifique hôtel Lutétia, 5 étoiles, qui a ouvert ses portes en décembre 1910. L’hôtel attirait les clients fortunés qui faisaient leur shopping en face de celui-ci, dans le grand et chic magasin, Le Bon Marché (qui est toujours là, et toujours chic)...

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel fut réquisitionné par les services des renseignements et de contre-espionnage allemands. À la fin de la guerre, en 1945, cet hôtel de luxe est devenu le principal centre d'accueil des rescapés des camps de concentration.

Joséphine Baker (voir aussi Coin des branchés), comme d’autres artistes célèbres de l’époque, a marqué l’endroit. Le bar est d’une beauté exceptionnelle aux dimensions impressionnantes et le plafond est orné d’une fresque Art déco. N’hésitez pas à y prendre un cocktail, vous ne serez pas déçu de la qualité des boissons.

Céline Van Loan, French Accent No 101, Mars-Mai 2023

Liens internet des restaurants et autres lieux cités

(1)  www.tripadvisor.fr/Restaurant_Review-g187147-d23863546-Reviews-Jamat-Paris_Ile_de_France.html
(2)  https://restaurantguru.com/POJO-Paris
(3)  www.thefork.com/restaurant/le-bergerac-r637983
(4)www.tripadvisor.com/Restaurant_Review-g187147-d4419580-Reviews-Poni-Paris_Ile_de_France.html
(5) www.thefork.com/restaurant/le-piano-perche-r289711
(6) www.chantoiseau-paris.fr
(7) www.thefork.com/restaurant/le-nazir-r513393
(8) www.augustin-bistrot.fr
(9) https://vin-et-maree.restaurant
(10) https://brasserielezeyer.com
(11) www.closeriedeslilas.fr
(12)  https://larotonde-montparnasse.fr/restaurant
(13)  www.publicisdrugstore.com/fr/le-drugstore
(14)  www.alangeaam.fr
(15)  https://calife.com
(16)  www.pain-pain.fr
(17)  www.maison-mulot.com
(18)  https://auxmerveilleux.com
(19)  www.hotellutetia.com/fr/eat-drink/bar-josephine

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Nos autres "bonnes adresses"

Deux clubs de jazz

Aimez-vous le jazz ? Vous avez le choix à Paris mais nous voulons mettre en avant ces deux clubs que nous connaissons bien :

Le Bal Blomet
A chaque passage à Paris, avec mon mari qui est un fan de jazz, nous essayons de réserver une soirée pour aller voir un concert dans ce très beau cabaret historique situé 33 rue Blomet dans le 15ème arrondissement. Le Bal Blomet est le plus ancien club de jazz de Paris, l’intérieur est très charmant avec de petites tables rondes et un bar. Les spectacles musicaux sont de très bonne qualité et les musiciens ne sont pas seulement français, mais aussi américains ou d’autres nationalités. On arrive au club à l’ouverture pour choisir une table et boire un verre avant que le spectacle commence. On y passe toujours une excellente soirée !
www.balblomet.fr

38 Riv
Une authentique vieille cave souterraine comme celle des clubs de jazz traditionnels, 38 rue de Rivoli, dans le 4ème arrondissement (Marais). De très bons groupes viennent y jouer du jazz. Il y a un bar, mais la salle est petite, avec peu de places assises, on a intérêt à réserver, et à venir à l'avance.
www.38riv.com

Magnifiques points de vue sur Paris

On aime regarder Paris d’en bas et d’en haut. Il y a plusieurs points de vue, à part ceux de la tour Eiffel et de l’Arc de Triomphe, qui vous coupent le souffle. Les endroits que nous conseillons sont les suivants :

Beaubourg (Centre Georges Pompidou), place George-Pompidou, 4ème arrondissement.
Ce musée à l’architecture originale avec ses tuyaux, et qui avait causé beaucoup de débats à sa création, a une des plus belles vues sur Paris au 6ème étage. Personnellement, j’adore y aller ! Et j’aime prendre ces escalators qui se trouvent sur la façade extérieure du musée. Vous découvrirez une superbe vue sur Paris. Cette vue panoramique n’est ni trop élevée, ni trop proche. Juste ce qu’il faut pour voir les détails et faire de magnifiques photos. C'est ce que je fais chaque fois que j'y vais, comme peut le voir dans la photo ci-dessus ! L’accès à la vue est gratuit tous les premiers dimanches du mois. Sinon, vous y avez accès avec un billet d’entrée pour aller voir le musée, ou une exposition.

La terrasse des Galeries Lafayette, 40 boulevard Haussmann, 9ème arrondissement.
Le célèbre bâtiment des Galeries Lafayette a profité de sa fermeture pendant la pandémie pour refaire entièrement sa terrasse. Maintenant, la vue est exceptionnelle sur l’Opéra et tout Paris depuis le 7ème étage. La terrasse est immense et vous pouvez y rester le temps que vous voulez dans un des sièges mis à disposition des visiteurs. Vous avez plusieurs points de vue différents pour faire de superbes photos.

Terrass’ Roof top bar, 12 rue Joseph de Maistre, Montmartre.
Une vue sur les toits de Paris et sur la Tour Eiffel dans un roof top bar sans "cover charge", qui dit mieux ? En effet, Il y a plusieurs roof top bars à Paris mais l’entrée est souvent coûteuse. Terrass est un hôtel mais le bar/lounge est ouvert à tout le monde. Vous n’avez pas besoin d’être un client de l’hôtel pour y accéder. Cette terrasse a une excellente situation géographique, la vue est magnifique. Allez-y avant que ce lieu devienne trop connu !
 www.terrass-hotel.com/bar-rooftop

Nos musées préférés 

J’aimerais vous amener vers des musées de tailles petites et moyennes qui sont peut-être moins fréquentés que les très grands musées comme le Louvre et le Musée d’Orsay. Ce sont des musées très accessibles, et pour la plupart, vous n’avez pas toujours besoin de réserver.

Musée Rodin, 77 rue de Varennes, 7ème arrondissement.
Je pense que c’est mon musée préféré, j’ai toujours eu un faible pour le musée Rodin qui détient la plus belle collection de ses œuvres mais aussi quelques-unes de sa maîtresse et talentueuse sculptrice, Camille Claudel. Le musée est une magnifique maison sur 2 étages et entourée d’un superbe jardin où vous pouvez admirer d’autres sculptures, dont le célèbre penseur. Vous pouvez aussi déjeuner dans la petite cafétéria du jardin.
www.musee-rodin.fr

Musée de Montmartre, 12 rue Cortot, Montmartre.
À quelques pas du Sacré-Cœur, ce musée est l’une des bâtisses les plus anciennes de Montmartre. C’était avant tout un lieu de rencontres et il attirait de nombreux artistes comme Renoir, ainsi que Suzanne Valadon, qui y avaient leur atelier.

 Dans le jardin du musée, vous pourrez prendre un verre dans le charmant Café Renoir. Entre le jardin et le bâtiment, c’est une petite oasis de paix ! Le jardin est une bouffée d’air frais à Paris et au bout de celui-ci, vous verrez le seul vignoble de la ville ! Dans la collection permanente, vous découvrirez l’histoire de la Butte de Montmartre, et l’ambiance de ses célèbres cabarets, du French cancan, et bien plus.
https://museedemontmartre.fr

Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 3ème arrondissement.
L’histoire de Paris est fascinante et vous pouvez la découvrir au Musée Carnavalet. Il est situé dans le quartier du Marais, et il occupe 2 hôtels particuliers (du XVe et XVIe siècles). Vous imaginez la beauté de ces bâtiments ! La collection permanente comprend un fonds archéologique gallo-romain et médiéval, des souvenirs de la Révolution française, des peintures, sculptures, du mobilier et des objets d’art. Très éducatif, et l’entrée est gratuite.
www.carnavalet.paris.fr

Musée DE Cluny, 28 Rue du Sommerard, 5ème arrondissement.
J’aime ce musée qui nous transporte dans un univers médiéval où on peut visiter des thermes gallo-romains qui sont les plus importants vestiges de l’Antiquité conservés à Paris. Parmi les objets les plus prisés dans ce musée sont quelques vitraux, armes, reliquaires ou encore des boucliers. Toutefois, la pièce phare de ce musée est la tapisserie de La Dame à la licorne datant du XVe siècle. Vous y trouverez des expositions originales comme celle que j’ai vue qui présentait les croyances sur l’animal imaginaire, l’unicorne, à l'époque médiévale.
www.musee-moyenage.fr

Maison Européenne de la Photographie, 5-7 rue de Fourcy, dans le Marais (4ème arrondissement).
Cet institut est très dynamique dans son choix d’expositions de photos tant avec des œuvres de photographes de renommée internationale qu’avec celles d'artistes émergents. J’aime y faire un tour à chaque fois que je suis à Paris.
www.mep-fr.org/en/homepage

Les galeries d’art de La place des Vosges, dans le Marais (4ème arrondissement).
Il y a plusieurs bonnes raisons d’aller passer quelques heures sur la magnifique place des Vosges. Vous pouvez prendre le temps de visiter toutes les galeries d’art sous les arcades qui bordent la plupart du square en faisant une pause dans un des cafés pour admirer cette ancienne place royale (construite par le Roi Henri IV). Si vous avez déjà lu une œuvre de Victor Hugo, vous devriez également visiter sa maison qui est située dans le square.  C’était toujours un régal d’aller faire un tour dans une des plus belles places de Paris !

Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 1er arrondissement.
Les voyageurs qui vont visiter le Louvre ne savent pas toujours qu’il y a un autre musée attaché aux grands bâtiments principaux qui propose des expositions innovantes et très intéressantes. J’ai déjà vu plusieurs expositions originales et très belles dans ce magnifique lieu, la plupart sont axées sur les grands couturiers, la mode, et la société. Le musée installe ses collections avec originalité, extravagance, et jeux de lumières. Un étage est consacré à une exposition permanente qui conserve l’une des plus importantes collections d’arts décoratifs et de design au monde, que vous pouvez découvrir selon un parcours chronologique et thématique.
https://madparis.fr

Le Palais Garnier (l’Opéra de Paris)
Ce n'est pas un musée mais ce bâtiment a une architecture magnifique. Savez-vous que vous pouvez visiter individuellement ou en groupe le fameux Palais Garnier ? Si vous n’avez pas le temps d’aller voir un superbe spectacle d'opéra ou de danse mais que vous avez envie de découvrir le bâtiment, alors allez-y durant la journée et vous ne serez pas déçu. Vous pourrez admirer le plafond de la salle principale peint par Marc Chagall !
www.operadeparis.fr/visites/palais-garnier

Le shopping à Paris

Pour terminer cet article, je voudrais vous donner quelques adresses pour ceux qui ont envie de se faire une nouvelle garde-robe à Paris ! Bien sûr, tout dépend de votre budget, mais je pars sur le critère de prix moyens.

Si vous préférez les grands espaces qui rassemblent plusieurs couturiers différents comme les Galeries Lafayette, je conseillerais d’aller faire un tour dans son grand concurrent Le Printemps Haussmann qui est situé juste à côté. On a remarqué que l’accueil et le service par les vendeurs et vendeuses du Printemps sont bien plus chaleureux. 

Un autre grand magasin que je recommande est le BHV (Bazar de l'Hôtel de Ville), situé dans le Marais, en face de la place de l’Hôtel de Ville. C’est un des plus anciens magasins, construit en 1856. Il fait maintenant partie du groupe des Galeries Lafayette mais l’accueil nous semble également plus agréable. Il y a un étage avec une très belle section papeterie.    

Personnellement, je trouve que l’expérience de faire du shopping à Paris est plus satisfaisante dans les petites boutiques. En général, j’aime bien aller faire du lèche vitrines dans deux rues principales qui regorgent toutes sortes de petits magasins de vêtements et de chaussures : la rue de Rennes et la rue du Four dans le 6ème arrondissement. Il y a aussi beaucoup de boutiques originales dans le Marais, qui ont la particularité d'être ouvertes le dimanche. Rien de tel que de prendre le temps d'entrer dans ces petites boutiques pour pratiquer son français !

Il y a tellement d’autres merveilles à citer mais je m’arrête là. La ville est comme un énorme coffre rempli de riches trésors. J’espère que ces recommandations vous seront utiles et nous vous souhaitons de pleinement vivre la magie de Paris !

Céline Van Loan, French Accent No 101, Mars-Mai 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

L'accès à la culture est prise très au sérieux en France

Chaque pays a sa propre culture et ses propres moyens d'apprécier et de légitimer les créations culturelles et d'encourager une participation active à toute activité dans ce domaine. En effet, l'héritage culturel de tout pays est le fondement de la société, et la célébration des éléments qui constituent la base culturelle d'un peuple, que ce soit dans le domaine de la littérature, de la musique, du théâtre, de la danse, de l'art, du cinéma, de l'architecture ou même de la gastronomie, est un élément essentiel du tissu social.

Les priorités budgétaires des différents pays peuvent être considérées comme une indication de l'importance de la culture dans chacun d'entre eux. L'approche française consistant à soutenir les réalisations artistiques et à les rendre accessibles à la plus grande majorité possible des citoyens français est exemplaire, surtout si on la compare à celle des pays anglophones. Aux États-Unis, par exemple, où le système politique est basé sur les priorités économiques, le rôle du gouvernement est de favoriser la croissance économique, et les dépenses culturelles sont souvent regardées avec méfiance ou considérées comme un gaspillage d'argent, les dépenses par habitant pour les affaires culturelles sont minuscules par rapport à la France et à d'autres pays européens où le financement public de l'expression culturelle est un rôle important qui ne doit pas être laissé au marché ou à des investissements privés. Le financement des arts en France est une priorité importante et les fonds publics sont utilisés pour soutenir les efforts artistiques et pour subventionner les lieux et événements culturels tels que les concerts, les expositions, les festivals, les films, etc. L'un des ministères les plus importants du cabinet du Premier ministre est celui de la culture. Il convient de noter qu'il n'y a pas de secrétaire à la culture dans le cabinet du président américain et qu'il n'y en a jamais eu. Les alternatives les plus proches sont les deux entités quasi-gouvernementales : Le National Endowment for the Arts et le National Endowment for the Humanities.

Les subventions publiques constituent un élément important du budget de nombreux aspects de la culture française, qu'il s'agisse des théâtres locaux et nationaux, de la production cinématographique, des festivals de musique, des expositions dans les musées et bien d'autres encore. Il y a entre 6 000 et 8 000 festivals organisés en France chaque année et ils constituent également la principale source d'emploi pour de nombreux acteurs et musiciens. Ils sont financés par le ministère de la Culture, les départements et les communes, ainsi que par des entreprises privées. Par exemple, le célèbre festival de théâtre qui se tient chaque été à Avignon est financé à hauteur de 12,6 millions d'euros et le festival de musique Les Francofolies de La Rochelle reçoit 380 000 euros. Chaque année en juin, la Fête de la musique, initiée en 1982 par Jacques Lang, alors ministre de la Culture, transforme Paris et des centaines de villes françaises autour de l'hexagone en de vastes salles de musique à ciel ouvert et totalement gratuites, ou tous les musiciens ou chanteurs peuvent participer librement. Il existe également des dizaines de festivals littéraires dans toute la France tout au long de l'année, le plus important étant le Festival du livre, alias le Salon du livre, qui se tient désormais chaque année dans un bâtiment, le Grand Palais Éphémère, installé sur le Champ de Mars, derrière la Tour Eiffel. Cette année, l'événement a attiré 100 000 amateurs de livres, dont la moitié étaient des jeunes de moins de 25 ans, pour lesquels l'accès était entièrement gratuit. Beaucoup sont venus y acheter des livres grâce à leur Pass Culture (voir ci-dessous).

En 2021, le gouvernement a également lancé et en grande partie financé une importante proposition intitulée "La lecture, grande cause nationale" pour encourager l'utilisation des bibliothèques en France dans leur mission de développement des compétences en lecture et de la capacité à utiliser les nouvelles technologies. Plus de 500 projets ont été subventionnés à hauteur de 60 millions d'euros et plus de 1 400 bibliothèques ont pu améliorer leurs fonds et étendre leurs horaires d'ouverture. La France a également adopté une législation qui permet aux maisons d'édition de fixer un prix unique pour leurs livres, éliminant ainsi la concurrence déloyale et des baisses de prix souvent désastreuses pour les petites maisons d'édition. La plupart des pays européens ont adopté une protection législative similaire dans le monde de l'édition. Il n'existe aucune loi de ce genre aux États-Unis.

L'une des initiatives les plus géniales pour promouvoir la culture en France a été l'introduction du "Pass Culture". Lancé en 2021 par le ministère de la Culture, il permet aux jeunes de 15 à 20 ans de télécharger, selon leur âge, un montant compris entre 20 et 300 euros sur une application de leur smartphone. Ce montant peut être utilisé pour acheter un livre, un disque, une place de concert ou de cinéma, ou encore pour payer des cours de théâtre ou de musique. Plus de 72 % des jeunes en France ont profité de ce moyen unique de les encourager à s'impliquer activement dans la culture.

Il est certes toujours difficile de déterminer quelle approche est la meilleure et quel pays est le plus "culturel". Mais la France possède sans doute l'un des patrimoines culturels les plus riches et les plus accessibles au monde. Ses citoyens, et les millions de touristes étrangers qui sont attirés chaque année dans le pays par ce même patrimoine, peuvent profiter de cette formidable richesse culturelle à des prix très abordables grâce à la participation active et permanente du gouvernement.

Roger Stevenson, French Accent No 102, Juin-Août 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Un palais construit par Louis XIV pour y cacher un amour secret

Ah s'il n'était pas le roi ! Il paraît que c'est cette déclaration qui a convaincu le jeune Louis XIV que Louise de La Vallière, son premier grand amour, l'aimait pour ce qu'il était, et pas parce qu'il était roi, contrairement à toutes les autres femmes qui tournaient autour de lui. Ce que Louise de La Vallière ne savait pas, c'est que leur rencontre avait été orchestrée par la famille du roi pour éviter un inceste... Et Louis XIV ignorait qu'il tomberait follement amoureux d'elle.

Cette histoire d'amour aurait pu être insignifiante, et elle a été oubliée par beaucoup de biographes, si elle n'avait pas été à l'origine de la création du Château de Versailles comme palais royal.

Les touristes qui visitent Versailles, comme beaucoup de nos lecteurs l'ont probablement fait, sont généralement impressionnés par le luxe, la splendeur, l'immensité du site. Et ils ont entendu parler des relations du roi Louis XIV, et des rois qui ont suivi, avec leurs épouses officielles, et leurs très nombreuses maîtresses. Mais ils n'ont certainement pas été informés de la liaison intense et romantique qui a uni, pendant très longtemps, Louis XIV avec une jeune fille amoureuse...

Une rencontre "organisée"

Tout a commencé au printemps 1661. Louis XIV, alors âgé de 23 ans, n'avait pas pu éviter un mariage imposé avec Marie-Thérèse d'Espagne, et il venait de rompre avec la belle italienne Marie Mancini, pour laquelle il avait eu le béguin un peu avant d'avoir 20 ans. Mais lorsqu'il s'est retrouvé face à face avec la très jolie Henriette d'Angleterre, âgée de 17 ans, que son frère cadet Philippe d'Orléans venait d'épouser, il a été ébloui, et a commencé à organiser au Louvre des fêtes en son honneur.

Personne ne sait réellement s'ils ont été amants, mais il est certain que Louis XIV avait une vive attirance pour sa belle-sœur. La mère de Louis XIV, Anne d'Autriche, ainsi que sa femme Marie-Thérèse, l'ont très vite compris, et ont cherché le moyen de stopper ces élans amoureux, considérés incestueux par l'église.

On pourrait penser que la relation entre le roi et la femme de son frère est très choquante, mais Philippe d'Orléans était homosexuel, et très rapidement, s'est fait connaître pour son libertinage...

Cela étant, il était intolérable que le roi de France ait une relation ouverte avec sa belle-sœur. Anne d'Autriche en a d'abord parlé à Philippe qui, furieux et jaloux, a menacé de quitter la cour avec Henriette. Puis elle a eu l'idée de faire croire que Louis XIV était amoureux d'une autre femme et elle a choisi Louise de La Vallière, une dame d'honneur d'Henriette, qui semblait être éprise du roi. La jeune fille timide, simple et gentille, n'était ni ambitieuse ni arrogante, et, en plus, elle boitait un peu. Donc cette fausse relation sentimentale devrait faire taire les rumeurs de la liaison entre le roi et sa belle-sœur. Mais ce qu'Anne et Henriette n'avaient pas prévu, c'est que, dès leur première rencontre "organisée", Louis XIV allait se laisser séduire par cette jeune fille de 17 ans, ses longs cheveux dorés et ses yeux candides, et s'attacher profondément à elle.

Versailles, le refuge des amoureux

Les deux amants pouvaient en principe vivre tranquillement leur idylle, car il a toujours été accepté que les rois de France aient des maîtresses. Mais la reine mère Anne d'Autriche n'appréciait pas du tout les mœurs de son fils. Quant à Louis, il trouvait que le Louvre, qui était la résidence royale à l'époque, était un bâtiment trop vieux, mal disposé, et peu propice à vivre discrètement sa vie privée.

Louis XIV a donc commencé à aller régulièrement se réfugier avec Louise dans le pavillon de chasse que son père, Louis XIII, avait fait construire près du village de Versailles, sur un vaste marécage. Puis il a décidé d'en faire la résidence royale principale. Pour cela, il fallait le transformer entièrement, et en faire un véritable château, l'ancien bâtiment était beaucoup trop rustique, et ne s'accordait pas à la beauté de celle qui deviendra sa première favorite "officielle".

Louise était une cavalière experte. Au début de leurs amours, pour se cacher des membres de la cour, le roi l'emmenait dans des parties de chasse dans la forêt en attendant que le nouveau palais soit prêt. Chaque fois, en plein milieu de la chasse, les deux cavaliers abandonnaient les autres chasseurs, et se retrouvaient dans une des petites clairières des bois. La forêt était alors très sauvage. Les arbres étaient si hauts qu’il y fait sombre même en pleine journée. Ils étaient enfin seuls, et libres de s'aimer.

Les travaux du nouveau château de Versailles ont débuté en 1661. Très vite, Louise a été logée dans le palais. Cinq ans plus tard, en souvenir de leurs escapades dans les bois, le roi a fait bâtir pour elle la grotte de Téthys où ils pouvaient de nouveau être seuls tous les deux. Cette grotte a été détruite en 1684 au moment où la partie nord du palais était construite. Les sculptures commandées par Louis XIV qui étaient à l'intérieur ont été installées beaucoup plus tard, en 1778, dans une partie du jardin, le "Bosquet des Bains d'Apollon", le dieu Apollon étant une représentation de Louis XIV lui-même...

Il est intéressant de noter que les historiens de Versailles ne mentionnent que de manière anecdotique cette passion du roi pour Louise. Ils prétendent que le roi a voulu créer Versailles parce qu'il avait eu peur de la "Fronde" (1650 à 1653), un mouvement de rébellion contre l'autorité monarchique, et craignait que la population de Paris se soulève contre lui. Il est bien connu que le peuple français n'est pas tendre avec ses rois, ni avec ses présidents !... Cette méfiance de Louis est sûrement vraie, mais à 20 ans il était plus intéressé par les femmes que par les injustices sociales. Et il avait plus peur de sa mère que des frondeurs. Construire son château était devenu son rêve.

Le poids du remords

Curieusement, Louis XIV, qui a eu dans sa vie plus de 30 maîtresses, est resté attaché à elle. Et elle-même lui a toujours été fidèle. Elle a eu 5 enfants, dont seuls les 2 derniers ont survécu et ont été légitimés par le roi, qui les a reconnus sans hésiter.

Mais Louise, qui était une femme très douce est pieuse, a été de plus en plus torturée par le remords et la honte de tromper ainsi la reine Marie-Thérèse, pour qui elle avait beaucoup de sympathie, et qu'elle respectait. Elle avait même assisté au premier accouchement de la reine.

Elle a alors voulu disparaître de la vie de Louis XIV. Elle savait que le meilleur moyen était qu'il tombe amoureux d'une autre femme. En 1667, elle a souvent invité la marquise de Montespan, qui plaisait au roi. Bientôt, le monarque, subjugué par sa beauté et son esprit, s'est éloigné de Louise, qui s’est effacée petit à petit devant sa rivale…

La jeune femme a alors décidé de se retirer de la cour pour vivre dans un couvent. Jusqu’au dernier jour, le roi a tenté de la faire renoncer à cette décision. Avant son départ, en 1674, elle a présenté des excuses publiques à la reine Marie-Thérèse, ce qui l'avait émue. Elle a quitté Versailles en 1674. Elle est morte en 1710.

On a dit d'elle qu'elle avait été le plus grand amour de Louis XIV, le Roi- Soleil, à qui elle n'a jamais demandé de faveur. Selon Sainte-Beuve, célèbre écrivain, elle symbolise "l'amante parfaite, celle qui aime pour aimer, sans orgueil ni caprice, sans ambition ni vanité".

Annick Stevenson, French Accent No 102, Juin-Août 2023

Retour
haut de page

La folie des grandeurs

Le jeune Louis XIV avait voulu un château pour s'y cacher avec la femme qu'il aimait, dans la plus grande discrétion. Il a complètement raté son objectif. Il a évidemment dû se soumettre à la lourde pression familiale et sociale. Mais il a aussi été saisi par ce qu'il faut bien appeler la folie des grandeurs. Au fur et à mesure de l'avancée du chantier, qui est devenu pharaonique, employant jusqu'à 36.000 ouvriers, les membres de la famille royale et de la cour ont commencé à s'y installer.

En 1682, quand le palais était enfin terminé, Versailles était le siège de la cour et du gouvernement. C'est-à-dire que 3000 personnes, dont 1300 membres du personnel de service, y résidaient déjà.

Louise était partie depuis 8 ans, Louis XIV avait alors 44 ans et avait déjà eu plusieurs maîtresses et sa favorite était Madame de Maintenon. Un an plus tard, la reine Marie-Thérèse est morte. À la fin du règne du Roi-Soleil, le château hébergeait près de 7000 personnes, dont 4000 dans l'enceinte principale du château. Un total de 2300 pièces, réparties dans 20 logements princiers, 189 réservés aux courtisans, et de nombreux autres espaces, cuisines, etc.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Comment avoir un peu d'intimité ?

Tous ceux qui ont visité Versailles ou qui connaissent un peu l'histoire des rois et des reines de France savent qu'ils passaient leurs journées, et leurs nuits, entourés de courtisans et domestiques. Ils étaient constamment observés, et assistés, dans tous leurs gestes. Dans ces conditions, comment avoir un peu d'intimité ? Comment Louis XIV, qui tenait tant à garder une partie de sa vie privée secrète, parvenait-il à rencontrer discrètement ses maîtresses ?

En réalité, les rois et reines avaient leurs chambres "publiques", où se faisait tout le cérémonial du coucher et du lever. Mais ils avaient aussi leurs chambres "officieuses". Les accès à ces espaces privés étaient secrets. Alain Baraton (voir ci-dessous) a consacré à cet aspect tout un chapitre d'un livre sur l'amour à Versailles :

"Il y a deux Versailles, celui des fastes, des lumières, de la galerie des Glaces et des salons d’apparat, et puis un autre, intime, si labyrinthique que personne ne le connaît vraiment... J’ai la chance d’avoir accès aux clefs du château. Ce sont de lourdes clefs, grandes, longues qui semblent très anciennes même si elles ne sont pas d’époque. Elles ouvrent un Versailles secret, inconnu, pour sa majeure partie, du grand public, le Versailles des petits appartements, des cabinets secrets et autres antichambres. C'est ce qui rend les plans du château si difficile à dessiner, et si difficile à lire : toutes les salles sont doublées de minuscules piécettes... Certains de ces endroits avaient une destination précise... d’autres semblent posés là, sans autre mission que d’offrir un recoin à l’abri des regards, pour y être enfin seul, ou seuls." C'était déjà le cas sous Louis XIV, mais c'était exactement la même chose sous Louis XV et Louis XVI, avec encore plus d'espaces privés.

Alain Baraton donne un exemple : "Prenez la chambre de la Reine, tout en dorures, en pompons et en tissus précieux : dans cette pièce, toutes les reines, de Marie-Thérèse à Marie-Antoinette, se sont livrées aux activités officielles. C'est là qu’elles ont accouché (dix-neuf enfants y sont nés), qu’elles ont accordé audience, le matin après la toilette ou qu’elles ont été habillées, lors du petit-lever. Les murs y sont hauts, les décorations en sont un peu pesantes." Fort heureusement, précise Alain Baraton, "pas une reine de France n’a passé la nuit dans ces lieux." Il ajoute qu'aucun "visiteur ne remarque la petite porte dissimulée à la gauche du lit. Recouverte des mêmes tentures que les murs, elle est presque imperceptible (voir photo ci-dessous). Mais si l’on pousse cette petite porte, on pénètre dans une série de pièces miniatures où là, enfin, apparaît l’intimité de la reine".

C'est la même chose dans la Galerie des glaces. Les visiteurs du palais ne le voient pas, mais à chaque extrémité de la galerie, "une petite porte, discrète" s'ouvre sur "cent alcôves obscures", qui sont toutes des lieux de rendez-vous des amoureux.

Alain Baraton note enfin que d'autres endroits discret où les rois pouvaient passer un moment intime avec leurs maîtresses étaient les bosquets du parc. Mais, après que les jardins ont été recréés par André Le Nôtre, les bois entourant le château étaient moins sauvages et sombres que lorsque le jeune Louis XIV et Louise de La Vallière s'y retrouvaient, au début de leur amour...

Alain Baraton, le jardinier-écrivain

Alain Baraton aime se faire appeler "le jardinier de Versailles". Mais il est beaucoup plus que cela. Âgé aujourd'hui de 56 ans, il avait 24 ans quand il est devenu jardinier en chef du parc du château de Versailles. Il l'est toujours, avec 50 jardiniers qui travaillent pour lui. En 1999, il a interdit l'utilisation de pesticides dans les jardins, et il veille toujours à la beauté et à la santé des arbres et des fleurs.

Mais en parallèle de cette activité, il est aussi écrivain et a déjà publié plus de 20 livres, dont L'amour à Versailles.
 
Alain Baraton est très connu du public français car il anime plusieurs émissions de radio très populaires, sur le thème du jardin. Et aussi sur le château de Versailles, dont il connaît très bien tous les secrets...

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le Petit Prince : 80 ans et toujours une formidable source d'inspiration

Le livre français le plus connu au monde a déjà 80 ans ! Un livre vendu à plus de 200 millions d'exemplaires et traduit en 535 langues et dialectes.

Ce qui est moins connu est que Le Petit Prince a d'abord été publié en 1943 en version anglaise, à New York. Résistant contre l'occupation allemande, Antoine de Saint-Exupéry, voulant convaincre les Etats-Unis d'entrer dans la guerre, s'était installé à Long Island avec Consuelo, sa femme. La traductrice de cette première édition était Katherine Woods. La version française originale a été publiée, toujours à New York, quelques jours plus tard, par le même éditeur, Reynal & Hitchcock. Saint-Ex (comme les Français l'appellent souvent) a écrit ce livre parce que cet éditeur lui avait demandé de rédiger un conte pour enfants avant les fêtes de Noël 1942. L'auteur a accepté, puis décidé de l'illustrer lui-même à l'aquarelle, ce qui a un peu retardé la publication.

Mais comme tout le monde le sait, Le Petit Prince est beaucoup plus qu'un conte pour enfants ! C'est en réalité un véritable guide philosophique et moral, qui aborde tous les thèmes de la vie : le voyage, la solitude, l'espace, le temps, le danger et la destruction, la fragilité de toute chose, la frivolité et la vanité de certains humains, le regard d'un enfant sur le monde, l'amour et l'amitié, le bonheur et la tristesse de la séparation, la mort, etc.

C'est pourquoi ce conte poétique, magnifiquement illustré, est essentiellement lu par des adultes, et passionne depuis 80 ans des gens de tous pays et de tous milieux sociaux. Nous encourageons tous les étudiants de français à le lire ou le relire, non seulement pour le plaisir d'apprécier un beau texte écrit en français accessible, mais aussi, et surtout, parce qu'il est encore aujourd'hui une formidable source d'inspiration pour tous, dans notre vie de tous les jours.

Entre art et amours

Qui aurait pu penser qu'un an à peine après la publication du Petit Prince, 3 mois avant la fin de la Deuxième guerre mondiale, Saint-Exupéry allait périr en mer lors d'une mission préparatoire du débarquement allié ? Sa personnalité et sa vie sont tellement exceptionnelles qu'il est impossible de les résumer en quelques mots.

C'est pourquoi nous avons choisi de ne donner dans cet article que quelques détails que nous trouvons particulièrement captivants sur lui et sa vie.

Écrivain ou dessinateur ? Aviateur ou poète ?

Il était tout cela à la fois. Saint-Exupéry, né en 1900, a publié son premier livre, Aviateur, en 1926, la même année qu'il a commencé à travailler comme pilote pour l'Aéropostale (premier service national de poste par avion). Il a ensuite publié Courrier Sud et Vol de nuit, un livre qui lui a valu une grande célébrité d'écrivain littéraire majeur, juste avant de commencer à voler pour l'armée française, et à travailler comme journaliste en parallèle. Mais en même temps, il était dessinateur. Depuis sa petite enfance, il illustrait toujours de dessins ses cahiers d'écolier, ses notes d'étudiant, et toutes les lettres qu'il envoyait à sa mère et à ses sœurs, et aussi tous les manuscrits de ses livres. Nous avons pu en voir plusieurs dans une exposition à Paris en juin 2022. Ces dessins étaient souvent des caricatures et démontraient son sens de l'humour ! Tout cela démontre le très grand intérêt de l'écrivain pour le dessin (ce qui est très rare en littérature), qui était pour lui un moyen d'expression peut-être encore plus important, et symbolique, que les mots.

En préparant Le Petit Prince, il a dessiné une multitude d'ébauches de ce petit garçon, encore plus magnifiques que celles illustrant le livre, qui ont également été exposées l'année dernière à Paris. On peut voir par exemple le petit prince au sommet de plusieurs montagnes vertigineuses et fantastiques.

Consuelo : la rose du petit prince ?

La rose est un élément très important pour le petit prince. Àcause d'elle il hésite à quitter sa planète, il a peur pour elle mais en même temps il dit qu'elle a des épines, et sait qu'elle peut piquer... Pour la majorité des commentateurs, il n'y a aucun doute : la rose du livre, c'est bien Consuelo, la femme de St-Exupéry, d'origine salvadorienne.

Tout comme la fleur du livre, elle est asthmatique, élégante, jalouse, fantasque, égocentrique, impossible à vivre, mais adorée... Dans une lettre adressée à Consuelo, Antoine de Saint-Exupéry a même écrit : "Tu sais que la rose c'est toi".   

Et pourtant, les relations du couple n'ont pas été faciles : séparés en 1938 après une liaison amoureuse de Saint-Ex avec la comtesse Nelly de Voguë, ils ont recommencé à vivre ensemble à New York en 1941. Mais Consuelo est alors devenue la maîtresse du philosophe Denis de Rougemont, qui travaillait aussi à New York comme professeur et journaliste. Cela n'a pas empêché Antoine de le considérer comme un ami très proche... Denis a même posé pour plusieurs caricatures dans le Petit Prince. Une preuve que Saint-Ex n'était pas trop jaloux...

Annick Stevenson, French Accent No 103, Septembre-Novembre 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Des citations du Petit Prince qui donnent à réfléchir

Nos lecteurs connaissent certainement les phrases les plus célèbres du livre, par exemple :

─ On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
─ On ne connaît que les choses que l'on apprivoise.
─ Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. 

Mais il y a beaucoup d'autres citations du livre qui donnent à réfléchir, qui rappellent des évidences auxquelles on ne pense pas toujours. Que vous inspirent par exemple les citations ci-dessous ?
 
─ Les étoiles sont éclairées afin quechacun puisseun jour retrouver la sienne.
─ Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d'autres elles ne sont rien que de petites lumières.
─ J'aime la nuit écouter les étoiles. C'est comme cinq cent millions de grelots.

Est-ce que vous avez déjà visité un désert ? Voici ce que Saint-Exupéry en pense :
─ J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonneen silence...

Le petit prince fait souvent des comparaisons entre les enfants et les adultes. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce qu'il dit ?
─ Toutes les grandes personnesont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent).
─ Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel.
─ Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent.
─ Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes.

Certaines rencontres que fait le petit prince sont de véritables guides de la manière de mener sa vie, comme celle avec le marchand de pilules qui apaisent la soif :

─ Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.
─ C'est une grosse économiede temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne53 minutes par semaine.
─ Et que fait-on de ces 53 minutes ?
─  On en fait ce que l'on veut.
    Moi, se dit le petit prince, si j'avais 53 minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine...
D'autres citations sont tout à fait d'actualité, et des modèles à suivre, comme celle-ci, sur l'état de la planète :
─ Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète.
Le petit prince fait parfois des remarques négatives. Par exemple :

─ On n'est jamais content là où on est.
Est-ce que vous êtes d'accord ? Pensez-vous que beaucoup de gens ne savent pas apprécier la chance qu'ils ont d'avoir un logement, une famille, un travail, ou de vivre dans un pays pacifique... ?

─ Le langage est source de malentendus.
Est-ce que cela vous est déjà arrivé, par exemple quand vous avez cru donner une bonne explication en français, et que l'autre personne ne vous a pas bien compris ?

Annick Stevenson, French Accent No 103, Septembre-Novembre 2023

Retour
haut de page

Le livre préféré de grands artistes

Un très grand nombre d'écrivains ou littéraires se sont passionnés pour Le Petit Prince. Mais ils ne sont pas les seuls, les artistes aussi, dont des acteurs très célèbres.

James Dean

Un jour, James Dean a reçu un cadeau de son mentor et amant, Rogers Brackett : un exemplaire du Petit Prince. Aussitôt, l'acteur a adoré ce petit orphelin venu d'une autre planète, et il s'est identifié à lui jusqu'à la fin de sa courte vie. Il avait même envisagé de créer sa propre maison de production et d'adapter le Petit Prince au cinéma...

Sur sa tombe à Fairmount, Indiana, est gravée la citation "L'essentiel est invisible pour les yeux".

Orson Welles

Bouleversé après la lecture du Petit Prince en 1943, Orson Welles a été le premier cinéaste à vouloir faire un film sur le livre. Il a immédiatement, en plein milieu de la nuit, téléphoné à son associé Jackson Leighter pour lui lire la totalité du livre. Puis il a préparé un scénario très sérieux et proche du texte original, et il s'est mis en contact avec les studios Disney, qui ont refusé le projet...

Retour
haut de page

De multiples adaptations du Petit Prince

Il est rare qu'un livre ait été adapté de manière aussi vaste et diverse : 8 films, 3 séries télévisées d'animation, plus de 10 opéras, comédies musicales et chansons, un parc à thème, deux jeux vidéo, de nombreuses expositions, de multiples produits dérivés, trois bandes dessinées, etc.

L'adaptation en bande dessinée (BD) que nous trouvons la plus réussie est celle de l'écrivain et dessinateur Joann Sfar. Le graphisme est magnifique, avec des images fantastiques, parfois surréalistes. Le texte est légèrement adapté, plus moderne mais fidèle au livre original, tout aussi poétique, émouvant et mélancolique.

Quand les descendants de Saint-Exupéry ont demandé à Joann Sfar de faire cette BD, il avait longuement hésité avant d'accepter. Après avoir vu le résultat, 2 ans plus tard, les héritiers d'Antoine l'ont adorée. Et ils ont dit que s'il était encore là, l'auteur du Petit Prince l'aurait sûrement, lui aussi, beaucoup aimée.

Depuis, cette BD, qui a connu un grand succès auprès des enfants comme des adultes, a été traduite en plus de 25 langues.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Van Gogh au Musée d'Orsay

Vincent Van Gogh au Musée d’Orsay : l’incroyable audace des ultimes œuvres du peintre

Le Musée d’Orsay, à Paris, expose les derniers tableaux et dessins de l’artiste, qui révèlent une nouvelle manière de peindre.

L’exposition que le Musée d’Orsay, à Paris, consacre aux derniers mois que Vincent Van Gogh passa à Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise) est exceptionnelle et on ne reverra jamais un tel ensemble. Sur les 74 tableaux et plus de 50 dessins réalisés par Van Gogh durant les deux mois qui précédèrent son suicide, le 29 juillet 1890, le musée en réunit une quarantaine de toiles et une vingtaine de dessins, que les organisateurs, Nienke Bakker, conservatrice du Musée Van Gogh d’Amsterdam, et Emmanuel Coquery du Musée d'Orsay, ont réussi à emprunter. Seule l’association des deux musées a rendu cette exposition possible. « A nous deux, nous avions déjà une quinzaine d’œuvres emblématiques », explique Emmanuel Coquery. Les autres sont venues des Etats-Unis, de Suisse, ou des pays scandinaves.

Lorsqu’il arrive le 20 mai 1890 à Auvers-sur-Oise, Vincent Van Gogh a 37 ans. Il vient de passer un an à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, en Provence. Malgré une tentative de suicide – il a essayé de s’empoisonner en mangeant de la peinture –, le médecin responsable de l’institution l’a déclaré guéri. L’artiste désire retrouver le Nord, revoir Paris. Pourtant, il se sait fragile. Son frère Théo en est conscient lui aussi. Plutôt que de s’établir dans la capitale, et sur les conseils de Camille Pissarro, il choisit cette petite ville de l'Oise à 1h de Paris en train. Nombreux sont les autres artistes à y avoir séjourné avant Van Gogh. Pissarro, Camille Corot, Paul Cézanne…. Cet endroit séduit Van Gogh, il le trouve« gravement beau » et ressent « beaucoup de bien-être dans l’air ».

Pour se loger, il s’installe à l’Auberge Ravoux, qui existe toujours. Le propriétaire, Arthur Ravoux, fait bon accueil aux artistes de passage. Il a une fille, alors âgée de 12 ans, Adeline, que Van Gogh peint à trois reprises. Il réalise aussi quelques natures mortes. Toutefois, l’essentiel de son effort porte sur les paysages. Ils sont, à Auvers-sur-Oise, d’une surprenante variété.
A la diversité des paysages s’ajoute une grande liberté dans les manières de travailler. Sa touche est désormais subtilement différente, plus graphique. Il faut aussi s’attarder sur ses dessins, qui sont extraordinaires d’inventivité. Il privilégie l’encre au calame (technique antique où l’on utilise un roseau taillé en pointe), mais l'associe à d’autres procédés comme la craie, l’aquarelle, parfois l’huile, en privilégiant des papiers teintés.

Ces œuvres sont incroyables d’audace, et les tourbillons qui font l’étrangeté de sa touche picturale y prennent tout leur sens graphique et dynamique. L’exposition montre aussi que Van Gogh n’a jamais renié ses premières amours, les petites gens. A Auvers-sur-Oise, il dessine les maisons troglodytiques qui abritent les habitants les plus pauvres, ou encore d’étranges chaumières dont le toit descend presque jusqu’au sol. Et les paysans, occupés à la moisson.

Il est difficile d’imaginer que tous ces tableaux ont été peints en moins de deux mois, tant le style et la touche varient de l’un à l’autre, comme si Van Gogh, redevenu jeune homme, se cherchait encore. C’est l’hypothèse développée dans l’exposition et le catalogue par les commissaires : Van Gogh aurait été, à Auvers-sur-Oise, au seuil d’une nouvelle peinture. Van Gogh écrit à son frère avoir voulu y exprimer « de la tristesse, de la solitude extrême »,mais aussi « ce qu’il voit de sain et de fortifiant dans la campagne ».Il disait « voir la possibilité d’une nouvelle peinture ».

Racines d’arbres, son dernier tableau, semble anticiper une bonne partie de l’art moderne du XXe siècle. Mais il n’était plus là pour le constater :« Ma vie est attaquée à la racine même »,écrit-il à son frère deux semaines avant de peindre cette toile. Il pose alors ses pinceaux et prend un revolver. Lui qui estimait être un peintre raté se révèle surtout piètre tireur : veillé par son frère accouru de Paris, il agonise pendant deux jours. « Il faut que tout le monde sache qu’il était un grand artiste ! », déclara alors son frère. C’est fait.

« Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois ». Musée d’Orsay, jusqu’au 4 février 2024.

Extraits adaptés du journal Le Monde du 10 octobre 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

Réouverture de Maxim's

Le restaurant Maxim’s, comme à la grande époque

Cette table mythique parisienne, fermé depuis 2010, a rouvert en novembre, sous la direction de Laurent de Gourcuff, fondateur de Paris Society, filiale du Groupe Accor. De la décoration à la cuisine, l’homme d’affaires a conservé le cachet de l’établissement et entend renouer avec le faste des folles années.

Il a été chanté par Serge Reggiani, mis en scène par Georges Feydeau, a servi de plateau de cinéma à Jean Seberg et Audrey Hepburn, a accueilli Marcel Proust, la Callas attablée avec Onassis et la baronne de Rothschild, John Travolta esquissant quelques pas de danse ou encore Brigitte Bardot en robe rayée entrant pieds nus au restaurant… les figures les plus glamour du XXe siècle ont marqué de leur passage l'histoire de cet établissement mythique, créé en 1893 par Maxime Gaillard, un garçon de café à l’intuition visionnaire. Cent trente ans plus tard, Maxim’s s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.

En juillet 2023, c’est au fondateur de cet empire, Laurent de Gourcuff, que Rodrigo Basilicati-Cardin, héritier et petit-neveu de Pierre Cardin, a choisi de confier les clés du 3, rue Royale, dans le 8e arrondissement, dans le cadre d’un contrat d’exploitation de cinq ans qui a attisé les convoitises. « Rendez-vous du Tout-Paris depuis la Belle Epoque, maison emblématique de Pierre Cardin, Maxim’s est probablement la marque de restauration la plus prestigieuse au monde, déclare Laurent de Gourcuff. Depuis l’annonce de la réouverture, les palaces nous appellent toute la journée pour réserver des tables à leurs clients. »

Au fil des ans, l’établissement avait perdu de sa superbe, n’employant, avant la reprise, plus qu’une dizaine de salariés. Aujourd'hui, près de 80 personnes ont été recrutées. A quelques jours de la réouverture, le restaurant est en ébullition. Tandis que Laurent de Gourcuff se plie au jeu des photos et des interviews avec l’aisance d’un acteur de superproduction, chefs de rang en veste spencer blanche, cuisiniers, chargés de communication et assistants en tout genre semblent se prêter à une grande répétition.

Autour de ce personnel, dont la moyenne d’âge n’excède pas la trentaine – à l’exception du premier maître d’hôtel, Giovanni Scaglioso, 38 ans de maison et gardien de la tradition –, se déploie un décor d’exception. Réalisé en 1899, un an avant l’Exposition universelle, il a été commandé aux plus grands artistes de l’époque qui ont donné la pleine mesure de leur talent dans le plus pur style de l’Art nouveau. Classé à l’Inventaire des monuments historiques en 1979, ce cadre a été extrêmement bien conservé, notamment par Pierre Cardin, l’un des plus grands collectionneurs de ce style.

A la carte du restaurant, les grands classiques de Maxim’s sont remis à l’honneur : sole Albert sur lit d’épinards, salade de homard à l’américaine, vol-au-vent au ris de veau… Et les précieuses voitures de service en argent massif serviront à nouveau à découper le bar entier et le poulet rôti façon Henri IV devant le client, l’ensemble orchestré par des chefs de rang en nœud papillon.

Yann Couvreur signe la carte des desserts. Pomme rôtie au caramel et sabayon de calvados, œuf à la neige, mousse au chocolat et parfait glacé… Comme par le passé, les clients pourront déguster ces mets fins dans une lumière cuivrée savamment étudiée par un light designer, au son jazz swing d’une musique live.

Au premier étage, l’ambiance sera au piano-bar, agrémenté d’une belle carte de cocktails. En fin de semaine, on annonce un DJ set électro et ambiance plus disco Maxim’s renouera avec sa vocation première : faire oublier les problèmes du dehors à une clientèle sélecte, habilement triée à l’entrée.

Extraits adaptés du journal Le Monde du 12 novembre 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

La baguette française

La baguette française, cette “œuvre d'art” qui vaut tous les combats

Quand la France se dispute au sujet de la quantité de sel permise dans une baguette, ça se comprend tout à fait, s’exclame cette chroniqueuse britannique, qui partage son grand amour pour le pain français.

Psychodrame à Paris. Sous la pression du ministère de la Santé, la teneur en sel de la baguette a été ramenée à 1,4 gramme pour 100 grammes de pain, contre 1,5 gramme précédemment. La baguette du petit déjeuner représenterait en effet 18 % de la consommation moyenne de sel des Français, soit 7,7 grammes, bien loin des 5 grammes recommandés par l’OMS, et il fallait donc faire quelque chose. Zut alors ! Inutile de dire que cette décision n’a pas fait que des heureux. Les boulangers, qui ont déjà réduit les quantités de sel dans leur baguette (de 20 % depuis 2015) craignent pour le goût du pain, et les consommateurs sont également inquiets. Le mot “insipide” a même été lâché.

J’adore ! Les agacements des Français à propos de la nourriture sont tellement plus chics que les nôtres. Et encore plus aujourd’hui. Au pays de Chanel et de l’anchoïade, les gens redoutent l’affadissement de ce symbole national. De notre côté de la Manche, nous essayons de nous convaincre que les plats préparés ne sont pas si mauvais que ça pour la santé (d’ailleurs, la consommation de sel moyenne des Britanniques est de 8,1 grammes).

Je ne peux m’empêcher de repenser à 2020, quand la marque Bernard Matthews avait annoncé qu’il relançait son produit phare, le Turkey Twizzler [une saucisse industrielle en forme de spirale], une décision célébrée en grande pompe avec l’inauguration d’une statue géante de cette saucisse devant ses locaux. Auguste Rodin, Camille Claudel et Niki de Saint Phalle pouvaient aller se rhabiller (le Turkey Twizzler a de nouveau disparu, mais à l’occasion d’Halloween vous pouvez vous risquer à goûter les nuggets de dinde en forme de fantôme de la même marque).

Sa croûte divinement croustillante

Néanmoins, je comprends très bien que les Parisiens soient inquiets. Les baguettes sont des œuvres d’art et doivent être protégées ; contrairement aux scandaleux ersatz vendus dans les supermarchés britanniques à la croûte de la couleur des cornflakes et qui sont affreusement molles à l’intérieur. La baguette française a une saveur à la fois douce et salée, grâce au blé européen (à faible teneur en protéines) réduit en farine (qui absorbe également moins d’eau, ce qui fait que le pain est plus sec et lève moins).

Sa croûte divinement croustillante et sa mie aérée sont un délice, et grâce au sublime contraste de ces deux textures, la baguette se déguste sans rien, pas même un couteau. J’avoue que je mets souvent du beurre sur la mienne. Quand j’étais enfant, je me disais que la meilleure chose une fois adulte serait de me coucher à n’importe quelle heure. Mais finalement, mon plus grand plaisir, c’est de couper les deux bouts de la baguette, de les beurrer et de les manger, sans que personne ne me fasse de réflexion.

Le seul pain qui vaille pour une fondue

À la fois encombrante et facilement transportable, la baguette qui ressort du sac négligemment posé sur votre épaule est d’un chic absolu. À chaque fois, je me sens comme une vraie Parisienne. Certains se plaignent qu’elle ne dure pas, et c’est sans doute vrai. Mais coupée en tranches fines et grillée, la baguette est toujours aussi délicieuse, et c’est idéal pour les canapés de type crostini. Une fois de plus, tout est une question de texture. Il faut agrémenter chaque tranche croquante d’une garniture moelleuse : des foies de volaille sautés ou des petits pois écrasés avec du parmesan et de l’ail selon la recette de Nigella Lawson.

Comme nous ne sommes que deux, une baguette – qui coûte une fortune à Londres – nous dure tout le week-end. C’est d’ailleurs le seul pain qui vaille pour une fondue, à mon humble avis.

Inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité depuis 2022, la baguette est relativement récente puisqu’elle est arrivée à Paris sous sa version longue au XIXe siècle et en province au XXe (à ce moment-là, les habitants des villes ont commencé à la snober et à réclamer des pains de campagne, jugés plus authentiques).

Chez le boulanger, j’adore aussi les croissants et les brioches, et surtout la fougasse, qui est une sorte de focaccia, plus riche et briochée, et qui pour cela échappait autrefois à l’impôt sur le pain. Mais au bout du compteune journée sans baguette est vraiment une mauvaise journée.

Rachel Cooke

Courrier International du 27 novembre 2023 (traduction d'un article paru dans The Guardian le 14 octobre)

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le Québec et nos cousins d'Amérique

Six raisons de visiter cette belle province

Le nez collé contre la vitre d’un vieux train vers la ville de Québec, je regarde avec fascination une palette de couleurs qui défile devant mes yeux pendant presque 4h. C’est le mois d’octobre et je n’ai jamais vu de si beaux paysages. Je me sens complètement dépaysée, et je souris à chaque fois que le contrôleur du train annonce le prochain arrêt dans un accent québécois si chaleureux. Après un superbe mois au Québec (une semaine à Québec City et 3 semaines à Montréal où nous avons été rejoints par les autres membres de l'équipe de French Accent) pendant lequel nous avons vécu de belles expériences inoubliables, je voudrais encourager nos lecteurs et à nos apprenants de français d’aller visiter cette magnifique partie du Canada, et rencontrer nos cousins d’Amérique (comme les Français aiment les appeler).

La première raison est que le Québec est une alternative à la France pour aller faire une petite immersion de français

En effet, selon où vous habitez aux US, vous êtes très proches. Parler en français à Montréal ou à Québec City est facile. Ce n’est pas intimidant car les Montréalais sont tellement gentils, accueillants, accessibles et patients. Et au besoin, ils vous aideront car la plupart sont complètement bilingues et s’il faut passer par l’anglais pour clarifier un point, ils le feront sans hésitation. Mon mari qui apprend le français était surpris par le bilinguisme des québécois. Dans le secteur du service, les gens parlent les deux langues avec aisance. Bien que l’accent québécois soit différent de l’accent en France, les Montréalais prennent le temps de répéter lentement. Certaines expressions sont des traductions littérales des US donc les Américains peuvent plus facilement comprendre le sens. Par exemple : les Québécois disent "Je suis tombé(e) en amour" qui est une traduction directe de l’américain : I’ve fallen in love alors que les Français disent "Je suis amoureux/se" : I’m in love. Cependant, il y a des mots qui sont très différents et c’est une bonne idée d’en apprendre quelques-uns avant d’aller séjourner au Québec.

"Aller magasiner", comme disent les Québécois, qui veut dire aller faire du shopping, est très divertissant. C’est intéressant de lire les publicités et les annonces en deux langues et de voir le langage utilisé. Il y a 30 ans, j’allais régulièrement à Montréal et je me souviens que le gouvernement local appuyait sur le fait que les Montréalais devaient principalement parler en français. Mais aujourd’hui, on remarque une grande flexibilité dans la langue avec un grand nombre de mots anglais mélangés à la langue française – on peut dire que le franglais est bien accepté et très utilisé dans le langage courant !

Pratiquer son français à Montréal est bienvenu et non intimidant.

La deuxième raison est la culture artistique

Vous aimez la musique, le théâtre, la littérature, l’art, le cinéma ? Vous serez servis ! Il y a même des cinémas français avec des sous-titres en anglais. Cette option n’existe pas en France. En plus de l’incontournable musée des Beaux-Arts à Montréal, les galeries dans la ville de Québec et de Montréal regorgent d’artistes locaux talentueux. Nous avons été impressionnés pas le choix des belles œuvres de grande qualité.

Si vous aimez la musique française, vous apprécierez le talent des artistes locaux, et vous trouverez certainement une place à un concert d’un des chanteurs célèbres français car ils passent tous à Montréal. Et si vous aimez lire, vous avez un grand choix de librairies ! Les Québécois sont visiblement de grands lecteurs de littérature, et on trouve aussi de jeunes écrivains talentueux. Remplir une petite valise de livres français pour les rapporter chez soi afin de continuer à travailler son français est une bonne idée.

La troisième raison est la culture des marchés et des restaurants qui ressemble à celle de la France

On dit que la France est la capitale de la gastronomie avec ses marchés, ses petits commerçants avec les magnifiques étalages de produits régionaux. Le Québec a une culture très semblable. Quelle surprise de découvrir des petits commerçants spécialisés comme de belles et alléchantes boulangeries comme en France, des poissonneries, des épiciers, des magasins bio, et des fromageries dans le quartier de notre Airbnb ! Qui aurait cru que le Québec compte des centaines d’artisans fromagers ? Nous sommes restés dans un quartier proche du quartier Little Italy (à 15 minutes en métro du centre-ville de Montréal) et nous étions également à quelques minutes à pied du fameux et impressionnant marché Jean Talon.

Dans celui-ci, qui est un des plus grands marchés de l’Amérique du Nord et le plus vieux de Montréal, nous avons trouvé un vaste choix d’aliments produits au Québec présentés sur de magnifiques étalages comme en France.

La quatrième raison est la présence du transport public et du vélo comme dans les villes en France

C’est agréable de retrouver un transport public qui marche bien avec un métro et des bus qui passent fréquemment. Le métro est très efficace et extrêmement propre. Mais ce qui était surprenant était de constater que le moyen de transport le plus utilisé était le vélo. De très belles voies cyclables sont tracées dans toute la ville et elles sont très fréquentées. Par moments, on se croirait à Amsterdam. Les Montréalais ne sont découragés ni par la pluie ni par la neige, ils continuent à choisir ce mode de transport par tous les temps. Dans un café, une serveuse nous a expliqué que les locaux font du ski de fond en pleine ville après les grandes chutes de neige.

La cinquième raison est la culture du café et des bars

Montréal et la ville de Québec regorgent de cafés, de pubs et de bars. Les cafés offrent un beau choix de cafés faits à l’européenne comme le vrai cappuccino ou le macchiato. Lorsqu’il fait froid, ils sont remplis de télétravailleurs qui s’y installent pendant plusieurs heures. Et pas seulement dans les cafés, on les retrouve aussi dans les pubs et bars l’après-midi. En effet, ils posent leur ordinateur sur une petite table et commandent un café, une bière ou un verre de vin.

La culture de la bière au Québec est très présente et impressionnante. Les micro-brasseries québécoises comptent aujourd'hui parmi les plus inventives au monde ! Et on a eu l'impression que les Québécois s'amusent beaucoup à créer des noms drôles et originaux pour les marques de bière.

Évidemment, je n'ai pas pu résister à une dégustation dans un bar du vieux Montréal !

La sixième raison est la beauté, la propreté de l’architecture :

Dans la ville de Québec

Qui n’a pas entendu parler de cette ville comme étant une petite cité européenne ? On tombe vite sous le charme de ses jolies ruelles pavées, de son château-hôtel Le Frontenac perché en haut de la ville, de sa magnifique vue sur le fleuve Saint-Laurent, de ses nombreuses galeries d’artistes, de ses commerces artisanaux, de ses beaux lampadaires la nuit. 

Et à Montréal

On retrouve aussi des ruelles pavées dans le vieux quartier de Montréal qui a également beaucoup d’élégance.

Dans toute la ville, les magasins sont accueillants, et même dans le cœur touristique, les gens qui y travaillent restent vraiment chaleureux et serviables. L’expérience y est toujours très agréable.

Nous avons aussi remarqué que beaucoup de gens étaient originaires de divers pays du monde, mais qu'ils étaient très bien intégrés.

Une balade à Montréal révèle une architecture et un patrimoine nord-américains aux accents européens. On y trouve une influence française, anglaise et néo-classique mélangée à de magnifiques bâtiments modernes, très design. Il y a une curieuse spécificité des immeubles à 2 ou 3 étages qui ont des escaliers à l’extérieur. Depuis la fin du 19ème siècle, ils ornent de leur fer forgé les façades des bâtiments. Ils permettent de gagner de l’espace à l’intérieur et de dégager une place pour de petits espaces verts devant les façades. Cet aspect donne beaucoup de charme aux avenues de Montréal.

L'automne : la plus belle saison

Montréal et la ville de Québec sont attirantes toute l’année. Elles sont bien organisées pour les longs hivers froids. Surtout Montréal qui a toute une ville souterraine avec 32 km de tunnels et de galeries qui relient de l’intérieur plusieurs édifices de bureaux, des complexes résidentiels, des centres commerciaux, des universités, des résidences de luxe et des hôtels. Néanmoins, je vous conseille de profiter de la saison des couleurs, vers la mi-octobre, pour y aller ! Montez au Mont-Royal en pleine ville à Montréal et redescendez à pied à travers la forêt vers la ville, vous vous retrouverez dans une peinture de couleurs et vous aurez des souvenirs gravés à vie !

Céline Van Loan, French Accent de décembre 2023-février 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le meilleur de Proust : son sens de l'humour

Quand on demande on à un Anglo-Saxon, mais aussi à un Français : "Est-ce que vous avez lu À la recherche du temps perdu de Proust ? En entier ?..." Rares sont les personnes (les Français surtout) qui ont le courage d'avouer qu'ils n'ont pas "tout" lu. Ses livres interminables, ses phrases parfois très longues, ses descriptions d'un autre âge, ont tendance à décourager beaucoup de gens, où à les ennuyer.

Et pourtant, Proust était un écrivain passionnant, et qui avait notamment beaucoup d'humour. C'est en particulier ce caractère de sa personnalité, et de son style, que nous préférons ! Il aimait rire, s'amuser d'un rien, faire le pitre. Ce sens de l'humour, de la dérision (et de l'autodérision), de la moquerie des bourgeois et des médecins, se mêlant à la fantaisie et à la poésie, se retrouve partout dans ses livres.

Ses amis, et aussi tous ceux qui ont bien étudié son œuvre, ont relevé cet aspect. Jean Cocteau, qui allait souvent le voir, est l'un d'eux. Il décrit ainsi ce qu'il voyait dans le bureau de Proust : "Parmi les fioles, ses cahiers d’écolier, illisibles, il y déchiffrait si mal lui-même sa propre écriture que quand il lisait, cela le jetait dans des fous rires. Il se tordait de rire. Je n’oublierai jamais ses lectures la nuit, coupée, hachées par ce rire !"

Un autre de ses amis, le comte Georges de Lauris, a écrit : "Il voulait vous amuser. Il était heureux de voir rire les autres et de rire avec eux." Et le philosophe Henri de Monvallier fait remarquer : "Il existe un autre Proust qu'on ne met pas assez en avant, un Proust observateur des gens et du monde social, maître du comique et génie de l'humour."

Il faut en effet savoir que ses livres ne sont pas des romans en tant que tels. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, ils sont plutôt un mélange d'autobiographie et de description sociologique des différentes classes de la société à son époque. Et ils sont aussi une étude psychologique sur la mémoire, dont l'aspect le plus connu est celui de la fameuse madeleine (qui n'en était même pas une). Il n'est donc pas nécessaire de "tout lire" pour pouvoir bien apprécier son œuvre.

Proust dans les grandes lignes

À la Recherche du temps perdu, est composé de 7 volumes, et comprend plus de 7 millions de caractères (signs). C'est le 10ème livre le plus long du monde (le 3ème en français), avec 2400 pages. On y trouve plus de 2500 personnages (characters). L'action se déroule sur plus de 50 ans, des années 1870 aux années 1920. La première phase du 1er volume, "Longtemps je me suis couché de bonne heure", est la plus célèbre de la littérature française. Le 2ème tome, l'ombre des jeunes filles en fleurs, a obtenu le Prix Goncourt, le prix littéraire le plus important de France, en 1919, deux ans avant la mort de Proust, conséquence d'une bronchite, à l'âge de 51 ans.

Proust n'a jamais été marié. Il était homosexuel mais il le cachait, comme beaucoup de gens à cette époque.

Il a inspiré un très grand nombre d'autres auteurs : plus de livres ont été écrits sur lui que sur n'importe quel autre écrivain : plus de 50 essais ou livres de fiction sont parus depuis 10 ans.

Pour ceux d'entre vous qui n'avez pas le courage de lire Proust en français, sachez aussi qu'il est l'écrivain français le plus lu en anglais...

Annick Stevenson, French Accent de mars-mai 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Imagination, fantaisie, humour, moquerie, poésie... Quelques extraits

Comme beaucoup de Français, j'avais lu À La Recherche du temps perdu quand j'étais au lycée. Proust faisait partie du programme scolaire. Mais j'étais trop jeune pour remarquer toutes les petites touches humoristiques, surprenantes, ou poétiques, donnant à sourire, qui se trouvent partout dans ce livre. Je l'ai relu récemment et c'était comme une découverte. Je me suis mise à rire en découvrant l'humour et la fantaisie de Proust. En voici quelques exemples. Les passages qui m'ont le plus amusée ou touchée sont soulignés.

DES SOUVENIRS TRANSFORMÉS

Proust prétend que quand il était enfant, en se réveillant le matin il avait oublié qui il était ! Mais il "se souvient" d'endroits où il n'est jamais allé :

...quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j’étais... j’étais plus dénué que l’homme des cavernes; mais alors le souvenir ─ non encore du lieu où j’étais, mais de quelques-uns de ceux que j’avais habités et où j’aurais pu être ─ venait à moi.

DES OBJETS VIVANTS

Dès la première seconde, j’avais été intoxiqué moralement par l’odeur inconnue du vétiver, convaincu de l’hostilité des rideaux violets et de l’insolente indifférence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n’eusse pas été là.

DES CONTRADICTIONS COMIQUES

À cette époque j’avais l’amour du théâtre, amour platonique, car mes parents ne m’avaient encore jamais permis d’y aller...

DE LA FANTAISIE, DE LA MAGIE...

S’il s’assoupit dans une position encore plus déplacée et divergente, par exemple après dîner assis dans un fauteuil, alors le bouleversementsera complet dans les mondes désorbités, le fauteuil magique le fera voyager à toute vitesse dans le temps et dans l’espace, et au moment d’ouvrir les paupières, il se croira couché quelques mois plus tôt dans une autre contrée.

DE LA DÉRISION

Proust aimait se moquer des aristocrates, comme ici :

Le marquis de Palancy, le cou tendu, la figure oblique, son gros œil rond collé contre le verre du monocle, se déplaçait lentement dans l’ombre transparente et paraissait ne pas plus voir le public de l’orchestre qu’un poisson qui passe, ignorant de la foule des visiteurs curieux, derrière la cloison vitrée d’un aquarium. Par moment il s’arrêtait... et les spectateurs n’auraient pu dire s’il souffrait, dormait, nageait, était en train de pondre ou respirait seulement.

Il se moquait aussi souvent des médecins :

Pour une affection que les médecins guérissent avec des médicaments (on assure, du moins, que cela est arrivé quelquefois), ils en produisent dix chez des sujets bien portants, en leur inoculant cet agent pathogène, plus virulent mille fois que tous les microbes, l’idée qu’on est malade.

Une grande partie de ce que savent les médecins leur sont appris par les malades.

Ne vous laissez pas frapper par ces bêtises des médecins, que diable! Ce sont des ânes.

ET DE LA POÉSIE

Dans tous ses livres, les évocations poétiques de Proust ont nombreuses. Par exemple sur les heures...

Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.

... ou sur la pluie :

Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l'avait heurté, suivi d'une ample chutelégère comme des grains de sable qu'on eutlaissés tomber d'un fenêtre au-dessus, puis, la chute s'entendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c'était la pluie.

AS

Retour
haut de page

La madeleine - qui n'en était pas une !

Même les personnes qui n'ont jamais lu À La Recherche du temps perdu connaissent l'histoire de la madeleine de Proust, qui symbolise une chose toute simple, un goût, une odeur, rappelant un souvenir d'enfance. En anglais on parle du "madeleine effect". La citation la plus célèbre dans le livre de Proust est : "...machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi..."
    Malheureusement, les ébauches manuscrites (handwritten drafts) de la Recherche, découvertes récemment, ont révélé que ce n'était pas une madeleine qui avait provoqué une telle émotion pour Proust, mais une biscotte (cripsbread), que beaucoup de Français, à l'époque, comme dans ma famille, trempaient dans leur café au petit déjeuner ou dans leur thé l'après-midi... Il paraît que c'est un ami de Proust qui, en lisant son manuscrit, a trouvé que la biscotte faisait trop ordinaire, et lui a suggéré de la remplacer par une madeleine, un gâteau bien plus chic ! C'est ainsi que la madeleine est apparue dans le 3ème brouillon (draft) du manuscrit, et reprise dans la version finale du livre.

Retour
haut de page

L'anecdote de la "dame pipi

On pouvait trouver à l’époque de Proust, dans les jardins en bas des Champs Élysées, un petit pavillon qui servait de "lieu d’aisance". Il était tenu par une vieille dame. Aujourd'hui en France on dirait que c'était une "dame pipi". Elle était de bonne famille, peut-être même "marquise". Elle parlait souvent avec un garde forestier. Un jour, Proust, qui attendait sa grand-mère, a entendu une conversation, qu'il a écrite dans À côté de Guermantes. Cette anecdote démontre à la fois l'attention que Proust portait aux autres, et aussi son attrait pour les scènes insolites et comiques :

Alors, disait-il, vous êtes toujours là. Vous ne pensez pas à vous retirer.

Et pourquoi que je me retirerais, monsieur ? Voulez-vous me dire où je serais mieux qu’ici... ? Et puis toujours du va-et-vient, de la distraction ; c’est ce que j’appelle mon petit Paris : mes clients me tiennent au courant de ce qui se passe. Tenez, Monsieur, il y en a un qui est sorti il n’y a pas plus de cinq minutes, c’est un magistrat tout ce qu’il y a de plus haut placé. Eh bien ! Monsieur, depuis huit ans, tous les jours..., sur le coup de 3 heures, il est ici, toujours poli..., il reste plus d’une demi-heure pour lire ses journaux en faisant ses petits besoins. Un seul jour il n’est pas venu... Le soir tout d'un coup me suis dit : "Tiens, mais ce monsieur n’est pas venu, il est peut-être mort." Ça m’a fait quelque chose parce que je m’attache quand le monde est bien. Aussi j’ai été bien contente quand je l’ai revu le lendemain, je lui ai dit : "Monsieur, il ne vous était rien arrivé hier ?" Alors il m’a dit comme ça qu’il ne lui était rien arrivé à lui, que c’était sa femme qui était morte, et qu’il avait été si retourné qu’il n’avait pas pu venir. Il avait l’air triste assurément, vous comprenez, des gens qui étaient mariés depuis vingt-cinq ans, mais il avait l’air content tout de même de revenir. On sentait qu’il avait été tout dérangé dans ses petites habitudes. J’ai tâché de le remonter, je lui ai dit : "Il ne faut pas se laisser aller. Venez comme avant, dans votre chagrin ça vous fera une petite distraction."

La "marquise" a continué son récit, car a avait constaté que le garde forestier l’écoutait gentiment :

Et puis, dit-elle, je choisis mes clients, je ne reçois pas tout le monde dans ce que j’appelle mes salons. Est-ce que ça n’a pas l’air d’un salon, avec mes fleurs ? Comme j’ai des clients très aimables, toujours l’un ou l’autre veut m’apporter une petite branche de beau lilas, de jasmin, ou des roses, ma fleur préférée...

Retour
haut de page

Le questionnaire de Proust

Cet article explique comment est né ce fameux questionnaire, et montre comment Proust lui-même s'amusait à y répondre :
Questionnaire

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Découvrir Marrakech, la ville d'adoption d'Yves Saint-Laurent

Yves Saint-Laurent était certainement l'un des couturiers français les plus célèbres au monde. Ce qui est moins connu, c'est qu'il passait la moitié de son temps à Marrakech, au Maroc. C'est ce que Céline a découvert durant son séjour dans cette ville en février 2024 (voir aussi son article page 17).

Né en 1936 à Oran, en Algérie, Yves Saint-Laurent y a habité jusqu'en 1954 avant de s'installer à Paris, où il s'est formé à la haute couture chez Dior.  Avait-il un peu la nostalgie de l'atmosphère chaleureuse, du beau temps permanent, et des magnifiques couleurs de l'Afrique du Nord ? En tout cas, 12 ans plus tard, en 1966, il est allé pour la première fois à Marrakech avec le compagnon de sa vie et son grand amour Pierre Bergé. Les deux hommes ont immédiatement adoré cette ville, et décidé sur un coup de tête d'acheter la maison Dar el-Hanch, située dans la médina.

On aurait pu penser que c'était une passion passagère. Mais non. Marrakech est devenu leur 2ème domicile. En 1974, ils ont quitté Dar el-Hanch et acheté Dar Es Saada, la "maison de la sérénité". Et ils ont passé leur vie entre Paris et le Maroc, où ils séjournaient en alternance.

En 2008, année de la mort d'Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé a expliqué : "Depuis 40 ans, nous habitons Marrakech. Yves Saint-Laurent et moi avons une dette de vie et une dette artistique avec le Maroc, notre pays d'adoption." Et en 2010, il a encore précisé : "C'est au Maroc que nous avons été le plus heureux."

Loin d'être solitaires, les deux hommes aimaient inviter leurs amis à profiter de la formidable qualité de vie que leur permettait Marrakech, qui était devenue l'une des villes les plus festives au monde. Parmi leurs amis, Paul et Talitha Getty, qui possédaient une des plus belles propriétés dans la ville, mais aussi Andy Warhol, Mick Jagger, et beaucoup d'autres.
   
La ville aux multiples couleurs

Mais Marrakech était surtout, pour Yves-Saint-Laurent, une formidable source d'inspiration. Comme il l'a dit lui-même, "Cette ville m’a appris la couleur. Avant cela, tout était noir...  À chaque coin de rue, à Marrakech, on croise des groupes impressionnants d’intensité, de relief, des hommes et des femmes où se mêlent des caftans roses, bleus, verts, violets."
    Selon un biographe, "C'est au Maroc qu'Yves Saint-Laurent développe son goût pour la couleur. Il ose ainsi des associations colorées audacieuses : rose fuchsia et orange, vert émeraude et bleu lagon, rouge vif et violet profond. Les couleurs se mêlent, s'entrechoquent, sans jamais se nuire."* Un exemple est une tenue appelée "Bougainvillées" (photo ci-dessus) créé en 1989 au Maroc.
    Chaque année, en juin et septembre, Yves Saint-Laurent a pris l'habitude de dessiner à Marrakech ses nouvelles collections d'été et d'hiver.

En 2022 et 2033, le Musée YSL à Paris a organisé une exposition intitulée Gold, Les Ors Yves Saint-Laurent, où étaient présentées plus de 40 robes et de nombreuses autres créations sur le thème de l'or, dont une grande partie ont été inspirées par ses années à Marrakech, et aussi un peu par sa jeunesse à Oran. "J’aime l’or, c’est une couleur magique", avait dit Yves Saint-Laurent. "C'est la couleur du soleil."

 Annick Stevenson, French Accent de juin-août 2024
____
* Yves Saint-Laurent, L'Album, publication du Musée YSL à Paris.

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Une belle destination pour pratiquer votre français

Saviez-vous que la langue principale de communication avec les touristes dans la ville la plus visitée du Maroc est le français ? Lorsqu’il fait froid en hiver en France, Marrakech devient une grande destination, une escapade, pour les Français qui sont heureux de retrouver un peu de soleil et de se ressourcer. Cette belle ville exotique et colorée est connue pour accueillir les touristes à grands bras ouverts. Entre la cuisine exquise méditerranéenne avec ses épices parfumées, la beauté des riads (architecture traditionnelle du Maroc), les kilomètres de souks remplis d’artisans talentueux, les couleurs flamboyantes des bâtiments, et le beau temps, on tombe facilement sous le charme de cette ville.

D’autant plus qu'on peut y parler français ! Les Marocains apprennent à parler et à écrire le français à l'école. Les diplômés de l’école secondaire ont tendance à mieux maîtriser le français. Ceux qui sont bilingues en français et en arabe vivent dans les zones urbaines où ils ont un fort contact avec la langue française. De nombreux Marocains apprennent cette langue pour faire du commerce avec les touristes français, mais aussi pour décrocher des postes dans la science et la technologie.

C'est en 1912 que les autorités coloniales au Maroc ont introduit la langue française dans le pays, elle est alors devenue la langue de l'administration gouvernementale, de l'éducation et des médias. Dans l’esprit marocain, le français est associé à des images valorisantes ayant trait à la réussite, à l’intelligence, au pouvoir, et au prestige.

Comme si on était à Paris...

Dans les restaurants, les cafés, les magasins, on entend les Marocains parler avec des expressions typiquement françaises comme si on était à Paris. Des expressions de tous les jours telles que : "ohlalala, bref, ouais, tout à fait, ça marche, génial, super…" L'accueil est pris au sérieux au Maroc donc vous entendrez également des commentaires chaleureux tels que : "Faites comme chez vous ; vous êtes ici à la maison ; on s’occupe de vous Madame, Monsieur !" Le service dans les restaurants est un des meilleurs au monde. L’attention donnée à chaque client est particulière. Le Maroc recrute beaucoup de personnel donc il y a toujours une personne pour vous aider et pour s'occuper de vous. Les clients sont aux petits soins et les Marocains veulent faire plaisir.

La cuisine : une des meilleures au monde

La cuisine marocaine, c’est tout un art. Réputée pour son extrême richesse et son grand raffinement, elle est indéniablement l’une des meilleures cuisines du monde. La semoule du couscous peut être à base de blé, d’orge ou de maïs. Les tajines sont les spécialités incontournables mais la cuisine marocaine propose aussi de belles salades, soupes, brochettes, des keftas… Les Marocains consomment également beaucoup de fruits secs comme les dattes, les amandes, les raisins et les pistaches. Dans la plupart des restaurants, vous trouverez des olives croquantes et délicieuses posées sur la table dès que vous vous asseyez. Que demander de plus ? 
 
Pensez au Maroc pour pratiquer votre français, les Marocains seront patients et heureux de vous aider car communiquer est avant tout un plaisir pour eux. Perdez-vous un peu dans les souks pour découvrir des merveilles tels que de superbes poteries, lampes, peintures, bijoux et tapis, et pour parler avec les artisans. Il faut savoir que les prix des marchandises ne sont pas toujours indiqués dans ces marchés, alors il faut demander les prix directement au vendeur et essayer de marchander. C’est une activité traditionnelle dans les souks. N’hésitez pas à poser des questions et à plaisanter, les vendeurs aiment rire et passer un bon moment…

Bien sûr, vous ne pourrez pas tout acheter, il faut juste savoir refuser poliment en disant avec le sourire : "Merci, c’est gentil mais pas aujourd’hui". Peut-être que pour bien préparer le voyage, quelques leçons sur le langage de la négociation peuvent s’avérer utiles.

Céline Van Loan, French Accent de juin-août 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Comment la Provence est devenue championne du rosé

Synonyme de soleil et des vacances, le vin à la robe claire a gagné ses lettres de noblesse grâce au fort investissement de vignerons soucieux de valoriser leur terroir et de proposer un produit de qualité. En quelques années, la région s’est imposée comme première productrice en France et à l’étranger.

Qui oserait encore se moquer du rosé ? Aujourd’hui, il représente une bouteille de vin sur trois vendues en France. Dans le verre, c’est la couleur que les jeunes préfèrent. Dans le monde, sa consommation a bondi de 25 % depuis 2000. Notre pays en est le premier producteur de la planète (35 % en 2020) et le leader des exportations en valeur.

La grande gagnante de cette lame de fond est la Provence. Véhiculant un parfum de vacances et d’été, elle est la région phare qui brille sur les terrasses. Des stars de cinéma y ont acheté des domaines qui connaissent un franc succès et entretiennent la part de glamour de cette couleur. A l’étranger, elle est adulée, considérée comme la référence mondiale des rosés de qualité. Et la Provence joue le jeu : 90 % de sa production viticole y est consacrée.

On en oublierait presque que le succès est récent. Vingt ans à peine. Tous les vignerons se souviennent encore du moment où le marché a basculé. « Le boom du rosé, je l’ai totalement vécu,raconte par exemple Jean-Pierre Daziano, au Domaine de La Fouquette, dans le massif des Maures. Il n’était pas encore là quand mon épouse a repris le domaine de ses parents, en 2005, et que je l’ai rejointe en 2009. » Pour eux, tout a décollé peu après, grâce à un importateur américain qui a commencé par leur acheter quelques centaines de bouteilles. Juste pour essayer. « Cela nous a ouvert le marché des Etats-Unis. Chaque année, on doublait nos expéditions, au point qu’on a finalement dû les limiter ! »

Chemin difficile

On en oublierait encore plus facilement que le chemin vers le triomphe a été difficile. Quand Hélène Dragon, à la tête du Domaine Jacourette, au pied de la Sainte-Victoire (Bouches-du-Rhône), a repris l’exploitation familiale en 1997 et qu’elle a commencé à participer à des salons, elle trouvait les autres vignerons « un peu condescendants ». Elle explique : « Ils ne nous prenaient pas, moi et mon vin, au sérieux. » La presse de l’époque n’était pas plus tendre. Et parlait peu du rosé, si ce n’est pour moquer gentiment « cette mode » qui ne durerait pas.

Sauf que sa popularité n’a cessé de grimper, jusqu’à ce que personne ne puisse plus l’ignorer. « Les consommateurs ont plébiscité ce produit et ont dicté leur envie aux producteurs, contre toute attente du reste de la filière viticole », analyse Jérémy Arnaud, fondateur de l’Association internationale des rosés de terroirs. Soulignant le côté « décontracté et rassembleur » du rosé, il estime que ce vin s’est imposé comme « le symbole d’une époque qui changeait et qui allait changer le monde du vin ».

Pour le directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), Brice Eymard, plus que les consommateurs, c’est « la force des vignerons » qui est la source du succès de cette région : « Ils ne se sont pas réveillés en se disant : “On va faire un produit lifestyle qui plaira dans trente ans.” Ils ont travaillé pour proposer un produit de qualité. A l’époque, c’était un pari risqué ! Rien ne garantissait que ça marcherait si bien. »

Du temps et de l’argent

Avant les années 1990, la Provence produisait déjà beaucoup de rosé, mais pas dans des proportions aussi importantes. C’est difficile de l’estimer car, à cette période, les déclarations de récolte ne distinguaient pas les rosés des rouges, preuve s’il en est du peu d’intérêt que lui portaient les autorités. Mais le géographe Philippe Moustier, qui a beaucoup étudié les mutations du vignoble des côtes-de-provence, estime que dans le milieu des années 1980, à peine les deux tiers de l’appellation sont teintés de rose. Si la Cave de Puyloubier (aujourd’hui nommée Cave des vignerons du mont Sainte-Victoire), dans les Bouches-du-Rhône, s’est rapidement spécialisée dans cette couleur, celle de Montfort, à 50 kilomètres de là, dans le Var, produisait encore 85 % de ses vins en rouge.

Eric Pastorino, président du CIVP, se souvient, du haut de ses 64 ans, qu’enfant il voyait cette couleur surgir sur les tables dès qu’il faisait chaud, sans pour autant lui attribuer toutes les qualités : « Même dans le film Le Gendarme de Saint-Tropez[1964], Michel Galabru sifflait son rosé. Mais, à l’époque, il faut reconnaître qu’il donnait mal à la tête. Il a fallu la volonté des vignerons d’en faire le porte-étendard de la Provence, et de nombreux investissements pour l’améliorer techniquement. »

L’amélioration qualitative du rosé a nécessité du temps et de l’argent. Pour satisfaire des clients qui lui demandaient des rosés plus pâles et plus fins que ce que son grand-père produisait, la vigneronne du Domaine Jacourette s’est mise à vendanger de nuit, afin de récolter des raisins frais. Hélène Dragon a construit un nouveau chai, qu’elle a équipé de groupes froids pour éviter qu’ils ne se réchauffent et ne se mettent à colorer le jus. Puis elle a acheté des pressoirs pneumatiques pour, là encore, limiter l’extraction de la couleur. Et un générateur d’azote, enfin, pour empêcher toute oxydation. « Sinon, comme une pomme coupée qui noircit à l’air, le jus de raisin se teinte de pigments pas vraiment beaux. » Après plus de deux décennies d’aménagements et de perfectionnements, elle a enfin atteint son objectif : « Je fais ce que les clients aiment : un rosé frais, salin, parfois minéral, qu’on pourrait comparer à des sancerres ou des chablis en blanc. »

« Vins cohérents avec le lieu »

Cette technique de pointe pour obtenir une couleur pâle, si caractéristique des rosés de Provence, a été mise au point grâce au Centre du rosé, créé à Vidauban (Var) en 1999. Son directeur, Gilles Masson, peut désormais en observer la courbe : « L’éclaircissement s’est accéléré depuis vingt ans et s’est désormais stabilisé. » Avec des cépages historiques moins colorés que ceux d’autres régions, une faible amplitude des températures entre le jour et la nuit qui ne favorise pas non plus la coloration, et le développement d’un savoir-faire, comme la technique du pressurage direct, pour accentuer le trait, la région revendique désormais cette couleur comme faisant partie de son identité. « Notre révolution a été de prouver qu’on pouvait faire des vins clairs avec de la personnalité et beaucoup d’expression aromatique, reprend Gilles Masson. Et qui sont cohérents avec notre lieu : nous sommes une région de lumière et d’extérieur et nous avons élaboré un vin lumineux, à boire dehors en admirant le soleil à travers le verre. »

L’éclaircissement du rosé a été contagieux. Les autres régions de France, lorgnant la popularité provençale, ont à leur tour fait pâlir leurs vins et augmenté la production. Mais n’est pas la Provence qui veut : elles n’ont, pour l’instant, pas réussi à valoriser leurs vins à la même hauteur. Pour Jérémy Arnaud et son Association internationale des rosés de terroirs, les rosés hors Provence joueront leur avenir sur la différenciation : « Il est temps de passer d’un marché du rosé, uniformisé, à un marché des rosés, dont certains se gardent cinq ou sept ans et qui racontent leurs terres d’origine. Le terroir doit rentrer dans le rosé, mais le rosé ne doit pas rentrer dans le terroir. Le consommateur cherche d’abord une expérience hédoniste. Le pire ennemi du rosé serait de devenir ennuyeux. »

La Provence, pendant ce temps, ne se tourne pas les pouces et valorise également son terroir pour conserver son leadership. En ayant notamment créé des « dénominations géographiques complémentaires », qui peuvent désormais évoluer en crus. Selon le président du CIVP, sainte-victoire pourrait devenir un cru à la fin de l’année ou au début 2025. « Pour le consommateur, c’est évocateur d’un terroir. Pour le producteur, c’est valorisant,se réjouit-il. On n’est qu’au début de notre histoire. »

Le vigneron du Domaine de La Fouquette, dans le village des Mayons (Var), Jean-Pierre Daziano, préside de son côté la section notre-dame-des-anges, où son domaine est installé. Cette dénomination complémentaire de côtes-de-provence a été officialisée en 2019 et entérine la typicité de son terroir. Prochain objectif, le cru ? « On est parti pour au moins dix ans, répond-il. Une AOC, ça se mérite ! » La Provence continue de creuser l’écart.

Ophélie Neiman, Le Monde du 26 juin 2023

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Le métro parisien, une symphonie en sous-sol

Une journaliste russe raconte son expérience dans les tunnels du métro parisien, un lieu qui concentre, selon elle, autant de tensions que de joie, provoquées l’une et l’autre par le croisement incessant et impromptu des cultures.

C’est un mardi soir comme les autres, comme n’importe quelle soirée en semaine. En pleine heure de pointe, je me fraye un chemin à travers la foule du métro parisien. J’évite de justesse de me faire voler le contenu de mon sac à dos, puis je prends place dans une rame où on est serré comme des sardines, me préparant à faire quinze minutes de trajet sur une seule jambe. La haine du métro est un sentiment que nous avons tous éprouvé à un moment ou un autre.

Tandis que je protège de l’apocalypse imminente le gâteau que j’ai acheté pour la soirée d’un ami, un musicien du métro, de l’autre côté des voies, a décidé de nous donner une sérénade en interprétant Ain’t No Sunshine. C’est poignant.

L’intérieur d’une rame de métro à Paris est un peu une conférence des Nations unies sur rails : une foule ultrabigarrée qui fait de son mieux pour tisser des liens multiculturels. Bavardant avec mon amie russe, j’avise un type plongé dans Le Mage du Kremlin, récent roman à succès de l’écrivain italo-suisse Giuliano da Empoli. Nous échangeons un regard.
“Un bouquin intéressant”, dit mon sourire.
“Oui, j’apprends des choses sur vous et vos compatriotes”, acquiesce-t-il.Quand nous quittons la rame, l’homme nous lance simplement “Dobry vietcher” [“Bonne soirée”] dans un excellent russe, élégamment teinté d’accent français.

“Elle, elle est Française !”

Dans le microcosme cosmopolite du métro, la xénophobie n’a pas vraiment sa place. Un passager parisien ivre profère des idioties racistes, mais personne n’y prête attention. “Vous n’êtes pas français ! Vous êtes un sale Arabe !” crache-t-il.
Je tressaille, les passagers deviennent tendus, le gars qu’il insulte s’en fiche complètement. Soudain, le poivrot fixe sur moi son regard vitreux. “Elle ! braille-t-il, pointant son doigt tremblant vers mon teint pâle et mes cheveux blonds. Elle, elle est Française !”
“Eh non, cher monsieur, vous avez tout faux !” lui rétorqué-je. Nous partons d’un grand éclat de rire, nous moquant de l’absurdité des préjugés de notre petit monde souterrain.

Je repense alors à mon pote argentin. Lors du seul séjour qu’il ait fait à Moscou, il n’osait pas sortir son portable dans le métro, il était terrifié. Le téléphone en question était rose vif, et mon ami ne voulait pas afficher des accessoires colorés dans un pays connu pour sa législation douteuse. Mais comme il était complètement désorienté, il avait vraiment besoin de chercher des directions sur son téléphone, alors il a fini par prendre le risque.

Au milieu d’une foule d’hommes russes au visage sévère, il a courageusement saisi l’appareil tape-à-l’œil entre ses doigts tremblants, lançant autour de lui un regard de défi. Puis il l’a vu : un type particulièrement bougon, au physique impressionnant, qui s’avançait vers lui, l’air impénétrable. Mon ami a cru qu’il allait se trouver mal quand il a vu le géant se pencher vers lui et lui murmurer : “Z’êtes perdu ? V’z’avez besoin d’aide ?” Il se trouve que c’était juste un Moscovite prévenant, prêt à guider un touriste argentin vers son hôtel. Portable rose ou pas.

“Ay, Ay, Ay, Ay, canta y no llores”

Et me voilà moi aussi dans le métro, environnée d’une cacophonie de touristes qui bavardent en espagnol avec entrain. Essayant de jouer les détectives des accents, j’épie leur conversation et tente de savoir de quel pays d’Amérique latine ils viennent. À la station suivante, un groupe de joyeux musiciens du métro montent dans la rame en fanfaronnant et en chantant Cielito lindo à pleine voix. Mes touristes laissent éclater leur joie, j’en conclus qu’ils doivent être mexicains.
Notre wagon s’est transformé en salle de concert improvisée, au son de “Ay, Ay, Ay, Ay, canta y no llores” [refrain de Cielito lindo, chanson de mariachis]. Leurs voix ont du mal à couvrir celles des touristes exubérants, ravis d’entendre des chansons de leur pays.

Et alors que nous filons dans les tunnels, comprimés par la foule, maudissant les retards, nous sommes en permanence entourés d’un kaléidoscope de cultures, d’histoires, de rencontres inattendues. Dans les entrailles de la ville, des vies se croisent, tout comme les lignes de métro. On étouffe, c’est crasseux et bruyant, mais il vient toujours un moment, même fugace, où la cacophonie devient une belle harmonie. Et ces moments-là, à eux seuls, valent le déplacement.

Svetlana Lazareva, Courrier International, 14 août 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Bilan des Jeux Olympiques

Le bilan des Jeux olympiques et paralympiques vu par la presse étrangère : « Les Parisiens se sont rappelé à quel point leur ville est un endroit extraordinaire »

De nombreux médias se félicitent de la publicité massive faite au handisport et saluent un grand spectacle sportif qui a transfiguré la capitale française. « L’expérience collective la plus joyeuse dans la ville depuis, peut-être, la Libération, en août 1944 », ose même le Financial Times.

Tout en haut de sa liste des temps forts des Jeux paralympiques de Paris, la journaliste de la section sport du New York Times, The Athletic, Charlotte Harpur, a placé la finale de cécifoot entre la France et l’Argentine, samedi 7 septembre, remportée par les Bleus aux tirs au but. Les joueurs, déficients visuels, devaient pouvoir entendre les indications de leur guide installé derrière le filet. Par conséquent, les gradins restaient muets, et « vous auriez pu entendre une épingle tomber par terre », écrit la reporter ; mais quand l’Argentine a raté son tir, donnant la victoire à la France, « la foule est entrée en éruption, les tribunes ont tremblé ».Pour elle, « ce moment a synthétisé ce que cela signifiait pour les Français d’accueillir les Jeux ».

A l’image de leur consœur, bien des journalistes de la presse étrangère témoignent d’un certain émerveillement à la clôture de la séquence olympique parisienne, ouverte le 26 juillet et refermée dimanche par la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. Pour le sport, pour l’ambiance, et pour ce que ces deux compétitions à grand spectacle ont fait de la capitale française, le temps d’un été.

Ainsi, le journal belge Le Soir dresse des Jeux paralympiques un bilan « plus que positif ». Les 4 400 athlètes ont livré « de magnifiques moments de grâce et d’émotion », selon le journal, qui salue aussi la présence « des bénévoles enthousiastes et bienveillants » et mentionne « des sites parfaitement sécurisés et globalement très accessibles ». En ce qui concerne l’ambiance, note le journal britannique The Independent, « bien des compétitions se sont déroulées devant des gradins bondés et dans des atmosphères rarement vécues en parasport ».

« Un au revoir qui fera date »

Outre-Manche toujours, le Guardian livre un compte rendu enthousiaste de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, « un au revoir qui fera date » en ayant rassemblé la fine fleur de la musique électronique hexagonale, dont le « parrain des synthétiseurs », Jean-Michel Jarre, qui a livré une performance « aux accents d’émeute », tandis que la « magie de la French touch » a « culminé » quand Martin Solveig a repris le hit de Daft Punk One More Time.

En matière de politique sportive, La clôture des Jeux paralympique fait écrire à The Conversation qu’il est « temps de tenir compte des exploits »des athlètes souffrant de handicap. Dans bien des cas, leurs performances « égalent ou dépassent celles de leurs homologues des Jeux olympiques », constatent deux chercheurs invités par le média. Et de rappeler le cas de la nageuse paralympique américaine Trischa Zorn, détentrice de 55 médailles (dont 41 en or), à comparer aux 28 médailles (dont 23 en or) de son compatriote Michael Phelps.

CNN se demande d’ailleurs pourquoi les Etats-Unis, qui dominent le tableau des médailles olympiques, avec 126 breloques, n’arrivent qu’en troisième position aux Jeux paralympiques (105 médailles). La chaîne américaine évoque la concurrence de Pékin, qui a massivement investi dans le parasport, et la moindre audience des Jeux paralympiques par rapport aux Jeux olympiques, ce qui n’encourage pas les vocations. « Certains espèrent que les Jeux de Los Angeles en 2028 représenteront une occasion de changer fondamentalement de regard sur le parasport et le handicap en général aux Etats-Unis », souligne la chaîne.

« La charge revient désormais aux organisateurs de Los Angeles 2028 de continuer à construire sur ce que Paris a accompli » en matière de parasport, abonde le quotidien américain Los Angeles Times, qui rappelle qu’un rapport du Congrès invite les comités olympiques et paralympiques du pays à « mettre la pression » sur les diffuseurs pour une meilleure couverture médiatique du parasport.

Pour le quotidien espagnol El Pais, la fin des Jeux paralympiquesoffre l’occasion d’un plaidoyer plus général pour l’inclusion des personnes souffrant de handicap. Les succès de ces sportifs rappellent qu’il faut « renforcer l’intégration », écrit le journal dans un éditorial, ajoutant que « les athlètes paralympiques démontrent ce dont les gens sont capables quand on leur donne les conditions pour le montrer et quand on leur accorde l’attention qu’ils méritent ».

L’héritage en question

Les médias étrangers se demandent aussi quel héritage laisseront les Jeux dans la capitale française. Certains se passionnent pour la question de savoir s’il faut laisser les anneaux olympiques sur la tour Eiffel, comme le souhaite la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, ou s’il faut les retirer, ce que demandent des défenseurs du patrimoine. Dans son reportage, CNN cite aussi bien Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris chargé du sport – qui veut garder une trace d’un « moment clé »dans l’histoire de la ville que Savin Yeatman-Eiffel, un descendant du concepteur de la tour – pour qui l’édifice « n’a jamais été conçu pour devenir le panneau d’affichage d’une société ou d’une marque, quel que soit son prestige ».

En tout cas, à la faveur des JO, les transports publics parisiens se sont améliorés, se félicite le Financial Times (FT). « Des banlieusards auparavant déconnectés filent dans le centre de Paris à partir de stations étincelantes, que l’on dirait tout droit venues de Shanghaï »,s’emporte le journal économique britannique, en applaudissant aussi les pistes cyclables, la piétonnisation de plusieurs secteurs et la réduction de la place de la voiture.

Quant aux mentalités, le titre estime que les JOP ont constitué « l’expérience collective la plus joyeuse dans la ville depuis, peut-être, la Libération, en août 1944 ». « Habituellement, l’ambiance est geignarde » dans la capitale française, écrit le FT, mais pendant les Jeux « les Parisiens ont vu leur ville à travers les yeux du monde et se sont rappelé à quel point c’est un endroit extraordinaire ».

Sous le surtitre « c’est fini, Paris a gagné », un enthousiasme comparable irrigue l’article du quotidien suisse Blick consacré au bilan des Jeux olympiques et paralympiques, qui évoque la victoire du « panache », au vu surtout de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, « aussi étonnante que provocante ». Et le média suisse de livrer cette sentence définitive : « Le Grand Palais restera comme le plus beau lieu jamais foulé par les escrimeurs olympiques et paralympiques. »

Julien Lemaignen, Le Monde du 9 septembre 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Learn French at Home célèbre ses 20 ans !

2004 : les premiers pas de Learn French at Home

Cette année, chez Learn French at Home, nous fêtons nos 20 ans de leçons de français en ligne ! Il est difficile à croire que les années ont défilé si rapidement depuis cette époque où je donnais des leçons de français au téléphone à des Anglais qui habitaient dans des petits villages à travers la France. Tout a commencé en automne 2003 lorsque deux Américains, qui avaient créé une petite société de télécommunication à Paris, m’avaient embauchée pour contacter leurs clients anglophones afin de (in order to) les inciter à apprendre le français avec des cours par téléphone. C’était un nouveau défi et j’aimais l’idée de pouvoir travailler en anglais et en français. Durant mes conversations au téléphone avec ces Anglais qui achetaient de belles anciennes maisons françaises pour les rénover, je découvrais leur réel besoin d’apprendre la langue pour pouvoir communiquer avec les voisins, les employés de la mairie, les électriciens, les plombiers, etc. Et aussi les soutenir moralement durant les passages difficiles des chocs culturels. Ces "immigrants" qui s’installaient avec la bonne intention de conserver et d’améliorer ces magnifiques et anciennes bâtisses (houses) françaises éprouvaient (experienced) de la joie mais aussi de sérieux défis et de grandes frustrations. Pour la plupart, ils habitaient loin d’une grande ville, d’une école de langue, ou d’une librairie pour acheter des livres d’apprentissage du français. Quelques mois plus tard, ces deux gentils Américains m’ont expliqué qu’ils avaient néanmoins (nevertheless) changé d’avis (opinion) et avaient décidé d’arrêter de proposer des cours de français.

Toutefois (however), ils m’ont encouragée à garder la poignée d’étudiants (handful of students) que j’avais obtenus à travers leur société.  J'en ai été très reconnaissante. C’est ainsi que Learn French at Home a démarré ! Par chance, Skype est arrivé sur le net juste quelques mois plus tard, ce qui a alors révolutionné la façon de communiquer sur le net, et qui m’a ouvert un réel avenir dans l’apprentissage du français en ligne.

Lancement en suisse

Avec Vincent, mon partenaire, nous avons officiellement lancé la première école de français en ligne, Learn French at Home, en août 2004, depuis la ville de Neuchâtel en Suisse. Si vous parlez avec les habitant locaux, ils vous diront que le français parlé dans cette ville suisse est le français le plus pur qui existe. D’autres régions ne seraient pas tout à fait d’accord avec cette affirmation. Le démarrage de Learn French at Home était expérimental, et bien sûr il y a eu quelques complications. Vincent a vite appris le métier de web designer qui était difficile à l’époque, Skype ne fonctionnait pas toujours bien et la webcam était inexistante.

Pendant au moins les 4 premières années, nous ne voyions jamais les visages de nos étudiants. La "Chat Box" était notre seul soutien visuel. Nous n’avions pas de matériel pédagogique en ligne et il n’y avait quasiment (barely) rien sur le web. Mais chaque situation difficile est devenue un moteur pour créer et lancer plusieurs initiatives. Aider les expatriés à s’intégrer en France ou en Suisse francophone étaient notre mission ! Nous le prenions à cœur car nous comprenions la difficulté de s’intégrer dans une nouvelle société et culture dans lesquelles la langue était prise au sérieux.

Avec Vincent, nous avions vécu dans d’autres pays et nous comprenions les joies et les peines d’intégration. Il y avait des points de langue primordiaux à apprendre comme l’importance des formules de politesse et du vouvoiement. On voulait donner "les outils en main" de la langue à nos étudiants pour les aider à s’exprimer dans toutes les situations de leur vie. Nous les écoutions et nous leur donnions beaucoup de feed-back. J’estimais que l’encouragement était important car la plupart des étudiants avaient besoin d’obtenir de la confiance en soi pour parler.

Le plus important avec les Français : ne pas oublier de dire "bonjour" !

Les Français ont reçu, pour la plupart, une éducation assez stricte dans la manière de communiquer. Par exemple, on doit saluer les gens quand on entre dans un magasin, les remercier, et leur dire au revoir quand on part. Et c’est encore d’actualité. La dernière fois que j’étais à Paris, je me suis fait rappeler à l’ordre (be reminded) alors que (while) je demandais à une vendeuse l’emplacement du rayon des chaussettes. J’avais oublié de dire "Bonjour Madame" avant de dire "Excusez-moi, où est le rayon des chaussettes ?" La réponse de la vendeuse qui m’a jeté un regard froid (who gave me a cold stare) était "Bonjour Madame". Eh oui, j’avais moi-même oublié la base de la politesse !

Éviter l'enseignement académique

Durant nos quatre ans à Neuchâtel, nous avons eu la chance et l’occasion d’enseigner le français à des centaines d’expatriés et ce fut (it was) à ce moment-là que nous avons commencé à construire une petite équipe de professeurs. Au début, je cherchais des professeurs qui avaient une expérience uniquement dans l’enseignement du français dans les écoles et les universités, des personnes qui avaient eu un parcours académique. Mais ces quelques enseignants qui nous ont rejoints suivaient en grande partie des méthodes trouvées dans des livres. Personnellement, je ne trouvais pas cette approche motivante. Les étudiants apprennent tous différemment, leurs intérêts et leurs objectifs étant uniques. Je voulais une équipe avec des personnes qui avaient vécu l’expérience d’apprendre au moins une deuxième langue, qui avaient voyagé et qui possédaient, dans la mesure du possible, d’autres intérêts et passions au-delà (beyond) de l’enseignement du français langue étrangère (FLE). Une leçon n’est pas juste de l’apprentissage de la grammaire ou d'une construction de phrases mais c’est un moment qui encourage l’expression verbale sans jugement pour pouvoir s’exprimer dans tous les domaines. Si le professeur a de nombreux intérêts, alors les sujets de conversations sont riches et diversifiés. N’est-ce pas intéressant de pouvoir partager un moment dans lequel on peut comparer nos cultures, nos sociétés, nos intérêts, nos expériences ? Comme si nous étions en train d’échanger dans un contexte réel en France, en Suisse, en Belgique, au Québec ou dans un pays africain francophone.

Avec Vincent, nous sommes heureux et fiers d’avoir construit une équipe de professeurs qui mettent leur cœur, leur compassion, leur créativité et leur passion dans ce travail. Nous en sommes très reconnaissants. Cet article est avant tout dédié à nos professeurs ! Vous allez découvrir leurs intérêts à l’extérieur de leur travail chez Learn French at Home dans l'article qui suit.

Quand nos étudiants apprennent pour le plaisir...

Grâce (thanks to) à cette magnifique équipe de professeurs, nos chers étudiants prennent du plaisir à apprendre le français. Nous avons aussi la chance de travailler avec des étudiants très motivés et très reconnaissants. De belles relations se tissent au fil des années (are woven together throughout the years) et beaucoup d’entre eux continuent à apprendre pour le plaisir avant tout. La leçon de français devient alors un "hobby". La plupart des étudiants retrouvent leur professeur une fois par semaine sur Zoom et certains se sont vus "en vrai" quelque part en France ou ailleurs. C’est un moment toujours fort et unique de pouvoir rencontrer son étudiant pour la première fois en présentiel.

Un atelier d'immersion une fois par an

C’est pour cette raison que nous organisons une fois par an un an un atelier d’immersion de français qui dure (which lasts) 4 jours quelque part en France. Après la Californie, nous les avons organisés à La Rochelle mais la prochaine sera à Nantes. Ces ateliers nous permettent de construire de nouvelles activités et d’échanger avec les étudiants et les professeurs. C’est toujours une expérience formidable.

Innover toujours, sans jamais oublier le côté humain

Vingt ans d’existence dans le monde des langues, qui est en constante progression et mouvement, demandent à ce que nous continuions à innover de nouveaux programmes. L'intelligence artificielle/IA (AI) est très présente mais nous voulons conserver le côté humain et relationnel qui sont nécessaires pour continuer à prendre du plaisir dans l’apprentissage d’une langue. Je suis persuadée que l'IA deviendra un grand moteur dans ce monde des langues mais je pense que les apprenants continueront aussi à vouloir exprimer leurs joies, frustrations, sens de l'humour, émotions et appréciations envers un être humain.

Personnaliser : notre grande force

Une grande force de Learn French at Home est la personnalisation. Je suis persuadée que l’étudiant progresse plus rapidement et surtout avec plus de confiance s'il reçoit sans cesse du feed-back. Tout le monde apprend différemment et nous voulons nous adapter à chaque style différent. C’est aussi pour cela que nous avons créé une quinzaine de programmes différents de la leçon type Light au programme Fast Track.

Et bien sûr, nous sommes en position de pouvoir aider les étudiants à se préparer à passer les nombreux examens différents comme le DELF/DALF, le FIDE, le TCF, etc. Pour les parents qui sont motivés à ce que leurs enfants apprennent une autre langue, nous avons de superbes programmes qui animent les leçons pour enfants. Pour ceux qui aiment apprendre avec d’autres étudiants, nous proposons également des cours de groupe. Je pense qu’aujourd’hui, nous avons un programme pour tout le monde.

Une affaire de famille

J’ai aussi la grande chance d’avoir des parents qui sont écrivains et traducteurs. Ainsi que notre fille de 24 ans, Alexandra, qui participe au French Accent Magazine et qui nous aide énormément pendant nos ateliers de français. Mon beau-père, Roger Stevenson, était professeur de français à l’Université de Southern Oregon et aujourd’hui, il continue à enseigner le français avec autant de plaisir. En parallèle, il travaille comme traducteur du français vers l’anglais. Si j’ai des doutes dans une approche pédagogique, Roger est la première personne que je vais voir car je peux toujours compter sur ses bons conseils. Ma mère, Annick Stevenson, est une passionnée de l’écriture. Elle a vécu une carrière professionnelle hors du commun et fascinante lorsqu’elle était rédactrice en chef du magazine Réfugiés du Haut Commissariat de l'ONU, traduit en 7 langues. Aujourd’hui, elle m’aide à construire notre bibliothèque. Elle ne se lasse jamais (never gets tired) d’écrire des petites histoires pour nos étudiants. Elle trouve son inspiration dans ses aventures vécues, et son imagination. Elle a déjà publié 6 Short Stories de fiction, avec audio, ainsi que 3 Real Life Stories qui sont des compilations d’anecdotes à la fois touchantes et amusantes, suivies d'exercices avec les solutions. Elles sont très appréciées parmi nos professeurs et nos étudiants. Nous avons également publié un livre de grammaire, expliqué en anglais et en langage très simple, que nous mettons constamment à jour.

Construire et gérer une école de langues est une aventure qui n’en finit pas car si nous le voulons, nous pouvons continuer, sans fin, à créer de nouveaux programmes, d'innovantes activités et du nouveau matériel d’apprentissage. C’est une histoire à long terme et avec une équipe solide, dévouée et passionnée, nous pouvons continuer à réaliser, dans le futur, de nouveaux projets en suivant l'évolution du monde, et en s'adaptant, toujours, aux désirs, aux besoins, et aux rêves de nos étudiants.

Céline Van Loan, French Accent de septembre-novembre 2024

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour
haut de page

Des professeurs passionnés et passionnants

Nous sommes fiers de nos professeurs, qui sont tous des professionnels expérimentés dans l'apprentissage du français. Dans cet article, vous découvrirez que beaucoup de ces professeurs ont aussi de nombreux talents et des intérêts originaux qui aident à rendre les leçons encore plus intéressantes. Ils nous parlent de leurs passions.

Caroline, à Bali

Mon quotidien est un doux mélange de noix de coco sirotées sur la plage, de cours de Français donnés à mes charmants étudiants et de balades à pied ou à vélo entre rizières et rangées de palmiers.

Lorsque j'ai un peu de temps libre en semaine, j'en profite pour suivre des cours de yoga dans mon shala (studio de yoga) préféré. C'est agréable de s'étirer (to stretch) et de faire travailler ses muscles entre deux cours de français ! Mon bureau n'est pas sur la plage mais il est à seulement 5 minutes du bord de mer, 5 minutes en scooter bien sûr, le moyen de transport le plus facile sur l'île. Le dimanche, après un pain au chocolat acheté à la boulangerie française du coin (il en existe une dizaine à Bali), c'est sortie vélo sur le bord de plage pour toute ma famille. Bali étant une île relativement petite, on y croise toujours des amis, des connaissances (acquaintances), c'est l'occasion de papoter (to chat) en anglais, en français ou en indonésien (il y a à Bali une large communauté d'expatriés mêlée aux locaux). Pour recharger mes batteries et pouvoir admirer d'autres jolis paysages, je roule vers Batukaru, une région verdoyante (green) entre jungle et rizières (rice fields). Un super endroit pour me déconnecter (to take a break), le temps d'un weekend...

Camille, à Rennes, France

J’ai une grande passion depuis toute petite, c’est le violoncelle. J’ai commencé à en jouer à six ans et j’en joue encore. Je me souviens avoir choisi le violoncelle non pas parce que j’aimais cela mais parce que la professeure était très gentille ! C’est seulement ensuite que j’ai commencé à adorer le son du violoncelle. Le seul point négatif, c’était le solfège (music theory). Je n’aimais pas du tout ! Mais c’était important pour savoir lire les partitions (scores). Au fur et à mesure, j’ai commencé à jouer mieux, à intégrer un orchestre, des groupes de musique, à faire des concerts… j’ai même joué dans un mariage ! C’était très stressant car cela devait être parfait : c’était l’arrivée de la mariée ! Mais tout s’est très bien passé.

Je joue plutôt de la musique classique mais j’ai aussi essayé le jazz, le blues et la bossa nova. Le violoncelle est pour moi un moyen de me retrouver (to find myself) et de ne plus penser à rien, c’est vraiment très apaisant (calming).       
                                               
Vincent Anthonioz, à La Rochelle, France

Avant de créer Learn French at Home avec Céline, j'étais chef. La cuisine, et les voyages, sont mes deux grandes passions, qui m'ont encouragé à vivre et séjourner (to spend time) sur tous les continents, à m'intégrer à des cultures très différentes, et à faire, partout, de formidables rencontres. C'est une des raisons pour lesquelles j'adore enseigner.

Avec ma femme thaïlandaise, qui partage les même passions, nous continuons de voyager de par le monde, et chez nous, nous cuisinons à tour de rôle. Ma spécialité est les sushis, le plat favori de ma fille, comme on peut le voir sur cette photo !          

Nanou, à Montpellier, France, et dans l'État d'Idaho State, USA

Je suis née dans le sud de la France. J'ai déménagé aux Etats-Unis il y a 15 ans pour le travail de mon mari, sans savoir parler anglais, donc je connais la difficulté d'apprendre une nouvelle langue ! Mais c'est passionnant et cela m'a permis de communiquer dans la langue de Shakespeare avec des gens merveilleux, mais surtout je voulais communiquer ma passion pour la langue de Molière !

J’ai fait partie d'une troupe de théâtre et improvisation durant 20 ans, ce qui m’aide beaucoup à comprendre l'importance du partage et du travail en groupe. J'ai aussi une passion pour la cuisine qui m'a donné l'occasion d'ouvrir une crêperie française aux Etats-Unis, et les clients ont rapidement insisté pour que je parle constamment français avec eux. Je m’amusais à reformuler (to rephrase) leurs phrases ! L'envie d'enseigner est venue à ce moment-là.

Maintenant, je partage mon temps entre la France et les États-Unis, et cela m’amène à enseigner sur les 2 continents, les décalages horaires (jetlags) sont parfois un peu compliqués à gérer mais ça fait partie des challenges que j’adore me donner ! Mais surtout lorsque je suis en France je joue le rôle de ma vie : m’occuper de Gaston et d’Alix mes petits-enfants ! Quel bonheur ! Mes autres passions : partager la culture de mon pays, voyager, cuisiner, écrire des petites histoires pour enfants, lire.                     
                                                                  
Angèle, en Argentine

J'habite en Argentine depuis 11 ans. J’ai toujours adoré voyager pour découvrir le monde et rencontrer des cultures différentes. J’ai appris à parler espagnol à Buenos Aires de manière autodidacte (self-taught) pour m'imprégner (immerse myself) de la musique de la langue et de la culture. L’Argentine est un pays merveilleux. Sa grandeur regroupe une richesse de paysages et de climats très différents. J’aime la spontanéité et la vitalité des Argentins, très accueillants et prêts à s'entraider les uns les autres (to help each other). 

Je pratique le yoga depuis de nombreuses années et je l’enseigne depuis huit ans en présentiel et en ligne. L'art du yoga aide à se connaître, à prendre soin de soi (oneself) et du monde qui nous entoure. Être en bonne santé est essentiel dans la vie, c’est pourquoi je pense qu’il est important de bouger et de trouver ce qui nous fait du bien. J’enseigne également la méthode Pilates qui aide énormément à améliorer sa posture et ses capacités physiques.

J’adore aussi chanter, danser (tango et flamenco) peindre et cuisiner avec mes deux enfants !

Carine, en Ontario, au Canada

Je suis née à Rouen, en Normandie, mais j’habite dans la région de Muskoka, au Canada, à 2h 30 de Toronto. Muskoka est une région de villégiature (vacation) ou "cottage country" où il fait bon vivre toute l’année, et j'ai la chance de pouvoir choisir entre de nombreuses activités (ski, patin à glace dans les bois, randonnées dans les parcs, motoneige, chien de traîneaux, observation d’animaux sauvages, descente en kayak, jet-ski, baignade et pêche dans les nombreux lacs de la région…). Depuis que je suis dans la nature, j’ai appris à vivre au milieu d’animaux sauvages comme l’orignal (moose), le cerf de Virginie, le castor et l’ours noir qui me rendent visite de temps à autre. C’est aussi une région du Canada où les changements de température sont rapides ; on peut passer facilement de -30 degrés à +10 degrés en une seule journée ! J’ai appris qu’on pouvait parler de neige fraîche, collante, en grain, mouillée, roulée ou balayée…

Ainsi, après avoir traversé l’Atlantique, il y a plus de 25 ans, le français canadien étant différent du français de France, j’ai dû adapter mon usage du français à la réalité langagière nord américaine. Alors que les Français utilisent des anglicismes, les Canadiens français francisent les mots.

J’adore vivre dans ce pays bilingue et j’enseigne les langues depuis des années, cela participe à un réel épanouissement (fulfillment) personnel et interpersonnel.                                                                                                                                                    

Tsega, à Montpellier, France

J’étudie la musicothérapie. C’est une démarche (process) qui utilise la musique pour aider à rétablir la santé mentale ou physique d’une personne. C’est un type de thérapie accessible à tous car il n’y a pas besoin d’être musicien pour en bénéficier. On peut utiliser la musique pour se détendre, réduire l’anxiété, pour communiquer ou même pour aider avec les problèmes neurologiques. Je trouve les effets de la musique sur le cerveau passionnants !    

Emmanuelle, à Mexico, Mexique

Ayant toujours vécu en France, j'ai pris la décision, en 2003, de m'installer aux États-Unis après une brève carrière dans le domaine de la justice française. Ma transition vers l'enseignement du français et de l'anglais m'a également poussée à approfondir (to go into it in depth) mes connaissances en psychologie à l'Université à Paris et à étudier la psychanalyse, tout en consacrant une part de mon temps à promouvoir la santé mentale (je suis psychanalyste et psychothérapeute). En 2010, j'ai décidé de vivre au Mexique avec ma famille avec quelques interruptions (2 ans au Canada, 1 en France) afin de donner un enseignement plus international à ma fille qui est trilingue. Maintenant qu'elle est plus grande (older), la stabilité est importante et je voyage un peu moins qu'avant afin de me consacrer à ses études.

Je fais également partie d'un groupe de nageurs (swimmers) Masters et je m'entraîne 8 heures par semaine. La natation mais en général les sports sont de vraies passions, j'ai décidé de devenir coach auprès de plusieurs associations sportives. Avec toutes ces formations et expériences, je souhaiterais travailler davantage dans la santé mentale quand je serai plus âgée.

Clara, à Amboise, France

Je suis d’origine bretonne. Au cours de ma vie, j’ai beaucoup voyagé. J’ai vécu en Finlande, en Jordanie et longtemps en Italie. C’est à Rome que j’ai rencontré mon mari. Ce que je préfère dans cette ville immense, pleine de trésors d’architecture et d’artisans hors pair (outstanding), c’est l’esprit latin : les gens prennent toujours le temps de discuter, d’échanger avec vous leurs meilleures recettes, de vous inviter pour un café très serré.

À présent, je vis en France, à Amboise, une charmante ville de la Vallée de la Loire. C’est ici qu’ont vécu des grands rois et reines de France : François Ier, Charles VIII ou Anne de Bretagne. Anne Boleyn a aussi passé une année de sa vie ici. J’aime cette ville qui porte l’empreinte de Leonard de Vinci. D'ailleurs, j’habite juste à côté du manoir où il a passé ses dernières années : le Clos Lucé.

Si vous me voyez dans ce drôle d’accoutrement (strange outfit) sur la photo ci-dessus, c’est justement parce que je participe à un spectacle de reconstitution historique. Je joue le rôle d’Anne de Bretagne tout l’été au Château Royal. C’est une expérience épatante (really great) pour les passionnés d’Histoire et de costumes. Toutes les générations s’y mélangent, on y fait de belles rencontres et c’est une bonne occasion de faire travailler sa mémoire et sa voix.

Au mois d'août, deux de mes étudiants anglais, Pamela Eddy et Shawn Reynolds, qui étaient venus passer un week-end à Amboise, ont pu, eux aussi, participer au spectacle. Quand ils sont partis, ils m'ont écrit : "Le décor et les costumes étaient époustouflants (breathtaking) et le public était ravi.  Mais, de loin, le plus intéressant a été de voir la ville d'Amboise travailler ensemble avec autant de joie et de fierté. Bravo et merci pour l'opportunité de vous rejoindre pour une soirée inoubliable." 
                       
Claire, à Paris

Je suis passionnée par le langage, par l’expression de la pensée et la communication entre les humains. C’est pour cela que j’ai choisi de travailler dans la traduction et de devenir une sorte d’artisan des concepts, des idées, des valeurs. Les mots sont devenus pour moi une matière que je façonne (mold) tous les jours. Je joue les savants fous (mad scientists) avec une forme d’ADN (DNA) culturel, social, technique et je m’amuse beaucoup.

Je rencontre aussi parfois des difficultés et m’efforce au quotidien (on a daily basis) de faire preuve de curiosité intellectuelle, d’esprit critique, de créativité, de logique, et de persévérance.

J’aime particulièrement découvrir de nouveaux mots mais mes élèves savent que mon préféré sera toujours… chocolat !                                                                                                                  

https://www.clairecoquilleau.com

Vincent L., dans le Val de Loire, France

Il y a un autre domaine d’activités que j’apprécie beaucoup, en plus de celui d’enseignant : la photographie. Les photographes sont des témoins de la marche de l’Histoire et aussi des artistes, qui apportent leurs visions personnelles du Monde ; c’est la raison pour laquelle ils m’intéressent. J’aime l’idée de l’image fixe, qui permet de suspendre le temps. J’aime l’appareil photo comme outil (tool). Je ne me lasse jamais de regarder des photos. Chaque année je vais passer du temps aux Rencontres de la Photographie d’Arles. Ce que j’y vois fait du bien à mon esprit et m’inspire.           

https://www.artfloor.com/en/artists/leprince.artist
https://www.vincentleprince.com/

Phénicie, à Bali

Originaire de Montpellier, je vis à Bali depuis peu de temps. J'adore enseigner, en particulier aux enfants. J'ai aussi plusieurs autres passions, liées à l'art, le voyage, le coaching et la méditation. Et c'est pourquoi je travaille également comme coach et institutrice de méditation pour les familles (enfants, adolescents et parents). Mon but lorsque j'enseigne est de transmettre des connaissances mais aussi du sourire, de la joie de vivre et le plaisir d'apprendre !                                              

https://sites.google.com/view/parenterpourreussir/accueil

Louise, en Argentine

Je baigne (I'm immersed) dans la musique depuis ma naissance, née d'une mère musicienne et d'un père luthier. L'envie de jouer d'un instrument s'est manifestée très tôt, et j'ai fait mes débuts au violon... pendant une vingtaine d'années ! Ma véritable passion est née bien plus tard, une fois adulte. Je me suis levée un matin en réalisant que mon rêve le plus profond était de jouer de la contrebasse (doublebass). Aussitôt dit, aussitôt fait ! À la fois majestueuse et encombrante (bulky), la contrebasse est reine dans bien des styles, elle ouvre des portes d'univers très différents. La profondeur des basses assure en toute discrétion les fondations de la musique. J'ai adoré jouer en orchestre symphonique, même si le jazz était mon premier amour. La contrebasse me fait voyager, elle m'a conduite il y a 8 ans en Argentine, berceau du Tango. Autre son, autre technique, les "arrastres" de la contrebasse sont l'identité même de cette musique. La passion du Tango argentin c'est la musique mais aussi la danse. J'ai la chance de jouer avec des musiciens extraordinaires dans un orchestre qui, tout en perpétuant la tradition musicale, contribue à l'évolution du style par l'audace des compositions. Écoutez.Octeto Atemporal* !!! 

*https://open.spotify.com/artist/7t47muTZYARjnpZfdEGMtD?si=kxpHj8QXTLi2LbGqt36ZjQ&nd=1&dlsi=174c80166a3542be
https://www.youtube.com/channel/UCQHpzHEtPD1rDB24VZvuzNw
https://www.youtube.com/watch?si=LZwaX8jXppKgmJSk&v=7kBkkwWh1ww&feature=youtu.be

Emma, à Narbonne, France

J'adore la peinture, depuis mon plus jeune âge. Ma mère a gardé une boîte avec mes premiers dessins et peintures. Plus tard, mes parents m'ont inscrite aux cours de peinture du conservatoire de ma ville. Au lycée, il existait une option "arts plastiques", je n'ai pas hésité une seule seconde : j'ai pu y découvrir une passion pour la peinture, et mon style. Il se rapproche plus de l'impressionnisme. J'avais également sélectionné une option Histoires des arts, qui m'a permis de découvrir la musique, les textes, l'histoire, et l'étude des courants artistiques. Nous avons pu voyager à Florence, en Italie, pour découvrir les grands artistes de la Renaissance. Avec les études supérieures, l'art m'a poursuivi comme un hobby. Je découvrais l'aquarelle (watercolor) le soir après les cours, et le week-end. 

Aujourd'hui, avec le travail, je dessinais de moins en moins, mais toujours sur une feuille volante : un dragon par-ci, un petit chat par-là sur un post-it... 

Dernièrement, j'ai décidé de débuter la gouache. C'est un médium très complexe mais j'adore l'enjeu (challenge). Apprendre une nouvelle technique reste un défi très stimulant !

Dernièrement, j'ai décidé de débuter la gouache. Pour ma dernière "œuvre" j'ai décidé de peindre une maquette. Il s'agit d'une tour imprimée en 3D pour lancer des dés (dice), que l'on utilise notamment dans des campagnes de Donjons et Dragons ! 

L'art est un excellent moyen d'expression : ayant toujours été dans ma petite bulle créative, je pense que donner vie à toutes mes pensées, à un tas de créatures irréelles et de mondes inexistants n'ont cessé de me faire rêver.

Si vous avez peur de dessiner, en pensant que vous n'en êtes pas capables : lancez-vous, et n'ayez pas peur ! Vous serez toujours heureux de créer.                                                           

Prisca, dans les Pyrénées, France

Mon expérience la plus extraordinaire a été de faire le tour du monde à la voile ! Nous l'avons décidé parce qu'un matin, mon conjoint s’est levé en me disant que ce serait sympa de voyager sans toujours se limiter aux 23 kg de bagages autorisés dans les avions. Au départ, je l’ai regardé de travers (I gave him a funny look). Nous n’avions jamais navigué ! Puis l’idée a fait son chemin (gained ground) et finalement nous avons acheté un voilier de 43 pieds à Nantes avec pour objectif de voyager jusqu’en Australie.

Cette aventure a duré 7 ans (il fallait travailler de temps en temps...) et nous sommes rentrés avec deux petits enfants, nos "matelots" (sailors), qui sont nés durant le voyage... !

J'aime beaucoup le sport, c'est une de mes passions. D'ailleurs je viens de réaliser mon plus gros challenge : j'ai participé au FrenchMan à Carcans à côté de Bordeaux : 3,8 km de natation, 180 km de vélo, 42,2 km de course à pied (marathon).

En plus de donner des cours sur Zoom, j'organise des immersions chez moi, dans les Pyrénées, et je propose plusieurs formules :
https://www.learnfrenchathome.com/french-immersion-france/                                           

Agathe, en Argentine

Je vis à Buenos Aires depuis 2010. Avant d'emménager ici, j'avais toujours fait de la musique, de manière plus ou moins académique. Je suis trompettiste de formation ! En France, j'ai étudié longtemps au Conservatoire. Mais c'est en arrivant en Argentine que j'ai vraiment commencé à déployer (to unlock) mon potentiel et ouvrir mes horizons. Mon premier groupe s'est formé par hasard, (by chance) parce que j'ai rencontré un groupe d'amis qui cherchait une chanteuse pour interpréter (to sing) leurs compositions, je chantais déjà un peu, j'aimais beaucoup ça, alors j'ai dit oui. Des années plus tard j'ai commencé ma carrière solo, j'ai appris à jouer du piano et j'ai commencé à composer des chansons. Mon style est pop alternative. En ce moment je travaille sur mon deuxième disque qui sortira courant 2025. Faire de la musique, particulièrement en Argentine, n'est pas facile, surtout parce qu'il est pratiquement impossible d'en faire sa profession. Mais heureusement, Buenos Aires est une ville très prolifique, pleine de talents et d'énergie créatrice, ce qui est très inspirant !                            

Elise, à Rennes, France

Mes parents m'ont offert mon premier grand appareil photo quand j'ai eu 16 ans, et depuis ce jour-là cette passion ne m'a plus jamais quittée. Où que j'aille, j'ai toujours mon appareil avec moi. Je cherche toujours le meilleur angle et la meilleure lumière pour faire ressortir la beauté de tous les paysages qui nous entourent. À chaque retour de vacances, j'aime développer toutes mes photos et faire du scrapbooking pour créer un album-souvenir de tous ces instants capturés.       

Marion, en Occitanie, France

J’habite dans la région Occitanie, précisément au nord du département du Lot, connu pour la magnifique ville de Rocamadour par exemple. C'est à deux heures au nord de Toulouse.
    C’est une région où la nature est très présente (ce que j’adore) et ce n’est pas plat (flat) du tout. D'où je viens, en Champagne-Ardenne, c'est très plat mais je préfère les reliefs et l'altitude. Même si ça fait un an que j'ai commencé la course à pied, sur route et en trail, les côtes sont difficiles à monter. Mais c'est un défi que j'essaie de relever.

J'ai un chat que j'adore et j'aime jardiner et il m'accompagne souvent : moi pour les fruits et légumes et lui pour les souris, mulots, etc... et pour jouer, car il adore être dehors et chasser.

Auparavant, j'ai habité neuf mois à New York et un an et demi en Chine, à Dalian. J’ai adoré ces expériences car ça m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi, ce que je ne pensais pas être capable de faire et que j’ai pu réaliser. Je suis sortie grandie de ces voyages et j’ai adoré rencontrer plein de nouvelles personnes et de nouveaux paysages magnifiques. J’ai essayé d’apprendre le chinois mais c’était vraiment difficile, c’est une langue si différente ! Mais ça m’a permis de mieux comprendre mes étudiants chinois. Depuis, j'apprends l'italien et apprendre une langue étrangère est un défi, je comprends bien mes étudiants.

Un de mes grands plaisirs est la lecture de bandes dessinées, en particulier Persépolis de Marjane Satrapi qui fait le récit des événements qui ont rythmé la vie de la dessinatrice, de son enfance à Téhéran à son entrée difficile dans la vie adulte en Europe. Mais aussi Culottées de Pénélope Bagieu, Peau d’homme d’Hubert, Blanc autour de Wilfrid Lupano ou La dernière Reine de Jean Marc Rochette.                                                                   

French Accent de septembre-novembre 2024